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Critiques de C Pam Zhang (28)
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De l'or dans les collines

Ce captivant roman s'ouvre sur une scène absolument saisissante. 1862 dans l'Ouest californien. La mort d'un père. La quête de ses deux filles, Sam et Lucy, onze et douze, pour trouver un lieu pour l'enterrer dignement ( thématique proche du Tandis que j'agonise de Faulkner ). Le corps dans une pauvre caisse en bois, charrié dans une remorque attachée à un cheval volé. Un corps encombrant qui se décompose et tombe littéralement en morceau. Un périple hanté par la voix du père mort qui se raconte.



Bisons, poussière cuite au soleil, grandes chevauchées ... C Pam Zhang convoque toutes les figures classiques du Western époque ruée vers l'or pour mieux les revisiter ou plutôt les exploser allègrement afin de créer un récit totalement original empli de perspectives inattendues, enrichissant le Western de nuances sur l'appartenance raciale, l'identité sexuelle, la pauvreté, le racisme et même l'adolescence, prenant des chemins détournés, des risques aussi.



Elle démonte carrément le mythe du grand Ouest en le complétant de visages nouveaux longtemps invisibilisés, à l'importance minorée dans la construction des Etats-Unis, : les visages de l'immigration chinoise, d'ouvriers ferroviaires pour le Transcontinental à mineurs de charbon ou encore chercheurs d'or. Ma ( la mère ) a migré de Chine, Pa ( le père ), leurs filles Lucy et Sam sont nés en Californie. Subtil sapage de l'idée que tous ceux qui étaient d'origine chinoise à cette époque devaient être des immigrés, poussant ainsi une réflexion riche sur l'appartenance et l'enracinement à une nation dans un territoire exploité compulsivement par des colons désespérés et des opportunistes avides.



En conteuse intuitive, elle construit un roman initiatique surprenant, croisant les époques dans un flux narratif très délié, composé de quatre parties dont tous les chapitres portent les mêmes titres, bruts et élémentaires : « eau », « or », « boue », « prune », « sel », « sang », « vent », « viande ». C Pam Zhang insuffle vie à ce récit de survie grâce à une prose remarquable, aiguisée pour décrire la violence, lyrique quand il s'agit d'évoquer les grands paysages, oniriques avec ces tigres compagnons fantasmés des bisons disparus. La syntaxe varie, les métaphoes surgissent.



« Sur le dos de Nellie, les collines défilent à une vitesse qui les rend liquides. L'océan dont parlait Ma, reconstitué avec de l'herbe jaune. Les montagnes au loin, rapprochées, jusqu'à ce qu'un jour Lucy voie : tiens, elles ne sont pas bleues. Broussailles vertes et roche grise, ombres violettes enfoncées parmi les crêtes.

La Terre, également, retrouve des couleurs. le cours d'eau s'élargit. Massettes, pourpiers d'hiver, touffes d'ail sauvage et carottes. Les collines se font plus escarpées, les vallées plus encaissées. de temps en temps, l'herbe éclate de verdure à l'ombre d'un bosquet.

Est-ce donc cela, les grands espaces que cherchait Ba ? Cette impression qu'elles pourraient disparaître dans le paysage – une revendication de leurs corps comme l'invisibilité ou le pardon ? le vide à l'extérieur de Lucy rétrécit à mesure qu'elle rétrécit, insignifiante face aux montagnes, et la lumière dorée, filtrée par les chênes droits, devient verte. Même Sam se calme sous un vent qui a un goût de vie autant que de poussière. »



Certains passages sont éblouissants.
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De l'or dans les collines

Du temps de la ruée vers l'or, Lucy et Sam, deux gamines d'origine chinoise se retrouvent livrées à elle-même. Ma est partie il y a bien longtemps. Ba vient de mourir. D'ailleurs, il est dans la charrette, sa chair commence à couler, ses os à se briser. Les deux fillettes errent dans cette poussière, afin de trouver le bon endroit pour enterrer leur père, laisser son âme se reposer. Trouver enfin son « chez-soi ».



Sombre et noire, comme la nuit, comme la violence et le racisme des hommes. Lumineux et magnifique, comme le soleil qui pare d'or cette colline. Saisissant et magique, comme ce vieux bison qui erre dans les esprits de ces lieux. Elles n'ont pas leur place dans la poussière de l'Ouest, ou de l'Est suivant d'où l'on vient, là où des os de bisons se retrouvent à nus par le temps, le vent. Bien que nées ici, elles sont d'ailleurs, de l'autre côté de l'océan, le pays de Ma. Elles restent des émigrées chinoises dans la nuit hors-la-loi.



Des mines de charbon aux mines d'or, elles s'endorment parfois à la belle étoile, la lune est bleue parait-il dans les rêves de certains hommes. Et elles rêvent, elles revivent les légendes que leur père, lui né sur cette terre, racontaient à la tombée de la nuit, un fleuve de bisons qui s'écoulent sur les flancs de telles collines. Elles frémissent avec les histoires de Ma venue de chine, devenue esclave parmi les siens pour la construction du chemin de fer vers l'est sauvage. Le tigre tapie dans la pénombre, ses empreintes dans la neige qui suivent leur convoi. Tigre et Bison, les deux totems de cette famille revisitent l'Histoire de cette époque, de cette Amérique, de cette poussière noire, d'or, d'os.



Un roman qui se déguste comme un Tennessee Whiskey, râpe et sauvage, rêve et rage, au milieu des morts, là où les collines se parent d'or et de bisons morts.
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De l'or dans les collines

Merci Babelio !

C Pam Zhang a fait de brillantes études aux USA, mais elle est née à Pékin. Elle a écrit une sorte de "western shop suey", et Lucy, c'est peut être un peu elle.

Nous sommes en Californie, à la fin du XIXè siècle, au crépuscule de la ruée vers l'or.

Ba, chercheur d'or et mineur, vient de mourir, et ses deux enfants, Lucy, la fille intelligente et empathique, et Sam, le "faux-fils", boots, cheval, chercheur d'or, hors la loi, dur, éclatant, et justicier, vont l'enterrer dans un " chez-soi", avec deux dollars d'argent. Au début, on croit que Ma, Chinoise "importée" pour construire la voie ferrée, est morte aussi, mais elle est partie depuis un an ou deux.

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Cela semble léger comme une succession de rêves évoqués à demi-mot, mais sur des sujets lourds comme la liberté, l'intolérance vis à vis d'immigrés chinois, la notion de propriété, l'appétit dévorant des hommes blancs sur l'or, sur l'appropriation des terres, mais aussi sur le massacre des bisons et des Indiens.

Contrairement à "L'Assommoir" ou d'autres livres de Zola, on n'est pas assommés, mais suggérés ; il faut comprendre à demi-mot. Les revirements sont spectaculaires, très durs, très chinois ( ? ) créant presque des ondes de choc chez le lecteur. le livre est addictif, mais j'ai l'impression qu'il manque un quelque chose... peut-être est-ce dans la traduction ?

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Un bon livre, avec sa part historique, son côté critique, et des observations sur certains "hommes masculins" non dénuées de sens :)

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De l'or dans les collines

Désolée, oui vraiment je suis désolée pour cet important retard dans cette lecture.



Livre partenariat d'une masse critique particulière de mon cher et tendre Babelio (bonne Saint Valentin à lui ♥) et des éditions Seuil.



Merci à vous pour la confiance accordée et pour laquelle ce retard ne jouera pas en ma défaveur... Alalalalala le temps, la course contre la montre, les retards... Bref, je m'aviserais d'être plus respectueuse la prochaine fois.



Voilà enfin mon avis, il arrive en même temps que les vacances d'hiver, déjà là, mais qui sont toujours les bienvenues après cette période où la pandémie, la fatigue et un autre livre adoré ont accaparé mon temps…



Un beau titre, une belle couverture hennissante et me voilà embarquée en compagnie de deux jeunes filles qui fuient... Elles ont pour compagnie dans une malle, le cadavre de leur père.



Nous sommes dans l'ouest américain, l'ambiance est posée par la décor et les sensations. On va suivre ces deux jeunes filles aux origines chinoises, mais nées sur le territoire américain.



Nous sommes dans l'ouest, celui de la ruée vers l'or, de cet or dans les collines qui n'est plus vraiment là...



Il y a 4 périodes dans le livre nous permettant d'explorer ainsi, le passé, le présent, le futur et l'au-delà dans l'histoire de cette famille d'immigrés chinois.



C Pam Zhang rend très bien les atmosphères, les paysages, les sensations ressenties par Lucy et Sam.



L'auteure pointe la difficulté pour des personnes venues d'ailleurs de trouver leur "chez soi".



Le racisme est ici d'autant plus présent que la quête de l'or devient de plus en plus dure et que la violence se porte sur les gens différents, même si ceux-ci sont nés dans ces collines, même si ce sont eux qui ont arrachés à la sueur de leurs fronts et aux calles de leurs mains l'or de ces collines. La difficile vie des immigrés qui est toujours d'actualité même dans notre monde moderne, peut être même encore plus....



La conquête de l'or ne s'accommode pas de philosophie et de compréhension surtout quand les collines on déjà été ratissées jusqu'à la moëlle.



Lucy, Sam, Ma et Ba leurs parents nous transportent dans cette conquête que tous un chacun porte en soi. La recherche d'un "chez soi" sans manque, grâce au travail et en paix avec tout le monde.



Une construction originale et entrainante mais dont l'écriture a pu me perdre par manque de fluidité et que j'ai eu parfois du mal à intégrer. Un sentiment d'écriture saccadée qui a retardé ma lecture...



Il me reste toutefois de bonnes impressions dans le sens où l'auteure a réussi à m'intéresser au sort de ces deux jeunes filles, à mieux comprendre d'où elles venaient et ce que l'époque leur permettait de réaliser (ou pas). De plus C Pam Zhang sait créer des atmosphères et nous faire ressentir des sensations avec justesse.



Je m'excuse encore pour le retard pris pour cette lecture et je remercie Babelio et les Editions Seuil pour ce partenariat (honoré tardivement, mais honoré quand même).



Quant à vous, filez dans l'or des collines



au côté de Lucy et Sam dans cet Ouest



à la conquête d'un chez soi qui vaut tout l'or du monde !
Lien : https://imagimots.blogspot.c..
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De l'or dans les collines

Ba vient de mourir, laissant seules Sam et Lucy, ses filles, alors que Ma les a déjà quittés quelques années auparavant. Toutes jeunes adolescentes, elles n'ont plus rien qui les retient dans le camp minier dans lequel elles subsistaient tant bien que mal. Prenant leur courage à deux mains, elles emportent leur père dans la malle de leur mère, le cheval du professeur du village pour le transporter, et partent à la conquête de leur Ouest, bien décidées à enterrer décemment celui qui n'était plus l'ombre de lui-même depuis la perte de Ma. Et ce n'est que le début de leurs nombreuses aventures et mésaventures, que nous suivrons pendant encore cinq ans…



En quatre parties, courant de 1842 à 1867, nous remontons le temps, avant de mieux le reprendre en sens inverse, pour découvrir la vie et l'histoire d'une famille d'immigrants chinois comme les autres, dans une Amérique qui les « accueille » afin de construire les voies ferrées qui serviront à relier côtes Est et Ouest. Accueil faussement bienveillant, puisqu'il sera plutôt de l'esclavage qu'autre chose, bien évidemment ponctué d'un racisme éhonté, à l'image de celui connu par les natifs Américains (également évoqué dans le roman), ou par les Afro-Américains.



Ce pan de l'histoire américaine, qui n'est pas si souvent présenté – le souvenir le plus marquant que j'en ai étant la série BD Chinaman –, est ici abordé du point de vue de deux soeurs, et c'est là que réside pour moi l'intérêt du récit. Car non seulement, elles sont d'origine chinoise, et l'on a expliqué plus avant ce que cela sous-entendait, mais elles sont aussi des filles, ce qui ne fait que renforcer leur difficulté à survivre dans le monde terrible de l'Ouest américain, celui des plaines désolées, des animaux sauvages, des mines et des chercheurs d'or, des trappeurs, à l'origine de l'extermination des bisons notamment (apparaissant d'ailleurs en toile du fond du récit), des villes poisseuses… le roman western devient de fait ici roman d'apprentissage, d'un apprentissage rude, sans véritable espoir au bout du chemin, à l'image des contrées dans lesquelles il se réalise.



La narration qui nous conte l'histoire de Sam et Lucy, pertinente, est cependant servie par une plume qui, à mon sens, aurait besoin de s'affermir encore : en effet, certains passages sont de belles envolées sensibles, originales, et touchantes, d'autres sont au contraire d'une certaine maladresse, assez topiques d'un style d'écriture états-unien redondant ces dernières années.



Je remercie les éditions Seuil et Babelio de m'avoir permis de découvrir ce roman qui est paru ce 7 janvier. C Pam Zhang est une autrice prometteuse, je la suivrai donc avec intérêt.

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De l'or dans les collines

Ce que j’ai ressenti:



« J’ai dit que je te raconterai une histoire vraie, et il ne reste peut-être plus le temps. »



Mais le temps, c’est tout ce qu’on a comme mesure, pour réfléchir sur la folle ruée vers l’or du XIXème siècle, et ses conséquences irréversibles sur l’environnement et le destin de certaines populations. De l’or dans les collines, certes, il y en avait. C’est ce qui a motivé un flux migratoire, des histoires terribles, une avarice meurtrière, un déséquilibre sans précédent, et un ravage gigantesque sur la nature. C Pam Zhang raconte une défaite de l’Ouest, une histoire bouleversante à contre-courant du grand rêve américain, un roman flamboyant où deux filles d’immigrants chinois, se cherchent une place sur une terre déjà massacrée, plus ou moins maudite.



« Mort, la mort, est mort. »



Les mots tombent. Dans ces pages, il y a beaucoup de deuils à apprivoiser. Tellement de pertes, que ces collines, sont un lieu hanté de douleurs fantômes. L’or est mort. L’herbe est morte. L’innocence est morte. L’espoir est mort. Les bisons et le tigre sont morts. Les grands espaces, les grands rêves, le père, le lac, le conte de fées, le bonheur, les indiens, le bébé, le passé, les mineurs, tous, sont morts. Et pourtant, il faudra bien que ces deux orphelines vivent, malgré leurs désaccords, leurs choix de vies diamétralement opposés, leurs deuils communs. Vivre, malgré le racisme, le déracinement, la pauvreté. Vivre. Comme une quête, comme un cow-boy, comme une intelligence, comme un rugissement. Vivre pour préserver la richesse qu’il leur reste. Vivre…



« Qu’est-ce qui fait un chez-soi? »



Par une alternance de mots-chapitres, on touche du doigt, le vent, l’eau, le prune, l’or, le sang, la boue, les crânes, la viande. On se questionne, dans ce roman sauvage et magnifique, sur la famille, l’ambiguïté du genre, l’exil, l’appartenance…J’ai été très touchée par cette fratrie, à mi-chemin vers la sororité. Il y a mille et une façons d’explorer les routes de la destinée. Celles vers la Liberté sont les plus escarpées mais les plus intéressantes à suivre, mais est-ce qu’elles les mèneront, Lucy et Sam, vers un genre d’endroit, qui ressemble à un chez-soi?…



Une vraie pépite, à découvrir d’urgence!



Remerciements:



Je tiens à remercier très chaleureusement Babelio ainsi que les éditions du Seuil de leur confiance et l’envoi de ce livre.
Lien : https://fairystelphique.word..
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De l'or dans les collines

SUR LES TRACES MAUDITES DU GÉNÉRAL SUTTER



Nous sommes peu après le mitan du XIXè siècle, vers le nord-est de l'actuelle Californie. Ici, c'est la mine de charbon ou le fantasme malfaisant de l'Or qui s'offre, durement, sans concession, à ceux qui veulent survivre. Jeunes ou vieux. Femmes ou hommes. Mais presque exclusivement au blancs, en ce qui concerne le précieux métal.

Deux toutes jeunes filles d'origines chinoises viennent de découvrir le corps sans vie de celui qui fut, pour le meilleur et souvent pour le pire, leur père, "Ba". L'aînée se prénomme Lucy, sa puînée Sam. En ce jour fatal qui fait d'elles des orphelines - "Ma", leur mère, est décédée trois ans auparavant, laissant son aînée bien plus inconsolable que la cadette, on découvrira bien plus tard pour quelle funeste raison. Quoi qu'il en soit et tradition oblige, les deux fillettes doivent absolument trouver - Voler ? Emprunter ? Mandier ? - deux pièces d'argent afin que le mort puisse payer son passage vers l'au-delà. Et ce dernier a absolument tout bu, comme à son accoutumée, avant de rejoindre le sombre pays des ombres.  



C'est donc dans ce cadre franchement pas idyllique ni même mythique que nous découvrons ces deux jeunes adolescentes - encore que la seconde, qui se prend pour un garçon, soit encore une enfant -.

Entre misère, tristesse, déréliction, abandon, racisme et mort nous allons suivre Lucy - surtout elle, d'ailleurs - et Sam après qu'elles seront parvenues à mettre la main, un peu accidentellement, sur les fameuses pièces. S'ensuivra une longue et macabre déambulation sous l'implacable soleil californien, en compagnie des coyotes et des restes funestes des antiques troupeaux de bisons, décimés par la folie de l'homme blanc. Enfin, c'est le moment de mettre en terre les restes, expression O! combien exacte en l'occurrence, tant le corps du malheureux Ba est dans un état de décomposition avancée à force de pérégrination sans but ni fin visible. L'errance prend ainsi doublement fin, entre inhumation dans un lieu jugé ad hoc et rencontre opportune d'un pistard que les deux jeunettes s'apprêtaient à voler, le pensant mort. Il leur indiquera la présence proche d'une ville, Sweetwater, où elle pourrait reprendre pied avec la civilisation. C'est là que nous les laisserons, dans un premier temps, Lucy s'y installant, Sam finissant par disparaître sans qu'on sache où ni pourquoi. 



Quelle ne fut pas ma déception à la lecture de cet ouvrage à l'avant-propos pourtant plus qu'alléchant : l'histoire de deux jeunes filles, premières nées américaines d'un couple de migrants chinois dont il n'est souvent rien raconté d'autres que des clichés, racontée par une migrante chinoise contemporaine, bien intégrée dans la société américaine actuelle mais sans doute très à même de mieux ressentir la vie rude de ces ancêtres-là. Que n'a-t-on vu ou lu sur ces "coolies", destinés tout d'abord à la pose, dans des conditions bien souvent terribles, des rails du futur chemin de fer transcontinental étasunien. Que la "légende dorée" du far-west nous fait bien souvent retrouver dans les rôles subalternes de restaurateurs, d'épiciers ou de propriétaires de laveries, ou encore dans de mystérieuses et dangereuses confréries, entretenant encore un peu plus l'imagerie autour de ces gens vivant bien souvent en communauté très fermées au sein des villes-champignon des grandes heures du mythe américain. Hélas, cette thématique est à peine entretenue. Tout juste comprend-on que ces migrants avaient interdiction de s'approprier des concessions minières sous le prétexte fallacieux qu'ils n'étaient pas nés sur le sol américain, que le racisme les suivait partout, même chez celles ou ceux semblant ne pas attacher de vraie importance à leurs différences, à la couleur de leur peau. En réalité, C Pam Zhang s'attache surtout à décrire un quasi huis-clos familial, remontant, en milieu d'ouvrage, le fil du temps - sans doute les deux chapitres, assez brefs, les meilleurs de l'ensemble de ce roman -, pour mieux revenir au temps présent du livre, aux retrouvailles de deux soeurs devenues presque adultes, de leur nouveau grand projet, etc. 



C'était donc avec un grand plaisir et une vraie envie que je recevais, il y a bientôt un mois, cette Masse Critique spéciale, organisée par notre indispensable site de lecture(s) et de lecteurs en ligne, Babelio.com, avec l'aimable complicité des vénérables et belles éditions du Seuil, que je remercie chaleureusement, malgré tout. Hélas, passé l'enthousiasme des premières pages, l'histoire s'enlise très vite, n'avance qu'à force de répétitions, de dialogues plus ou moins crédibles, de retours permanents sur le passé proche, sans que cela donne matière à approfondir le présent, ou si peu. Pire : il y a ce style moitié prétentieux, moitié laborieux, une succession de phrases dignes d'une sous-Marguerite Duras - d'avance pardon pour les admirateurs, j'ai énormément de peine avec le style durassien -, brisé, haché menu, épuisant, à d'autres, très différentes, à la syntaxe alambiquée, parfois à la limite de l'incompréhensible. Il y a ces tics de langage, tels que ces reprises incessantes, sans permettre au lecteur lambda de les comprendre, de mots de conversation chinoise de la vie quotidienne, ou que l'on ne peut que supposer tels. Ô! Bien entendu, on finit par deviner le sens de quelques-uns, mais cela aurait-il été si embarrassant d'en faire des renvois en bas de page ou dans un petit lexique en fin d'ouvrage ? Sans même prendre en considération que le lecteur est justifié à se demander le sens profond de leurs répétitions épisodiques (en dehors de marques éparses d'affection entre parents et enfants). 



Alors, Très vite, l'ennui s'est installé, au point qu'à plusieurs reprises, j'ai vraiment failli abandonner aux alentours des premières cent pages. Fort judicieusement, au moment où le récit est sur le point de s'enliser totalement, C Pam Zhang nous fait remonter le cours du temps, avant la naissance des deux jeunes filles et il faut bien admettre que la seconde partie du livre, et plus encore, l'assez convaincante - mais très brève - troisième partie m'ont évité le pire - si tant est que cela soit une catastrophe d'abandonner un ouvrage avant sa fin -. On y comprendra comment leurs parents se sont rencontrés, qui ils étaient alors vraiment, etc. Certes, c'est bien plus classique mais, n'eut été ce style inutilement ampoulé, ces descriptions paradoxalement très minces, sans relief et sans grand intérêt - les amateurs de "nature writing" en seront désespérément pour leurs frais -, une psychologie générale des personnages manquant drastiquement de finesse et de profondeur, au point qu'à aucun moment l'on ne parvient à se sentir vraiment proches d'eux, à les sentir vivre, à l'exception notoire du père, dans la troisième partie, la plus originale au fond. La plus inattendue de ce point de vue, puisque c'est alors un mort qui parle ! On achève finalement l'ouvrage comme on l'a débuté, au fil d'une quatrième et ultime partie passablement ennuyeuse, toujours aussi péniblement écrite, en compagnie de personnages, nouveaux pour deux d'entre eux, auxquels ont peine toujours autant à croire. 



Au bout du bout, on peine à dire si l'on avait à faire à une saga familiale (sans doute un peu), à un roman à thèse dénonçant le racisme anti-chinois des blancs américains (si c'est effectivement un sujet évoqué, c'est tout de même très loin d'être le seul fil rouge), à un roman d'aventure (si oui, alors quelle aventure bien médiocrement contée), à un roman initiatique (certes, certes), à un peu de tout cela, mais sans que l'autrice parvienne jamais à vraiment se décider ? Toutes ces thématiques, tous ces genres sont abordés, ainsi que la mort omniprésente, la violence du temps et des hommes entre eux, les rêveries des jeunes filles en fleur, l'importance de l'attachement culturel, la naissance d'une nouvelle nation sur un flot de mensonges, de vilenies et même de meurtres, l'environnement saccagé, les secrets de famille, le goût du lucre, même l'assignation au sexe est plus ou moins abordé. Mais voilà, tout n'est ici qu'effleurement, surface, superficialité, rien n'accroche jamais en profondeur, tout n'est que survol fastidieux, lassant.



Des romans mondes, capables d'emporter tant de sujets à la fois, il en existe, assurément. Mais c'est une entreprise difficile, compliquée, qu'à mon grand regret cette jeune autrice peine, c'est un euphémisme, à réussir. Sans doute ai-je trop espéré découvrir dans de l'or dans les collines une jeune Cormac McCarthy chinoise, vibrer avec un texte digne des aventures vécues et narrées jadis par l'immense Jack London, d'un mythique (quoique très imaginaire sous sa plume) Général Sutter dans L'or de Blaise Cendrars ou encore découvrir la face sombre de la colonisation de l'Amérique comme dans les nouvelles terribles, subtiles et profondes de Dorothy Johnson. Rien de tout cela ici, que de l'ennui et le gris anthracite du charbon que ces colons chinois seront parfois amenés à exploiter pour survivre, l'or leur étant iniquement refusé par les "locaux", charbon recouvre de sa couleur funeste et monotone ces pages globalement assommantes. Quel dommage ! 



À noter la très belle photo de couverture qui... ne rend absolument pas compte de ce que l'on trouve à l'intérieur. Les quelques chevaux (et mules) croisés ici sont des animaux de bât plutôt malheureux et franchement pas sauvages, pauvres bêtes bien éloignées de tout farwest mythologique. 
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De l'or dans les collines

1862, Etats-Unis. Lucy et Sam, deux petites filles d'immigrants chinois, ont grandi dans les collines arides de Californie. Leur mère, Ma, n'est plus là depuis déjà 3 ans et à la mort de Ba, leur père, elles quittent leur cabane de mineur. Volant un cheval et emportant le corps de Ba dans une malle, Lucy et Sam commencent un périple dans une contrée sauvage pour trouver l'endroit idéal où enterrer leur père. Alors que Sam, garçon manqué et intrépide, souhaite poursuivre le rêve de Ba et découvrir de nouveaux espaces, Lucy, plus réservée et avide de connaissances et de civilisation, aspire quant à elle à trouver un lieu où se poser pour démarrer une nouvelle vie.



C Pam Zhang est née en 1990 en Chine et est arrivée à l'âge de 4 ans aux Etats-Unis. A travers l'histoire de Lucy et Sam, elle revient sur un pan de l'histoire des Etats-Unis : celui de l'arrivée des premiers immigrants chinois en Californie, attirés comme beaucoup d'autres à l'époque par le rêve de trouver de l'or facilement et d'avoir une vie meilleure. Mais cette histoire de la « ruée vers l'or » n'a rien à voir avec les mythes dorés que l'on connaît dans les westerns. Avec leurs yeux bridés, leurs cheveux noirs et leur peau mate, Lucy et Sam, même si elles sont nées sur le sol américain, sont cataloguées comme leurs parents et subiront comme eux le racisme ambiant.

Travail dans les mines, prospection, conditions de vie extrêmement difficiles, violence à l'égard des étrangers (Chinois, Indiens...), la vie de la famille est parsemée d'embûches et d'épreuves. La description de la vie quotidienne de l'époque est fouillée, précise, de même que l'analyse psychologique des deux héroïnes, tiraillées par des envies différentes, à l'image de leurs parents.

Divisé en quatre parties, ce récit déroule la chronologie de cette vie de misère - il faut bien le dire, où l'or, la terre et l'eau sont les trois points d'orgue des gens à cette époque. A la fois très sombre et brillant, ce récit à l'écriture poétique et réaliste ne nous cache rien d'une vie d'errance, de vols et de violences pour tous ces Chinois exploités par les entreprises de chemin de fer puis rejetés – même ceux nés sur le sol américain. Poussière de charbon, poussière de la terre asséchée, eau polluée, pépite chèrement gagnée pour leur être ensuite retirée car « ils ne sont pas d'ici », leur rêve américain s'éloigne à grandes enjambées…

L'auteur mêle à ces faits historiques la description d'une contrée encore sauvage et belle, déjà saccagée par les prospections qui en font une terre aride ou boueuse. C'est également le récit d'une double culture, illustrée par le bison et le tigre, les deux animaux qui peuplent l'imaginaire des deux fillettes qui ne cessent, tout au long de ce beau roman, de trouver leur chez soi.

Si j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire – la première partie qui relate le voyage des deux fillettes est assez ennuyeuse, la seconde partie m'a beaucoup plus séduite lorsque l'on revient sur le passé de la famille. le style de l'auteur a peut-être aussi joué parfois dans le fait que je me perdais dans le récit avec des effets de style trop alambiqués et inutiles. Tout cela reste minoritaire par rapport à l'ensemble de ce roman très beau et très bien documenté, et au fait que l'auteur rend un hommage vibrant à tous ces hommes et femmes venus sur le sol américain en espérant trouver une vie meilleure. Malheureusement, la réalité était tout autre.

Merci à Babélio pour cette belle découverte.
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De l'or dans les collines

De l'or dans les collines est l'histoire d'une famille d'immigrants chinois, luttant pour la survie pendant la période de la ruée vers l'or dans les Etats Unis. Se concentrant principalement sur le quotidien des deux sœurs, Lucy et Sam, ce roman est une histoire déprimante de faux espoirs et de fausses relations.

Toutes les deux grandissent dans une famille qui lutte pour se faire une vie - en effet, "la maison" et toutes ses significations sont le thème central du livre. La mère rêve de retourner en Chine, le père revendique les "collines" comme sa maison, son "chez soi". Lucy est cette fille qui veut être comme les blancs, qui pense qu'elle peut être comme eux, si elle se comporte convenablement, si elle dit les bonnes choses, si elle habite en ville...

Alors que Sam est celle qui ne se conforme pas, qui ne veut pas "se civiliser". Justement, en ce qui concerne Sam, l'histoire est inachevée. Nous avons une fille qui s'habille et s'identifie comme un garçon, mais qui ne connaissons pas vraiment bien, en tout cas moins que sa sœur et je ne peux pas dire si Sam veut être vraiment un garçon ou fait cela pour plaire à son père et trouver un emploi.

Si j'ai apprécié les 3/4 du livre, la dernière partie, je l'ai trouvé trop précipitée. C'était frustrant de ne pas trouver des réponses à certaines questions que j'ai pu me poser au fil de l'histoire. La chronologie, composée de plusieurs flashbacks , peut s'avérer un peu gênante aussi, mais j'ai bien aimé d'en savoir plus sur les parents de Lucy et Sam, et leur histoire basée sur l'amour, les mensonges et la détermination.

Bien que le style d'écriture n'est certainement pas mon préféré -phrases courtes qui s'arrêtent au milieu d'une idée, des mots en chinois glissés un peu partout, quelques répétitions (peut-être que la traduction y est pour quelque chose aussi) - j'ai apprécié la complexité de l'histoire en mettant l'accent sur la famille, la race, le sexe, l'exploitation minière et les immigrants.

Une lecture moyenne pour ma part, il restait beaucoup trop des choses à explorer !
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De l'or dans les collines

Le résumé m'a tout de suite attirée, mais j'avoue ne pas trop savoir quoi penser de ce roman. J'ai apprécié la plume de l'autrice, parfois brusque et saccadée comme sait l'être Sam, parfois aride comme ce décor de l'Ouest américain dans lequel évoluent les personnages, et parfois plus imagée, notamment pour mettre en exergue les décors traversés, les quelques moments d'évasion et de communion entre deux esprits très différents, mais aussi les temps forts qu'ils soient joyeux ou douloureux.



Au fil des pages, l'authenticité et la dureté du récit s'imposent dans toute sa noirceur, nous donnant l'impression d'assister à la déchéance, puis au renouveau, d'une famille d'origine chinoise qui va payer cher sa soif d'or et ses envies de richesse. La thématique n'est pas inintéressante en soi, mais j'ai fini par ressentir une certaine lassitude durant ma lecture, même si quelques passages ont régulièrement relancé mon intérêt. J'ai donc alterné entre envie de poursuivre et envie de reposer le roman…



Pour autant, cette histoire ne m'a pas déplu, peut-être parce qu'elle est de celles qui portent et qui marquent. L'autrice, d'une plume puissante comme pour faire écho aux vicissitudes traversées par Sam et Lucy, nous dépeint bien plus qu'une soif de l'or réduite à sa simple vénalité. Elle nous plonge dans la vie d'une famille qui, jour après jour, épreuve après épreuve, perd de cet espoir qui lui a fait croire en une vie meilleure. le processus est long, pernicieux et violent, tout comme l'est ce grand Ouest américain dont beaucoup ont rêvé, avant de s'y laisser broyer.



Divisé en trois parties, et alternant entre les époques, ce roman nous permet d'en apprendre plus sur les différents membres de la famille, et sur la raison ayant poussé Sam et Lucy à trimballer le corps de leur père afin de trouver un lieu pour l'enterrer. Les débuts du roman offrent quelques passages qui m'ont personnellement mise mal à l'aise, C Pam Zhang possédant une manière bien particulière de faire cru et vrai.



Pas de fioriture donc ! Mais Ba n'était pas du genre à faire dans le tendre et la dentelle, alors il y a fort à parier qu'il ne se serait pas offusqué du traitement réservé à son corps, réceptacle d'espoirs déçus et de regrets inattendus. J'ai même eu l'impression qu'en enterrant subrepticement différentes parties de son corps en décomposition, l'ancrant fermement dans une terre qui n'a jamais accepté de le revendiquer et de le reconnaître, Lucy ne pouvait lui rendre meilleur hommage…



Il est d'ailleurs ici beaucoup question de terre, de chez-soi, de famille et de racines. Quand Ma rêve de son pays qu'elle a quitté pleine d'illusions depuis longtemps éteintes, le père lui se sent ici chez lui malgré les remarques racistes quotidiennes. Un racisme bien ancré parmi des Américains parfois moins américains que lui ou Sam et Lucy ! Entre la méfiance, la haine, la violence et des comportements complètement déplacés, même parmi des gens en théorie de confiance, le racisme est donc omniprésent, et semble peser bien lourd sur le destin d'une famille dont le seul tort est d'avoir cru au rêve américain.



Dans de l'or dans les collines, le thème de la famille est prépondérant… pour le meilleur, mais surtout pour le pire. Si certains passages offrent de réels moments de complicité et d'amour, le modèle familial présenté m'a paru vicié et source de bien des souffrances ! Un passage narré du point de vue du père permet de comprendre les raisons de sa violence, mais cela n'excuse en rien son comportement, les coups n'ayant jamais aidé personne à résister aux épreuves de la vie. Bien au contraire !



Malgré ce point, je reconnais avoir été surprise par certaines révélations qui m'ont poussée à reconsidérer l'histoire sous une autre perspective. J'en suis presque venue à plaindre un personnage, condamné à une vie de mensonges, qui n'avait jusqu'à présent suscité en moi que de l'aversion. L'autrice a ainsi su créer et développer des personnages ambivalents et profondément humains qui sont pris entre des courants contraires. Des personnages qui doivent concilier leurs envies et aspirations personnelles avec leurs devoirs familiaux, et une Amérique qui réserve ses rêves de richesses et de gloire à une minorité de personnes, blanches de préférence et prêtes à tout pour arriver à leurs fins…



Parmi ce tourbillon de noirceur, de désillusion et cette aridité des sentiments, l'autrice se faisant le témoin d'événements mais jamais la conteuse de profonds sentiments, j'ai néanmoins fini par développer une sorte d'attachement pour Lucy. J'ai apprécié son intelligence, sa soif de connaissances et sa capacité de résilience… Des qualités qui lui seront indispensables pour survivre et accepter une vie qui ne lui était pas destinée, mais qu'elle a courageusement choisie, donnant un véritable sens à l'expression « la famille avant tout ». Quant à Sam, j'ai admiré sa liberté d'esprit, son envie de vivre sans s'encombrer des conventions, et la manière dont il va revendiquer son identité d'homme à une époque où la transidentité n'était pas vraiment acceptée. On sent d'ailleurs toute sa détresse d'être né dans un corps de femme qui ne lui correspond pas…



En conclusion, avec de l'or dans les collines, C Pam Zhang nous propose une plongée mouvementée dans une famille d'origine chinoise bercée par les désillusions d'un Ouest américain dont les richesses ne sont finalement pas à la portée de tous. Roman initiatique sous fond de racisme, de quête d'identité et de vérité, voici un roman puissant et brut à l'image de personnages qui vont traverser bien des épreuves avant de se libérer du poids du passé, des secrets et des mensonges, et se révéler à leur propre destinée.


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De l'or dans les collines

Fin du XIXe, Californie, Ba vient de mourir en laissant Lucy et Sam seules dans une Amérique violente et xénophobe.

A seulement 11 et 12 ans , elles doivent quitter la misérable cabane où elles vivaient et partir dans les grandes étendues sauvages de l'Ouest. Les dangers sont nombreux et les deux fillettes doivent se serrer les coudes pour avancer. Mais elles sont tellement différentes qu'il leur est bien difficile souvent de se comprendre et de s'accorder. Il y a la réalité du quotidien, les traditions chinoises et les aspirations de chacune.

Au fil des pages se dessinent leurs deux caractères très distincts, Lucy réservée, réfléchie, avide de connaissances et Sam le "fils" de Ba, tête brûlée, sans limites aucunes...



Dans une construction éclatée, en naviguant entre présent et passé, l'auteur nous raconte l'histoire de cette famille d'immigrés chinois dans une Amérique en plein essor industriel qui organise la venue de cette main d'œuvre à bas prix pour la construction de ses chemins de fer. L'arrivée, la rencontre, les conditions de travail souvent inhumaines, les événements se découvrent petit à petit de façon morcelée. Il est très difficile pour ces hommes qui aspirent à des vies meilleures de résister à l'appel de l'or, Ba ne pourra s'y soustraire. Mais le rêve américain tourne vite court, rares sont les chercheurs d'or qui trouvent le filon et lorsque ça arrive, la cupidité et l'injustice ne laissent pas beaucoup de perspectives...



C'est dur (le début du roman est percutant), c'est prenant, plein de surprises, les thèmes du racisme, de la destruction de la nature (la scène des bisons est saisissante), du poids du passé familial, de l'identité des immigrants sont parfaitement exploités. Le regard croisé des deux fillettes qui deviennent peu à peu jeunes femmes, leurs choix propres, leurs itinéraires sont très intéressants.



Et pourtant je ne parlerai que de "Bonne lecture" parce que j'ai eu beaucoup de mal avec le style. L'écriture un peu hachée avec les répétitions des prénoms à toutes les phrases a parfois terriblement gêné ma lecture...

Un bilan un peu mitigé entre une formidable histoire et une plume que je n'ai pas su apprécier, mais une bonne lecture au final.



Merci à Babelio et aux Editions du Seuil
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De l'or dans les collines

Écrit par une autrice sino-américaine, jouissant d'un certain succès aux États-Unis et traduit en dix-sept langues, ce roman met en scène deux sœurs, nées aux États-Unis et d'origine chinoise, qui traversent une bonne partie de l'Ouest américain après le départ de leur mère, Ma, et le décès de leur père, Pa. Après de nombreuses années de travail dur dans les mines de charbon, toute la famille connaît la pauvreté, ayant renoncé au rêve de la découverte de pépites d'or, garanties d'une richesse rapide. Les deux filles auront appris l'inhumanité du travail à la mine, le racisme, la violence verbale voire sexuelle des non-Asiatiques, la lutte sans merci entre les chercheurs d'or, le mythe américain tenace qui pourrit les relations.



Ma est partie un jour, sans qu'on puisse le prévoir. Pour où, personne ne le sait. Pa est mort et selon la tradition, il faut lui trouver l'endroit ad hoc pour l'enterrer. Les deux sœurs vont transporter son cadavre, longuement, jusqu'au lieu digne de lui servir de sépulture. Il faudra aussi trouver deux pièces d'argent pour obturer ses yeux. Mais comment faire pour les trouver ?



Les deux sœurs sont très dissemblables : Lucy, vaillante, curieuse d'apprendre, Sam, vêtu comme comme un garçon, d'abord pour travailler à la mine sans se faire importuner par les hommes, puis assumant ses choix personnels, audacieuse, prenant des risques. Le chemin les obligera à se comprendre, à se compléter.

Car après l'inhumation de Pa, il n'est pas question de faire demi-tour, mais elles vont tenter de réaliser le rêve de Ma : retourner vers l'Ouest, traverser l'Océan et retrouver le pays de leurs ancêtres.



Chemin initiatique, lutte pour une vie plus conforme à ce qu'on est vraiment, retour aux racines : les thèmes ne manquaient pas d'intérêt. Pourtant, je dois reconnaître m'être ennuyée assez souvent. Les insertions de propos en chinois - qui auraient dû me plaire ! - restent inintelligibles faute de traduction.

Avis mitigé, donc.
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De l'or dans les collines

"Le prochain endroit sera peut-être meilleur, disait Ba chaque fois qu'ils se préparaient à partir pour une nouvelle mine. Le meilleur n'arrivait jamais."

Enfants, nous avons tous, plus ou moins rêvé devant nos télés noir et blanc , ou en tournant les pages de nos BD de cette conquête de l'Ouest, de ces longues chevauchées, de ces bisons à perte de vue...notre imaginaire vibrait...c'était il y a bien longtemps pour moi.

Je ne crois pas que ce thème fasse autant vibrer les gamins actuels...l'échelle a changé..ils rêvent sans doute d'autres grands espaces, de l'Espace....

Dorénavant, rares sont les westerns sur nos écrans.

Quelle joie de revoir la réponse de Babelio m'informant que j'allais recevoir ce titre! Je pensais revenir vers mon enfance, retrouver mes jeunes années.

Les immigrants de mon enfance venaient de l'Est, aucune lecture ne m'avait permis d'approcher une autre immigration, venant de l'Ouest des États-Unis, celle de ces Chinois eux aussi attirés par ces larges espaces, attirés par les espoir de l'Or...découvrant ces espaces à partir de la Californie.

Espoir en partie déçu, j'insiste sur le "En partie" ...Sans doute parce que je n'ai pas retrouvé cette longue marche en avant, qu'elle soit d'Ouest en Est ou d'Est en Ouest, non! J'ai eu l'impression de me retrouver face à un puzzle, à charge pour moi de le reconstituer, puzzle de lieux, puzzle d'époques dans la vie de Sam et de Lucy...ni tout à fait d'unité de lieu, ni d'unité de temps.

Tout part d'un voyage pour enterrer leur père...

À moi de reconstituer les autres tableaux, la scénographie, et l'action.

Les époques se télescopent, comme les lieux.

Chaque pièce du puzzle est cependant agréable, bien écrite, souvent émouvante, et aucune ne m'a laissé indifférent, loin de là : pauvreté de ces chercheurs d'or, de ces familles vivant dans la crasse du charbon, émotions devant la découverte d'une pépite, ou face au vol ou à sa perte. Mais pas de lasso pour attraper les bisons dont les os ont depuis longtemps servi à réchauffer les immigrants ou leurs repas, à planter leurs tentes, ou à fabriquer des outils. Il faut juste savoir où placer la scène, comment la raccorder au reste de l'histoire ! Pas toujours aisé.....

Pas de longue chevauchée non plus. Mais un autre point de vue sur ces immigrants qui sont contraints ou préfèrent fouiller le sol à la recherche de charbon ou les rivières à la recherche d'or, pour leur compte, pauvres émus devant la première pépite trouvée ou perdue, pauvres vivant dans la crasse de leur tente pour le compte d'un autre plus retors qui les exploite pour quelques brouettes de charbon...sans rechigner à les voler.

On ne foule pas l'herbe des prairies... non on suit l'errance de ceux qui creusent pour le compte de ces premiers richards qui ont trouvé un bon filon : faire travailler les plus pauvres pour leur compte, se servir de tous les arguments imaginables pour leur donner le moins possible.

Crever les hommes et massacrer la terre !

"Je ne comprends pas comment on peut dire qu'on possède un lieu et le traiter aussi mal, il y a des méthodes pour obtenir ce qu'on veut sans massacrer la terre comme une meute de chiens sauvages." (P. 152)

C'est cet aspect un peu décousu qui m'a déconcerté...sans pour autant m'enlever tout plaisir. Loin de là.

Un grand merci à Babelio
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De l'or dans les collines

J'ai eu des difficultés à entrer dans ce roman, mais peu à peu j'ai trouvé l'histoire prenante et bien écrite.



L'auteure nous y décrit le combat de deux soeurs, Lucy et Sam, en quète d'une terre à elle, d'un chez soi particulièrement dur à trouver, étant américaine mais de parents chinois. Cette époque était cruelle pour les personnes non blanches qui étaient vues comme forcément étrangères. Elles sont dévisagées, dénigrées, se font accepter difficilement, alors qu'elles parlent la langue et sont nées sur ce territoire.



L'auteure nous y dépeint aussi la cruauté des lois, comme l'interdiction aux personnes étrangères de posséder l'or trouvé (loi que j'avais déjà eu l'occasion de découvrir dans un roman de Ken Liu.



L'ambiance du far west est particulièrement bien décrite : la poussière, la chaleur, la vie rude, le fait de ne pouvoir compter que sur soi, les mines et la prospection de l'or. La joie quand on en découvre, mais la vitesse à laquelle celui-ci est dépensé, en filles et en boisson.



Le début du roman est très troublant, je dois avouer n'avoir su qu'en penser. Mais les scènes sont extrêmement bien décrites et l'ambiance instaurée est pesante.



Je compatis à ces destins brisés, ces jeunes filles qui ont soif d'autres choses, d'apprendre pour Lucy, de liberté pour Sam. J'ai vraiment beaucoup aimé le thème traité, celui de la quête identitaire, ces jeunes filles n'arrivant pas à se sentir d'ici (les Etats-Unis) du fait du regard des autres, ni de là-bas (la Chine), pays absolument inconnu pour elles.
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De l'or dans les collines

C Pam Zhang nous entraîne au cœur d’un western complexe et multiculturel. Sam et Lucy sont les dignes héritières d’un passé houleux et tu. Façonnées par la vie sauvage et dure des contrées de l’ouest, à roulotte, sur une mule ou un cheval, dans des cabanes insalubres, elles se sont construites sur des légendes où le courage et la valeur de l’homme prédominent. Ba et Ma, mutiques sur leur origine, sur leurs passés respectifs, construisent la vie de leurs filles sur ces non-dits. Lucy est intelligente, belle. Sam est devenu par la force de la vie, un garçon manqué. Leurs vies prennent deux chemins différents. L’une veut de l’or, l’autre la reconnaissance.





Terres désolées, assoiffées, noires, sèches, rudes aux couleurs de l’or, celui tant cherché, convoité, source de toutes les violences commises par l’homme. Ces terres voient défiler ces deux sœurs décharnées à la recherche de la terre promise, du signe, qui leur permettra de mettre en terre leur père. Des pas, des milliers de pas, le ciel, le soleil sans pitié, le vent murmurant, témoins d’une agonie, d’une souffrance silencieuse. Une quête qui les portera au-delà de cette misérable errance. L’une découvrira la richesse du paraître l’autre celle laborieuse et dérobée.





Et tel un cercle vicieux va leurs vies emprisonnées par leurs choix et leurs passés. Un lourd héritage silencieux trimballant l’oubli, le désœuvrement, l’égoïsme.





Ce roman m’a totalement déstabilisée notamment par sa construction et sa forme. L’écriture rude, franche, saccadée confère un style atypique. Mais au travers de cette rigueur, il y a cet amour camouflé, bienveillant qui s’est malheureusement perdu en route. J’ai adoré ces longues envolées où la nature est au cœur de la description. Cette longue lettre d’amour murmuré par le vent. Cette eau torrentielle aboutissant tout espoir. Cette terre brûlante discriminatoire aux reflets d’or. Et ce feu grondant dans les veines de ces jeunes filles.





Ce roman est vraiment grandiose.
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De l'or dans les collines

De l’or dans les collines de C Pam Zhang, présentation

Ba vient de mourir. Il laisse Sam, sa préférée, et Lucie seules. Elles sont très jeunes, sans argent, sans toi.



Lucie veut sauver Sam avant que toute l’âme de Ba s’incruste en elle.



Ba était chercheur d’or mais ils sont arrivés, à chaque fois, trop tard.



Avis De l’or dans les collines de C Pam Zhang

Deux petites filles doivent quitter l’endroit où elles vivent à la mort de leur père. Elles décident de lui donner un enterrement selon les traditions chinoises. Elles vont prendre la malle de leur mère, mettre le corps du père dedans, voler un cheval et faire des kilomètres pour trouver le meilleur endroit possible. Mais ces endroits ne plaisent pas à Sam, la soeur de Lucy.



Elles vont tenter de survivre dans ces milieux hostiles, malgré certaines rencontres. Lucy ne rêve que de civilisation et elle décide, à un moment donné, de laisser sa soeur pour tenter sa chance en ville.



Des immigrés chinois à qui on a fait croire que ce serait mieux en Amérique pour faire fortune. Des asiatiques qui sont nés aux Etats-Unis mais que l’on n’a jamais réussi à intégrer. Car ce pays est un pays raciste. La romancière montre les conditions de vie de ces hommes, de ces femmes, qui vivent dans des conditions déplorables pour gagner un peu d’argent dans les mines de charbon. Cela a été également la ruée vers l’or. Mais il n’y a plus rien. Tout a été détruit avec ces prospections. Mais certains continuent à chercher et arrivent à trouver. C’est le cas de Ba, le père de Lucy et de Sam.



Les deux soeurs sont très différentes. Lucy est considérée comme intelligente. Elle a toujours eu soif de s’instruire. Sam est la préférée de Ba. Petite fille, certes, mais qui a décidé d’être un garçon, pour pouvoir suivre son père et tenter de mener sa vie, même si elle n’est pas adulte.



J’ai trouvé ce roman très intéressant dans sa deuxième partie lors que le père des deux petites filles s’adresse à Lucy. Ce sont des retours en arrière pour éclairer le passé de Ba et de Ma et comment se sont construit ces deux petites filles. Cela a été une vie d’errance, une vie également de mensonges, de vols pour améliorer un quotidien. La mère a été une personnalité forte qui tentait de mener tout le monde à la baguette, notamment son mari. Son rêve a toujours été de revenir dans son pays qu’elle enjolivait.



L’or, l’eau, la terre, les nombreux éléments terrestres, mais aussi la quête du Chez Soi. Le tigre, très présent dans la culture chinoise. Le bison très présent dans la culture américaine, tout comme les Indiens. Une quête également pour deux petites filles qui se sont perdues et retrouvées pour un temps. Lucy a toujours voulu se purifier, tenter de connaître les gens qu’elle rencontrait, les nombreux hommes qui ont profité d’elle mais selon son bon vouloir. S’est-elle sacrifiée pour sa soeur ou a-t-elle compris, avec ses lectures, que ce n’est pas mieux ailleurs, qu’elle a trouvé son chez soi ?



Pour moi, c’est assez compliqué de lire des romans de personnalités chinoises dont les actions ne se passent pas dans ce pays, dont j’ai tellement à apprendre quant aux coutumes, à la vie, à la politique de ce pays fermé. Mais c’est bon aussi de connaître la vie de ceux qui ont pris un bateau pour essayer de trouver mieux ailleurs, dans un pays en construction, en partie sauvage où ceux qui ont l’argent ont le pouvoir.



Un roman qui parle également d’écologie et de la nature qui reprend ses droits par des évènements climatiques lorsque tout le monde a prospecté et laisser des endroits arides et ravinés. Et tout cela date déjà de plusieurs années.



Je remercie Babelio pour cette Masse Critique spéciale.
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De l'or dans les collines

J'ai eu beaucoup de mal avec ce roman. L'histoire est très intéressante, certes. Deux filles d'origine chinoise traversent l'ouest américain pour enterrer leur père. Elles sont confrontées à la violence, le racisme, le sexisme. Les thèmes sont évocateurs et bien traités mais quelle lourdeur dans le style. Je n'ai pas accroché du tout avec l'écriture de l'autrice. Elle passe parfois d'une idée à l'autre. C'est dommage car elle fait perdre le fil de l'intrigue. Bref, c'est une vraie déception pour moi.
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De l'or dans les collines

Poignant, solaire, « De l’or dans les collines » de rudesse et de persévérance, d’espaces grandioses et d’apprentissage est une épopée . L’hommage pour deux fillettes Lucy et Sam grandissantes au fil des pages.

Ce roman beau et serré comme un café fort est l’idiosyncrasie d’une époque pas si lointaine celle de la ruée vers l’or dans l’Ouest américain.

Filles d’immigrés chinois, fragilisées par les écueils des turbulences, une mère décédée bien trop tôt. Une vie compliquée, survivances et rejets. Ma disparue, la fratrie est prise dans les pièges crescendo des injustices et des combats. Un père, devenu alcoolique, fuyant, l’errance en étoile, chercheur d’or, l’idéal flouté par une réalité qui, dévorante aura raison de Ba, ce père manichéen.

Sam, sa préférée, garçon manqué plus jeune que Lucy et pourtant la gardienne de leurs vies. Rejetées, petites filles abandonnées et démunies, elles vont fuir, sur un cheval de fortune, le père mort sur le dos de ce dernier.

Ne croyez pas à des pages violentes et insoutenables. Les visions floutées par l’impondérable. Il y a les forces solidaires, l’union et la lumière. Elles sont siamoises dans ces sillons rudes et hostiles.

« Debout marmotte. Il est temps de partir.

-Où ? Demande Sam, la langue pâteuse.

-En avant. Vers les repas chauds. Le pain blanc. La viande. Un bon bain agréable. »

Ce texte aux nombreux prix culte et plausible est la double page, le reflet intrinsèque de l’autrice : C Pam Zhang chinoise elle aussi. Ce récit âpre et si olympien fait corps avec le lecteur. Cette saga, ode à l’immigration est le point du centre de notre plus belle part d’humanité.

« Mais ce sont plus des gamines.Neuf ans et huit ans. Négligentes avec leurs jouets, leurs genoux et leurs coudes. Elles laissent le nom qui les désigne tomber dans les interstices de leur sommeil, avec cet espoir qu’ont les enfants qu’il y aura toujours plus le lendemain : plus d’amour, plus de mots, plus de temps, plus de lieux où aller avec les silhouettes de leurs parents sur le siège du chariot... »

« De l’or dans les collines » est un périple initiatique bouleversant.

« Derrière, le regard de Sam sur Lucy est comme le soleil brûlant de l’Ouest. »

Ce livre est un film à ciel ouvert, un far west moderne, un huis-clos dans les étendues des émancipations , le macrocosme des résiliences, une réussite hors pair. Traduit avec brio de l’anglais (États-Unis) par Clément Baude, publié par les éditions Le Seuil.
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De l'or dans les collines

J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une masse critique privilégiée. Je remercie les éditions du Seuil et Babelio pour cet envoi.

Malheureusement, je n'arrive pas à lire ce roman. J'ai pu aller difficilement jusqu'au tiers et je ne pourrais pas aller plus loin. Je ne lis d'ailleurs plus rien à cause de ce roman que je traîne sans avoir jamais envie d'y retourner.

Je n'accroche pas du tout au style. Trop d'effets de style tuent le style. C'est tellement haché, dilué, que cela donne une sensation de lecture désagréable. Je bute sur chaque construction de phrase trouvant cela mal fichu, cherchant le sens. Cela n'aide pas à rentrer dans l'histoire qui, jusqu'à l'endroit où je me suis arrêtée, me semble plate, s'étirant si lentement qu'elle peine à démarrer. Enfin, je ne parviens pas à m'attacher aux deux petites héroïnes de ce roman.

Je n'adhère pas au style, à l'histoire, aux personnages. Difficile de poursuivre une lecture sans la moindre accroche, j'abandonne.
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De l'or dans les collines

« C’est quoi la vraie richesse ? »

Ce très beau roman, à l’écriture aérienne et poétique se décline en quatre parties. La première nous parle d’un présent où Lucy et Sam, filles d’immigrants chinois, fuient avec le corps de leur père décédé. Leur mère n’est plus là pour les aider, l’argent manque, le choix de partir s’impose. Dans la deuxième partie, ce sont les souvenirs avec la mère qui resurgissent. En troisième, le paternel s’exprime. Il raconte comment il a connu son épouse, les liens qui se créent entre immigrés. Et dans la quatrième partie, on revient au présent, un peu plus tard, cinq ans après. On découvre ainsi l’évolution de Lucy et Sam, comment leur passé a conditionné leurs choix de vie et la relation à la fois trouble, troublante, mystérieuse, envoutante qui les unit.

Au début de ce récit, les deux fillettes avancent vers l’avenir avec un mort. C’est bizarre d’agir ainsi mais c’est parce qu’elles souhaitent offrir un bel enterrement à leur père, Ba. Il faut trouver le lieu, le moment, ce qui ira le mieux. Tout le vécu avec lui les assaillent, le travail dans la mine, la faim, le froid…. Le désir d’apprendre de Lucy, avec un professeur, monsieur Leigh, qui l’observe car il écrit une monographie…. Elles sont là, dans ce pays de grands espaces et de cow-boys, de chercheurs d’or, de villes qui apparaissent au bout de routes poussiéreuses. Les rencontres qu’elles font sont source de questions et leur permettent de continuer le chemin. Elles espèrent, elles aimeraient, elles voudraient… mais elles ne sont à leur place nulle part, elles ne sont pas d’ici, pas de là-bas non plus. Elles s’appartiennent et n’ont pas de racines. Pour autant, ce n’est pas une errance, chacune a soif de vivre sa vie, de pouvoir décider.

Est-ce que ce sera possible ? Parfois, il est plus facile de se faire enterrer (« elle a laissé une part d’elle-même toujours plus grande se faire enterrer. ») C’est plus confortable que de lutter sans arrêt, sans obtenir de résultat, mais sans être vraiment libre, quitte à s’oublier soi-même …..

« Qu’est-ce qui fait un chez soi ? » Lucy et Sam sont en recherche perpétuelle, avec un besoin constant d’exister, de trouver leur place, de prouver qu’elles ont le droit « d’être » tout simplement.

Elles pensent à leurs parents, à ce qu’ils ressentaient :

« Lui, c’était un monde perdu, voué à rendre le présent et l’avenir bien ternes en comparaison. Elle, c’était un monde si étroit qu’il ne pouvait accueillir qu’une seule personne. »

Il m’a fallu trois ou quatre pages pour rentrer dans ce récit. Au début, j’ai été un peu désarçonnée par le rythme, certaines phrases très courtes, d’autres plus longues, un style parfois épuré puis des détails, des descriptions de la nature qui campent un paysage, le rendant plus réel, plus visuel. Mais très rapidement, je me suis laissée porter par l’écriture (merci au traducteur) et par l’histoire singulière, belle et douloureuse comme une longue complainte, formée de couplets sombres et tragiques mais emplie d’un désir farouche de liberté, de vivre. C’est une lecture bouleversante, qui laisse une trace une fois la dernière page refermée. Quelle belle découverte !


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