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Citation de brigittelascombe


Extrait
Là-bas, la terre a des couleurs d'écorce. Des milliers de pas blancs la foulent chaque jour. Ce sont les soques des geishas du quartier de Gion Kobu.
Au coeur du printemps, les bras des cerisiers vibrent doucement au rythme de la musique du vent.Ils sèment leurs pétales de soie aux pieds des promeneurs.
Un simple pont de bois aux jointures grinçantes enjambe une rivière. Les bambous assoiffés, trempent leurs racines emmêlées dans l'eau claire. Ils abritent une grande maison austère à la façade défraichie.
Courbé au sein des herbes folles, un homme entre deux âges, efflanqué, les doigts perclus d'arthrose, active le four avec du petit bois. Il vit de ses mains, mais elles le trahissent. Fatigué, il se penche vers le tas d'argile, y plonge religieusement les paumes et scelle chaque fissure du four à la barbotine. L'air s'emplit d'une senteur de résine. La chaleur monte enfin. Du revers de sa manche, il essuie son front emperlé de sueur. Du rebord de sa veste, il frotte les verres de ses lunettes fendus et embués. Un sourire furtif éclaire enfin son visage. Il est potier comme son père. Comme le père de son père. Il est potier depuis la nuit des temps.
Puis, il attend, assis en tailleur, dans l'allée du jardin à l'abandon où foisonnent les iris en fleurs. Il attend la fin de la cuisson des pièces enfournées. Tel un moine zen, il se réfugie dans son silence.
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