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4.05/5 (sur 11 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Brigitte Munier Temime est enseignant chercheur à Telecom ParisTech, Département Sciences Economiques et Sociales
Elle est docteur en sciences sociales - HDR.
Maître de Conférences, chargée de gérer l'enseignement de la culture générale à Telecom ParisTech.
Ses recherches portent sur les formes de sociabilité et les types de culture en relation avec leurs modalités de transmission patrimoniale et leurs vecteurs de communication.


Source : http://ses.telecom-paristech.fr/munier/
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Les sciences sur la place, faut-il sentir bon pour séduire - 38ème édition du Livre sur la place Avec Brigitte Munier-Temine, sociologue, auteur de La voie des sens (CNRS éditions) et Roland Salesse, ingénieur agronome, auteur de Faut-il sentir bon pour séduire ? (Quae) Qu’elles soient bonnes ou mauvaises, les odeurs nous parlent, nous rappellent des souvenirs et parfois elles nous alertent. Faut-il sentir bon pour séduire ? Comment l’odorat influe-t-il sur nos comportements et sur notre vie sociale ?


Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
En écho à la fiction, journaux et magazines sacrifient également au modèle convenu d'un corps, non point encore devenu cyborg, mais standardisé : peu importe l'âge, l'origine et l'histoire pourvu que l'on exhibe une vitalité saine et sportive propre à faire oublier la fragilité d'une nature promise à la mort.
Les récentes prouesses d'une médecine réparatrice contribuent à entretenir les fantasmes d'un corps réformable et plastique que l'on aimerait soustraire à la fatalité de ses limites originelles.
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De nombreuses études confirment que les clients s'attardent et achètent d'avantage dans un magasin agréablement parfumé. Jean-Claude Chébat et Richard Michon ont mené une expérience dans un centre commercial de Montréal durant trois semaines en l'absence de toutes vente promotionnelle: après une première semaine olfactivement neutre, ils ont diffusé des senteurs d'agrumes durant la deuxième semaine puis de la lavande, pendant la troisième; les clients ne se sont rendus compte de rien tant les doses étaient infimes, mais les achats "sont passés de quarante-cinq à soixante-dix dollars en moyenne par clients". Que les intéressés soient demeurés inconscients de la manipulation olfactive subie est intéressant -inquiétant, aussi.
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Les modalités du saut vers le futur (...) demeurent confuses
et l'on ne sait guère comment les cyborgs standardisés (tous pareillement high-tech), supporteront cette immortalité sans idéaux ni projets, hormis ceux que fournissent les progrès de la technoscience.

En renonçant au corps humain, physique et mortel, le cyborg semble bien devoir aussi perdre émotions et sensibilité :
c'est le prix de la conversion du Golem en cyborg.

Peut-être les Successeurs, guéris du goût de la liberté et de l'ambiguïté humaines, auront-ils atteint l'indifférence des philosophies orientales,
à moins qu'ils n'empruntent à la morne sagesse des machines ...
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Même si ce n'est qu'un bref instant, l'existence change complètement de couleur. La vraie vie semble ainsi modifiée par ces digressions fictionnelles.
Du point de vue de l'individu, l'identification la plus virtuelle et la plus éphémère peut paraître peser plus lourd que sa socialisation concrète habituelle, que la "vraie vie" enracinée dans ses pesanteurs naturelles.
(...) enfin libre de s'inventer
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Mauss parlait des techniques du corps et de leur classification, comme des gestuelles et des attitudes codifiées, des manières de se comporter et d'utiliser le corps, par exemple la nage, la marche ou la danse. Le corps apparaît comme "le premier et le plus naturel instrument de l'homme. Ou plus exactement, (...) le premier et le plus naturel objet technique, et en même temps moyen technique, de l'homme, c'est son corps."

Mauss a donc constaté qu'avant l'outil, le corps est un instrument naturel fondateur. Il fait du corps un objet technique/naturel ne voulant pas distinguer entre nature et technique, mais aussi le véhicule d'une symbolique.
Et Lévi-Strauss dans son Introduction à l'œuvre de Marcel Mauss souligne que "c'est l'homme qui, toujours et partout, a su faire de son corps un produit de ses techniques et de ses représentations". Le corps est indistinctement nature, technique et symbolique. Et d'ailleurs Mauss constate que "acte technique, acte physique, acte magico-religieux sont confondus pour l'agent". Il ne dissocie pas la technique de la magie et du religieux : "J'appelle technique un acte traditionnel efficace (et vous voyez qu'en ceci il n'est pas différent de l'acte magique, religieux, symbolique). Il faut qu'il soit traditionnel et efficace."

Mais ce continuum nature-technique-symbolique est aujourd'hui brisé par la "technologisation généralisée et accélérée" de la société et du corps.
Le corps est dissocié de la personne, puis éclaté en autant d'organes comparés aux composants d'une machine. Le corps extériorisé de l'homme est mis face à l'automate ou au robot, le cerveau humain est assimilé à un ordinateur, ce qui conduit à souligner les limites, les fragilités et les insuffisances humaines. Le corps devient ainsi une machine précaire.

Pour être réparé, augmenté et transformé, le corps est de plus en plus technologisé : les prothèses techniques se multiplient sur, dans et autour du corps. Cette technicisation du corps humain entraîne avec elle une inflation des métaphores, des images, des craintes et des fantasmes. (...) Or, le corps étant une surface privilégiée de projections culturelles, son hypertechnicisation est génératrice d'une surcharge métaphorique. Le technocorps (...) agrège et confond l'imaginaire du corps et des techniques associées.
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L'intelligence artificielle bute sur deux obstacles qui, à y regarder de près, n'en forment qu'un.

Le premier est l'impossibilité manifeste de tout ordinateur, quelle que soit sa puissance, à avoir un comportement autre que celui pour lequel il a été programmé. (...) Cela ne l'empêche pas de réaliser des performances remarquables (battre l'homme aux échecs, par exemple) (...)

Le deuxième obstacle est l'incapacité récurrente de l'ordinateur à passer avec succès le test de Turing (...)
L'ordinateur a un langage, il peut même avoir une langue, mais il n'a pas de parole. Ces deux obstacles n'en font qu'un, car l'ordinateur est incapable de sortir de l'horizon de son langage programmé là où la parole est une réinvention permanente et évolutive du langage.

La différence est de taille et pourrait bien constituer une frontière indépassable.
Cela nous renvoie à la question de savoir si la parole humaine ne doit pas sa spécificité et son altérité radicale au fait que précisément elle s'ancre dans une corporéité biologique, celle-là même dont l'intelligence artificielle entend justement se débarrasser.
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La question de l'intériorité posée par le mythe est délibérément supprimée par Wiener et ses amis : la machine intelligente peut indifféremment jouer le rôle du Golem ou de son créateur, tous deux conçus selon le même modèle informationnel.

Il n'est plus question de monstruosité et la subversion du mythe par la cybernétique confirme a contrario le rôle de l'âme dans l'histoire traditionnelle.

(...) Héritière des courants cybernétiques, l'utopie technologique, transhumaine ou posthumaine, prétend surmonter l'infirmité de la nature humaine, débile et mortelle, et récuse la valeur donnée à l'Humanité : pourquoi chérir une espèce qui fut capable d'Hiroshima et d'Auschwitz ?

[Note personnelle : après Hiroshima et Auschwitz, justement ...
Comment ose-t-on ou prétend-on évacuer la question de l'âme, de la conscience, de la valeur humaine et du caractère sacré de la vie ?]
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Von Neumann nous propose, à travers l'ordinateur, les plans du cerveau tel qu'il les voit à partir d'un formidable mélange de croyances, d'introspection et de connaissances diverses (...) le mathématicien courait en effet les congrès de psychologie et de neurophysiologie, avide de connaissances (...) afin de reproduire un modèle très simplifié du cerveau vivant.

Son acte d'invention serait ainsi le produit d'une sorte de formidable mouvement d' "extrospection", de projection dans l'architecture de la matière des savoirs et des croyances qu'il possédait sur le cerveau (Von Neumann, 1992)

Le plus étonnant, peut-être est que les connaissances sur lesquelles Von Neumann s'appuie concernant le cerveau sont assez floues, et, pour tout dire, très intuitives. Malgré cela, la machine qu'il construit sur cette base fonctionne.
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L'humanisme accepte la dépendance de l'homme à son corps, ce qui marque sa différence avec le posthumanisme qui récuse les limites imposées par la corporéité. Il s'agit de garder un équilibre, une distance à la technique considérée comme un instrument.
Les frontières entre homme et technique sont fixées et maintenues. La technique doit être appropriée, "maîtrisée", "socialisée" puisqu'elle est un prolongement de l'homme, mais elle demeure distincte de lui, sinon le corps risquerait d'être "perdu" et le produit pourrait se retourner contre son producteur.
La nature et le vivant, certes augmentés et dominés par la technoscience, ne doivent pas être abandonnés.
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La monstruosité du Golem vient donc de l'identité plus que de la différence :
si le Golem-robot est indiscernable de l'homme, allant jusqu'à se surpasser,
se pose alors la question de l'exception humaine et, avec elle, celle de la pertinence de l'humanisme classique.

La faveur actuelle du mythe du Golem est aisément concevable : l'horreur de la création par l'homme de son semblable trouve un écho dans les polémiques suscitées par les manipulations génétiques dont Dolly, brebis clonée, demeure l'emblème. Si le clonage humain angoisse Jurgen Habermas, par exemple, c'est qu'il soulève la question de la subjectivité : copier un être humain le banalise et suppose qu'il peut aimer ou penser sans le secours d'une intériorité.

(...) La majoration de ce constat explique la diffusion croissante du mythe qui pose aujourd'hui le problème ontologique de la nature humaine : la terreur du démiurge devant le Golem évoque le conflit entre la conception substantialiste d'un homme doté d'une âme et les théories contemporaines qui la récusent : l'intériorité humaine paraît superflue aux psychologues behaviouristes comme aux cognitivistes tandis que "la personne n'existe pas" pour les biologistes, comme l'écrit Henri Atlan (...)

Le Golem, homme fabriqué, créature sans âme, alimente désormais les rêves et les cauchemars d'un corps transformé.
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