Stonewall pour les nuls, avec Bruno Perreau, sur Yagg
Il n'est pas toujours simple d'admettre que l'homosexualité est une sexualité comme une autre quand notre éducation n'a valorisé que les relations de couple homme/femme.
Masqués et torses nus ils arborent des corps jeunes, minces et blancs, très similaires les uns au autre [...] Ils revendiquent une société ou les hommes hétéro contrôlent l'espace public par une forme de solidarité, délimitée par l'interdit de l'homosexualité, mais également caractérisée, paradoxalement, par un fort homoérotisme, comme l'attestent leurs nombreuses étreintes lors de manifestations publiques.
À la fin des années 1950, une bataille judiciaire défraya la chronique : le petit Didier Novack, abandonné puis placé en vue de son adoption,fit l’ob- jet d’une demande de restitution à sa génitrice.Après une dizaine d’années de procédure, il fut autorisé à rester dans sa famille adoptive, non sans avoir été ballotté d’une famille à l’autre. La loi du 11 juillet 1966 prit acte de ces difficultés et instaura l’adoption plénière dont le prononcé est définitif. De surcroît, elle organisa le secret des origines afin d’apporter plus de sécurité à l’enfant, exclusivement intégré à sa famille adoptive. La rupture du lien avec les géniteurs était alors considérée comme une garantie pour l’enfant. Aujourd’hui, c’est la connaissance des origines qui est devenue la condition supposée d’une adoption réussie. Ce renversement s’explique d’abord par la façon dont la baisse de la natalité a modifié le statut de l’enfant : dans une famille désormais conçue autour de lui, l’enfant est le dépositaire de l’histoire familiale et ne saurait être, à ce titre, privé de sa propre histoire. La famille nucléaire a également connu d’autres évolutions sociologiques majeures depuis la Seconde Guerre mondiale : généralisation du travail des femmes, hausse du nombre de divorces, urbanisation, allongement de la durée de la vie, etc. Ces évolutions ont conduit au renforcement de l’investissement scolaire au sein de la famille et à une plus grande projection identitaire entre ses membres. Les ascendants se reconnaissent dans l’enfant et espèrent que celui-ci leur conférera une identité sociale.
La plupart des fonctionnaires permanents (note de moi-même : on parle ici des fonctionnaires qui travaillent dans les services d’adoption) se pensent riches de savoir-faire, donc légitimes, mais démunis face au faire-savoir des « experts » psychiatres et psychologues , des élus, voire des représentants des principales associations très présents sur la scène médiatique. Ils vivent une homologie structurale entre leur relatif déclassement et les milieux difficiles auxquels ils sont confrontés dans leurs pratiques ou l’ont été lors de leur formation. Cette homologie structurale ne s’exerce pas, pour autant, de façon uniforme : les professions les plus mobiles (celles qui s’appuient sur une légitimité extérieure au champ) échappent largement à cette autodépréciation. En d’autres termes, la centralité institutionnelle parmi les personnels ASE recouvre une certaine marginalité dans l’espace des rapports de savoir administratifs
Penser l'adoption invite à questionner ce qui fait communauté. A déplacer la question du biologique, d'une perspective centrée sur ce que signifie le vivant à une analyse critique des technologies de pouvoir à travers lesquelles nous pensons comme êtres vivants.(...)