Émir sourit. Ça n'a rien de gentil. Ça ressemble plutôt à une invitation à aller se faire égorger dans un coin sombre d'une ruelle.
Mais non Yves t’es con ou quoi il lui a rien dit pourquoi il ferait un truc pareil t’es toujours à t’imaginer des trucs détends-toi sérieux moi franchement j’aimerais pas être dans ta tête ça doit être stressant là-dedans la guerre civile permanente…
Nos choix et ceux des autres-tout les autres-
façonnent les reliefs du monde,
les trous béants comme les sommets.
Ajoute le destin et le hasard,
tu obtiens le bordel organisé qui dérègle nos vies.
Aussi fragile que les battements de ton cœur.
- C'est ça, c'est ça ... C'est beau de rêver, pébron !
- Ben ouais, c'est beau. T'y as pas de projet, toi ? Tu penses jamais à après ?
Légère crispation ; après c'est tellement loin ! Son monde n'existe plus, après, Alex le sait "pertinemment", comme disaient les profs ... Alors, repartir à zéro en tirant des plans sur la comète n'a pas vraiment de sens, vu la pile d'incertitudes que charrie son futur.
- "Après", c'est dans sept ans pour moi. Qu'est-ce tu veux qu'ça m'foute, aujourd'hui ? Hein ?
il est beau son rire à Lisa, il donne envie ! Il y a quelque chose comme du bonheur dedans, il gifle le mal et prend toute la place ! Quand il est là, on voudrait le garder avec soi, l'empêcher de partir par tous les moyens... et qu'il nous reste toujours.
Il repense aux temps d'avant. Avant, sa magnome lui préparait le petit-déjeuner avec soin : plusieurs limaces séchées, un gros bol de crème de coléoptère et du jus de champignons moisi...
Yves s’allume une Camel avec son zippo Rolling Stones, tire une bouffée avant de passer sa cigarette à Lisa. La belle aspire la fumée, manque s’étouffer, puis éclate de rire en tendant la clope à Sandro. Le virus les prend tous, il est beau son rire à Lisa, il donne envie ! Il y a quelque chose comme du bonheur dedans, il gifle le mal et prend toute la place ! Quand il est là, on voudrait le garder avec soi, l’empêcher de partir par tous les moyens… et qu’il reste pour toujours.
- Quand même, c'est pas une vie...
- Bah, c'est toujours mieux que de finir ses jours en taule.
Il fronce les sourcils.
Même si ça y ressemble pas mal, je te l'accorde. J’suis enfermé, j'ai des visites de temps en temps et la bouffe a un goût de javel. Simplement, les matons sont plus sympas dans leur uniforme moulant. Qu'est-ce que tu veux, j’ai plus vraiment le choix, hein ?