Extrait de "Un océan de rouille" de C. Robert Cargill lu par Marie Bouvier.
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« – Si j’avais pu vous tuer, Bradley, ce serait déjà fait. » Elle souriait. Un sourire flippant. Bradley est resté une seconde muet, à essayer de comprendre la plaisanterie. »
Puis la terre grogna tel le tonnerre, trembla, vacilla comme si les coutures du monde entier se défaisaient. Comme si les esprits du ciel l'assaillaient encore une fois.
La chose émergeait de la fumée à trente mètres de là. C’était un tyrannosaure à la patte postérieure gauche brisée, aux flancs rougeâtres déchirés par d’énormes morsures ; ses entrailles coulaient de ses blessures et ses intestins traînaient sur le sol derrière lui. Sa queue fracturée en trois points tressaillait et remuait avec raideur au rythme de sa progression ; par endroits, ses os dépassaient même de son cuir.
Je n'aurai pas été moi sans toi, et je pense que tu serais fière de moi.
Aussi loin que remonte la mémoire de l’humanité, elle a toujours voulu deux choses : jouer à Dieu et insuffler la vie aux objets qui l’entouraient. Les humains ont passé des milliers d’années à créer des machines imitant autant que possible la vie, la magie et tout ce dont eux, hommes et femmes étaient incapables.
Je suis un robot. Une intelligence artificielle. Mais je suis aussi un être pensant, comme on dit. Et un être pensant ne devrait pas voir la boîte dans laquelle on l'a vendu et acheté.
L'avènement de l'automatisation et de l'IA avait transformé le monde occidental. La mer des travailleurs pauvres disparates s'était muée en crue d'invisibles, vautres devant des écrans, à regarder des émissions les assurant qu'ils n'étaient pas responsables de leur sort - c'étaient les robots qui leur avaient volé la chance de leur vie, pas la médiocrité de leurs propres motivations ou capacités.
Nul n'admet facilement être responsable de ses malheurs.
Le respect des morts est un concept humain censé signifier que la vie a un sens. Or, elle n’en a pas. Quand on a vu tout un monde s’effriter et mourir après s’être déchiqueté morceau par morceau dans un bain de sang, difficile de faire semblant de croire qu’une mort individuelle ait une quelconque importance.
« T’as qu’une seule chose à faire. Une. Protéger mon fils. Physiquement et émotionnellement. Ta petite crise existentielle, là, tes petites interrogations sur ce que tu vas devenir quand il va grandir… à supposer que tu sois encore là, hein… il n’a pas à en entendre parler ! »
Au début de la bataille, les tirs constituent un monde en eux-mêmes - chaos, peur, confusion. Mais quand ils s'interrompent, ne reste que la peur.