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Citation de Ziliz


Ziliz
03 novembre 2017
Antoine se demande si le courrier est lu [censuré]. C'est une question qui a souvent été débattue entre les gars. Certaines lettres envoyées par les appelés n'ont jamais été reçues, ce qui a créé dans les familles, et avec les fiancées, des malentendus parfois lourds de conséquences. Comme s'ils avaient besoin de cela, semer le doute auprès des leurs, leurs seuls soutiens. Il suffit de faire courir le bruit pour que les appelés se censurent d'eux-mêmes. C'est la meilleure méthode de surveillance.
Antoine n'a pas dit ce qu'il a vu, ce qu'a raconté Oscar, ce que lui ont confié les blessés. Il n'a pas écrit le plus difficile, le plus incompréhensible, le plus choquant, pour s'épargner lui-même, comme si écrire enfonçait le clou de la réalité. Il est plus facile de taire, d'omettre et finalement d'ignorer. Surtout quand on sait que, de l'autre côté, personne ne veut entendre. Pourquoi écrire ce que personne ne veut lire ? Ce serait s'isoler encore plus loin. Pourquoi venir déranger le cours des choses, les pensées toutes faites que la radio relaie : le maintien de l'ordre n'est pas une guerre, les appelés ne meurent pas, l'armée française ne torture pas, les Algériens ne sont pas des sous-citoyens.
(p. 216-217)
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