Après un démarrage un peu difficile pour se plonger dans l'étude, j'ai eu un réel intérêt pour le Sport fait mâle "la fabrique des filles et des garçons dans les cités"
J'ai particulièrement apprécié la façon dont l'auteur positionne historiquement et sociologiquement les premiers ateliers sportifs proposés dans les cités.Pour les garçons il s'agissait de calmer leurs ardeurs , pour les filles au contraire il s'agissait de les aider à s'émanciper. Sans le réaliser pleinement, il est clair qu'en tant qu'adulte (parent, enseignant, éducateur ou autre) nous induisons une différenciation garçon/fille.
(je m'offusquais dernièrement, dans les vestiaires de la piscine en entendant un papa dire à ses deux garçons " ben dis donc, vous en mettez du temps pour vous changer, vous êtes des filles ou bien" ) Chaque jour, par de petites phrases de ce genre, nous maintenons la notion de force, de performance de compétition chez le garçon et la notion de soumission, futilité, faiblesse et de fait du manque de confiance en soi chez les filles.
Ce qui est intéressant l'étude c'est qu'elle ne s'arrête pas uniquement à l'espace urbain qu'est la cité. On réalise par exemple que, dans l'histoire du sport, lorsque les femmes avaient des performances meilleures que celles des hommes, on vérifiait qu'elles étaient de vraies femmes et non des hommes travestis, comme s'il était inconcevable qu'une femme surpasse les hommes dans certaines activités du fait de ses capacités d'une part et de son entrainement d'autre part.
Ce qui semble rassurant, c'est que" le sport scolaire participe au développement de la pratique féminine sportive" car l'école propose un espace "protégé" fermé, non ouvert au regard d'autrui.
"Affirmer sa virilité", ne pas pleurer comme une fille, courir plus vite qu'une mauviette ou une tapette, tant de phrases qui poussent les garçons à affirmer leur virilité, comme s'ils ne pouvaient se définir que par dénigrement des files. Hélas, cette notion "binaire" n'est pas l'apanage de la pratique sportive, on la retrouve notamment dans l'enseignement professionnel, où la conduite d'engin est réservée, selon ceux qui y forment "aux vrais hommes, les forts, ceux qui ont confiance en eux et qui savent s'affirmer", éliminant, de fait, les filles évidemment, mais également tous les garçons ne correspondant pas à ce schéma stéréotypé. Mixité vous dites?
Les façon de penser changent peu à peu, mais c'est à chacun de nous au contact des enfants et adolescents, à prendre garde à ne pas induire de préjugés simplistes et infondés. Et ces enfants à leur tour deviendront des relais pour revendiquer une place des femmes équivalente à celle des hommes dans la société.3,5/4
Merci à Babelio et aux PUF de Grenoble pour cette découverte dans le cadre de l'opération Masse Critique d'Octobre.
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Par où commencer... Cette étude est tellement dense ! Je dois dire que j'ai eu du mal à entrer dedans. Mais hop, j'ai sauté la préface, et je me suis finalement lancée.
J'ai bien fait. J'y ai lu plein de bonnes choses. Le sport fait mâle est un ouvrage éclairant, qui analyse le rapport entre le sport et les stéréotypes de genre (entre autres. Je ne prétends pas résumer cette étude.) Je m'intéresse tout particulièrement à la question du sexisme et, étant professeur, j'en fais mon cheval de bataille.
Il est fou de voir à quel point les stéréotypes sont ancrés dans la société (qu'il s'agisse des cités, ou non) : les filles sont faibles, par conséquents ne sont pas sportives, par conséquent elles sont faibles, par conséquent il faut adapter l'activité en fonction de ce qu'on pourrait attendre d'elles, c'est-à-dire moins bien que les garçons... Quel cercle vicieux !
J'ai particulièrement apprécié de voir mis au jour les mécanismes de "pensée" (inconscients) des garçons, leur "virilisme", qui explique aussi l’agression comme mécanisme de diversion. Tout plutôt que de reconnaître sa faiblesse, qui diminue sa virilité !
La comparaison du comportement des garçons et des filles montre que le défi, la compétition, la performance et la domination semblent l'apanage du garçon pour affirmer sa masculinité, tandis qu'on réserve - évidemment ... - la soumission, la conformité, la discrétion à la fille.
Pas étonnant qu'elles se montrent si peu ambitieuses : c'est révoltant !
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Le Sport fait mâle est un essai qui s’intéresse à l’origine des ateliers sportifs dans les cités, qui ont eu des conséquences sur le long terme en matière de sexisme. Apparaissant avant tout comme une sorte de défouloir visant à canaliser la violence des garçons, le sport, paradoxalement, met aussi en valeur une certaine violence qui serait réservée aux garçons, et auxquels ils devraient tous prétendre, sous peine de ne pas être de « vrais » hommes…
D’une autre part, le sport serait pour les filles un moyen d’émancipation, de liberté – ce qui part du principe qu’elle sont forcément « enfermées ».
Somme toute, l’essai démonte certains préjugés et montre la persistance du sexisme à travers la différenciation des filles et des garçons, qui serait basée sur des observations fallacieuses : les filles seraient plutôt des artistes, fragiles et sensibles, tout le contraire des garçons (ou pas). L’essai interroge aussi la notion de « virilité » et engage tout un chacun à réfléchir sur les stéréotypes qu’il reconduit inconsciemment.
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