L'INTEMPORALITÉ PERDUE & AUTRES NOUVELLES DE ANAÏS NIN
Agnès Desarthe & Capucine Motte
Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos
Comment raconter le désir désir sexuel, appétit pour la vie, l'art
d'une femme mariée, apprentie écrivaine au début du siècle dernier ? C'est à ce projet qu'Anaïs Nin semble s'atteler dans ces seize nouvelles inédites, écrites pour la plupart entre 1929 et 1931. On y croise une jeune femme qui, parée comme pour un grand voyage, largue les amarres d'un bateau attaché à un arbre au fond d'un jardin, une petite fille abandonnant ses poupées pour se consacrer à l'étude du goût de ses larmes, et bien d'autres personnages hantés par la dualité entre l'être et le paraître. Préfacière et traductrice évoquent pour nous ces textes de jeunesse inédits. Merveilleuse lectrice, Agnès Desarthe en lira quelques extraits.
À lire Anaïs Nin, L'intemporalité perdue et autres nouvelles, préface de Capucine Motte, trad. de l'anglais (États-Unis) par Agnès Desarthe, NiL, 2020 Agnès Desarthe, La chance de leur vie, Points, 2018.
Le mardi 3 mars 2020 - 19H00
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Jusqu'à ce jour, son amour-propre - son orgueil démesuré...- l'empêchait de vaincre les obstacles qui se tenaient entre ses désirs et l'accomplissement ou l'expression de ses désirs.
Toute sa vie, elle avait voulu être entretenue, et depuis que c'était le cas, elle se délitait. L'époque glorifie la zen attitude, le lâcher prise, alors qu'il n'y a rien de plus angoissant que l'oisiveté. La course à l'échalote rend fou, mais remplit l'existence.
"Je suis persuadée au fond de moi-même que la capacité d'écrire est une sorte de fluide ,un cadeau dont un auteur expérimenté peut faire le don à un plus jeune auteur,une formule magique qu'on se murmure à l'oreille de génération en génération."
Elle ne détestait pas qu'il pique des crises, car elle savait que leur rupture serait le point culminant d'une longue accumulation de disputes.
Pour l'instant, ils étaient comme tous les couples qui se déchirent sans arriver à se quitter, leur dépendance réciproque les poussant à s'affronter, mais chaque querelle était une étape supplémentaire vers la sortie, une brique à la construction méthodique de son départ. Elle voulait souffrir au point de n'avoir aucun regret ni remords au moment de partir. Elle allait être servie.
Tout ce qu'elle avait installé rue des Bourgeois, dans la maison que Prokov avait louée, avait l'air coûteux et neuf, c'était une accumulation de bronzes, de bibelots, de damas et de plantes vertes. Elle avait fait peindre des angelots sur les plafonds et des trompe-l'oeil sur les portes. Pendant des siècles, ses aïeux et ceux de son mari avaient économisé kopeck après kopeck pour s'ofrir un peu d'huile de tournesol ou un bonnet en fourrure, mais Alexandra avait semblé vouloir tuer d'un coup cette sagesse ancestrale.
en bref je me tourne sur le petit résumé d auteur ... il est a croit a une vision tant souhaitée par sa mère , en outre rien de réalisable sans une vision sans une passion et sans sacrifices le monde et univers des livres restes toujours un grands mystères je salut la persévérance de l'auteur et sans engagement pour un monde de livre encore plus ouvert....
La laideur d'un homme n'est pas un obstacle à l'amour qu'une jeune femme peut lui porter, mais quand la romance tourne mal, cette hideur lui saute aux yeux.
Elle a fini par se rendre compte que l'apparence physique n'était pas la clé de la séduction. Le langage commun et l'odeur de la peau, la réside le secret des amants éternels.
Ces "hommes en trop", ce sont ces héros qui peuplent les livres de Tourgueniev, et bientôt de l'Ecrivain, de jeunes hommes élevés dans l'idéalisme occidental, qui se détournent avec dégoût des activités prosaïques, imbus d'idées généreuses mais utopiques, se réfugiant dans l'introspection et dans de stériles débats théoriques.
« Vois Naples et puis meurs », a dit Goethe.
L’homme et la femme ne sont pas la même chose, lui, il prend, elle, elle donne…
- C’est un homme cruel, le sang qui coule dans ses veines est froid comme celui d’un serpent.
- Les serpents savent jouir de la vie, tu sais, ils restent au soleil et se grisent de l’instant présent. Tu n’es pas comme cela, tu es un être humain admirable, tu es profonde et – quand tu le veux – tu es bonne, généreuse.
Elle éclate d’un rire mauvais :
- Bien sûr, c’est pour cela que tu m’as traitée avec tellement d’égards quand nous étions à Pétersbourg !
- Polia, tu sais bien que les choses sont toujours compliquées, mais je t’aime, tu le sais, j’ai tout abandonné pour te retrouver…
- Si tu mourais d’impatience de me revoir, tu ne te serais pas arrêté à Wiesbaden pour jouer.
- J’avais besoin d’argent pour notre voyage.