L'intelligence émotionnelle chez l'enfant avec Bruno Humbeeck (Vidéo du 26 octobre 2023)
La nostalgie doit rester un pays que l'on visite en touriste, pas une terre où l'on s'installe définitivement ou un lieu d'exil d'où on ne reviendrait pas. S'offrir une bouffée de nostalgie comme on prend un bol d'air, pour s'oxygéner les idées, pourquoi pas ? Mais ne plus respirer que par elle, ne plus soupirer que pour elle, c'est le meilleur moyen d'en faire, comme le suggère l'écrivain chinois Xingjian, un véritable poison qui se glisserait alors dans tout ce qui est vécu et dans tout ce qui reste à vivre pour le ternir et le rendre invivable.
L'amour est une surprise qui nous arrache à l'insipide . L'attachement est un lien qui se tisse au quotidien .
...Boris Cyrulnik .
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De nos jours , les mamans ne semblent plus donner naissance à des enfants : elles accouchent d'enfants heureux et destinés à le demeurer jusqu'à la fin des jours .
On doit toujours être attentif à ce que nous dicte notre petit cinéma intérieur et, si possible, choisir un partenaire qui en partage les traits essentiels. Ainsi, si votre petit cinéma intérieur fait la part belle au romantisme, évitez dans la mesure du possible de choisir un ours des Pyrénées pour jouer le premier rôle. Il sera probablement un piètre acteur et vous donnera alors l'impression de jouer avec vous dans un mauvais film. Il ne vous restera plus alors qu'à faire le deuil de votre scénario initial et à tourner avec lui un reportage animalier...
Un chagrin d'amour - passion , c'est chaque fois l'histoire d'une passion qui tourne court.
Souvent assimilé à un état de folie passager ,l'état amoureux plonge en réalité celui qui l'éprouve dans une sorte de chaos . C'est évidemment exaltant , mais aussi profondément bouleversant .
... Nicolas Grimaldi (2012) [...] affirme que la femme (ou l'homme) que nous aimons, c'est l'actrice (ou l'acteur) que nous rêvons d'enrôler pour nous donner la réplique dans ce qui pourrait être le film de notre vie. La seule chose que nous puissions imaginer de ce film, ajoute-t-il, c'est le rythme et la tonalité que nous voudrions lui donner. Tel aspire à la douceur et à la tendresse, tel autre à la violence et à la fureur, quelque autre encore à la fièvre d'incessants appareillages. Il suffit qu'une femme - ou un homme - nous les suggère ou paraisse y correspondre pour que nous imaginions lui donner le rôle. Ce que nous aimons en elle - en lui -, c'est l'atmosphère, l'intensité ou la musicalité qu'il ou elle pourrait donner à notre vie.
La peur ressentie face à l'impression de vide à perpétuité que laisse toute pensée liée à l'avenir constitue le substrat essentiel sur lequel se fonde le désespoir associé au chagrin d'amour. La peur porte en effet sur un objet précis. Elle est, en outre, intimement liée au présent : "j'ai peur des araignées", et cette peur se manifeste de manière aiguë à la seule vue d'un arachnide ou de l'un de ses proches cousins. L'anxiété, elle, se pose sur un objet de substitution et engage plus manifestement l'avenir : "Je suis arachnophobe" et, à la seule pensée que je pourrais à un moment ou à un autre rencontrer une araignée, je défaille... Or cette peur de l'araignée ne résulte en réalité que d'une autre peur, diffuse celle-là, plus ou moins vaguement liée à la mort et à ses vicissitudes. Cette peur diffuse, c'est précisément l'angoisse ; elle est en quelque sorte enrôlée par l'anxiété qui, en déposant la peur sur un objet dicible, permet d'en faire quelque chose de communicable.
L'angoisse est donc essentiellement dirigée vers un futur perçu comme incertain, comme une peur de l'avenir qui ne se poserait sur rien de dicible, comme une anxiété majeure qui tournerait à vide.
La perte de l'être aimé est évidemment par nature une source majeure de ce type d'inquiétude fondamentale dans la mesure où elle met essentiellement en jeu les trois fondements de l'angoisse humaine : l'incertitude, la finitude et la solitude. L'incertitude, dans la mesure où, pour ce qui relève de l'amour, tout ne dépend jamais exclusivement de nous ; la finitude, parce que rien, pas plus en amour qu'ailleurs, ne résiste à la mort, et la solitude, puisque l'épreuve d'une rupture non consentie nous laissera, semble-t-il, toujours, au bout du compte, totalement seul face à nous-même pour l'affronter.
En jouant sur ces trois affects, l'angoisse prend en otage l'avenir pour en faire un lieu de désespérance. Incertain, le futur sans l'autre est envisagé comme un temps nécessairement mort et foncièrement inhabité. C'est à partir de ce vertige ressenti face au vide à perpétuité suscité par l'angoisse que le désespoir se projette dans le temps pour prendre toute son ampleur.
C'est faire injure au comique que de le réduire à un exutoire pour vagues obsédés tout juste bons à laisser échapper quelques désirs refoulés.
"Raconte-moi ton chagrin, si tu le veux..." En voilà une belle invitation à parler, plus utile sans doute qu'un "ne pleure pas" ou un "ne sois pas triste" qui interdit l'émotion ou son substrat somatique, moins impérative également qu'un "dis-moi ce que tu as sur le coeur" qui sonne comme une injonction, elle permet au parent de se mêler du chagrin de l'enfant sans s'emmêler dedans.