"C'est notre manière de penser le monde et d'y vivre irresponsables qui est mise en lumière par cette crise. Avons-nous le courage de comprendre cela?" (p. 146, contribution de Jean-Marc Gollier, "Le courage de la vérité dans un monde mimétique")
Ce qui manque, c'est le culte de l'intérêt général et l'équilibre des facteurs de production. Je pense qu'il a prévalu après la guerre. Il a disparu parce que la morphologie de la sphère marchande a donné l'impression qu'on pouvait assurer sa prospérité individuelle au détriment des autres.
Je crains que les élites politiques et économiques contemporaines aient, par cynisme ou indifférence, perdu l'écoute, la compréhension et l'interaction suffisante avec une partie de la population précarisée et marginalisée sous différents angles et dont les réalités deviennent inaudibles.
...il faut étudier le présent à la lumière du passé pour les besoins de l’avenir.
Faites attention aux parachutes dorés et autres privilèges de caste. Le peuple peut comprendre que vous êtes plus riches que lui, mais à une condition : c'est que, s'il entre en précarité, il vous sente solidaires.
Si l'économie de marché est l'ordre naturel, ou même la réalité absolue de nos communautés occidentale, elle ne sera pérenne qu'en étant sociale et redistributrice
Malgré ce que le postulat néolibéral s’évertue à affirmer, on ne gère pas une Etat comme une entreprise, dans la dictature du temps et sans conception de temps long. Cette dernière est en quête de monopole et obéit aux lois de rentabilité du marché qu’elle essaye d’influencer.
Notre Etat-providence est devenu impayable, sauf à hypothéquer la prospérité des futures générations par une gigantesque dette publique. Là aussi, on trouvera des raisons objectives, comme le vieillissement de la population et la décroissance des gains de productivité. Il n'empêche : nous vivons à crédit sans plus être capables de tisser le filet de sécurité sociale qui évite la pauvreté à un nombre croissant. C’est pour cette raison qu'il ne faut pas minimiser les risques de radicalisation et d'extrémismes politiques. Les crises économiques entraînent des éruptions et les escalades politiques forment une lave qui ne refroidit jamais.
Avant la crise du coronavirus, le krach boursier de l’année 2008 fut lui le signe de l’avènement d’un monde fondé sur la mondialisation, c’est-à-dire une interdépendance économique sans solidarité ni coopération.
L'état doit par contre atténuer la chaos inhérent à une économie de marché spontanée afin de répondre à des objectifs communs de prospérité partagée et solidaire.