Elle n'était pas plus indifférente à son charme que n'importe quelle femme de l'assistance, cependant elle était résolue à se maîtriser. Sans doute était-il l'un des hommes les plus séduisants du bal, dans son uniforme écarlate. Mais elle ne se laisserait pas étourdir par de larges épaules et un bel uniforme. Elle n'était plus une débutante. Il y avait des considérations bien plus sérieuses que les attraits physiques d'un homme, comme par exemple la périlleuse situation financière de sa propre famille. Elle ne pouvait se permettre de se laisser distraire de son but par le charme d'un officier.
C'était une femme ravissante et la séduire ne serait pas déplaisant ni, peut-être, difficile. Il était passé maître dans l'art de subjuguer une dame. Son regard, son sourire, une caresse furtive par-ci, par-là, et un soupçon d'ambiguïté dans ses paroles représentaient ses meilleures armes.
Elle s'était restreinte dans ses moindres dépenses. A bien y réfléchir, il n'y avait qu'une solution pour ne pas finir seule et désargentée comme sa grand-mère et sa cousine: épouser un homme riche.
La meilleure manière de détourner les avances d'un homme, lui avait conseillé sa mère, c'était de le faire parler de lui.
On ne vit qu'un seul véritable amour.