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Critiques de Camille Froidevaux-Metterie (172)
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Seins

"Que t'aies des seins genre omelette ou ballons de rugby

Ils méritent un petit pouët-pouët

C'est tout bête, ca sauve des vies..."



Je ne vais pas vous faire un dessin, mais je parle à dessein de dépistage de cancer des seins.

Et quand on en parle, voilà Tartuffe qui crie:

"Cachez ce sein que je ne saurai voir."



C'est avec Sissi qu'on abandonna le corset pour les femmes. Et en 1990, avec Eva Herzigova: "Regardez moi dans les yeux...j'ai dit les yeux!" Wonder bra entra dans la légende et le livre des records, avec le soutien gorge pigeonnant.. "Mais, les femmes n'ont pas toujours porté de soutien-gorges."



"Je leur voue tout mon amour, ils sont mes amis

Chérie, emmène les faire un tour

"Une petite pression et ça suffira

Une petite palpation et ça suffira

Trêve de discours

Allez, t'attends quoi?"



Il y 6 chapitres et beaucoup de photos de seins, dans le livre. "Que ce soit les seins nourriciers, les seins étendards, et les seins préliminaires, c'est l'injonction millénaire adressée aux femmes: devenir et demeurer un corps sexuel et maternel, à disposition."



Je parle de soutien (oui, de soutien, George!) à Octobre rose.

"Ton docteur, ouais

C'est pas George Clooney

Mais le meilleur en tous cas

Pour te palper, sans s'exciter

Sois rassurée, sur ça"



"Tu en as une paire, mon vieux

Donc tu te feras palper, aussi

Ils sont poilus et pas lourds

Mais, ils valent le détour"

Le cancer peut toucher aussi les riquiqui... seins des hommes. Mais, c'est mieux que de se les peloter seul, sous la douche...



"Tout le monde se touche

Y a rien de louche

Choisis juste le bon endroit"

Charlie et Styl'O, Octobre rose.
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Pleine et douce

En préparant la grande fête

Dans ce premier roman choral, Camille Froidevaux-Metterie donne la parole à un bébé, puis à de nombreuses femmes et dresse ainsi un joli tableau de leur place dans la société, de la maternité à l’émancipation. Vers la libération du corps et de l’esprit.



La première à prendre la parole dans ce roman choral est la petite Ève qui vient de naître. De son berceau, elle raconte l'agitation autour d'elle, sa vision du monde, ses stratégies pour retenir l'attention et satisfaire ses besoins vitaux. À travers son regard, on comprend aussi qu'elle a tout l'amour de Stéphanie, sa mère qui a continué à se battre avec ses peurs. Peut-être est-il temps de faire désormais confiance à cette fille qui a l'air bien déterminée à prendre sa place dans le monde.

En attendant, c'est à cette cheffe de cuisine, qui a livré un rude combat pour être mère, d'entrer en scène. Après avoir réussi à se faire une place dans un monde d'hommes, elle vient de concrétiser un second rêve, avoir un enfant. Ève est née par PMA, après un difficile parcours de combattante qu'elle a conclu en Espagne. Désormais, elle va pouvoir élever sa fille seule, comme elle l'a souhaité. Pour remercier Greg, le «père intime», et rassembler autour d’elle sa famille et ses amies, elle prépare une grande fête. Mais en attendant le grand jour, la parole est aux invitées, en commençant par Corinne qui s’est toujours voulue femme libre. Mais elle s'est perdue dans les bras des hommes, cherchant du réconfort dans le sexe, sans trouver l'amour. «Moi je n’ai pas de lac aimant où plonger, personne pour confirmer que je demeure aimable par-delà le passage des ans, aucune caresse quotidienne venant effacer les fameux outrages. Moi, il me faut affronter seule l’entrée dans la zone d'inconfort qui précède la zone de relégation.»

Sa sœur Lucie a suivi un parcours classique. Mariée, deux enfants, une profession d'avocate très prenante. Le schéma classique du couple qui s'use et l'envie d'aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte. Peut-être dans les bras d'un confrère. Elle a aussi caressé le rêve de partager aux côtés de Stéphanie son désir d'enfant. Un fantasme de plus dans une vie qu'elle a de plus en plus de peine à maîtriser. Son mari l’a quittée pour une plus jeune et elle se sent désormais bonne pour le rebut.

Lola, sa fille, raconte lors d'un cours sur la sexualité, que l'on peut désormais faire des enfants avec des éprouvettes. Un sujet délicat à aborder en classe, mais qui a le mérite de lancer un débat que les deux responsables du cours auraient préféré éluder.

C'est alors que Nicole, la mère de Stéphanie, vient ajouter sa voix très discordante. «C'est tout de même ahurissant quand on y pense. Cette enfant est née de nulle part, personne ne sait qui sont ses géniteurs, pas même Stéphanie! Cela dépasse l'entendement.» Opposée à ce projet, elle s'est résignée mais raconte que sa fille est «tombée enceinte à l'occasion d’une relation sans lendemain et que, étant donné son âge, elle a décidé de garder l'enfant».

En confrontant les générations et les avis, Camille Froidevaux-Metterie évite à la fois tout manichéisme et donne à voir la complexité de la question.

Charline qui a été victime d'agression sexuelle, Kenza à qui on vient de détecter une tumeur au sein, Colette qui regarde sa longue vie entourée de copines, Manon qui a ses premières règles et Jamila, la nounou qui aimerait tant avoir un homme à ses côtés complètent ce chœur de femmes en y ajoutant autant de nouvelles facettes. Elles vont toutes se retrouver pour un final surprenant.

En prolongeant Un corps à soi, son essai paru en 2021, ce détour par la fiction permet à la primo-romancière de mettre en scène les problématiques qu'elle étudie, le corps de la femme et ses transformations, les injonctions et les représentations que des années de patriarcat lui ont assigné. Des premières règles jusqu’à la ménopause en passant par la grossesse ou la maladie, en l’occurrence le cancer du sein. Mais la construction du roman permet aussi de confronter les femmes et leur psychologie à des âges différents, entre celle qui a vécu sous un patriarcat étouffant, celles qui ont essayé de se libérer de ces chaînes – et du schéma maternel – et celles qui voient l’avenir avec plus d’optimisme. Si elles parviennent toutes à se retrouver, alors un nouveau contrat social est possible. Pour une vie pleine et douce.


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Être féministe, pour quoi faire ?

Camille Froidevaux-Metterie nous propose sa vision du féminisme et, au delà, une vision actuelle, précise et documentée de l'esprit féministe après 2020. Elle nous explique son entrée dans le féminisme en partant de la notion d'appropriation de leur corps, puis en extrapolant sur différentes sphères du quotidien (maternité, travail, famille, regards...), sachant qu'il faut en passer par leurs droits légaux, professionnels et sociaux pour améliorer la situation.



L'autrice rappelle les avancées historiques de l'antiquité à nos jours, ce qui permet une mise en perspective de notre situation actuelle, des acquis (fragiles !) et de la force du patriarcat à travers les âges. Même si Camille Froidevaux-Metterie s'adresse plutôt aux femmes en utilisant le "nous", elle écrit quelques lignes sur l'importance de porter les hommes vers le féminisme. Elle nous encourage à devenir, redevenir ou rester féministe, tolérant.e.s, antiraciste en terminant par la convergence des luttes.



Cet ouvrage, plus proche du fascicule que du livre se lit en moins de trente minutes. La mise en page est parfaite : claire et attractive, elle facilite la lecture. Ce texte peut être parcouru régulièrement, pour des piqûres de rappel bienvenues de ce que devrait être "le droit des femmes". J'y ai trouvé un condensé de ce que je pense profondément. Emprunté à la bibliothèque, il est clair que pour 3,50€ seulement, je ferai l'effort de l'acheter ; tant pour soutenir la collection ATL, le propos et le mouvement, que pour pouvoir le laisser à disposition en lecture libre dans notre foyer. Il me semble que cet essai est à mettre "entre toutes les mains" de tous les genres. Je me demande d'ailleurs pourquoi il est indiqué à partir de 15 ans... je le préconiserai plutôt dès 12 ans.
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Pleine et douce

Pleine et douce n’est pas qu’un roman, il est un moyen de parler de choses dont on parle peu, bref, tout sauf un moment de détente. Il y a de très bonnes choses, de moins bonnes, d’autres discutables, mais qui ne doivent en rien empêcher de le lire pour le thème très fort du livre.



Éve est un bébé adoré de sa maman. Stéphanie avait tellement envie de ce bébé qu’elle l’a fait sans papa, mais que cela ne tienne, Éve aura un papa intime. Et une fête aussi, le dimanche suivant. Autour de la maman et du bébé gravitent sœurs, amies, mère et chacune prend la parole.



Chaque narratrice, jeune ou vieille, à ce moment de sa vie de femme, raconte la relation avec son corps. J’ai beaucoup aimé ces descriptions très intimes, rares en littérature. Cet aspect du livre prend le pas sur à peu près tout. J’ai moins apprécié, la quasi-absence d’hommes même si ce n’est pas le sujet du roman qui parle plutôt de sororité. J’ai surtout détesté la fin que je ne vous dévoilerai pas, mais qui dénote un criant manque d’empathie des personnages.


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Pleine et douce

Il y a dans ce roman choral un bébé qui ne s'appelle pas Ève par hasard, même si elle est née « de la rencontre fortuite de deux cellules offertes et d’un désir d’amour inouï. » C'est par sa voix que ça débute, et il ne faudra pas être surpris d'un bébé à peine entré dans notre monde et qui dévoile déjà une forme de sagesse au regard de la vie, intéressée par les personnes « sans âge ni futur », elle qui débarque d'un «néant qui précède la naissance et qui est le même que celui qui suit la mort ».

Ève aura tout son temps à l'avenir pour faire connaissance avec son entourage et découvrir leur histoire, à commencer par sa mère Stéphanie envolée il y a peu vers son futur bébé du côté de Barcelone pour une PMA, impossible en France sans homme dans sa vie. Ève aimera sûrement Greg dès qu'elle le verra, lui qui a accepté sans sourciller d'être « un père, un père sans statut ni registre, un père intime ». Elle croisera sans aucun doute Corinne, la copine qui voulait « des corps et des fêtes en série » dans son projet d'être elle. Elle vivra l'amour de ses tantes, de ses cousines, on imagine les futures cousinades et les sororités toujours présentes. Aimera-t-elle sa grand-mère Nicole, la gorgone détestée par ses propres filles, celle-là même qui a récolté pour ses vieux jours le fruit de la « litanie haineuse » qu'elle a répandue durant sa vie ?

Comme nous dans ce roman, il est fort possible qu'Ève entende parler dans sa future vie de vieillissement des corps, de consommation, d'amour, mais aussi de féminisme, de combat pour l'émancipation des femmes, d'égalité au sein de la famille ou de réinvention du modèle familial, et à coup sûr elle entendra parler de procréation, de corps et d'intimité. Souhaitons lui de croiser des hommes libérés eux aussi de la domination masculine, et plus ouverts et réjouissants que la majorité présente par ici. Son histoire familiale se construira sans doute peu à peu, peut-être dans un concert de voix comme dans ce roman, en suivant le fil d'un récit choral et féminin, mais pas forcément à l'unisson de chansons communes, plutôt dans la mouvance de scansions diversifiées, portées par le souffle de l'émancipation.

Pour son premier roman, Camille Froidevaux-Metterie incarne à merveille une galerie de personnages vibrants, dans une polyphonie féminine. On pourra regretter l'absence de voix pour Greg, représentant d'une paternité réinventée, malgré une incarnation forte et une présence en fin de roman. Mais Greg n'aura pas voix effective au chapitre. La gorgone aurait sûrement une explication radicale à cette absence- « puisqu'il faut tout féminiser désormais» dit-elle à un moment donné, quant à l'autrice elle évoque à La Grande Librairie l'impossibilité pour un homme de faire partie de son choeur féminin.

Voilà en tout cas un premier roman réjouissant, à la dynamique joyeuse et la réussite indéniable, alerte, parfois crû ou féroce, sur fond de réinvention du modèle familial. Camille Froidevaux-Metterie singularise son récit choral par un travail d'écriture adapté aux voix, mais construit aussi sa narration sur le fond, avec des voix qui s'opposent, résonnent ou se complètent, et qui toutes se penchent sur le berceau d'Ève, symbole et espoir d'une nouvelle femme, issue des luttes pour l'émancipation.
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Sororité

💜Ce que j’ai ressenti:



« Autant, à force, ça prend. » Lauren Bastide



Sororité. C’est un mot qu’on dirait presque magique. J’aimerai me l’approprier un peu, mais comme toute magie, il renferme des mystères et des rituels qui m’échappent encore. Alors je le prends dans mes mains, je le regarde, je le cajole, je me laisse séduire, j’essaie de le placer dans mes espaces, j’aimerai le faire pousser, le faire grandir, avec mes Sœurs…L’écrire tellement de fois, que mon correcteur, enfin, arrête de me le faire voir comme une anomalie, une faute d’orthographe, un mot inconnu. J’aimerai le voir briller dans vos yeux, dans vos cœurs. Qu’il devienne non seulement un possible mais une réalité…Contrer le sort de cette disparition du mot de nos quotidiens, mais il n’en sera possible que si nos mains se rejoignent et que nos esprits dépassent certaines mauvaises habitudes…



Alors cet ensemble de textes différents, c’est une manière de ressentir le potentiel de ce mot, la richesse de cette entraide formidable, si jamais, elle avait enfin lieu. On a de la poésie et des chansons, de l’intime et du concret, de l’idéal et des vérités crues, des récits et des témoignages, de la douleur et de la résilience, mais de l’espoir. Beaucoup, beaucoup d’espérances dans ce concept, et en découvrant ces pages, on se rend mieux compte de la pluralité des courants du féminisme et des efforts qu’il reste à fournir pour atteindre cet objectif. Lire ces femmes qui osent, qui s’insurgent, qui écrivent, qui pensent, qui réfléchissent d’une autre manière, qui donnent de la voix, qui ouvrent la voie, qui résistent pour que ce mot Sororité, prenne de la valeur, de la profondeur, de la puissance, une place dans nos vies, c’est émouvant autant que salvateur.



Alors ne vous retournez pas mes Sœurs, avancez vers ce nouvel horizon. Ce recueil de textes 💯% féminin est un indispensable et un énorme coup de cœur! Pour l’intention et le plaisir de découvrir de nouvelles plumes et des femmes sur-puissantes, je ne saurai que trop vous conseiller de vous laisser émerveiller par cette lecture inspirante!



Ne te retourne pas, ma Sœur. Car tu n’y verrais rien. Tout se transforme, enfin. En toi, il y a le feu. Et les métamorphoses. C’est ton poème, vaillant, qui devient prose…Juliette Armanet.



Remerciements:



Je tiens à remercier très chaleureusement Babelio ainsi que les éditions Points de leur confiance et l’envoi de ce livre.
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Pleine et douce

On ne peut pas vraiment parler d’un roman puisque chaque chapitre ressemble plus à un portrait de femme valant exemple pour illustrer le propos défendu par Camille Froidevaux-Metterie.



J’ai bien aimé le premier chapitre où c’est le bébé qui a la parole, en quelque sorte. C’était amusant et bien vu, même si sa capacité d’analyse semble un peu trop développée pour un enfant de quelques mois.

Les chapitres suivants m'ont de moins en moins touchée tandis que s'accumulaient sur cette douzaine de femmes tous les malheurs du monde, ou plutôt de la féminité (les bouleversements de la puberté ou de la ménopause, la charge mentale du quotidien, une mère abusive, les kilos en trop et le poids des regards, l'anorexie, le cancer, les hommes qui déçoivent quittent, disparaissent, harcèlent, violent ou sont juste inconsistants,...).

La seule qui semble réellement heureuse et épanouie est la septuagénaire qui vit dans une communauté de femmes à l'écart du monde.



Je ne peux pas vraiment dire que je suis déçue car je m'attendais cette position "trop" féministe, mais je regrette quand même de ne pas avoir été agréablement surprise...
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Pleine et douce

Pleine et douce est le premier roman de la philosophe Camille Froidevaux-Metterie, spécialiste du féminisme. J'en attendais beaucoup, peut-être trop.



Il trace le portrait de douze femmes à différents âges qui vont fêter la naissance de la petite Eve, le bébé désiré de Stéphanie, une mère célibataire, et d'un « père intime », Greg. A elles toutes, elles représentent la Femme, dans tous les sujets marquants de sa vie, certaines attachantes, d'autres détestables, « du temps de chair pleine et douce » au moment où « on se réveille et on n'est plus une femme, on est devenue et on restera le souvenir d'une femme ».



Si j'ai aimé le récit de ces vies, le rythme de ce roman choral, deux points m'ont dérangée.



D'une part, les hommes m'ont paru malmenés. Jean, le grand-père, n'assume rien. Alexandre, l'amant, est narcissique. Julien, l'oncle, fait preuve de mollesse. Jamal est parti. Frédéric vit heureux sans se soucier de sa fille anorexique. Greg est le seul homme à l'écoute, mais homosexuel, il ne partagera la vie d'aucune femme.



D'autre part, ce roman illustre le détachement, parfois préférable à l'entêtement, dans la relation aux parents. Ce thème est abordé à travers différents personnages, avec une solution tranchée. Je n'ai pu m'empêcher de comparer avec Le jour où, tome 5 : la nuit s'est levée, qui à travers un autre support, la bande dessinée, donne différentes pistes de réflexion pour mieux vivre cette situation.



En terminant ce roman, je me suis donc posé deux questions : cette opposition homme/femme sert-elle les intérêts des femmes ? le roman Pleine et douce pourrait-il apporter une aide aux enfants de parents toxiques ? Mon envie de répondre par la négative à ces deux interrogations explique ma déception, mais ce n'est que mon avis.



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Sororité

Qu’elles soient romancières, réalisatrices, journalistes, ou encore chanteuses, les femmes de ce recueil ont toutes accepté d’écrire autour de la notion de la sororité, et ce, sous la direction de Chloé Delaume. Ainsi, quatorze textes sont présentés au lecteur.



Quel recueil original. Si on entend beaucoup la notion de féminisme, il faut dire que l’on entend bien moins celle de sororité. Autour de cette notion, les femmes de cet ouvrage vont nous permettre une véritable remise en question et quelques pistes de réflexion.



S’il est vrai que certains textes m’ont davantage plu que d’autres, je dois dire qu’aucun ne m’a laissée indifférente. Toutes ces auteures m’ont fourni matière à réfléchir et m’ont amenée à me poser des questions.



Les plumes sont variées. Il y en a pour tous les goûts. Chacune des auteures a su me captiver. J’ai tour à tour été bouleversée, touchée, intriguée. m’a bouleversée. Certaines réflexions sont très intéressantes et bien amenées. Aucun texte ne m’a déçue.



Un recueil mettant en avant la sororité et amenant à de véritables pistes de réflexions. À découvrir.
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Un si gros ventre : Expériences vécues du corps..

🤰🏻Chronique spéciale #marsaufeminin 🫃🏻



« Car c’est en devenant mère que je suis entrée en féminisme! »



Je pense qu’il en est de même pour moi. C’est en ayant ma fille, que j’ai compris les dynamiques qui animent la sphère publique, et que j’ai compris l’importance du féminisme. Petit à petit, je me remplis de ces notions et courants qui prônent l’égalité, la reconnaissance, le pouvoir aussi, d’être femme. Avant, je crois que j’avais les yeux collés, ou plutôt, pas le recul nécessaire pour comprendre le fait d’être un sujet à part entière et féminin dans cette société. Alors est-ce qu’un ventre qui s’arrondit, c’est prendre (de la) place? Est-ce que la grossesse et la maternité remet en question notre rôle de femme et comment? Si Camille Froidevaux-Metterie, se voit, nous voit, (nous) interroge, avec Un si gros ventre, alors cela nous rappelle notre condition, mais aussi, met en perspective nos possibilités d’actions. J’adore la volonté et l’engagement de cette autrice dans cette bataille de l’intime (cf, Le corps des femmes), et l’immersion dans cette maternité, confirme cette envie de réappropriation de nos corps vers l’émancipation. Parce que même avec le ventre devant, elle nous démontre que nous pouvons devenir un corps-sujet capable, n’en déplaise à certains…



« Aux yeux du monde comme aux siens propres, la grossesse, c'est le ventre, ce si gros ventre que l'on porte en avant de soi et qui dit la condition maternelle en devenir. »



Être une femme, être une femme enceinte, être une mère, être une maman d’une petite fille. C’est beaucoup de bouleversements internes et externes. Visibles et invisibles. Pas mal de remises en questions diverses, de réflexions profondes variées. C’est mener des combats aussi, qu’on n’aurait jamais pensé entreprendre. C’est réfléchir à l’impensé jusqu’alors, se frayer une place avec nos ventres qui poussent, se voir pareille et différente, craindre le regard de l’autre. C’est regarder à la loupe un état naturel et métamorphosant. C’est trembler de peur.s, aussi. Pour nous, pour elle, pour toutes. Mais être mère, c’est autant s’aliéner que s’empouvoiriser. Les deux notions cohabitent autant qu’elles se combattent, et en cela, je pense que l’intelligence et la maîtrise de Camille Froidevaux-Metterie sur les courants féministes de nos aînées m’a permis de mieux comprendre en quoi ce gros ventre est un sujet d’étude passionnant. Je l’admire tellement, Camille. Elle réussit à donner son expérience du corps enceint, tout en le mettant en lumière avec les ressentis et histoires d’autres, et cet essai devient un indispensable pour la simple et bonne raison, qu’il est édifiant. Il raconte tellement bien l’intime, le sensible, le politique.

Tout y est, des émotions positives et négatives qui nous traverse lors de cette période si particulière mais en plus, je dirai, qu’il y a un plaisir tendre et sororal, à nous voir tou.te.s, avec Un si gros ventre…

Bref, j’ai lu et adoré!



Je remercie chaleureusement Babelio ainsi que les éditions Stock pour leur confiance et l’envoi de ce livre.
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Sororité

Je remercie Babelio et les éditions points de m’avoir envoyé ce livre, dans le cadre de la masse critique. 



Mes enfants en voyant le livre m’ont demandé : Maman, qu’est-ce que ça veut dire SORORITÉ?



Tout d’abord : Sororité, c’est le substantif du latin soror : sœur.

La sororité est un mot qui a toujours existé, il a fallu attendre le mouvement feministe de 1970 pour qu’il soit utilisé.

La sororité, c’est la fraternité, au féminin.

La sororité, c’est être soeurs, des sœurs qui le sont devenues en tissant un lien, par une démarche consciente, qui n’est pas venue naturellement. Une attitude sororale, c’est s’entraider, être à l’écoute des unes et des autres. C’est exclure de nos rapports, la rivalité, la compétition. C’est être ensemble, plus fortes, plus courageuses, être ouvertes, dans l’empathie, en confiance.



C’est un ouvrage collectif coordonné par la romancière et féministe Chloé DELAUME, qui regroupe les textes de quatorze femmes aux préoccupations différentes, romancières, journalistes, militante des luttes LGBT et féministes, philosophe, professeure, interprètes etc…



Certaines collaborations m’ont marqués plus que d’autres :



Dont celles de :

Lola Lafon, célèbre romancière et musicienne. 

Une jeune fille s’est fait violer par son petit ami. Elle décide de rejoindre un groupe de parole où elle se rend une fois par semaine. Une amitié indéfectible va naître avec deux autres filles fréquentant le groupe. Ensemble, elles se soutiennent, elles se posent les mêmes questions à des moments différents. S’entraident pour ne pas tomber plus bas dans la déperdition.



J’ai adoré ce poème “Ne te retourne pas ma soeur” de Juliette Armanet, autrice compositrice dont voici un court extrait : “Puis un jour, tu t’es tue. Et j’ai tout entendu. Et j’ai osé, je crois, te dire, au fond de moi. Depuis tous mes enfers, dessus toutes les lois, à mon tour, sans détour et de toute ma voix, Ne te retourne pas. Je suis avec toi.”



Estelle-Sarah Bulle, romancière, avec sa nouvelle UN CAFE, avec sa prose contre une femme entrain d’en descendre une autre. Lui expliquant que pour avancer ensemble, il faudrait entre nous de la bienveillance, de la considération et quand c'est possible de la solidarité envers les autres femmes.



Lydie Salvayre, romancière, qui s’approche de la sororité avec son texte percutant ANNE MES SOEURS ANNE que je lirai souvent.



Maboula Soumahoro, Docteure en civilisations du monde anglophone, nous relate dans son récit cette solidarité entre cinq sœurs  du même sang. Une blessure a rendu leurs corps et leurs esprits indivisibles : sœurs qui soignent, se conseillent, mettent en garde, protègent, font attention, s'aiment, se parlent.



Jeanne Chehral, autrice-compositrice-interprète, m'a ravi avec son poème CE GENIE, C'EST MA SOEUR.



Ovidie, réalisatrice, documentaliste et autrice se demande si nous ne sommes pas les propres gardiennes de notre oppression. La sororité n'est en rien innée et nécessite un apprentissage.  Elle nous oblige à désapprendre, à déconstruire. Se réjouir de la réussite d'une autre femme lui apporter son soutien, lui accorder toute sa bienveillance. 



Iris Brey, qui se souvient de toutes ses mains nues de femmes qui se sont emparées des siennes. 



Lauren Bastide, journaliste, nous livre l'intime...la mort de sa sœur. Comment a-t-elle envisagé la sororité, elle qui n'avait plus sa sœur de sang? 



J’ai été moins touchée par les textes sur la sororité politique, et je sais que c’est ceux-là que beaucoup d'entre vous préféreront.



Je suis ravie d’avoir lu ce livre-outil, qui amène à se questionner sur ce qu’est être une femme de nos jours, sur les rapports de domination. Et à imaginer quel pourrait-être le monde de demain.
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Pleine et douce

Douze femmes pour un roman choral : Stéphanie qui a fait un bébé toute seule, Kenza qui s’apprête à combattre la noisette dans son sein, Manon qui vit ses premières règles, Charline qui n’a pas pu dire non… Un roman féminin et féministe, tendre et sensible qui parle de famille et de famille choisie, de solidarité, de sororité, de courage, de tristesse, de peur et d’humiliation. L’on ne peut que regretter que le style ne reflète pas, ou si peu, la voix et la langue de chacune.
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Pleine et douce

Un roman choral féminin, presque de petites nouvelles sur une femme, son corps, la pression de la maternité, les amours, la famille.

Chacune de ses femmes va se retrouver autour de la petite Eve, bébé tant attendue par sa mère, Stéphanie.

Un roman qui parle beaucoup du corps. Juste et touchant.
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Sororité

Sororité, ce mot veut-il dire quelque chose pour vous ?

Voici comment le défini Chloé Delaume lauréate du prix Médicis 2020, :

« Le mot sororité vient du latin soror, soeur. C’est un lien spécifique, solidaire, horizontal, indéfectible, entre femmes. Il abolit la rivalité et peut s’avérer être un puissant outil pour lutter contre le système patriarcal. »

Mais elle rajoute :

« La sororité a toujours été présente, mais elle n’était pas nommée, le mot a disparu de l’usage entre la fin du XVIe siècle et les années 1970. Or ce qui n’est pas nommé n’existe pas. »

Pour moi, la solidarité entre les femmes se révèle être l’un des principes fondateurs du combat féministe.

Et dans ce bouquin chorale, le collectif inédit de 15 femmes appelle à une solidarité qui ne nie pas les différences mais embrasse la diversité.

Car c’est grâce à la sororité, véritable parole en acte, que la révolution féministe adviendra.

Toutes ces femmes ont accepté d’écrire autour de la notion de la sororité. Qu’elles soient actrice, chanteuse, musicienne, réalisatrice, comédienne ou journaliste, sous la forme de récits, de fictions, de poèmes ou de chansons, elle nous offre une réflexion collective sur la sororité.

Avec ce collectif, c’est là une véritable occasion de rassembler les femmes et de jeter les bases d’une révolution féministe.



Tous les textes n’ont pas résonné de la même façon en moi. Mais tous m’ont fait réfléchir. Réfléchir sur ma condition de femme, sur la société que je voudrais voir arriver, sur le féminisme aujourd’hui. Comme le vivre et la pratiquer…

Entre essais critiques, politique et philosophes, entre textes poétiques et autobiographiques, entre fictions et documents, c’est ma sororité que j’ai convoquée et interrogée.

Un livre qui n’a fait que raffermir en moi cette notion de sororité mais aussi de bienveillance et de diversité. Bref c’est simplement un ode à bien vivre ensemble loin de l’entre soi !

Dire que j’ai aimé ce collectif c’est un doux euphémisme. J’en redemande !!!
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Le Corps des femmes : La Bataille de l'intime

« Elles n'en peuvent plus des regards gluants, des remarques dégueulasses, de la peur qui accompagne si souvent leurs déambulations urbaines. » (p. 10) Quelle femme n'a jamais ressenti cela ? Ce sentiment viscéral de n'être qu'un corps à la disposition du bon plaisir et/ou du pouvoir masculin ? Dans sa réflexion, l'autrice invite à libérer le corps des femmes de sa dimension strictement génitale afin d'en finir avec l'oppression reproductrice et d'en venir à une sexualité libre, personnelle et débarrassée des hontes et de la scrutation masculine. En valorisant un autre archétype que celui de la femme maternelle et domestique, la société peut permettre aux femmes de réinvestir la pleine potentialité de leur corps. « Il n'y a pas une seule et bonne façon de vivre son corps féminin, pas plus qu'une seule et bonne façon d'être féministe. » (p. 62)



Parler du corps, c'est évoquer la première fois, le désir, le consentement, les troubles du comportement alimentaire, les règles et la ménopause, les diktats de la beauté, l'obsession pour les seins, la minceur et les poils, la maternité choisie et tardive, et tant d'autres sujets intimes et donc hautement politiques. « Il s'agit de sortir les femmes de l'ignorance, de leur remettre les clés de leurs propres corps et, plus largement, de les libérer. » (p. 128) Assez logiquement, tout ramène toujours à l'éducation : celle que l'on refuse aux jeunes filles et aux femmes en général, celle qui pourtant ferait tant pour une société plus égalitaire et apaisée.



Pour qui voudrait commencer une réflexion féministe, ce texte post #MeToo est une porte d'entrée parfaite. Je le place évidemment sur mon étagère féministe et je le ferai lire à mes proches.
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Pleine et douce

Dans ce roman choral 12 femmes se succèdent, une par chapitre, pour parler d'Eve, fillette de 6 mois née par PMA (Procréation Médicalement Assistée). C'est d'abord Eve, le bébé, qui prend la parole pour exprimer ses premières sensations, sa perception de son entourage, son intérêt pour les enfants qui seuls la laissent en paix, "se fichent royalement de sa petite perfection". ses stratégies pour retenir l'attention et satisfaire ses besoins vitaux.

Puis se succèdent : Stéphanie, la maman et ses soeurs, Laurence et Lucie, Corinne sa meilleure amie, Nicole, sa mère, qui ne manifeste que son désaccord. Les cousines d'Eve : Lola, Charline et Manon donnent aussi leur point de vue, de même que Kenza, une amie lesbienne de Stéphanie, à qui l'on vient de trouver "une noisette" dans un sein et Jamila, la nounou.

Stéphanie prépare une grande fête en l'honneur d'Eve, aidée de Jamila et de son ami Greg, qui vit avec un homme, mais sera "le père intime" du bébé. Et rien ne se passera comme prévu...

L'auteure aborde dans ce roman les différentes étapes de la vie d'une femme : naissance, enfance, premières règles, adolescence, mariage, maternité, ménopause, et les problématiques auxquelles elles peuvent être confrontées : agression sexuelle (Charline), harcèlement sexuel, place dans la société, homosexualité, maladie (Kenza), départ du mari pour une plus jeune (Laurence), vie en communauté, nymphomanie (Colette).

Elle épice ce côté féministe et familial par quelques scènes de sexe assez crues, qui ne m'ont pas parues indispensables.

J'ai apprécié l'écriture et l'originalité du sujet : ce bébé né par PMA, et la vision de ses proches, mais j'ai trouvé dommage que les hommes soient laissés de côté. Le point de vue de Greg notamment aurait été intéressant.
Lien : https://www.unebonnenouvelle..
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Pleine et douce

Philosophe et politiste, Camille Froidevaux-Metterie, auteure de plusieurs essais, publie un premier roman qui aborde des thèmes qu’elle a déjà traités sur un mode théorique : la condition des femmes, les rapports de pouvoirs et le corps.



Tout commence par une PMA en Espagne pour Stéphanie qui désire un enfant mais ne vit pas en couple. La naissance d'Eve validera son choix d'être une mère célibataire et d'appartenir au modèle de la famille monoparentale, modèle que l'on présente régulièrement comme un modèle négatif et subi, alors même que certaines femmes le choisissent délibérément.

Dans une démarche tout aussi marginalisée, Stéphanie offre à sa fille un père "intime" qui n'a d'autre engagement qu'un engagement personnel.

L'auteure aborde alors, dans un roman choral qui donne successivement la parole à douze femmes, les différentes facettes de la vie des femmes à des âges différents.

Sans surprise on assiste donc aux émois de la puberté, aux premières règles, aux relations sexuelles, au sexisme, à la violence, à la maternité puis le cancer du sein, la ménopause et la vieillesse.



En toile de fond, le rapport des femmes à leur propre corps questionne. Lorsqu'il ne s'agit pas de surpoids ou d'anorexie, les femmes décrites peinent à vivre en harmonie avec leur corps. Entre fantasmes et désirs inassouvis, il n'est pas question de plaisir sexuel, ou alors de la nostalgie du plaisir sexuel et davantage encore de la nostalgie du désir.

Seule Colette, la vieille tante un peu obèse qui a choisi de vivre en communauté d'amies, semble épanouie dans son choix de vie et à l'aise avec un corps qui lui procure du plaisir.



Sans pour autant faire catalogue de vies de femmes abîmées par la vie, par la réalité du harcèlement et du viol, par les injonctions à être toujours belles et désirables, au-delà de cette terrifiante date de péremption évoquée par Corinne, ce roman me questionne.

J'espérais une problématique plus féministe pour compenser ce tableau plutôt négatif de femmes dépendantes du regard des autres et si le roman se conclue par un éloge de la sororite, il ne permet pas d'oublier le portrait de cette mère terriblement égocentrique et narcissique qui se justifie dans la fiction mais étonne dans l'intention.

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Pleine et douce



Pleine et Douce de Camille Froideveaux-Metterie



La petite Eve vient de naitre, désirée par Stéphanie une maman célibataire qui l'a eue à plus de 40 ans. Autour de cette enfant gravitent de nombreuses femmes, proches de sa mère : soeurs, nièces, amies, mère, tante... Chacune va prendre la parole et nous raconter son rapport à Eve et à sa mère, mais va également nous faire part de son propre rapport à la féminité, à la maternité, à la sexualité, aux hommes et au corps. C'est Eve qui « parle » la première puis Stéphanie sa maman. Puis les autres... Jusqu'au chapitre final inattendu. Un roman choral qui, pour un premier roman, est assez fabuleux. Une construction romanesque, des thèmes pour le moins actuels et questionnants par une autrice philosophe et féministe, réalisant ici un roman court et percutant sur la condition des femmes en 2023. Un roman que j'ai beaucoup aimé, plutôt court et facile à lire mais pas que car il pose de vraies questions de société. Un roman qui fera date.
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Sororité

Chloé Delaume a réuni 14 femmes pour parler de sororité.

Être soeurs, se sentir soutenues, épaulées, être plus fortes ensemble.

Qu'est ce qu'être une femme aujourd'hui ?



Au travers de courts textes, tantôt fictionnels, réfléctifs, parfois chantés, parfois récités, toutes ces femmes abordent la sororité à leur manière et nous font réfléchir sur notre place de femme aujourd'hui.



Sans le savoir ou le sachant mais n'ayant pas le besoin de mettre des mots sur un comportement collectif ou d'entraide, on adopte toutes, de manière innée, la sororité.



Ce mot est revenu sur le devant de la scène avec tous les mouvements féministes de ces dernières années .



On nous rappelle que nous devons être solidaire à chaque moment de notre vie de femme .



Ce recueil est donc là pour ça.

Certains textes sont très touchants et parfois poétiques et c'est avant tout ce qui m'a plus dans ce bouquin, où finalement la douceur et la bienveillance entre femmes doivent être le maître mot .



J'avais découvert ce recueil en écoutant un podcast. Chloé Delaume avait superbement lu un extrait qui m'avait touché et m'avait donné envie de le lire.



Un recueil à lire par brides et à relire.
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Un corps à soi

Pendant des années, il ne faisait pas bon se dire féministe. Car c’aurait signifié pour beaucoup qu’on vouait une haine éternelle à la gent masculine et qu’on avait jeté sa lingerie au feu. Camille Froidevaux-Metterie revient rapidement, et pas de manière aussi imagée toutefois, sur l’histoire du féminisme en France, à ces années 70 où les discours d’obédience marxiste dénoncent l’exploitation des femmes comme un des avatars du système de production et de reproduction patriarcale tandis qu’une veine essentialiste installait la féminité dans une dimension sacrée qui la valorisait autant qu’elle l’enfermait. Pour dépasser ces définitions contradictoires du féminisme, proposer une voie qui fasse place aux revendications intersectionnelles, aux dénonciations des vagues metoo et aux questions de genre, l’auteure propose de se placer du point de vue phénoménologique. Elle s’inscrit pour cela dans la lignée de Simone de Beauvoir et derrière elle, de Merleau-Ponty.

En postulant que toute notre existence physique, affective, psychique, relationnelle n’est envisageable qu’avec nos sensations pour origine, que tout est expérience sensorielle et que c’est de notre perception du monde que jaillit notre identité, ce courant de pensée place le corps au centre de sa conception. Ce qui est particulièrement intéressant si l’on prolonge la réflexion pour étudier spécifiquement l’éprouvé d’un corps féminin, c’est-à-dire d’un corps qui vivra les menstrues, relations sexuelles, grossesse, ménopause*. Et ce dans une société dont le regard plein de normes et d’injonctions transforme la qualité de ces expériences et en fait la raison d’un emprisonnement. Se trouve ainsi intrinsèquement mêlé tant la réalité physiologique indéniable d’un corps féminin que le prisme déformant à travers lequel notre monde encore fondé sur des normes patriarcales assigne les femmes à certaines fonctions au nom de leur genre. On voit bien que si l’on peut espérer renverser le deuxième facteur, le premier est quant à lui intangible, sauf à prôner un féminisme qui clame que la femme est un homme comme un autre et à nier ses spécificités organiques.

Cette manière d’envisager les choses m’a beaucoup séduite. Le livre suit une progression très claire, de nombreuses auteures sont convoquées pour les besoins de la démonstration et le propos est toujours solidement argumenté. C’est donc une lecture que je recommande à ceux qui chercheraient à faire cheminer leur réflexion sur le féminisme dans un cadre historique et philosophique étayé. Et si je n’ai quasiment rien à opposer à l’ensemble, j’aurais tout de même préféré lire davantage que deux lignes ici ou là sur le fait qu’il s’agit bien de réinventer tout autant les féminités que les masculinités. Là, j’ai eu l’impression que, par peur d’être taxée de collaboration ou de tiède à la cause, l’auteure passait sous silence ce que cela peut être de vivre sa relation au monde à l’épreuve d’un corps masculin perçu comme non viril, ou de se dire homme et de se défier pourtant des oripeaux tyranniques qu’on accroche collectivement à cette dénomination.

*L’auteur prend bien soin de noter que toutes ces expériences ne sont pas vécues par toutes les femmes et que ce qui importe, c’est le fait d’éprouver l’expérience des répressions et des agressions que suscite le corps féminin. Cette précision évitant de croire que ce propos ne vise que les femmes cisgenre, à l’exclusion de toutes les autres.

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