Brianna Labuskes - La Bibliothèque des livres brûlés
Pour juger une personne, il faut regarder son attitude non pas avec ceux qu'elle veut impressionner, mais avec ceux qui ne peuvent rien lui apporter.
L'histoire s’écrit dans ces moments apparemment insignifiants.
Les causes justes ne sont pas toujours à propos de victoire. Parfois, il s'agit simplement de rappeler au monde que des gens sont prêts à se battre pour elles.
Les hommes qui recherchaient la violence ne comprenaient pas que si des armes pouvaient détruire des corps, un stylo était capable de renverser une nation.
On n'imagine pas combien la guerre est ennuyeuse, pourtant elle n'est rien d'autre que monotonie, ponctuée de moments de pure terreur, qui t'ébranlent pendant des heures, jusqu'à ce que la sensation s'estompe, pour laisser place à nouveau à l'ennui.
Bah, la culpabilité vous empêche de dormir, n'est-ce pas ? La guerre est douée pour vous rappeler ce que vous auriez voulu faire différemment.
La Deutsch Freiheitsbibliotek était à la fois une maison d'édition, une bibliothèque de prêt et un lieu de rassemblement pour la communauté allemande qui avait émigré dans la Ville lumière pour fuir le régime nazi.Née des décombres d'un autre projet- rassembler des centaines de milliers de coupures de journaux, d'essais et de pamphlets sur les dangers du totalitarisme-,la bibliothèque vivait et oeuvrait quotidiennement pour contrer la marée montante du fascisme en France.
( p.43)
New-York
Mai 1944
- Mais les autodafés n'ont pas duré qu'une seule nuit.La nuit du 10 mai a été l'occasion d'une puissante démonstration de force, mais les semaines suivantes les Allemands ont été encouragés à détruire leurs collections personnelles. Tout ce qui était considéré comme anti-allemand ou qui risquait de saper l'autorité du Reich devait être purgé par le feu.
(...)
-Donc...tous les ouvrages écrits par des auteurs juifs.
- Et par les communistes, les dégénérés, et tous ceux qui ne défendaient pas l'idée d'une race supérieure.(..)
- Mais vous essayez de les répertorier. De les préserver.
- En effet.C'est un travail de fourmi, mais...
La voix de la bibliothécaire se brisa et son regard se riva de nouveau sur l'affiche.
Viv ne la pressa pas de continuer et fut récompensée pour sa patience.
- Les livres sont une manière de laisser notre empreinte sur le monde, pas vrai ? Ils racontent que nous étions là, que nous avons aimé, pleuré, ris, commis des erreurs, que nous avons " existé ". Ils auront beau les brûler dans le monde entier, ils ne peuvent nous enlever les mots qui ont été lus, les histoires qui ont été racontées.Ces récits vivent dans cette bibliothèque, mais le plus important c'est qu'ils ont été immortalisés par toutes les personnes qui les ont eus entre les mains.
( p.55)
Il y avait des espoirs fous mais pas impossibles, et puis il y avait des quêtes désespérées, et à cet instant la frontière entre les deux lui semblait bien mince.
Elle ne regrettait plus de ne pas être une héroïne mais, grâce à ces petites actions, elle était convaincue de ne pas être non plus la plus méchante de l'histoire. Juste une personne qui s'efforçait de vivre de son mieux, sans faire de mal à qui ce soit.