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Citation de keisha


Étrange regard que celui d'un premier lecteur sur un texte sur lequel ne s'est jamais posé et ne s'en posera guère d'autres. regard qui, avant cette expérience, s'inscrivait toujours dans le cadre préalablement disposé, composé, modelé, par des paysagistes: ici, le défricheur c'est précisément vous, vous seul, ce qui oblige à réajuster et redéfinir votre champ de vision.Un texte publié, même médiocre, répond toujours à des critères formels qui, même poussés dans leurs retranchements, assurent sa lisibilité ou plus exactement l'adéquation entre son projet et son résultat; un manuscrit, lui, n'obéit plus nécessairement à une norme d'intelligibilité, ce peut être une jungle asphyxiante un désert minéral ou un tracé d'autoroute sans aire de repos ni destination, qu'il faut tenter d'imaginer ramené aux exigences d'un paysage plus hospitalier.
Fruit d'un labeur acharné, reflet d'un investissement névrotique et d'une expérience subjective unique, ce texte, parfois conséquent, lourd de centaines de feuillets, peut dès les premières lignes receler un vide structurel qui le rend aussitôt impraticable, ruine sa viabilité, son auteur ayant d'emblée négligé quelques règles fondamentales d'architecture : les yeux rivés sur l'exécution des moulures, sur le jointoiement des lés de tapisserie, il a omis d'y prévoir fenêtres ou escalier, les murs prennent de l'angle dès les soubassements, on n'ose y faire un pas de plus : l'édifice est irrécupérable, voué à la démolition, bien peu ayant la folie créatrice et jusqu'au boutiste du facteur Cheval.
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