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Citations de Bruce Bégout (93)


Mais sur l'essentiel, la décence ordinaire ne transige pas. Les petites gens ont eu à subir depuis si longtemps les injustices, qu'elles éprouvent une aversion quasi instinctive pour toute domination de l'homme sur l'homme, même encore à l'âge de la propagande de masse, où on leur propose d'en être, non les simples victimes, mais les heureux bénéficiaires.
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Le besoin de délimitation configure notre être au mépris de notre désir d'infini.
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Peut-être est-il temps de dire, à ceux qui ne l’auraient pas déjà compris, en quoi consiste exactement le ParK. Le principe en est très simple. Son concepteur a voulu rassembler en un seul parc toutes ses formes possibles. Le ParK associe ainsi, en une totalité neuve, une réserve animale à un parc d’attractions, un camp de concentration à une technopole, une foire aux plaisirs à un cantonnement de réfugiés, un cimetière à un Kindergarten, un jardin zoologique à une maison de retraite, un arboretum à une prison. Mais il ne les associe pas de manière à ce que chacun de ces éléments maintienne son autonomie et continue de fonctionner à part. Il les combine entièrement, joint tel caractère à tel autre, jette des ponts, mélange les genres, confond les bâtiments, agrège les populations, intervertit les rôles. Il s’agit donc de mettre en rapport ce qui n’a justement pas de rapport, hormis sa référence minimale au parcage. De là naît un paysage synthétique qui mixe fête foraine et dystopie urbaine, un terrain d’essais pour l’hybridation architecturale et sociale.
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Comment une structure socio-économique qui ne prône que la flexibilité, la dissolution, le profit et la rentabilité immédiats pourrait-elle engendrer chez ceux qu'elle modèle le moindre respect pour ce qui dure, vaut au-delà de l'instant et n'est pas périssable comme un vulgaire produit de consommation courante ? Elle-même bâtit sur du vent.
Le vandalisme qu'elle subit, elle le sème quotidiennement en dégradant le sol, le paysage et les villes. Elle ne peut donc se plaindre d'un mauvais traitement et crier au scandale. Son nihilisme lui revient dans la gueule comme un boomerang, et il faut avouer qu'elle l'a bien cherché.
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Un soir où il n'avait pas d'argent pour payer le taxi, il laissa en débours l'un des volumes des œuvres complètes de Nietzsche. Le chauffeur repartit en le maudissant.
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Pour Orwell, il n'y a donc pas à craindre une dictature du prolétariat : toute dictature est toujours l’œuvre d'une intelligentsia, fût-elle en apparence au service du prolétariat.
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Toutefois cette vie ordinaire ne représente pas seulement pour Orwell un sujet d’étude original. Il ne s’agit pas simplement de mettre en évidence cette vie banale qui passe inaperçue la plupart du temps, mais plus fondamentalement de montrer que cette vie recèle en elle-même, dans son apparente platitude, une valeur capitale pour la compréhension de l’expérience humaine
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L’affectivité qui caractérise les ambiances n’épuise pas tous ses modes. Elle se distingue spécifiquement de ce que nous nommerons, d’un côté, l’affectivité vitale et, de l’autre, l’affectivité intentionnelle.
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Orwell fait entendre dans ses écrits, une voix surgie de la foule, de la cohue des sans-grade, des compartiments de troisième classe. Il veut donner la parole à ceux qui, habituellement, ne l’ont pas et qui se méfient même de la prendre, les exclus et les sans voix de la société.
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C’est donc à partir de l’anthropologie philosophique, de l’interrogation sur ce qui marque l’expérience humaine et la modifie, la déporte, l’affecte, que la ville est vue, parcourue, interpellée, décrite et auscultée. C’est dans cette perspective philosophique qu’il m’a semblé que la suburbia constituait un bon terrain d’analyse de cette formation hybride de l’humanité, car, à la différence des villes historiques qui ont perdu leur élan et leur attrait, elle accepte de soumettre les hommes, tous les hommes, à une prise en compte radicale de ce qui les constitue et les nie, faisant de la négativité le moteur même de son développement. Car la suburbia – ce mot qui veut dire l’extension des villes au-delà de leurs limites, la dissolution de l’urbain dans un espace sans centre ni périphérie – condense la négativité comme jamais : l’hyperconsumérisme, la pression écologique, la violence urbaine, le repli individualiste et défensif, l’enlaidissement des entrées de ville, la peur, l’isolement, le vide culturel, l’ennui. Mais, parce qu’elle laisse advenir cette négativité, elle s’y expose, y fait face et tente tant bien que mal d’inventer, parfois de façon naïve et outrancière, avec ses moyens, des formes de vie qui persistent dans cet environnement hostile ; et c’est pourquoi, en dépit des multiples reproches qu’on peut lui faire (laideur, monotonie, anomie, etc;) et qui sont souvent justifiés, elle fait pourtant preuve d’un dynamisme qui ne se contente pas de louer l’énergie pour l’énergie (le stade ultime du nihilisme qui veut que la force s’exprime quel que soit son but) mais qui, de manière dialectique, objective cette nocivité pour la dépasser. Voilà pourquoi l’esprit souffle ici dans la suburbia et continue son œuvre d’un auto-accomplissement historique vers le règne sans fin de la liberté. Lorsqu’on observe derrière son pare-brise ce monde fait de hangars et de panneaux, de ronds-points et de nœuds autoroutiers, on a peine à croire que le processus d’émancipation de l’humanité passe par là, et on se convainc plutôt que l’aliénation a enfin trouvé un territoire à sa mesure. Mais c’est tout le sens de ce livre de montrer que, malgré, ou grâce à, cet espace en apparence sans valeur, sens ou beauté, les hommes aspirent sans cesse et partout à leur liberté, même avec les pauvres moyens que l’on met à leur disposition.
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J'ai bien conscience que le pessimisme fait essentiellement le jeu de ceux qui souhaitent que rien ne change, et aide au maintien de l'ordre. La peur a toujours été et sera toujours, le meilleur instrument de domination.
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Je ne peux [...] me laisser aller à la moindre distraction. Je suis toujours sur le qui-vive, les paupières repliées en forme de volets roulants, les pupilles dilatées comme des soleils noirs. La flânerie m'est proscrite, chacun de mes pas porte la marque d'un emploi, le poids d'une nécessité qui exclut tout relâchement. (p.33)
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Elle réussit ainsi à faire basculer toute la civilisation dans la bassine ludique où les formes différenciées de la culture et de la technique pulvérisées se mêlent en un liquide phosphorescent.
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En un sens, tous les qualificatifs suivants peuvent à bon droit s'appliquer au ParK : étonnant, horrible, révoltant, merveilleux, capitaliste, totalitaire, impie, bouleversant, cyclopéen, ignoble, américain, utopiste, délirant, mystique, écœurant, éloquent, hypermoderne, inquiétant, impressionnant, vulgaire, nihiliste, stupide, magique, prophétique, extraordinaire, abject, actuel. Mais quels que soient l'idée que l'on se fait de ce lieu, le jugement favorable ou défavorable que l'on émet à son égard, l'impression agréable ou désagréable que provoque aussitôt son évocation, demeure éternellement vrai ce simple état de choses : il existe, et est tel qu'il se présente. Ni plus, ni moins. Il est cependant vain d'escompter que les éclats effervescents de cette architecture imaginaire suggèrent autre chose que de terribles révélations chuchotées à une oreille inquiète par la voix caverneuse d'un être malfaisant. Une fois entreprise, nul ne peut se soustraire à l'épreuve du ParK, et à ses effets perturbateurs sur le long terme. Et tandis que nous essayons de reprendre notre esprit et de le convaincre du caractère somme toute puéril de ces faux cauchemars orchestrés par la main d'un "Entertainer" facétieux, les souvenirs hideux de lectures horrifiques nous reviennent en mémoire et accréditent, sans la moindre hésitation, les premières impressions infâmes. Décidément, l'expérience du ParK ne nous laissera jamais en paix.
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Aussi, le pouvoir politique, ayant clairement jaugé cyniquement ce fondement moral du peuple, cherche-t-il, soit à le détourner à son profit, en utilisant son potentiel d'indignation, pour le reporter sur des succédanés du mal véritable, soit à le réduire à néant, au nom de la Realpolotik, comme une forme naïve et obsolète de bonté.
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En résumé, la peur face au monde s'avère une façon élaborée et brumeuse de désamorcer l'anxiété plus fondamentale née de l'impossible reconnaissance d'autrui.
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Sa furie ergoteuse flirtait bien souvent avec la folie. U était par exemple capable de descendre de voiture à un feu rouge et de venir expliquer sans ménagement au conducteur qui le précède le caractère dangereux et imbécile de sa conduite. Il pouvait en quelques minutes, au mépris des voitures qui le klaxonnaient et des flots d'insulte déversés sur lui, lui démontrer l'absurdité coupable de son comportement, les risques énormes qu'il prenait, les dangers qu'il provoquait. Et il ne manquait pas d'illustrer son propos avec des chiffres précis, des rapports d'experts, des rappels à la loi, des évocations de cas dramatique. (38)
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Néanmoins le sens de l’ordinaire nous échappe en partie. Semblable à un miroir, il réfléchit tout, excepté cette réflexion elle-même.
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C’est cette présence affective que j’ai ressentie en tout premier lieu lorsque je me suis lancé dans mon tour expérimental du monde, les visages ravis ou tendus, les gestes d’impatience, les mouvements d’humeur, les ambiances joyeuses, sérieuses, sereines qui imprégnaient les architectures et en faisaient des lieux humains.
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On dirait que la ville voudrait vivre une enfance perpétuelle. Mais de quelle enfance s'agit-il ? Celle de l'espièglerie et de l'apprentissage de la vie ? Celle de la rêverie personnelle et de la découverte de l'autre ? Assurément non. Avant toute chose, il s'agit de mettre en valeur uniquement ses caprices. Pour Tom Wolfe, cette "mégalomanie infantile" de Las Vegas se traduit précisément dans l'attitude de l'enfant qui "ne veut pas aller se coucher". La puérilité, plus que la jeunesse, affecte désormais tous les aspects de la vie courante. Le processus de régression semble quasi général.
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