En hausse pendant le premier quinquennat de Macron, le pouvoir d'achat - et sa diminution - sont aujourd'hui au centre de tous les discours politiques.
Pour en parler, Guillaume Erner reçoit Eric Heyer, directeur du département Analyse et prévision à l'OFCE, et Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos France.
#économie #consommation #inflation
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Le référentiel commun, ou ce qui en tenait lieu, se dissout chaque jour un peu plus : nous ne regardons plus, nous n'écoutons plus, nous ne lisons plus et nous ne partageons donc plus les mêmes données. Bien au contraire, des communautés souvent ponctuelles se forment, qu'il s'agisse de jeunes, d'amateurs de cuisine, de pêche à la ligne, de musique, de sport, d'information, de voyage, de religion. Et à chaque communauté répond un média spécifique, lequel fabrique du contenu pour le public en question. Des publics de plus en plus compartimentés, qui se rencontrent de moins en moins, ont moins d'occasion d'échanger, de se confronter et de se comprendre.
Le doute radical est une caractéristique française. Nous, Français, nous nous construisons en déconstruisant, en mettant en question, en critiquant. (…)
La radicalité du doute cartésien renvoie à une prétention : accéder à la vérité. Dans peu de pays une telle idée est communément répandue. Car s’il s’agit du vrai, il va falloir batailler. S’il s’agit du vrai, on ne parlera pas de « transactions », mais d’« affrontements ». Le vrai ne se partage pas, ne se négocie pas. Il est ou il n’est pas. On aura donc des combats, non des négociations. Il n’y aura ni « gagnant-gagnant » ni compromis, mais des vainqueurs et des vaincus. Et tous les hommes dits « de bonne volonté » seront en réalité suspects. Suspectés de mollesse, de couardise… Suspectés de rester dans un entre-deux méprisable, voire de trahir, de renoncer. (…)
Beaucoup de singularités françaises découlent de ce doute et de cette conception du vrai : l’ardeur des affrontements, le goût de l’argumentation (dans le meilleur des cas) ou de l’invective (dans le pire) plutôt que de l’action et de l’expérimentation ; le dogmatisme enfin plutôt que les compromis.
(…)
Ce qui monte dans notre pays, ce n’est plus seulement le doute, c’est la défiance et avec elle, de plus en plus souvent et tout simplement, la haine. (…) Le sentiment de fatigue et d’usure des Français renvoie certes à de nombreux facteurs, mais puissamment à cette défiance permanente, anxiogène et génératrice d’une vigilance exacerbée.
Dans une société où l’intérêt privé a pris le pas sur l’intérêt général, l’impôt a cessé d’être considéré comme un instrument de solidarité, cédant le pas à une vision marchande de la fiscalité.
74% des Français considèrent qu’entre les impôts et les taxes qu’ils acquittent d’un côté (impôt sur le revenu, taxe d’habitation, TVA…), et de l’autre les aides et les moyens apportés en contrepartie par l’Etat (écoles, infrastructures, Sécurité Sociale, aides pour les enfants, allocations chômage…) ils contribuent davantage au système qu’ils n’en sont bénéficiaires.
Une telle perception traduit une vision de l’impôt perçu comme une ‘’redevance’’, c’est-à-dire une transaction, un prix payé pour un service rendu par le secteur public, et non comme une ‘’convention d’intérêt général’’.
(L'auteur parle des médias)
La mode est aux duels. Il faut du choc à tout prix entre intervenants, journalistes politiques, économistes, experts divers et variés, qui se doivent de développer des points de vue absolument antagonistes. (...)
Le monde devient-il de plus en plus complexe ? Nécessite-t-il plus que jamais de la subtilité, de la nuance, de l'expertise, de la coopération ? L'identification de zones de convergence ne pourrait-elle pas servir de point d'appui à une action efficace ? Allons donc, jouons plutôt la simplification voire la caricature, la formule qui fait mouche et qui tue. Pourquoi ? Pour "émerger" ! Sans quoi, c'est un autre média qui captera l'audience à votre détriment.
Tant qu'il y a controverse, contestation, opposition et débat, il y a de la démocratie. Je ne suis donc pas gêné par le fait que celle-ci soit passée du statut de l'évidence à un sujet de passion. On peut même affirmer que c'est le propre de la démocratie que de se remettre en question, preuve de sa vitalité. Mais je suis davantage gêné et inquiet pour elle quand l'indifférence, la relativisation et le détachement progressent dans l'opinion, comme les indicateurs le montrent aujourd'hui. Pour perdurer, la démocratie a besoin d'ardeur et de confiance chez les concitoyens.
Etre informé, c'est disposer d'un niveau de connaissance qui permet à tout un chacun d'appréhender la réalité du monde, de comprendre ce qui se passe ici et maintenant, et de prendre des décisions adéquates. L'information est un flux continu qu'il s'agit d'entretenir en permanence. Avec des informations obsolètes, on peut par exemple perdre une guerre, mais aussi, plus simplement, se retrouver rapidement dépassé par les événements.
L'information ne se confond pas pour autant avec la culture : on peut être très bien informé et parfaitement inculte. Elle ne suffit donc pas pour comprendre le monde. Mais elle est essentielle pour disposer de points de repère. Or ce sont ces points de repère qui vont construire un espace où les individus peuvent échanger à partir d'un socle de références communes.
Tel est l'objectif premier et central de l'information, ce qui donne aux médias, ces producteurs d'information accessibles au plus grand nombre, un rôle social et démocratique tout à fait essentiel, en permettant de construire un espace public de citoyens.