Les monstres ne devaient exister que dans les histoires et pourtant elle ne savait que trop bien à quel point les véritables monstres étaient humains.
Je n'aimais pas me sentir si vulnérable, couché, incapable de remuer un membre sans ressentir une douleur lancinante. La seule chose capable de m'apaiser l'esprit était le bruit lent et régulier de la respiration de l'éditeur couché à deux mètres de moi.
Je fixai le plafond et tentai de m'endormir. Sous mes paupières fermées, l'image de ma mère m'apparut telle que je l'avais vue avant de reprendre vie. Je n'avais jamais cru à l'existence d'une vie après la mort, mais cela me bouleversait. Je l'avais vue aussi distinctement que si elle avait vraiment été là. Je l'avais sentie contre moi. J'avais même pu reconnaître son odeur. Surtout, j'avais pu entendre à nouveau des mots que plus jamais je n'aurais pensé pouvoir entendre de sa bouche. "Je t'aime" avait-elle prononcé de sa voix si réconfortante. J'avais déjà entendu ces mots venant d'autres personnes, mais jamais ils n'avaient eu la même valeur pour moi.
Je sombrai dans les bras de Morphée.
Je comprenais pourquoi l'expression disait : "tomber amoureux". C'était la plus grande chute d'une vie. Elle était tellement longue qu'au début on croyait voler. Ce n'était qu'une fois écrasé violemment au sol que l'on réalisait être un homme comme tant d'autres. J'étais loin d'être à part et je ne sentais plus mes ailes.
Nos langues se caressèrent tandis que nous nous enlacions. Lentement, je déboutonnai son chemisier. Tout en le lui retirant, je l'embrassai dans le cou, descendant vers son épaule. Je la sentis défaire la boucle de ma ceinture. J'enlevai mon haut et recommençai à l'embrasser passionnément. Elle défit l'attache de son soutien-gorge et le laissa tomber. Elle colla sa poitrine à mon torse et passa une main dans mes cheveux.
Nous fîmes l'amour, là, debout contre ce mur. Nous nous laissions aller à la découverte de l'autre dans ce qu'il avait de plus intime. Chaque caresse, chaque souffle, étaient comme une multitude de discussions nous permettant d'en apprendre plus sur l'autre. Plus qu'avec des mots, nous parlions avec nos corps et avec notre âme. Je me livrai totalement à elle.
𝒩𝑜𝓊𝓈 𝓅𝓇𝑒𝓃𝑜𝓃𝓈 𝓉𝑜𝓊𝓈 𝒹𝑒𝓈 𝒹é𝒸𝒾𝓈𝒾𝑜𝓃𝓈 [...]. 𝐿'𝒾𝓂𝓅𝑜𝓇𝓉𝒶𝓃𝓉, 𝒸'𝑒𝓈𝓉 𝒹'𝒶𝓋𝑜𝒾𝓇 𝑒𝓈𝓈𝒶𝓎é, 𝒹'𝒶𝓋𝑜𝒾𝓇 𝑜𝓈é 𝓅𝓇𝑒𝓃𝒹𝓇𝑒 𝒸𝑒𝓉𝓉𝑒 𝒹é𝒸𝒾𝓈𝒾𝑜𝓃 𝑒𝓉 𝒹𝑒 𝓁'𝒶𝓋𝑜𝒾𝓇 𝒻𝒶𝒾𝓉 𝑒𝓃 𝓅𝑒𝓃𝓈𝒶𝓃𝓉 𝓆𝓊𝑒 𝒸'é𝓉𝒶𝒾𝓉 𝓁𝒶 𝓂𝑒𝒾𝓁𝓁𝑒𝓊𝓇𝑒 𝒸𝒽𝑜𝓈𝑒 à 𝒻𝒶𝒾𝓇𝑒, 𝓅𝓁𝓊𝓉ô𝓉 𝓆𝓊𝑒 𝒹𝑒 𝓇𝑒𝓃𝑜𝓃𝒸𝑒𝓇 à 𝒸𝒽𝑜𝒾𝓈𝒾𝓇.
Je détestais cette sensation de passer d'un extrême à un autre sans juste milieu. Être aux anges avant d'être nargué par des démons ne figurait pas sur ma liste de souhaits.
Pourtant, au milieu de ce lit si confortable, après m'être abandonné au moment présent, c'était exactement ce qui m'arrivait. Je fixais le plafond sans le voir. Tout se bousculait très vite dans ma tête. Il y avait une tonne de questions auxquelles il fallait que je donne des réponses et je n'en avais pas la force ni le courage.
Il était vain de nier que Layla ne me laissait pas indifférent. Je me demandais d'ailleurs qui aurait pu l'être tant cette femme dégageait quelque chose d'unique et envoûtant. Elle possédait un charme certain et quelque chose que je ne parvenais pas encore à identifier, comme une sorte d'aura attractive. Elle était de ces femmes qui n'avaient pas besoin d'en faire des tonnes pour plaire et attiser le désir des hommes. Une beauté au naturel, douce et forte à la fois.
J'étais un jeune adulte encore à l'aube de sa vie, en couple officiellement avec quelqu'un que j'appréciais mais dont je n'étais pas amoureux. C'était un constat difficile à accepter après six ans, du genre que l'on refuse parfois de croire pour continuer à se mentir sur notre confort.
Je ne voulais pas me contenter de vivre par habitude. J'avais pris la pleine conscience qu'il n'était jamais trop tard pour s'accorder une chance d'être heureux.
Je n'avais jamais réfléchi à la perspective d'être père un jour, mais Luca avait éveillé en moi des sentiments que je ne connaissais pas. Je me surpris à m'imaginer avec une version miniature de moi-même courant en couche-culotte à travers mon appartement, voulant à tout prix s'emparer de tout ce qu'elle ne pouvait pas. Je me voyais ressentir de la fierté pour chaque étape de son évolution et une dose indéterminable d'amour à chacun de ses câlins.
Je ne me sentais pas comme quelqu'un de bien. Je venais de commettre ce que je savais être une trahison. Mais ce qui me dérangeait le plus, c'est que j'avais aimé ça. J'avais pris plaisir à l'entendre gémir et à sentir ses caresses sur ma peau. Chacun de ses murmures, ses mouvements de bassin, tout n'avait été qu'une gourmandise sucrée volée sur le rebord d'une fenêtre. Ce plaisir coupable me valait maintenant une indigestion de ma personne.