Citations de Camille Laurens (792)
On écrit pour garder la preuve, c'est tout. Les livres sont faits de ces souvenirs qui s'entassent comme les feuilles d'arbre deviennent la terre. Des pages d'humus. Je suppose que tu vas me trouver folle, mais souvent j'ai fait l'amour pour pouvoir écrire, enfin je faisais l'amour pour faire l'amour, mais il n'y a jamais eu de grande différence pour moi entre le désir et le désir d'écrire - c'est le même élan vital, le même besoin d'éprouver la matérialité de la vie.
Jo vit comme tout le monde, dans l'instant présent, mais à la différence des autres il y jouit non pas du présent mais de la certitude, dans le présent, que l'avenir va le rendre heureux. Son présent est une projection perpétuelle vers un lendemain qui chante. Son présent est magnifique parce qu'il est tapissé de perspectives ....
Il vit heureux aujourd'hui de choses qui n'arriveront jamais.
Et l'anxiété me tenaillait dans ces moments-là, comme tout ce qui est impossible sans pour autant qu'on y renonce. Accepter de ne pas pouvoir, ce doit être ça, le bonheur.
J'étais devenue indésirable et l'homme ne pouvait pas le supporter, c'est ce qui le rendait violent, d'avoir désiré l'indésirable, il se sentait indigne.
Tu connais La Forche ? C’est une clinique psychiatrique, il y a beaucoup de dépressifs - pas mal de profs -, des suicidaires, des femmes pour la plupart, non que les hommes ne se suicident pas, au contraire, mais ils ne se ratent pas, les hommes sont entiers pour tout. Au début, je ne comprenais pas pourquoi j’étais là, moi je n’étais pas en dépression, j’étais en répression : ma force vitale avait été tabassée, voilà tout. En réalité, j’avais dormi pendant des jours, et pleuré pendant des semaines, mais il y avait eu une éclipse de temps, si bien que le fil de la chronologie s’était rompu.
J'entrepris de mettre en scène notre future rencontre. Il fallait que ce soit naturel, comme si le hasard se chargeait de devenir un destin.
Internet est à la fois le naufrage et le radeau : on se noie dans la traque, dans l’attente, on ne peut pas faire son deuil d’une histoire pourtant morte, et en même temps on surnage dans le virtuel, on s’accroche aux présences factices qui hantent la toile, ai lieu de se déliter on se relie . Ne serait-ce que la petite lumière verte qui indique que l’autre est en ligne ! ah la petite lumière verte, quel réconfort , je me souviens.
Vous êtes médecin ou seulement psychologue? Quelle différence, remarquez? Ce que je n’aime pas dans votre discipline, votre prétendue science, c’est qu’elle ne change rien. Vous avez beau savoir ce qui se passe, ce qui s’est passé, vous n’êtes pas sauvé pour autant. Quand vous avez compris ce qui vous fait souffrir, vous souffrez toujours. Aucun bénéfice. On ne guérit pas de ce qu’on rate. On ne reprise pas les draps déchirés.
pourquoi une femme devrait-elle passé quarante-cinq ans, se retirer du monde vivant, s'arracher du corps l'épine du désir... l'écharde du désir alors que les hommes refont leur vie, refont des enfants, refont le monde jusqu'à leur mort ?
Nous flirtions depuis des mois sur Facebook, c'est ma mère qui emploie ce mot, je trouve qu'il convient, au Moyen Age on disait fleureter, conter fleurette.
Nous sommes tous, dans les fictions continues de nos vies, dans nos mensonges, dans nos accommodements avec la réalité, dans notre désir de possession, de domination, de maitrise de l'autre, nous sommes tous des romanciers en puissance.
Les femmes, que ce soit par la force ou par le mépris, sont vouées à la disparition.C’est un fait, partout, tout le temps : les hommes, apprennent la mort aux femmes. Du nord au sud, intégriste ou pornographique, c’est une seule et même dictature. N’exister que dans leur regard, et mourir quand ils ferment les yeux. Et ils ferment les yeux, et vous aussi vous fermez les yeux. Vous fermez les yeux sur le sort des femme
Je ne vis pas pour écrire, j'écris pour survivre à la vie. Je me sauve. Se faire un roman, c'est se bâtir un asile.
(...) les fous et les amoureux appartiennent à la même espèce, d'ailleurs on dit "amoureux fou".
Moi quand je dis "être reconnue", je veux dire "avec reconnaissance" : c'est elle, et j'en suis heureux. C'est elle, c'est moi, et notre lien n'est pas réfutable, pas dissoluble. Indiscutable. Inaliénable. "Je te reconnais et je te suis reconnaissant d'exister."
Vous êtes médecin ou seulement psychologue ? Quelle différence, remarquez ? Ce que je n'aime pas dans votre discipline, votre prétendue science, c'est qu'elle ne change rien. Vous avez beau savoir ce qui se passe, ce qui s'est passé, vous n'en êtes pas sauvé pour autant. Quand vous avez compris ce qui vous fait souffrir, vous souffrez toujours. Aucun bénéfice. On ne guérit pas de ce qu'on rate. On ne reprise pas les draps déchirés.
Il prétendait que les amants ne devaient pas être amis.
Accepter de ne pas pouvoir, ce doit être ça, le bonheur.
L'amour est une élection, pas une sélection.
Les paroles des autres les poursuivent comme des fantômes hostiles. Leurs voix profèrent des injonctions impossibles à fuir. Du harcèlement textuel, en quelque sorte, ah ah !