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Citations de Bruno Patino (182)


La société numérique rassemble un peuple de drogués, hypnotisés par l'écran. A trop faire le parallèle avec les habitudes qu'avaient créés chez nous les journaux, la radio, la télévision, nous n'avons pas pris garde au glissement de l'habitude vers l'addiction.
Trois éléments distincts définissent le problème:
la tolérance, la compulsion et l'assuétude.

La tolérance énonce la nécessité pour l'organisme, d'augmenter les doses de façon régulière, pour obtenir le même taux de satisfaction.
La compulsion traduit l'impossibilité, pour un individu, de résister à son envie.
Et l'assuétude, la servitude en pensée et en acte, à cette envie, qui finit par prendre toute la place dans l'existence.

Le simple énoncé de ces critères conjugués à l'observation de nous-mêmes et de notre entourage force le diagnostic:
Nous sommes sous emprise!
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Je fais partie d'une génération qui pouvait encore déambuler sans écouteurs dans les oreilles et sans écran de portable niché au creux de la main, qui pouvait marcher les mains dans les poches, le regard vagabond passant du chemin au ciel, la pensée refusant tout apprivoisement, passant de l’important au dérisoire, du personnel à l’universel, du présent à la mémoire, et de l’émotion à la médiation.
Les philosophes le savent : la marche, c’est une pensée en mouvement. C’est aussi une prière que l’on fait avec ses deux jambes, une communion avec ce qui nous entoure dans l’oubli involontaire de soi-même. C’était un cadeau et nous ne le savions pas. C’était une grâce et nous avons encore du mal à mesurer l’ampleur d’une perte qui nous affecte tous.
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Bruno Patino
Combattre est un projet politique. Guérir est un projet de société.
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Capter le temps des utilisateurs connectés en leur proposant d'en gagner constitue le paradoxe insoluble de l'économie de l'attention.
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Nous sommes entrés dans l’époque où la structure des réseaux (liés à leur modèle économique) et la nature humaine se font la courte échelle pour imposer, dans tous les domaines, la domination de l’émotion, de la croyance et des pulsions.
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Rassasiés avant d'avoir eu faim, nous le sommes par une nourriture que nous n'avons même pas eu le temps de goût et de humer. "La disruption est ce qui va plus vite que la volonté, individuelle aussi bien que collective", pour reprendre la formule de Bernard Stiegler. Le temps qui nous a été volé est celui du manque, et donc du désir. Celui de l'amour, de l'autre et de l'absolu.
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Tel le poisson, nous pensons découvrir un univers à chaque moment, sans nous rendre compte de l'infernale répétition dans laquelle nous enferment les interfaces numériques auxquelles nous avons confié notre ressource la plus précieuse : le temps.
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L'universitaire américaine Shoshana Zuboff a établi le parallèle entre capitalisme industriel et capitalisme numérique. Pour elle, le premier s'est développé à partir de l'appropriation de la nature et de l'extraction des matières premières de la planète jusqu'à en menacer l'équilibre. Le second exploite, avec la même intensité et sans souci des conséquences les données identitaires et comportementales.
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- Si tu vois tout en gris, déplace l'éléphant
Proverbe indien

Page 9, Éditions Grasset & Fasquelle 2019
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Citation page 118/119
Les trois principaux biais cognitifs ont été distingués par le sociologue Gerald Bronner, dans "La démocratie des crédules":
• Le biais de confirmation est permis par les moteurs de recherche: dans l'immensité du contenu disponible on finit par trouver ce qu'on cherche, toute requête finit toujours par être satisfaite... quand bien même le nombre de ceux qui croient en cette "thèse" est infime.
• Le biais de représentativité se nourrit des moteurs de recherches et des réseaux sociaux, dont les algorithmes ne travaillent que sur des objets uniques. Ce biais résulte de la mise en avant d'un exemple pour aborder une problématique générale, et il amène à faire de cet exemple une vérité universelle.
• Enfin le biais de simple exposition nourrit les réseaux sociaux : il postule que la répétition finit par octroyer une présence du contenu répété dans l'espace mental de ceux qui y sont exposés. Il nous pousse à a corde plus d'importance à ce que nous voyons cent fois qu'à ce que nous ne voyons qu'une seule fois. Un univers où chacun peut s'exprimer de façon identique mais n'exerce pas cette possibilité de façon égale produit une asymétrie en faveur des plus déterminés et des plus actifs.
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L'impression est celle d'une machine folle, dont les créateurs sont sommés de devenir les réparateurs. Mais savent-ils comment s'y prendre pour ramener le flot furieux dans le lit de la promesse d'agora générale, de partage universel de l'information et d'accès apaisé aux autres, qui demeure mais passe au second plan ? Les décisions qu'ils prennent peuvent sembler dérisoires : Donald Trump exclu de Twitter mais *après* le coup de force sur le Capitole, les talibans bannis de Facebook mais *après* la prise de Kaboul. Dans le même temps, de grandes rédactions envisagent de se retirer de Twitter.
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Bruno Patino
Page 117

L'univers numérique évoque le dialogue du Christ et de saint Thomas. Il ne s'agit plus, comme dans le vieux monde analogique, de voir pour croire, mais désormais, de croire pour voir.
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Page 121

Moins on sait, plus on affirme , et plus on affirme, plus on est visible sur les structures asymétriques des réseaux numériques.
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Le droit au bonheur est le deuil éclatant des utopies collectives.
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On ne sache pas que Dieu ait un jour regretté d'avoir créé le monde. Tim Berners-Lee, le père de l'Internet, lui, le fait désormais publiquement. [...] il explique : "Nous savons désormais que le Web a échoué. Il devait servir l'humanité, c'est raté. La centralisation accrue du Web a fini par produire un phénomène émergent de grande ampleur qui attaque l'humanité entière. Et cela a été fait sans action délibérée de ceux qui ont dessiné cette plate-forme." p51-52
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"L'universitaire Ethan Zuckerman, directeur du Center for Civic Media au MIT, a distingué les "mauvais acteurs" (bad actors) qui étaient entrés dans le système, de façon inattendue, pour en pervertir le système et le noyer sous les mauvais messages. Il a énuméré quatre familles . D'abord les agents de désinformation, puissances étrangères, groupe d'intérêt économique ou politique. Ensuite, les annonceurs "sombres" (dark ads) qui visent à discréditer la concurrence ou tromper le consommateur. Troisième famille, les complotistes et autres illuminés, qui déversent leurs croyances. La dernière catégorie, enfin, n'est pas humaine, puisqu'elle regroupe les robots qui adoptent une identité d'utilisateur pour fausser la conversation.
Les réseaux agissent comme le tambour d'une machine à laver qui mélange les productions de ces quatre familles aux autres messages. L'information professionnelle et vérifiée ne surnage pas dans ce tambour, et elle peine encore plus à s'imposer aux fausses nouvelles. La menace d'une société "post-information" (post-news) pointe derrière l'époque de la "post-vérité" (post-truth). Le commerce des idées n'a pas fonctionné comme prévu. L'agora espérée est devenue une arena chaque jour plus violente. Au lieu d'un ordre en construction permanente, il a produit un chaos sans fin."
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- La société numérique rassemble un peuple de drogués hypnotisés par l'écran. À trop faire le parallèle avec les habitudes qu'avaient créées chez nous les journaux, la radio, la télévision, nous n'avons pas pris garde au glissement de l'habitude vers l'adduction.

Page 24, Éditions Grasset & Fasquelle
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Une grande partie de ce qui est produit devient invisible. Ainsi de cette statistique publiée par l’éditeur Penguin Random House, et qui précise que la moitié des 58 000 titres publiés en Grande-Bretagne en 2022 se sont vendus à moins d’une douzaine d’exemplaires. L’objet livre résiste, mais il perd le caractère sacré, totémique, acquis pendant l’enfance.
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Notre vie culturelle et intellectuelle est devenue stroboscopique.
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au delà de 30 minutes sur les réseaux sociaux, notre santé mentale est menacée
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