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Critiques de Camille Lysière (21)
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Compte petite, et deviens...

Merci à Babelio et aux éditions Moires pour ce livre.



J'aime bien lire de temps en temps un recueil de nouvelles, et cela faisait un moment que je n'en avais pas eu l'occasion. Au final, je ne suis pas vraiment emballée par ma lecture.



Je n'ai rien à reprocher au style de l'auteur, que j'ai trouvé plutôt bon et agréable à suivre, mais ce que je n'ai pas aimé ce sont les histoires en elles-mêmes.

Les premières nous font rentrer très vite et très brièvement dans la vie de différentes personnes. On n'a pas le temps de les connaître plus que ça, tout est très furtif, et l'histoire se termine avant même qu'on ait le temps de vraiment comprendre les enjeux de ce qui vient de nous être raconté.



Sur la fin en revanche, les histoires sont plus longues et l'on a plus le temps de comprendre les personnages et leurs réflexions, mais cette fois c'est plutôt les conclusions que j'ai trouvé décevantes : prévisibles ou faciles, ou soudainement glauques ou morbides... On veut surprendre le lecteur sur la fin, mais on a juste l'impression que l'acte n'est pas bien maîtrisé. On ne sait pas comment bien surprendre, alors on y va trop fort.



Je pense tout de même que Camille Lysière est une auteure à suivre, et pourquoi pas me plonger dans un autre de ses livres, d'ici quelques années.

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La lecture de ce recueil était très agréable, je n'ai néanmoins pas trouvé les histoires si originales que ça. Les chutes par contre sont parfois étonnantes. C'est ce qui m'a fait poursuivre certaines histoires qui ne m'emballait pas plus que ça. Je tenais à voir si le dénouement me surprendrait.



J'aimerais beaucoup retrouver la plume de l'auteur sur un texte beaucoup plus développé. Je suis pourtant amatrice de nouvelles. Je trouve qu'elles sont idéales pour découvrir la plume d'un auteur.



Pour ce recueil, j'ai trouvé que ça se lisait bien, que le final des histoires est bon, mais je n'ai pas eu de personnage coup de cœur, ni d'histoire qui m'a transportée.



Merci à Babelio et aux éditions Moires pour cette lecture !
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Danielle : "Première livre de l'auteur, dans une maison d'édition bordelaise. 10 nouvelles très différentes, traitant du dépassement de soi, de rencontres, de deuil, de dépaysement, d'espoir et de drames.

L'écriture est agréable, les histoires sont variées et pleines d'émotions. "
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Compte petite, et deviens...

Merci à Babelio et aux éditions Moires pour cette jolie découverte.

Il est difficile de résumer des nouvelles mais j'ai lu ces histoires avec beaucoup de plaisir.

Dans la nouvelle "Le jour où Delphine grandit" le suspens est bon,bien emmené.

Sur la quatrième de couverture il est écrit que l'auteure a l'art de la chute,c'est vrai les fins sont surprenantes.

L'écriture est agréable, juste,chaque mot bien utilisé.

Je lirai volontiers le premier roman de Camille Lysière!
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Compte petite, et deviens...

Ce recueil composé de dix histoires est un petit bijou littéraire. Au-delà des récits et des personnages évoqués c’est l’écriture qui porte le livre et non le contraire et à mon sens, reflète une qualité assez rare. Camille Lysière met en scène de façon plus que crédible la vie de ses protagonistes, ça fourmille des détails visuels forts, on découvre un style qui accroche, une écriture qui happe. Des coups à l’âme avec "Le porteur d’espoir" dont la chute est d’une beauté frémissante, ourlée de cette latitude franche quand le sens d’un prénom prend toute sa dimension. Tout est dit... Et puis "Le grand Chêne" qui véhicule le sens de l’humanité, la sagesse des hommes dans la sève du monde. Deux textes puissants qui m'ont bouleversé. Et, oui, je l’avoue, "Jusqu’au bout" m’a prise par surprise, tant la chute fut inattendue.

Cette lecture fut comme une vague puissante qui claque fortement. Où l’écriture à la fois brute et sensible, prend au corps et aux tripes, bouscule son petit monde. Il y a sans doute dans la perception des sentiments qu’évoque Camille Lysière une résonance qui me touche, oui, mais pas seulement. Parce que pour tout dire je ne suis pas férue de lecture de nouvelles aux chutes souvent tragiques ou surprenantes. Ce genre littéraire a même tendance à me faire fuir. Comme si une nouvelle sans chute forte avait une valeur moindre, comme si le sens qu’on peut donner aux choses devrait être codifié pour plaire. Alors sans être convaincue par le genre, j’attends, curieuse de savoir comment va évoluer la bibliographie de l’auteure. Et si un roman pointe son nez, je peux d’ors et déjà dire que je ne bouderai pas mon plaisir de lecture.

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La bête en elles

Génial ! Quatre femmes pour la même histoire vécue chacune a une époque différente avec des noms différents . L’auteur fait un parallèle entre les époques, la mentalité et les mœurs de chacune de ces périodes et nous replonge dans l’évolution aussi bien politique que sociale. Formidable.
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La bête en elles

Qu'elles s'appellent Marie, Amandine, Isabelle ou Claudine..

Qu'on soit en 2009, en 1990, en 1973 ou en 1937....

L'histoire est la même...

Celle de ces hommes bien plus âgés, en qui elles ont confiance, qui les battent froid le jour mais qui la nuit venue se faufilent jusqu'à leurs chambres, s'immiscent dans leurs lits pour leur dire à quel point elles les ont ensorcelés... pour profiter de leur candeur... pour les maintenir sous leur coulpe grâce à un subtil dosage de crainte et d'indifférence qui leur assure le silence et donc la tranquillité et l'impunité...

C'est l'histoire de ves filles qui se retrouvent enceintes de ces viols et dont on met en la parole en doute...

Celle de ces filles qui portent le double poids de la culpabilité...

Celle de ces filles qui connaissent le poids de la bête en elles...

C'est l'histoire de silences...



Un roman qui m'a donné la nausée, qui m'a remuée et chamboulée... j'ai pleuré de tristesse, de colère et de dégoût !

Merci au éditions Eyrolles pour ce roman... coup de cœur et uppercut au cœur !

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La bête en elles

La vie semble sourire aux jeunes héroïnes de ce roman qui se déroule à travers différentes époques : elles ont dix-sept ans et vont quitter leur univers familier pour aller travailler à Paris durant les deux mois d'été. Hébergées par des amis de la famille, elles vont être confrontées à la séduction et au viol. Cette situation vécue par les quatre jeunes filles génère une douloureuse mise en abyme qui laisse apparaître des actes et un manque de considération pour les femmes qui se répètent inlassablement : la femme est considérée comme une aguicheuse et sa parole est toujours mise en doute. le schéma récurrent de ce récit fait écho au roman de Vanessa Springora, le Consentement mais aussi, celui de Lola Lafon, Chavirer : des jeunes filles qui n'ont pas confiance en elle, en leurs capacités intellectuelles (peut-être parce que les filles ne font des études que depuis peu de temps, contrairement aux garçons) sont séduites par des personnes cultivées et occupant des postes parfois importants. Ces jeunes filles, heureuses de susciter l'intérêt ne se rendent pas compte que leur interlocuteur s'intéresse en réalité à tout autre chose qu'à la finesse de leur esprit ou à leur culture. de là, naît une confusion : la jeune fille ne dit jamais « non », elle « consent » à se laisser approcher par l'autre puisque celui-ci lui prodigue des conseils de lecture, d'écriture et même s'il s'est penché un peu trop lourdement sur elle, elle pense qu'il ne l'a pas fait exprès car il voulait lui montrer un texte intéressant, une ligne dans un livre. La jeune fille, sans expérience de la séduction, ne soupçonne pas que son sourire de « jeunes filles en fleur », certains mouvements de son corps, sa tenue vestimentaire sont décryptés par « l'ogre » comme une invitation : « Elle se revoit dans son bureau la dernière fois, et cet instant de bascule alors qu'elle se sentait considérée et appréciée. Il avait contourné son bureau et, en attrapant ce livre au-dessus de sa tête, il s'était attardé un peu contre elle. Il avait pressé son torse contre son dos, mais elle n'était pas sûre qu'il l'ait fait exprès. Peut-être était-ce le mouvement nécessaire pour atteindre l'ouvrage, une légère perte d'équilibre. Sûrement qu'il ne s'était même pas rendu compte. Amandine revoyait précisément ce moment. Elle était restée là, attendant qu'il s'éloigne pour se remettre à respirer. Elle aurait dû se reculer, s'éloigner franchement et marquer sa volonté de rester à distance. Elle a bien senti qu'il y avait un flottement, une incrédulité chez lui, chez elle, elle n'a pas su à cet instant-là évacuer cette confusion avec un éclat de rire léger. »

Dans La Bête en elles, les jeunes filles vont voir leur vie totalement transformée puisque le viol subi aura plusieurs graves conséquences physiques et psychologiques, laissant un lourd héritage à gérer après le rejet familial. Car comme dans les romans que j'ai cités, les parents refusent de voir l'évidence et sont incapables d'aider leur enfant qui est au désespoir. La plupart d'entre eux se soucient du « qu'en dira-t-on », des bonnes moeurs, de la religion. Les jeunes filles, habilement manipulées par le violeur se sentent coupables car l'homme leur a fait croire qu'elles l'avait séduit. Ainsi, les jeunes filles ne peuvent pas se confier, se libérer de ce qui leur est arrivé car les gens ne comprennent pas pourquoi elles « n'ont pas dit non », pourquoi elles n'ont pas porté plainte, pourquoi elles n'ont pas quitté l'appartement où le crime s'est passé, répété. Elles sont seules face aux insinuations, à l'incompréhension, à l'accusation.

Ce récit bouleversant expose la solitude des femmes face à la société. Il faut beaucoup de force à ces jeunes filles pour qu'elles continuent à vivre après de tels chocs, de tels rejets, de telles humiliations familiales. La « bête en elles » c'est toute la colère et la haine qui s'accumulent et les rongent de l'intérieur. Mais « la bête » peut aussi devenir, au fil du temps, une source d'énergie implacable pour avancer bâtir son avenir et gagner sa liberté, sans plus jamais se retourner.

Merci à Babelio et aux Editions Eyrolles pour m'avoir envoyé de bel ouvrage.
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La bête en elles

Bourges. Des jeunes filles joyeuses et leurs parents. Direction Paris 11 ème. Un boulot d'été.

Les amis des parents.

Un seul coupable.

Un seul et même crime.

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Dans ce roman, Camille Lysière articule des époques, des prénoms, des réactions et des conséquences autour d'un crime ancestral et contemporain : le viol.



Trois parties dans ce roman pour raconter l'histoire de Marie, Claudine, Amandine et les autres : le crime, ses conséquences et l'avenir.

Peu importe l'époque, finalement. Rien n'évolue. Ni la manigance du criminel, ni sa perversité, ni l'incompréhension, ni les conséquences.

Comment se défaire de ce qui a collé à la peau ? S'est incrusté ?



Camille Lysière nous propose un texte maîtrisé sur un sujet difficile et violent. Elle rend compte de la façon dont la vie de ces jeunes filles et de leurs parents est à jamais bouleversée. J'ai surtout apprécié les deux dernières parties qui mettent la lumière sur des familles à terre, des réactions qui finalement ne varient pas tant que cela malgré les époques. Et lorsque tout feu semble éteint, il y a toujours ceux qui constituent cette braise qui va redonner l'espoir pendant un temps, qui va remettre debout et permettre qui sait, de repartir.

Les 3 dernières pages m'ont bouleversée
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La bête en elles







Tout d'abord, je remercie Babelio et les éditions Eyrolles pour l'envoi de ce sp.



Mary 2009, Camille 1937, Isabelle 1973, Amandine 1990, vivent toutes à des époques différentes et pourtant, elles ont une chose en commun, un viol à l'aube de leurs 17 ans.

Sous les encouragements de leurs parents, elles vont trouver un petit job d'été dans une brasserie, un bureau, une quincaillerie, un hôtel.



Elles vont toutes subir de la même façon un viol d'un homme auquel la famille avait toute confiance. Elles vont devenir des proies, des poupées de chiffon des objets sexuels.

Elles vont réagir de la même façon , le silence, car les mots restent en elles et vont subir sans un mot jusqu'à que cela s'arrête.

Cela m'a fait pensé à l'expression qui dit : "qui ne dit mot consent" qui n'a plus lieu d'être, totalement fausse à banir !



j'ai adoré le style et l'écriture de l'auteur qui décrit très bien les faits et les émotions. J'ai été troublé par les réactions des parents.

J'ai ouvert les yeux sur certaines réactions.

Un viol va très loin, il brise la vie de ces victime et détruit des familles .



Un énorme coup de cœur.

Une auteure que je vais suivre.

Un petit plus la couverture est très belle.

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La bête en elles

Après son bac, Marie décide de quitter Bourges pour rejoindre, le temps d’un été, Paris, où un petit boulot l’attend. Là-bas, elle est hébergée par un couple d’amis de ses parents. D’abord très froid et distant, Olivier, le mari, commence à s’intéresser à la jeune fille. Mais l’homme ne se satisfait pas d’une simple complicité et se fait de plus en plus pressant, jusqu’à s’inviter dans sa chambre et la violer. Pour Marie vient le temps du silence et de la souffrance qui la ronge. Qui les ronge plutôt, car l’histoire de Marie n’est qu’un nouveau chapitre d’une histoire qui se répète et que d’autres jeunes filles, à d’autres époques, ont vécues comme elle.



« La bête en elles » est un livre profondément marquant qui ne pourra laisser aucun lecteur indifférent. Tour à tour angoissant, révoltant, émouvant et triste, il parvient à nous faire ressentir toutes ces émotions en même temps que ses héroïnes avec lesquelles il est impossible de ne pas entrer en empathie. Sa construction alternant les histoires vécues par les différentes jeunes filles du même âge vivant la même expérience est très originale et bien menée. Elle permet de montrer que même si le contexte extérieur évolue en même temps que la place de la femme et les possibilités qui s’offrent à elle, le regard des autres mais surtout la souffrance intériorisée des victimes demeure la même. Tout dans le roman sonne juste : les excuses que peuvent trouver les bourreaux pour justifier leurs comportements en rejetant la faute sur sa victime, les réactions des parents prêts à tourner le dos à leurs filles sans la croire au nom de principes injustes et de la peur du quand-dira-t-on. Mais surtout le silence qui consume les victimes et l’isolement qu’elles peuvent ressentir en réalisant notamment qu’autour d’elles la vie continue pour tout le monde. Et on repose le livre un peu sonné, avec le sentiment que malgré tout ce qui a pu être fait dernièrement en la matière, il reste encore beaucoup à faire pour libérer la parole et soulager la souffrance des victimes de ces tragédies infâmes.
Lien : https://mangeurdelivres.word..
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La bête en elles

Eté 2009, Marie, 17 ans, vient d’obtenir le bac. Elle quitte Bourges pour un job d’été dans une brasserie à Paris. Elle rêve d’un bel avenir, peut-être sera t-elle journaliste comme Olivier, l’ami de son père, qui l’héberge avec son épouse pendant son séjour. Alors qu’il se montre si prévenant et chaleureux avec ses parents, Olivier reste froid et distant avec Marie. Puis, après plusieurs jours, un lien se tisse entre eux : Olivier l’invite dans son bureau et lui parle des grands textes littéraires, l’invitant à exprimer son opinion. Une complicité intellectuelle semble naître entre eux, mais la relation dérape. Olivier s’invite dans la chambre de Marie, et la viole plusieurs soirs de suite. Elle est dévastée mais ne dit rien, se sent coupable, at-elle fait quelque chose qui ait pu, sans qu’elle le veuille, attirer cet homme, cet ami de la famille?



Marie n’est pas la seule: à d’autres époques, d’autres jeunes filles de 17 ans, ont connu le même sort : Claudine en 1939, Isabelle en 1973 et Amandine en 1990. Toutes ont vécu le même cauchemar, ont eu le destin brisé de la même façon. Violées par un ami de la famille, elles ont dû faire face au même drame et se sont retrouvées aux prises avec le même mécanisme dévastateur, celui de la honte et du silence, qui laisse toute impunité aux violeurs. Prises au piège d’un homme manipulateur, ces femmes répétent le shéma à travers les époques, qui, tel un engrenage fatal, marque le début d’une descente aux enfers. L’incompréhension des familles, le déni, le refus de comprendre ou de voir la réalité en face est commune à toutes les époques.



Le schéma littéraire est inédit, la façon de traiter le sujet met en évidence l’engrenage dans lequel s’enlisent par leur silence les victimes et ses conséquences catastrophiques. Le style froid n’attire pas l’apitoiement mais incite à un constat societal réaliste.
Lien : https://loeilnoir.wordpress...
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La bête en elles

C'est par un total hasard que je découvre ce roman et cette auteure.



Claudine en 1937, Isabelle en 1973, Amandine en 1990 et Marie en 2009. Ces quatre jeunes femmes ont une histoire commune. Elles sont jeunes, pas encore où à peine 18 ans. Elles sont issues de la classe moyenne. Elles sont jeunes et belles, des rêves pleins la tête, elles ont de l'ambition.

Durant les deux mois d'été, elles montent sur Paris et travaillent. Elles rêvent d'indépendance et de découvertes. Jusqu'au jour où tout bascule. Elles n'ont rien vu venir. Ce jour-là, elles perdent leur innocence et leur insouciance, leur confiance en elles. Leur vie est détruite, entachée.



Un texte poignant, porté par une très jolie et douce plume, contestant avec les propos et les histoires évoquées.

C'est révulsant, tragique. Des vies détruites, la honte qui submerge, le secret si lourd et pénible. C'est intenable et pourtant une triste réalité. C'est le témoignage de ces quatre jeunes filles, mais la réalité de combien ?



Mon petit bémol c'est l'enchevêtrement de ces histoires. C'est un récit, un même destin partagé par quatre protagonistes. Ce sont les mêmes vies, les mêmes lieux, mais à des époques différentes.



Une lecture difficile mais nécessaire.
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La bête en elles

Ce roman m'a coupé le souffle.

Quatre jeunes filles, quatre époques, quatre viols. Une histoire, répétée en boucle.

Marie (2009), Claudine (1937), Isabelle (1973) et Amandine (1990) ont leur bac et partent travailler cet été dans Paris, hébergées par des amis de leurs parents. Elles ont la vie devant elles et pourtant, elles vont être brisées par l'ami de leur parents qui, après avoir amadouer et nouer une relation de confiance avec elles, commet l'horreur : le viol.

Ce roman, à la construction particulière, nous montre à quel point les femmes, à toute époque et encore de nos jours, sont victimes de l'inimaginable. Le viol, la violence restent depuis des années, des siècles ancrés au plus profond de notre société.

Il nous montre également le cheminement psychologique, du moins un des cheminements psychologiques possibles, après avoir subi cette horreur : le doute, la culpabilité, l'incompréhension, la solitude, la peur. Il nous montre aussi la peur de l'entourage, puisqu'en l'occurrence la famille rejette ces jeunes femmes si fragiles, blessées et mortes de l'intérieur. Elles sont livrées à elles-mêmes, dans tous les sens du terme.

Un roman très fort, poignant, marquant qui ne fait que révéler une fois de plus la solitude des femmes, le risque presque d'être une femme mais derrière les lignes il y a aussi l'idée de la force des femmes, d'en être une et d'être plus forte que la fatalité de la condition féminine.



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La bête en elles

Une jeune fille de dix-sept ans, optimiste et confiante, quitte sa famille pour travailler durant l'été, hébergée durant deux mois chez des amis de ses parents, des gens fort respectables. D'abord distant, l'homme de la maison instaure ensuite avec elle une relation complice, ce qui commence à la flatter avant de la mettre très mal à l'aise, jusqu'à ce que survienne l'irréparable...

Marie en 2009, Claudine en 1937, Isabelle en 1973, Amandine en 1990... des époques différentes mais le schéma parfaitement identique de la proie et de la bête, le processus similaire de l'emprise, comme si la monstruosité était de toutes les générations. A chaque fois, l'innocence perdue et des vies gâchées, à chaque fois, la minimisation voire le déni par l'entourage, à chaque fois la douleur, la solitude et la honte de la victime.

La construction de ce roman est vraiment particulière, sautant d'une époque à une autre en soulignant les points communs de toutes ces jeunes filles, et très intéressante du point de vue sociologique : si les lois et les mœurs évoluent, il reste dans les réactions et les conséquences un mouvement commun démontrant bien comme le viol, de tous temps, est une menace dont on peine à protéger les femmes et que la colère des victimes, la souffrance et le dégoût seront toujours les mêmes. Une histoire à la fois multiple et unique, si tristement banale et tellement révoltante.
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La bête en elles

Il devient compliqué, après un temps, de s'investir dans ou même de s'intéresser à des romans autour des violences sexuelles lorsqu'on a déjà collecté tant et tant d'informations à ce sujet qu'on a le sentiment d'en avoir fait le tour, pire, de lui être devenu insensible, ou alors de ne plus éprouver que de la lassitude ou de l'abattement face à toute nouvelle tentative de relance de débat ou de réflexion à ce propos. Parler de viol et d'agressions sexuelles, c'est essentiel, bien sûr, mais aussi délicat, épuisant et désespérant quand on a côtoyé ces histoires-là d'un peu trop près, et face aux films, romans et reportages qui tentent chacun à leur façon, souvent avec les meilleures intentions du monde, de les raconter, de les dénoncer, voire d'imaginer de nouvelles façons de les combattre, ça mène souvent à une forme d'amertume, d'impression de répétition, d'enlisement. La dénonciation, c'est bien, mais vient un moment où ça ne suffit plus.



Pour toutes ces raisons, j'ai eu tendance à éviter les dernières parutions plus ou moins grand public, plus ou moins à succès, qui tournaient autour de ces thématiques-là. Parce que je suis fatiguée des discours, des prises de position, de la proclamation de vérités éminemment légitimes et nécessaires mais dont la récurrence souligne avec une grande cruauté l'aisance qu'on a à les ignorer, à les désamorcer. Et puis, parce que je suis une contradiction sur pattes et que les promesses qu'on se fait à soi-même sont faites pour être contournées, mes yeux sont tombés sur la couverture de La bête en elles, une sortie récente dont je n'avais absolument jamais entendu parler et que j'ai voulu lire précisément pour cette raison, parce que je me disais que ce texte-là, bon ou mauvais, aurait au moins le mérite d'être un peu frais, un peu inédit, un peu exclusif en tout cas car confidentiel, et que je pourrais en penser ce que bon m'en semblerait à l'abri de tout battage médiatique ou de tout besoin de l'ancrer dans une démarche militante. C'était juste un roman qui parlait de ça, et puis on verrait.



La bête en elles ne fait pas d'effets de style, ne s'épanche pas dans de grandes dissertations politiques, ne s'épuise pas en lyrisme révolté, pas plus qu'il ne tente, en gros, de réinventer l'eau tiède. C'est l'histoire de quatre femmes, Marie, Amandine, Isabelle et Claudine, qui ont chacune dix-sept ans en 2009, 1990, 1973 et 1937 respectivement, et qui partent chacune passer un été un Paris, hébergées par des amis de leurs parents tandis qu'elles occupent un job d'été pour se constituer des économies. C'est une histoire connue, et c'est toujours la même histoire.



Si vous avez la chance et le bonheur de me fréquenter, vous savez que j'aime le style, les petites trouvailles, le panache littéraire. Rien de tout cela ici, mais une grande sobriété, qui jamais ne verse dans la fadeur, mais se contente de décrire, raconter, et comprendre. La bête en elles n'est pas un manifeste politique ou un précis militant, mais un roman qui jamais ne dévie de son intention originelle et trouve dans cette détermination, dans cette constance, une force qui fait tout son intérêt et toute sa valeur. Il se donne une mission, raconter le traumatisme vécu par ces quatre jeunes femmes, sa quasi immuabilité dans le temps, sa cyclicité, le silence qui l'entoure et comment on s'en remet, comment on s'invente au-delà de la violence. C'est tout, c'est déjà énorme, et c'est réussi.



Le roman obéit à une construction à la fois très déroutante et très simple, qu'il ne me semble pas avoir jamais rencontrée par le passé. L'intrigue est unique, mais répartie entre les quatre héroïnes, qui prennent le relais chacune leur tour et reprennent le récit là où la précédente l'avait laissé, avec les spécificités de son époque comme unique variation, laissant le lecteur libre d'imaginer à quoi les péripéties décrites auraient pu ressembler dans les trois autres temporalités. Ce choix intrigant est surtout le moyen, assez explicite mais exécuté avec une vraie subtilité, de suggérer dans une cruauté terrible ce dont on se doute mais dont on peine parfois à se rendre compte : peu importe, au fond, que les violences soient commises par un Alphonse ou un Olivier, que les jeunes filles mettent des jupes longues ou des shorts déchirés, que dehors ce soit la guerre ou l'avènement de la société de consommation. Les abus et relations de pouvoir demeurent. Peu importe que la fille passe ses soirées à écouter le poste de radio ou à scroller Facebook. On n'a pas besoin de le savoir pour comprendre que ce qu'elle vit dans sa chair relève d'une horrible histoire, invisibilisée et répliquée depuis des siècles. On éprouve une forme de vertige certain, de frustration aussi, à laisser dans l'ombre les trois protagonistes dont on n'entend pas la voix lors d'un chapitre donné, de devoir se contenter d'apparitions seulement de chacune, d'hériter au fond d'un récit composite, de fragments assemblés en patchwork, qui forment un récit complet. On aurait envie de rendre à chacune de ces filles son intégrité, mais c'est précisément de cela que les privent les violences : leur condition de sujet. Devenant des purs instruments du récit, les filles se confondent les unes derrière les autres, deviennent interchangeables, avec une grande brutalité dont le lecteur prend toute la mesure petit à petit, au fil du récit, alors qu'il s'aperçoit avec tristesse et désarroi qu'il s'est mis à les confondre. Ne vaut-il pas mieux que ça ? Mais comment faire pour faire de chacune une personne propre ? Comment permettre aux victimes d'exister autrement que dans la superposition de leurs témoignages ? Comment récupérer un "je" qui n'appartienne qu'à soi lorsque l'on doit charrier avec soi une histoire de domination et d'emprise ? La réponse donnée par l'autrice me semble particulièrement intéressante, aussi bien en tant qu'outil romanesque qu'en tant que prise de position politique : en partant, en démissionnant, en s'excluant de ce récit injuste, de cette violence exercée par le roman qui exige et impose d'entrer dans le cadre d'une intrigue, avec tout ce que ce mot a d'objectifiant et d'instrumentalisant. Nos quatre jeunes femmes, si elles veulent s'inventer par et pour elles-mêmes, se dissocier des autres victimes, cesser d'appartenir à ce grand tout informe qui ne leur profite en réalité en rien, qui n'est qu'une illusion de solution, alors il leur faut partir. Clore le chapitre, rejeter cette façon-là d'être raconté, cette tentative de compilation des témoignages qui crée un grand vertige, une grande émotion, certes, mais ne propose pas de solutions. J'aime cet aveu de faiblesse que fait le roman lui-même, j'aime qu'il joue, finalement, avec les attentes du lecteur, qui s'imagine en lisant les premières pages que l'autrice s'apprête à raconter une histoire d'injustice dénoncée, de lutte politique et féministe, pour découvrir petit à petit que non, ici comme partout ailleurs, la masse implacable du silence, de la honte et du tabou va priver ces quatre héroïnes de la réparation à laquelle elles ont pourtant droit. Parler, raconter, c'est bien, mais ça ne suffit pas. La réinvention des vies se joue ailleurs. Où ça ? Le roman ne le dit pas, il ne prétend pas le savoir. Il le suggère, à demi-mot, à travers le bonheur et la libération que trouvent certaines des quatre protagonistes dans la force du collectif et l'énergie de l'activisme, mais les réponses définitives doivent encore être trouvées. Voilà donc ce que propose La bête en elles : un retournement très intelligent des codes du roman, des attentes du lecteur, de la paresse qui nous pousse à croire parfois que raconter l'histoire suffit, qu'on peut faire confiance à d'autres pour porter nos voix, que ça s'arrête là. Eh bien non, et La bête en elles le montre par ses mécanismes narratifs même. Ca, c'est sacrément méta. Pour le reste, le récit lui-même est bien mené, bien exécuté, mais ne tutoie pas les sommets d'émotion ou de tension que peuvent cultiver d'autres oeuvres. C'est un bon roman, mais son intérêt réside à mon sens davantage dans sa démarche que dans son exécution. Sa lecture vaut le détour, pour l'expérience unique qu'elle propose, davantage que son contenu romanesque en lui-même. Un drôle d'objet littéraire, qui m'aura sacrément fait cogiter quant au rôle que peut jouer la fiction dans nos luttes politiques...
Lien : https://mademoisellebouquine..
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La bête en elles

Marie, Amandine, Isabelle et Claudine. Quatre époques différentes ( de 1937 à 2009), quatre histoires similaires.  A 17 ans, elles quittent la ville de Bourges, et leurs vies familiales assez protégées le temps d'un été, pour monter à Paris travailler comme étudiantes. Hébergées chez un couple d'amis de leurs parents, elles découvrent l'autonomie, la vie professionnelle, la cohabitation avec un autre couple que celui de leurs parents. Partout, le mari est distant d'abord, puis les approche par le biais de la littérature,...jusqu'à leur faire subir ses visites nocturnes.



Le roman est partagé entre deux époques, l'arrivée à Paris avec leurs rêves, et le retour à Bourges avec le poids du secret. Le passage d'une fille à l'autre au gré des chapitres, raconte leur vécu de la même histoire, avec le même fil conducteur. Cela m'a d'abord un peu perturbée,  je croyais avoir mal suivi, et puis finalement cela montre bien que rien n'a vraiment changé dans le temps.  Toutes les victimes sont sidérées,  écrasées par l'humiliation, la honte. L'analyse des ravages est surtout très fine.

J'ai d'ailleurs préféré cette partie là, car il y a parfois des erreurs de prénoms dans la première partie ( j'ai  même cru que c'était un parti pris de l'auteure qui voulait encore plus entremêler leurs destins- cela m'a un peu coupée dans ma lecture), et la psychologie des assaillants est parfois trop simplifiée selon moi.

Mais cette construction originale, émaillée de points d'actualité pour nous rappeler la condition de la femme propre à chaque époque en fait un roman au schéma soigné, avec des propos qui m'ont émue plus d'une fois, et une conclusion à la hauteur. Une très belle découverte,  donc!
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La bête en elles

Claudine, 1937.

Isabelle, 1973.

Amandine, 1990.

Marie, 2009.



Quatre femmes, une seule histoire. Deux mois d’été à Paris, pour travailler et gagner de l’argent, hébergée par un couple d’amis de leurs parents. Lui est d’abord complètement absent, ne lui adresse jamais la parole, ignore sa femme. Et puis il commence à parler littérature avec la jeune fille de 17 ans. Et un jour, c’est dans sa chambre qu’il se rend. Où elle va subir un viol. Duquel va s’ensuivre un été d’abus. Et pour la jeune fille, les interrogations permanentes de ce qu’elle aurait pu faire pour l’inciter à cela, comme si elle en était forcément responsable, l’ayant séduit sans vraiment le vouloir…



Des quatre jeunes filles anéanties, l’auteure raconte l’histoire, par alternance. Le récit reste linéaire, d’une jeune fille à l’autre. Et le lecteur recolle les éléments puisque toutes vivent la même chose. Ne changent que les prénoms des protagonistes et des éléments historiques qui font parfois varier quelque peu le contexte. Ce roman est donc d’une très grande originalité dans son écriture à travers ce procédé. C’est réussi parce que peu importe quelle jeune fille on suit, qui est la voix du moment, ne reste que le viol qui est venu dynamiter la vie d’une jeune fille de 17 ans.



Quelque que soit l’époque, aucune n’est armée, aucune ne portera plainte, ce ne sera toujours que non dit, culpabilité totale de ce dont elles sont pourtant victimes. Triste illustration d’un fait : la cause des femmes victimes d’un viol n’a pas évolué. Quand la vérité éclate dans le cercle familial, aucune n’a de soutien. Quand par la suite, les conséquences du viol viennent à nouveau perturber l’avenir des jeunes filles, il n’y a toujours pas de soutien. Alors, on assiste au déclin de nos 4 personnages, qui ne savent pas guérir de ce qu’elles ont subi, qui ne savent pas en parler, qui ne sont plus que colère. La bête en elles, elle nous fait peur, elle est triste, elle est injuste, elle ne devrait pas exister.
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Le silence de la cigale

La quatrième de couverture annonce l'histoire d'une "descente aux Enfers" et laisse espérer une issue positive. Mon attente a été déçue. Camille Lysière a composé un récit autour du personnage de Caroline, artiste peintre en mal d'inspiration, très narcissique et mélancolique. En proie à un ennui qui la paralyse, elle est aussi en mal d'enfant. On pense à Emma Bovary, mais le roman s'intéresse plus à la psycho-pathologie du personnage qu'au contexte social. J'ai cherché une signification métaphorique à l'étrange et intéressant phénomène de l'éclosion des cigales, sans y trouver vraiment un écho à la tragédie de Caroline. Une première partie très longue immerge le lecteur dans l'univers triste et la souffrance de Caroline. Une deuxième partie ( après l'éclosion ) devient plus accrochante, sans toutefois faire de l'ouvrage un "page turner". La trame de l'histoire aurait peut être trouvé une expression plus percutante sous la forme d'une nouvelle.

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Le silence de la cigale

Dans ce roman assez court ( environ 200p), Camille Lysière nous plonge dans la vie de Caroline , artiste peintre, mariée à Jean. Caroline est alors à un tournant de sa vie : elle ne crée plus, elle a cessé de côtoyer ses amis du monde artistique et elle n'arrive pas à avoir un enfant.

Pour s'extraire de son quotidien, la jeune femme accepte de voyager avec Jean dans le New Jersey. Lui, y attend l'éclosion des cigales de 17 ans, elle, espère y retrouver l'inspiration.

Plus que dans le quotidien de Caroline, c'est dans sa tête que l'auteur nous fait pénétrer sous la forme de paragraphes en italiques qui semblent retranscrire un dialogue interne.

L'auteur y dépeint avec justesse la dégradation psychologique de Caroline : son sentiment d'agacement, sa sensation d'étouffement, son besoin de renouveau.

Les émotions sont partagées sans apitoiement et la longueur du roman donne un certain rythme au récit.

Cependant, il manque une sorte de profondeur qui aurait permis au roman de m'emporter réellement et notamment un parallèle entre le besoin de renaissance de Caroline et l'éclosion des cigales de 17 ans.

Un roman dont l'idée m'a intéressée, dont la structure est assez inattendue mais auquel il manque, pour ma part quelques liens tissés à dénouer.

Une auteur à suivre ou à redécouvrir peut être puisqu'elle a précédemment publié des nouvelles.
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