La vie n'est que débuts et fins. Rien ne reste pareil, mon garçon. (...) Se séparer, perdre ce qu'on aime le plus, c'est toute l'histoire de la vie, cela consiste principalement en cela.
La destruction d’une langue entraîne celle de la civilisation à laquelle elle appartient, car elle en est l’âme. La langue est l’origine de l’imaginaire d’un peuple, de ses mythes, de ses contes et légendes, du lieu qu’il occupe sur terre, de son sentiment de continuité, de ce qui constitue son essence et le rend différent et merveilleux.
Quant aux châtiments de l'homme blanc, le peuple noir a déjà compris que le corps peut être brisé par un sjambok * mais jamais l'esprit. Nous sommes la terre, et c'est pourquoi nous sommes de la couleur de la terre. Au bout du compte, c'est la terre qui gagnera, tous les Africains le savent.
*(fouet)
La puissance de l'ange, c'était avoir le courage de rester à l'écart, d'examiner les choses en détail jusqu'à arriver à la vérité et ne pas se laisser séduire par les idées reçues ni les arguments de ceux qui comptent conserver le pouvoir à n'importe quel prix.
Un homme doit songer à son intériorité ; l'enveloppe extérieure, en quoi cela peut-il être important ?
Crois-moi, dans trente ans, les Allemands prétendront qu'il n'y a eu qu'une poignée de SS responsables de l'Holocauste à l'insu des bons citoyens qui sont restés chez eux en tricotant des chaussettes pour les prisonniers de guerre juifs.
Parfois, une broutille modifie le cours de notre vie, un simple concours de circonstances, le hasard d'une rencontre percutante comme une météorite. Parfois, il suffit d'une réflexion fortuite pour changer de cap.
Les oiseaux de solitude s'arrêtèrent de pondre des oeufs de pierre, ils quittèrent leurs nids de pierre, s'envolèrent dans un battement de leurs vilaines ailes et les oeufs qu'ils laissèrent derrière eux s'effritèrent en poussière. Un furieux vent rugissant se leva, emportant les cendres jusqu'à faire le vide en moi.
Je savais qu'ils allaient revenir mais que, pour l'instant, j'étais seul. Que je m'accordais la permission d'aimer qui bon me semblait. Les liens qui m'attachaient au passé avaient été rompus. Le vide était une nouvelle forme de solitude, une forme libre de la solitude. Pas du genre qui pondait des oeufs de pierre au fond de vous jusqu'à vous remplir de tristesse et de désespoir. Je savais que lorsque les oiseaux au bec d'os reviendraient, je serais maître de la situation, maître de la solitude et non plus son serviteur.
Jadis j'avais la langue bien pendue, mais l'école avait changé tout cela. Vu mon statut, je n'avais pas intérêt à être trop bavard ; de plus, écouter est une bonne parade pour se protéger. Je découvris vite que c'est aussi un art. On n'apprend pas seulement à écouter ce que disent les gens. C'est ce qu'ils ne disent pas qui est important. Quand on prête assez attention, on perçoit les choses les plus étonnantes derrière les mots.Très souvent, il y a une rage sous-jacente. Il faut des années pour arriver à décoder le sens de ces non-dit ; en tant qu'enfant, je savais uniquement s'il s'agissait d'un propos gentil ou non.
1948 fut l'année où l'Afrique du Sud perdit tout espoir d'entrer dans la confrérie des hommes. Pourtant, les Noirs réprimèrent leur humiliation et leur colère.Ce ne fut qu'en 1952, quatre ans plus tard, que le chef Lutuli, du Congrès africain, et son homologue, le Dr Monty Naicker, du Congrès indien, menèrent les Noirs et les gens de couleur dans leur première campagne de revendications où les mots : "Mayibuye Africa !" devinrent le cri des Noirs réclamant l'égalité en matière de justice et de dignité pour eux et leur famille.