De l'or dans les collines de
C Pam Zhang
Il était une fois où ces collines étaient désolées. Et ce n'étaient pas encore des collines. C'étaient des plaines. Pas de soleil, uniquement de la glace. Rien ne poussait, jusqu'à l'arrivée des bisons. Certains disent qu'ils ont franchi un pont de terre par-dessus l'océan de l'Ouest, et que le pont s'est effondré sous leur poids.
Les sabots des bisons ont labouré la terre, et leur souffle l'a réchauffée, et dans leurs gueules ils transportaient des graines, et dans leurs peaux des nids d'oiseaux. Leurs sabots ont creusé des rigoles pour retenir les rivières, leurs souilles ont fait des vallées. Ils se sont répandus à l'Est, au Sud, par les montagnes, les plaines et les forêts. A travers tout les territoires, si bien qu'il fut un temps où ils parcouraient presque chaque arpent de ce pays, plus grand à chaque nouvelle génération, s'étirant jusqu'à emplir le ciel pur.
Et puis, bien après les Indiens, sont arrivés des hommes nouveaux, venus d'une autre direction. Ces hommes semaient des balles à la place des graines. Ils étaient chétifs et pourtant ils ont repoussé les bisons, toujours plus loin, jusqu'à ce que le dernier troupeau se retrouve encerclé dans une vallée près d'ici. Une jolie vallée, traversée par une rivière profonde. Les hommes voulaient capturer les bisons plutôt que les tuer. Ils voulaient les apprivoiser, et les mêler à leur bétail. Les rapetisser.
Mais, au lever du soleil, les hommes ont vu que les collines avaient grandi pendant la nuit.
Ces collines étaient les corps de mille milliers de bisons morts qui avaient marché dans la rivière et s'étaient noyés. Les collines sentaient si mauvais que les hommes ont dû partir. Même après que les oiseaux ont nettoyé les bisons, la rivière n'a plus jamais coulé, et ce qui a repoussé entre les os n'était plus la même herbe verte. Elle était jaune, maudite, sèche. Impropre à la culture. Personne ne pourra habiter ces collines comme il convient tant que les bisons n'auront pas décidé de revenir.
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