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4.55/5 (sur 30 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Vénissieux , 1976
Biographie :

Naissance à Vénissieux dans la banlieue lyonnaise en 1976. Enfance ballottée entre les pensionnats et les écoles publiques au rythme des engueulades parentales. Un désir de fugue et de rébellion l'étreint une bonne partie de son adolescence pendant laquelle il découvre les bienfaits de la lecture : L'attrape-coeur de Salinger et plus tard les nouvelles de Raymond Carver lui donnent l'intuition que la littérature est un refuge en même temps qu'un observatoire du monde... Il se rêve écrivain. Après son bac, vivant de petits boulots dans le bâtiment, il connaît une jeunesse un peu désordonnée : les voyages intérieurs ou à l'étranger nourrissent ses premiers textes dans sa vingtième année. Défiant son destin tout tracé d'ouvrier, il décide de s'inscrire en fac de lettres afin d'apprendre les rudiments de l'art romanesque. À défaut d'y trouver le Graal qu'il espérait, il obtient un diplôme qui lui permet aujourd'hui de consacrer la moitié de son temps à l'enseignement et l'autre moitié à l'écriture.

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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Tout ce que je peux dire sur le sujet, c’est ça : l’ange de l’amour et l’ange de la mort se servent de la même flèche empoisonnée pour vous transpercer. Sait-on pourquoi on tombe amoureux ? Les raisons objectives ne sont que des balivernes. Ça se passe plus certainement dans le secret de nos cellules. Seules les explications biologiques sont convaincantes au bout du compte. Pourquoi cette femme-là qui est une vraie peau de vache, plutôt que cette autre, avec laquelle vous auriez assurément filé le parfait bonheur ? Il faut admettre qu’il y a sous les fièvres de l’érotisme un mystère abominable, un instinct destiné à nous conduire efficacement sur les chemins du renoncement stoïque ou du suicide affectif. Après que nos gènes ont accompli leur saint office sexuel, l’amour s’épuise à retrouver les charmes des premiers jours. Les âmes sensibles de mon espèce s’en font une montagne. Qu’ils périssent en martyrs si ça leur chante, gloussent les mignons de Sir Darwin ! De toute façon, la nature évince les faibles pour ne garder que la férocité originelle nécessaire à sa perpétuation. Mais il est tellement faux de dire que peine d’amour n’est pas mortelle. Paradoxe ? Oui, comme l’esprit aime à s’en inventer quand il est enchaîné à son vaisseau de chair électrisée. En vérité, je vous le dis, c’est toute une partie de son âme dont on se voit amputé, lorsque l’autre vous quitte. Quelque chose meurt à soi-même et on met un moment avant de comprendre ce que c’était. Appelez ça illusion ou innocence, c’est l’élixir de vie qui coule à gros bouillons maintenant hors de vos artères. En résumé, l’expérience d’un amour non partagé est certainement, avec la perte d’un proche, une des blessures les plus cruelles que l’on puisse infliger à un être humain. Et ces deux choses m’étaient arrivées à moi, successivement, implacablement, dans la fleur de ma jeunesse. J’avais beau faire, je ne pouvais pas l’encaisser.
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— Vous marquez un point, il a dit après s’être attaqué à la strate curaçao de son cocktail. Mais vous avez des objections de classe supérieure… La plupart des gens ne vont pas si loin. La frousse de la maladie, l’horrible décrépitude et les affres de la mort leur sont une raison suffisante d’accepter une prothèse ou une greffe. Vous êtes entourés d’individus déjà modifiés. La transformation de notre évolution est en marche. Regardez bien autour de vous. Les aveugles recouvrent la vue, les sourds entendent à nouveau, les cardiaques ont des cœurs en titanes, les paraplégiques marchent et déplacent des objets par la seule puissance de leur pensée. La science a accompli plus de miracles que tous les fils de dieu incarné dans toute l’histoire du monde. Si vous ne prenez pas le train en marche vous risquez de vous retrouver dans la situation d’une espèce qui refuse de muter. Une espèce inférieure. Et vous savez ce que devient une telle espèce… Elle disparaît sans laisser de traces.
— Alors je fais peut-être partie des derniers hommes, une espèce de plus en plus rare, je vous l’accorde. Et c’est bien en homme que je compte vivre cette vie imparfaite et douloureuse et la finir. Je vous souhaite une bonne nuit.
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Je me suis dégoté un coin dans l’herbe en face de l’étang et bien calé sur mon sac j’ai contemplé les oiseaux. Les visions défilaient net autour de moi. Une brise légère, le grelot des feuilles. Un couple de cygnes glissant pleins de morgue sur le miroir de l’eau. Emmitouflés dans leur carrosse de plumes, ils se promenaient sur un domaine de rêves et de reflets comme des aristocrates l’auraient fait sur les landes de leurs ancêtres. Alors j’ai songé à Ben. Tout le film à l’envers. À ses rires énormes et à ses cris perçants qu’il poussait comme une mouette quand, tout gosses, je lui courais après à travers la maison. C’était si loin. Et tout cela résonnait en moi avec d’étranges dissonances, comme une vieille comptine soudainement remémorée, fredonnée avec hésitation. Le parc était pratiquement vide, alors j’ai pu chialer un bon coup sans que ne personne me voie.
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Et puis la noirceur est revenue, insidieuse et piquante, tandis que je franchissais les frontières de mon quartier, entre la rue des Algériens et la zone des restau asiatiques. J'ai senti monter en moi une peine infinie, assez semblable à cette nostalgie qui vous prend aux tripes, quand loin de chez vous, vous songez à la terre natale. L'atmosphère du septième arrondissement avec ces gens qui s'agitent en tous sens sur les trottoirs sans savoir où ils vont, Mme Feruz, l'épicier et même M. Morino, je me rendais compte tout à coup qu'ils étaient tous devenus malgré moi les habitants de ma petite planète. Ils avaient tous tricoté un truc en moi, un truc qui était comme les mailles de mon âme. Me séparer de tout ça maintenant, c'était déjà un avant-goût de la mort.
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Maintenant que j’étais à la dèche et quasi à la rue, tout prenait une proportion concrète et tragique. Je n’arrêtais pas de me dire que j’étais un bon à rien, un parfait loser. Ma pitoyable existence avait des allures de farce grotesque dont la seule consolation était qu’elle s’éteindrait tôt ou tard dans le silence immense du cosmos. Mais le plus insupportable, c’était encore la perspective de ne pas honorer ma promesse envers mon frère. Je décidais que mon honneur pour le reste de ma vie d’homme dépendrait du succès ou de l’échec de cette unique entreprise.
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Le pays n'était plus qu'une immense multinationale tenue par une poignée de patrons cyniques, gérant les citoyens comme les effectifs interchangeables d'un open space hystérique où chacun luttait contre tous pour sa survie. Qu'était devenue cette nation éclairée qui avait coupé la tête de ses tyrans, illuminé la Terre de ses idées flamboyantes et inventé une société équitable dont les principes allaient à l'encontre de la logique scandaleuse du marché ? Barricadé derrière la porte de son HLM, se goinfrant de plats surgelés truffés d'hormones et d'OGM, le peuple s'abrutissait à présent devant d'insipides séries policières en priant pour que les vertus de cette trêve apathique se prolongent jusqu'à la fin des temps.
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Y en a qui disent que c'est un anarchiste, un terroriste, un tueur complètement maboul et qu'il mérite qu'une chose, de se faire trouer la peau une bonne fois pour toutes. D'autres le voient comme un justicier qui veut rétablir l'équilibre entre les maudits de ce monde et les puissants. C'est pour ça qu'une partie de l'opinion publique est partagée. Les gens sont tellement opprimés de nos jours que quand les rôles s'inversent, de voir une chose pareille, ça les purge de toutes les saloperies qu'ils ont accumulées dans leur sale âme.
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Tout spécimen humain doit avoir un récit à offrir à ses congénères et à soi-même pour que son existence ne se désintègre pas contre les innombrables déceptions fournies par l’expérience sociale. J’entends par fiction, un certain accommodement avec la vérité et les réelles aptitudes psychiques à y faire face. Dans le meilleur des cas, elle vise à gonfler sa confiance en soi et donne l’impression de surfer sur la vague. La moindre estafilade dans cette couverture a des conséquences terribles. Il n’y a pas si longtemps, ma légende personnelle faisait de moi un homme de trente-cinq ans plutôt en bonne santé, affable et cordial. Je passais aussi pour quelqu’un de globalement positif et enthousiaste, peu centré sur son ego et doté d’un solide sens de l’humour, même face à l’adversité. Bref, je m’étais confectionné une doublure avantageuse. Pourquoi ce récit s’était-il soudainement détricoté au point de me laisser aussi nu qu’un ver au milieu d’un banc de piranhas ? Cela demeurait à mes yeux un inentamable mystère.
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Le monde m’apparut dans son hideuse vérité. Le pays n’était plus qu’une immense multinationale tenue par une poignée de patrons cyniques, gérant les citoyens comme les effectifs interchangeables d’un open space hystérique où chacun luttait contre tous pour sa survie. Qu’était devenue cette nation éclairée qui avait coupé la tête de ses tyrans, illuminé la Terre de ses idées flamboyantes et inventé une société équitable dont les principes allaient à l’encontre de la logique scandaleuse du marché ? Barricadé derrière la porte de son HLM, se goinfrant de plats surgelés truffés d’hormones et d’OGM, le peuple s’abrutissait à présent devant d’insipides séries policières en priant pour que les vertus de cette trêve apathique se prolongent jusqu’à la fin des temps.
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Son histoire lui faisait dire qu’il arrive toujours dans la vie un moment où un homme doit se confronter à une épreuve très spéciale, une épreuve pendant laquelle tout ce qu’il croyait savoir sur lui-même se réduit à trois fois rien. Et que c’est justement dans cet infime résidu qu’on peut savoir ce qu’on vaut vraiment. Tout le reste, c’est du pipeau.
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