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Critiques de Carl Gustav Jung (149)
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Commentaire sur Le Mystère de la fleur d'or

Dans «Le Commentaire sur le Mystère de la Fleur d’Or», Jung propose une approche qui déplace la métaphysique vers la psychologie.

Il décrit une méthode d’investigation de l’esprit, qu’il faudrait d’abord assimiler avant de lire ses autres écrits.

Jung considère les religions ou les spiritualités comme représentant des manifestations fondamentales de la psychè humaine. Elles reflètent les interactions entre l’inconscient et le conscient qui pour lui sont le propre de la vie mentale de tout être humain.

Comment Jung les décrit-ils :

- L’inconscient est collectif, c’est une matrice qui contient ou génère les «archétypes», objets mentaux inconscients qu’il suppose communs à tous les hommes. Ces objets sont sans clivage, ils sont en tant que symboles avec deux faces, ils apparaissent dans les rêves, les religions, les mythes.

- La conscience donne une interprétation, un sens aux contenus qu’offrent le monde extérieur et le monde intérieur. Le monde devient compréhensible mais au prix d’un clivage des objets mentaux, il y a séparation des contraires bien/ mal, vrai/faux, beau/laid.

Interpréter les croyances religieuses ou les textes métaphysiques comme des contenus symboliques est doublement enrichissant : on accède à un sens clair pour des croyances qui, considérées en elle mêmes, paraissent obscures et arbitraires; ce sens est celui d’un processus d’échange dans un langage symbolique entre l’inconscient et le conscient. De plus ce sens éclaire des possibilités individuelles concrètes de compréhension, de guérison ou d’accomplissement.

Dieu… C’est remarquablement un symbole de l’archétype «Inconscient», une image qui convient pour représenter notre partie mentale cachée qui nous détermine. Dieu se manifeste à la conscience individuelle mais il ne peut être saisi entièrement. Le symbole met ensemble, l'antonyme littéral du «symbolique» est le «diabolique», ce qui divise.

Autre tradition… Jung interprète le Tao chinois comme une description symbolique d’un processus de transformation pour atteindre une réalisation psychologique : la découverte d’un point d’équilibre pour l’esprit entre l’inconscient et le conscient, Jung l’appelle la réalisation du Soi.



Avec son approche, Jung dessine un brillant rapprochement entre les traditions de l’Orient et celles de l’Occident. Si l’on tentait une synthèse métaphysique, on n’irait pas très loin. Jung permet d’aborder les deux systèmes avec une même grille de lecture, celle de la psychologie analytique.

L’Orient part de l'inconscient, ou plutôt est parti depuis bien longtemps de l’inconscient, il peut reconnaître dans la conscience les figures, les complexes autonomes qui viennent de l’inconscient. Cela fait écho à la classique critique du moi des spiritualités orientales (qui déroute tant les occidentaux). Trouvez comment relâcher l'emprise qu'ils ont sur la conscience peut mener à l'accomplissement que le Tao désigne métaphoriquement par «le corps de diamant». Les objets venant de l’inconscient sont identifiés et les contraires ne sont pas séparés, c’est le principe du yin et du yang. Ainsi la conscience ne nie pas l’inconscient et peut trouver un point s’équilibre.



L'Occident moderne part de la conscience et nie fanatiquement l’inconscient et donc sépare les contraires. Il y a menace individuelle ou collective que cette négation ravage le moi en le submergeant de contenus refoulés. Le salut serait de réintégrer, en les comprenant les avatars de l’inconscient, ils libèreraient la conscience et permettraient de se replacer sur le point d’équilibre (désigné par le Tao).

Quand le christianisme pouvait encore être une évidence individuelle… Dieu s’incarnant, était le symbole de l’intégration de l’inconscient au conscient. L’Eglise puis nos sociétés scientistes ont produits une morale qui a promu le bien, une réflexion rationalisé qui a promu le vrai, auxquelles nous adhérons sans comprendre que les contraires qui ont été niés peuvent resurgir incompréhensibles et dangereux dans la réalité.



Jung le dit mais et n’y insiste peut être pas assez dans ce texte : les métaphysiques parlent un langage symbolique très simple et très puissant qui nous dit qui nous sommes et comment le vivre.

La symbolique autour de Dieu nous parle de notre nature psychique profonde.

Le Tao nous guide vers un point d’équilibre possible et protecteur.

Ce point d’équilibre existe, il devrait être notre foi. Et si le thérapeute peut aider à le trouver, sa recherche et sa découverte ne peuvent être qu’œuvre individuelle. À ce point la vie de chacun peut se transfigurer. Jung décrit une sorte de processus d’illumination où, on ne résout pas le problème mais où,on le dépasse, c’est à dire qu’on parvient à un nouveau niveau de conscience induit souvent par un événement extérieur ou par une expérience intérieure fortuits.



La pensée peut aussi guérir.



Il y aurait aussi beaucoup à dire sur l’autre préface de ce livre, sur le Yi King et cette idée très originale de Jung, la synchronicité… A voir dans un autre commentaire…

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Un mythe moderne

Lorsque C. G. Jung s’attaque à la problématique des extra-terrestres, plus personne n’ose sourire. L’érudition et l’extrême finesse de raisonnement de ce grand homme vont enfin mettre un terme aux deux attitudes radicalement opposées qui s’attachent d’une part à nier, d’autre part à accepter totalement la réalité du phénomène. A la limite, le problème est le même que celui de savoir si Dieu existe ou non (à une différence d’échelle près). Mais même ainsi, la question reste mal posée. Pour C. G. Jung et pour nous, ceux de ses lecteurs qui reconnaissent en lui le « suprême et pathétique effort pour nous crier que sans une compréhension profonde […] du phénomène-homme, sa survie est problématique et son avenir bouché », peu importe que le phénomène existe réellement ou non sur le plan physique, c’est son existence psychologique qui doit nous retenir.





Le phénomène des visions de soucoupes volantes sera donc considéré comme une rumeur visionnaire qui manifeste une excitation puissante, émanant d’une source profonde –l’inconscient. C. G. Jung pense que cette rumeur montre l’inadéquation de l’homme moderne à lui-même et au monde et que cette mise en forme collective d’une angoisse traduit les tensions d’un monde moderne qui a perdu la religion comme support d’expression. Mais il n’en reste pas là et une grande partie de son livre part à l’étude de nombreux rêves, peintures, témoignages et visions qu’il analyse à l’aide de la méthode amplificatrice, c’est-à-dire à l’aide de l’histoire comparée des symboles. Le parcours dans les inconscients individuels sarcle des millénaires de civilisation pour aboutir à la conclusion que ces visions de soucoupes volantes manifestent l’archétype du Soi, apparaissant ici sous la forme d’une Epiphanie céleste. La détermination de ce Soi devrait conduire C. G. Jung sur une des voies possibles conduisant à l’Unus Mundus.





Lorsque de nombreux psychanalystes rabaissent l’individu à n’être que l’atome lubrique d’une grande totalité sans âme, C. G. Jung lui confère au contraire une dignité inconditionnelle. Il peut se pencher sur n’importe quel sujet, son érudition et sa circonspection imposent le respect.
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Ma vie

J'ai beaucoup aimé cette biographie.

Les travaux de Jung m'ont toujours intéressé, et je suis loin d'avoir fini de les explorer. (Pour l'instant je n'ai abordé que le plus simple ) Ce livre offre beaucoup de pistes de compréhension de son oeuvre et de sa vie, même si la masse d'informations fournies est impressionnante;

Pour moi il y a un signe :J'ai envie de le relire un jour.
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Réponse à Job

Où Jung nous apprend que, malgré les apparences, ce n'est pas Dieu qui instruit l'homme, mais l'homme qui instruit Dieu. Dieu, dans son état pléromatique, est à la fois chaque chose et son contraire : le bien et le mal, le juste et l'injuste, la colère et l'amour, etc. L'homme, créature finie, fait surgir en lui-même certaines qualités plutôt que d'autres. Ainsi, dans sa confrontation à l'homme différencié, Dieu découvre le discernement qui prélude à la différenciation. S'ouvre alors une nouvelle quête qui est celle de la Sophia. Malheureusement, déplore Jung, dans cette quête Dieu a minimisé la portée du mal (Satan) et c'est peut-être la raison pour laquelle le christianisme semble dégénérer au fil du temps. Son incomplétude n'est peut-être que provisoire, et c'est sur cette rêverie que nous laisse méditer Jung.
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Psychologie et religion

Ce qui est drôle avec C. G. Jung c’est que ses adversaires le critiquent pour des raisons qui sont entre elles contradictoires. D’un côté, on lui reproche de psychologiser le phénomène religieux et de le destituer d’une prétendue dimension transcendante qu’il devrait se trimballer autour du cou comme un grelot ; d’un autre côté, on lui reproche de mystifier la psychologie en donnant à certains événements de l’âme une dimension sacrée qui ne devrait se retrouver que dans l’enfermement des cloîtres et des monastères. Finalement, les deux critiques s’annulent. A moins qu’elles résultent d’une dualité âme/corps issue d’un cartésianisme mal digéré, j’en sais foutre rien. Bref, Jung s’adresse avant tout à ceux qui seront capables de comprendre que « peu importe ce que le monde pense de l’expérience religieuse ; celui qui l’a faite possède l’immense trésor d’une chose qui l’a comblé d’une source de vie, de signification et de beauté et qui a donné une nouvelle splendeur au monde et à l’humanité. »





Chapitre premier : « L’autonomie de l’inconscient ».

Cette autonomie est responsable des névroses qui se produisent dans tous les cas où le mouvement de l’inconscient est ignoré du Moi conscient de l’individu. « Dans la mesure où un homme est névrosé, il a perdu la confiance en soi. Une névrose est une défaite humiliante ; elle sera ressentie comme telle par tous ceux qui ne sont pas entièrement conscients de leur propre psychologique. » L’inconscient pourra alors être ressenti comme quelque chose de menaçant. Le Dieu de l’Ancien Testament pourrait nous en fournir une représentation parlante et, dans tous les cas où nous rencontrons notre inconscient sans le reconnaître, l’expérience du numineux nous étreint.





Chapitre deux : « Le dogme et les symboles naturels ».

Jung nous rapporte l’exemple d’un de ses patients, homme très rationnel, souffrant d’une maladie dont l’origine est au moins partiellement somatique. Il fait plein de rêves référant à la symbolique religieuse. « Il craignit de perdre la raison alors que deux mille ans plus tôt, un homme eût accueilli de tels rêves avec joie ; il y eût puisé l’espoir d’une renaissance par l’esprit et d’un renouveau de vie ». De l’importance de reconnaître des visions qui semblent provenir de l’extérieur comme nous appartenant en propre pour éviter d’exacerber les querelles de voisinage qui, nous le savons, finissent souvent en holocaustes général : « Comme personne ne saurait reconnaître en quoi et dans quelle mesure il est lui-même possédé et inconscient, on projette tout simplement sur le voisin son propre état psychique, et ainsi se crée le devoir sacré d’avoir les plus gros canons et les gaz les plus asphyxiants. Le pis est que chacun a parfaitement raison. » De l’importance également pour l’analyste de ne pas faire cas de ses conviction dogmatique afin de laisser le patient opérer sa dialectique personnelle avec son inconscient : « Si donc un malade était convaincu de l’origine exclusivement sexuelle de sa névrose, je me garderais bien de le troubler dans son opinion, car je sais qu’une telle conviction, surtout si elle est profondément enracinée, constitue un excellent moyen de défense contre l’assaut de la terrible ambiguïté inhérente à toute expérience immédiate. »





Chapitre trois : « Histoire et psychologie d’un symbole naturel ».

Interprétation de la symbolique des rêves du patient à l’aune des traditions spirituelles les plus anciennes, avec une petite préférence pour le gnosticisme et l’alchimie. « [Les rêves et les symboles présents chez l’homme moderne indiquent que] tout se passe comme si les gens avaient lu les vieux traités relatifs à la pierre philosophale, à l’eau de Jouvence, à la rotondité, à la quadrature, aux quatre couleurs, etc… Et pourtant ils n’ont jamais été en contact avec cette philosophie, ni avec son obscur symbolisme. »

Dans ce dernier chapitre, Jung efface les jugements de valeur qu’on attribue trop souvent à certains phénomènes psychiques. Le refoulement n’est pas totalement négatif : « Le refoulement est une manière semi-consciente, semi-intentionnelle de laisser aller les choses dans l’indécision ou une tentative de masquer par du mépris une impuissance à atteindre quelque chose qui est inaccessible, ou bien un refus de voir, permettant de ne pas prendre conscience de ses propres désirs. » De même, l’autocritique peut être utilisée à bon escient comme moyen de progresser dans la découverte consciente des territoires ignorés de sa personnalité. Jung nous conduit en direction de l’individuation, nous rappelant que l’Ombre ne doit pas être totalement rejetée parce qu’elle peut trouver sa place dans un système personnel de valeurs et de comportements. « L’ombre est en règle générale seulement quelque chose d’inférieur, de primitif, d’inadapté et de malencontreux, mais non d’absolument mauvais. Elle contient même certaines qualités enfantines ou primitives qui pourraient dans une certaine mesure raviver et embellir l’existence humaine ; seulement, on se heurte à des règles établies. »





On s’imaginait que, depuis Nietzsche au moins, Dieu était mort ? Bof, ça serait pas la première fois. Dieu naît et meurt sans cesse, comme celui qu’on a embroché sur une croix. « Ce processus typiquement psychique [de la mort de Dieu signifie que] la valeur suprême, vivifiante, celle qui donne son sens à la vie, et la vie elle-même, s’est perdue. Ce processus est une expérience vécue, typique, c’est-à-dire fréquemment renouvelée, et c’est bien pourquoi il est exprimé à une place centrale dans le mystère chrétien. » Qu’on ne s’y méprenne pas, qu’on ne confonde pas le sens littéral et le sens métaphorique du symbole, au risque de souffrir comme Nietzsche de cette place laissée vacante dans les cieux. « La tragédie de « Ainsi parlait Zarathoustra » est que, son Dieu étant mort, Nietzsche devint un dieu lui-même, et cela advint précisément parce qu’il n’était pas athée. Il était d’une nature trop positive pour pouvoir supporter la névrose citadine de l’athéisme. Celui dont le « Dieu meurt » est guetté par « l’inflation », dont il va devenir victime. »





Erigène écrivait que : « L’homme, et c’est là sa définition la plus juste, peut être considéré comme un certain concept intellectuel éternellement créé dans l’esprit divin. » Jung émet l’hypothèse que Dieu, c’est un concept psychologique de l’esprit humain. Mais ce point de vue est empirique : dépendant de notre condition humaine uniquement, il n’interdit pas l’existence d’une réalité absolue totalement différente.

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Psychogénèse des maladies mentales

Comme je n’en suis plus à ma première lecture de Jung, vénéré en mon cartel, je dois bien reconnaître que cet ouvrage me parut assez plat. C’est qu’ici, la majorité des textes datent de la période au cours de laquelle Jung n’était encore que le petit disciple de Bleuler. On sait ce que provoque ce genre de situation : timidité, prudence, soumission au dogme en vigueur. Si bien que Jung, dans ce premier recueil d’essais, émet d’abord l’hypothèse d’une origine physiologique à la schizophrénie, ce qui plaît bien à son éducateur.





Les essais, classés par ordre de parution chronologique, nous montrent l’évolution de ce point de vue. Contre l’idéologie dominante, Jung affirme qu’on ne peut étudier la schizophrénie sans prendre en compte à la fois son origine physiologique et à la fois son origine psychologique (cf. le psychoïde). Il remarque en effet que les conditions environnementales du psychotique influent beaucoup sur l’évolution de sa maladie et si les psychiatres considèrent que leurs malades forment un bloc monolithique de symptômes, c’est parce qu’ils ne fréquentent que les cas les plus graves, reclus dans leurs asiles. Jung, à ses heures psychanalyste de ville, rencontre quant à lui des cas plus modérés et reconnaît que le tableau clinique montre une variété foisonnante de profils. Les états-limites ne sont pas encore désignés comme tels, mais nous en voyons ici une claire description.





Ne crachons pas dans la bonne soupe : même si Jung se montre ici moins spectaculaire que dans nombre de ses autres publications, il n’en reste pas moins d’une lucidité et d’une intelligence rares dans le milieu. Il évoque la nécessité pour le thérapeute de connaître les origines psychologiques de l’humanité –ce qui implique de ne pas céder à la mode athéiste moderne- et de chercher à comprendre son malade en pénétrant avec lui dans son univers –non en essayant de lui imposer celui du moment.





Enfin, c’est dans ces essais que Jung jette les bases de sa pensée constructive, à l’opposée de la pensée causaliste. Respectant l’œuvre de Freud, il prend toutefois ses distances et opère contre sa manie à rejeter vers le passé tous les contenus de l’inconscient d’un individu.





« L’esprit scientifique, dans la mesure où il a une pensée déterministe, est incapable de compréhension prospective, il ne comprend que rétrospectivement. […]

Comprendre l’âme selon le principe de causalité signifie n’en comprendre qu’une moitié. […] Dans la mesure où la vie réelle et actuelle est quelque chose de nouveau qui triomphe de tut ce qui est du passé, on ne doit pas voir la valeur principale d’une œuvre d’art dans son développement causal mais dans son action vivante. […]

L’âme n’est que d’un côté une réalité devenue, qui est, comme telle, soumise au point de vue causal, mais d’un autre côté, l’âme est en devenir, et cet autre côté de l’âme ne peut être saisi que de façon synthétique et constructive. Le point de vue causal se borne à se demander comment cette âme actuelle est devenue ce qu’elle est aujourd’hui. A l’opposé, la perspective constructive se demande comment jeter un point entre cette âme ainsi devenue et son avenir ? »





Que sait l’âme de notre avenir ? Ses troubles, ses désirs et ses terreurs ne renvoient pas seulement au passé. Sa principale nourriture reste l’espoir et en ceci, lui demander dans quelle direction elle veut s’orienter peut permettre de résoudre ses principaux tourments.

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Dialectique du moi et de l'inconscient

Je suis plutôt content.

Content car finalement Jung a une vision qui me plaît bien de son travail et redore un peu la psychanalyse. Il a réellement abandonné Freud à ses bêtises, son complexe oedipien à la ramasse, son transfert limité, son analyse des rêves tout aussi limitée...

Jung a hélas pour lui un côté théoricien et philosophe. Hélas car il se dit vouloir rester dans le clinique, dans le "concret" et tente de donner corps à ses préceptes théoriques. Ca ne marche pas trop dans ce livre.

Dans ce livre, il y a aussi un peu trop de répétitions, mais sans doute ce n'est qu'à ce prix qu'il juge qu'on puisse arriver à comprendre ce qu'il souhaite communiquer... Il n'a sans doute pas tort.

Les concepts qu'il met en avant : le Moi, le Soi, l'animus et l'anima, la persona et la personnalité mana, sont assez clairs. Compréhensibles à mon sens et relativement praticables. Et qui correspondent fort à tout un pan dans la philosophie et dans les spirituelles qui se taillent actuellement une bonne part du lion... On sort de l'homo occidentalus qui n'a rien comprus en terme de spiritus à la vision plus complète et harmonieuse (ou tendant vers l'harmonie) de nos chers amis orientaux. Ca fait du bien. On le sent précurseur. On le sent ouvert. Je me réconcilie avec lui, que j'avais un peu hâtivement classé dans les bêtes psychanalystes... Je suis donc content.

Attention c'est un homme du début du 20e siècle et donc concernant les différences homme-femme, on peut parfois grincer des dents ou doucement rigoler, tellement cliché parfois... Mais bon, c'est de son époque. (Mais en est-on sorti ? Vraiment ??)



Bon, ben Finalement, Jung : j'aime bien.
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Psychologie de l'inconscient

A l’origine de ce court ouvrage, qui se lit sans grande difficulté et reflète assez bien les préoccupations de la psychologie analytique, se trouve un article écrit par Jung en 1912 et publié dans les Annales de Rascher, « Les voies nouvelles de la psychologie ». Révisé ensuite à de multiples reprises, cet article s’est étoffé jusqu’à devenir cette « Psychologie de l’inconscient ».





En 1912, la rupture entre Jung et Freud n’était pas encore consommée, même si elle se confirmait sans cesse davantage. Il est assez facile d’imaginer que les multiples reprises de l’ouvrage effectuées par Jung visaient à renforcer les théories qui distinguaient sa psychologie analytique de la psychanalyse freudienne. Pas un chapitre ne se passe sans que Jung ne vienne implicitement remettre en question les théories de Freud. Les comptes se règlent silencieusement, ici et là, au gré des chapitres.





La théorie du tout-à-l’Eros ? Très peu pour Jung. Et pourquoi pas plutôt la volonté de puissance d’Adler ? Pourquoi certains préfèrent-ils tantôt une de ces théories, tantôt l’autre ? Une histoire de types psychologiques, suppose Jung, présentant au passage un résumé des idées qu’il développera avec succès dans « Les types psychologiques ».





Et la théorie du rêve, avec sa distinction entre le contenu manifeste et le contenu latent – entre énoncé et énonciation ? Non, Jung préfère stipuler la bonté naturelle du rêve qui, contrairement à l’homme (comme si l’un et l’autre étaient distincts) ne dissimulerait rien, ne tromperait pas, et dirait la vérité, rien que la vérité. De la même façon, Jung parle de l’inconscient comme s’il s’agissait d’une entité autonome qui montrerait à l’homme la supposée bonne trajectoire de l’individuation. Les prémices du développement personnel se trouvent en germe dans cette vision des phénomènes. Jung semble ici essencifier l’inconscient en l’assimilant aux qualités qu’il considère comme étant celles du Bien. Ce faisant, il ne parle évidemment plus d’inconscient mais surtout de ses propres fantasmes.





Jung a également souvent tendance à réduire le rôle du psychanalyste (ou plutôt, dans son cas, du psychologue analytique) à celui de l’éducateur. Il considère en effet que les rêves sont « un instrument d’éducation et de traitement infiniment utile » et qu’ils se meuvent « dans la ligne du progrès et prennent le parti de l’éducateur ». L’éducation se trouverait du côté du psychologue. Cette déclaration faite, Jung n’a plus besoin de chercher à mettre en valeur ce qui différencie ses idées de celles de Freud. Il apparaît assez clairement que la psychologie jungienne n’est pas une psychologie de l’inconscient mais une psychologie de la volonté, et plus particulièrement de celle de « l’éducateur ». Alors que la psychanalyse permet au sujet d’accepter d’assumer à nouveau sa responsabilité, la position de la psychologie analytique, telle qu’ici présentée, suppose que le « patient » continue en effet de rester passif en déléguant la responsabilité de ses impasses à celui qui se présente comme ayant une juste réponse à fournir – bien qu’elle ne soit pas la sienne.

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Mysterium conjunctionis 01

Jung a ceci de caractéristique que sa psychologie analytique ne fut pas seulement un domaine de spéculation idéatique mais une esthétique s’emparant pleinement de chaque pan de sa vie : il l’exprima poétiquement (le Livre Rouge, les Sept sermons aux morts), scientifiquement (Dialectique du moi et de l’inconscient, Métamorphoses de l’âme et ses symboles, etc.) et herméneutiquement (Aïon, Mysterium conjunctionis I & II). Preuve en est donnée que frayant ainsi sur chaque lame de sa vie intellectuelle, la psychologie analytique de Jung n'est pas seulement une science dite objective, comme son auteur avait pourtant essayé de le faire croire. Mais revenons-en à nos symboles et, dans le domaine herméneutique, si Aïon m’avait déjà paru imbuvable, la torture fut encore plus fine – mais non moins intense – avec Mysterium.





Le travail effectué par Jung part pourtant d’une bonne intention – ceci pourrait, il est vrai, susciter dès l’abord notre méfiance. Sa collaboratrice d’alchimie Marie-Louise von Franz accentue le trait pathétique en déclarant même que Jung se serait penché sur un « tas de fumier » constitué de livres anciens d’alchimie tous plus obscurs et abscons les uns que les autres afin d’en tirer la substantifique moëlle pour l’unique gloire de la connaissance. Cette opération, elle-même alchimique, s’appuie sur le présupposé jamais interrogé par notre éminent psychologue que les manifestations symboliques renverraient à des référents transcendants qui leur insufflent sens et puissance. Fusionnant l’esprit de la nouvelle théologie et le kantisme, c’est-à-dire supposant que le sujet détient naturellement une connaissance des vérités surnaturelles en dehors de toute soumission à une autorité traditionnelle, mais qu’il en est éloigné par toute l’épaisseur de sa mondaine ignorance qu’il appelle conscience, Jung parcourt les grimoires anciens dans l’espoir de repérer les liens qui s’établissent d’un symbole à l’autre dans l’histoire de l’humanité. Il suppose que les auteurs de ces traités alchimiques parlaient sans savoir. Ce point est difficilement contestable. Malheureusement, Jung parle également sans savoir lorsqu’il prétend être moins inconscient que ses prédécesseurs et lorsqu’il se joue de cette supériorité, somme toute chronologique, pour établir la signification dernière des symboles alchimiques. En fait d’exploration de l’inconscient, Jung réalise surtout une étude statistique. Le sens d’un symbole sera d’autant plus sûr que ses occurrences seront élevées. Les sens plus rares ne sont cependant pas éliminés, comme cela pourrait se faire dans toute bonne démocratie qui se respecte : en ce sens, il ne serait pas loyal de dénier à Jung son naturel penchant à l’élitisme de type monarchique. Le symbole ainsi considéré dans tout l’éventail de ses significations glisse lentement mais sûrement vers l’imaginaire. Jung tisse les différentes images associées à un symbole à la manière d’une grouillante toile de Bosch.





Dans cet essai, Jung ne se livre pas à de la psychologie – encore moins à de la psychanalyse, cela va sans dire. Il oublie complètement le sujet humain et prétend établir une nomenclature qui serait objective. Le symbole aurait un sens autonome qui ne trouverait à se déployer en un sujet que de façon contingente. Nous finissons même par nous demander quelle est la place de l’homme dans ce processus, si ce n’est de servir l’archétype qui chercherait une forme corporelle pour se réaliser dans toutes ses dimensions. Jung sous-entend également que le symbole peut se manifester à l’esprit de quelques-uns comme une indication prophétique – un conseil divin – destiné à aider l’humanité dans son accomplissement. Le problème de l’accomplissement, c’est qu’une fois accompli, tout le monde oublie à quoi il devait servir. Mais il y a encore pire : l’objectivité mise au service du bien commun conduit aux abominations les plus discrètes : le symbole objectivé devient ainsi signe de l’être supposé du sujet, auquel le véritable être du sujet – s’il en a un – devrait se soumettre.





Lacan disait de Jung : « son problème, c’est qu’il connaît toute la vérité » alors que l’idée de la vérité ne fait que nous reposer de notre irréductible ignorance. Mais il y a encore pire que de croire connaître toute la vérité, c’est de croire que cette vérité est la même pour tous, et que la jouissance que Jung a soutiré de son interprétation symbolique sera également la jouissance de son lecteur. Je m’efforçai un temps de jouir comme Jung car je croyais en la voie qu’il proposait puis, réalisant que je devais lui apposer des béquilles à tous les encans pour qu’elle continue de coïncider avec ma vie, je lâchai progressivement cet effort et reconnus que la jouissance de Jung n’était pas mienne. Et d’ailleurs, quand bien même Jung se présentait comme un « psychologue analytique », il est fort à parier que ni la psychologie ni, à plus forte raison, l’analyse, qui s’éloignent de l’objectivable pour tomber dans le non-sens logique d’un être, ne lui étaient fort ragoûtantes.





Ne vous trompez pas sur l’emballage : l’étiquette porte bien le titre de « psychologie analytique » mais cet ouvrage s’intéresse moins aux méandres de la subjectivité, à nuls autres pareils, qu’au projet d’atteindre statistiquement l’essence des archétypes qui sont traditionnellement supposés soutenir la base de la manifestation des formes symboliques en notre monde.

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Métamorphoses de l'âme et ses symboles

[Le site n'offre pas assez de caractères pour parler de C. G. Jung > texte tronqué, OSEF]



Restez balbutiants les amis, fermez-la devant ce miracle. Je m’attarderai uniquement à réfléchir aux hypothèses neuves présentées dans cet essai de plus de 700 pages car –condensés mais pas que-, les trésors de l’humanité ici synthétisés dans ce qu’on imagine être leur brutalité originelle (un premier degré pas emmerdant) permettent aussi de réfléchir au processus d’individuation que se doit d’accomplir chaque individu. L’homme moderne : tel doit être l’objet de notre compréhension. Sur le feu, il crame, l’intérieur de la casserole sent le graillon. On se souvient du bon vieux temps de la salaison. Tout n’est pas encore perdu. Sa folie trouvera justification ; sa veulerie méritera compassion ; mais nous ne lui permettront plus d’en rester là. Reprenons dans l’ordre.



Comme l’écrivait Emil Cioran : « Si une seule fois tu fus triste sans motif, tu l'as été toute ta vie sans le savoir ». Nous parlons de la tristesse décisive qui marque un point de rupture. Après l’avoir éprouvée, impossible de retrouver le monde comme avant. D’ailleurs, vous vous souvenez du bon vieux temps : vous avez longtemps fait le bouffon, comme sur le strapontin où on envoie les phoques faire les clowns devant les enfants. Il est vrai que l’effort n’était pas à la hauteur du réconfort. Le phoque aura sans doute la vie trop courte pour comprendre qu’il tourne en rond ; malheureusement, l’espérance de vie moyenne de l’homme ayant drastiquement augmenté ces dernières années, la plupart d’entre nous peut déceler l’anguille qui se cache sous la roche. Alors, vous quittez le strapontin et décidez de ne plus jamais y revenir. C’est ce qu’on appelle renâcler du gland. Vous faites peur à vos proches, normal, voilà que l’emmerdeur émerge dans la proximité –on n’aurait jamais pu deviner qu’il se cachait sous l’apparence du chien à sussucres. C’est qu’on ne provoque jamais la vie sans se faire buter par elle en retour. Toutes les recommandations que l’on peut vous faire pour que vous reveniez sur la terre plate n’y feront rien. Vous connaissez la rengaine. Les toubibs avant eux l’avaient déjà inventée : la réification de l’individu qui se cache derrière le malade. La nosographie permet d’en dissimuler les traits saillants sous une armature clinique ainsi rendue inoffensive. Que se passerait-il si on comprenait la signification réelle des symptômes ? Employons les grands mots qui siéent aux grands maux : qu’adviendrait-il des biens portants si on reconnaissait la quête métaphysique que poursuivent les malades ?



Pour le frisson intellectuel, on aime souvent rappeler que c’est avec ce texte que Jung signa sa rupture définitive avec Freud –précisément à la page 174, dans la deuxième partie. Ou plutôt, c’est que Freud, dans son genre de paranoïa pas catégorisé dans le tableau nosographique des délirants, crut y relever l’ultime offense faite à son œuvre dogmatique. Discordance sur les notions de libido –toute sexuelle pour Freud, considérée au sens vaste d’énergie vitale pour Jung- et le nom de ce dernier fut balafré de la liste V.I.P. des psychanalystes. Grand bien lui fasse. Le processus d’individuation le dit lui-même : il nécessite un jour de s’éjecter hors de l’orbite qui nous faisait tourner en bourrique, pour devenir à soi-même un nouveau système autour duquel viendront se greffer de nouvelles pousses, le temps qu’il leur faudra pour s’envoyer en l’air à leur tour. Ainsi va la vie.



Ayant ainsi compris pourquoi Freud cessa définitivement de kiffer Jung, nous comprendrons également pourquoi Lacan et ses fifres ne purent admettre la moindre accointance avec ce psychanalyste magistral. C’est au niveau du symbole que ça coince. Prenons ce passage de la Métamorphose de l’âme :



« Ce qui surgit dans nos rêves et nos fantaisies était autrefois coutume consciente et conviction universelle. Or, ce qui eut jadis une telle puissance, ce qui put jadis constituer la sphère de vie spirituelle d’un peuple hautement développé ne peut avoir totalement disparu de l’âme humaine au cours de quelques générations ».



Le symbole s’inscrit au cœur de l’individu sur une pente qui tend à la phylogénie –j’extrapole car ce n’est jamais le terme employé par Jung, qui parle plutôt de nous renvoyer balader à des périodes préhistoriques de l’histoire de l’humanité. Le symbole est diachronique et se perpétue au fil des générations, issu d’un atavisme que l’individu reçoit nécessairement. Au contraire, Lacan explique le symbole synchroniquement. Il est recréé à chaque fois par l’individu dans son rapport au signifiant, à la béance fondamentale du premier rapport à l’Autre. Cette discordance dans la définition du symbole permet de mieux comprendre comment s’opposent d’une part la pensée causaliste (propre à l’école freudienne) et la pensée constructive (à laquelle on peut également rattacher J.-C. Pichon, Bergson et sans doute toute une pelletée).



- La pensée causale est déterministe. Se bornant à la compréhension rétrospective, elle n’est pas foutue d’admettre un point de vue prospectif. Elle n’admet qu’une âme devenue, figée, morte et incapable de s’animer en vue de son devenir.

- La pensée constructive pense qu’il n’existe pas de processus psychique qui soit sans but. Dans son essence, le psychique est orienté vers une fin. Elle pose la question : comment jeter un point entre l’âme ainsi devenue et son avenir ?



N’excluons pas une pensée au détriment d’une autre car les deux sont nécessaires. Ainsi que l’écrivait Jung dans « Psychogénèse des maladies mentales » : « Comprendre l’âme selon le principe de causalité signifie n’en comprendre qu’une moitié. […] Dans la mesure où la vie réelle et actuelle est quelque chose de nouveau qui triomphe de tut ce qui est du passé, on ne doit pas voir la valeur principale d’une œuvre d’art dans son développement causal mais dans son action vivante. […] ». Cette confrontation acquise à sa cause nous permet de creuser encore un peu ce qui sépare les deux écoles dans leur rapport au symbole. Pour Freud, la formation du symbole s’explique uniquement par l’entrave faite à la tendance incestueuse primaire (le mythe oedipien) et ne serait qu’une production de substitution. Pour Jung, elle annonce au contraire la renaissance.



Autre point de rupture qui ne fait pas kiffer Freud : Jung conteste que la santé signifie l’équilibre immuable (ça, ça ressemble plutôt à la mort : la roche, par exemple, on ne dit pas que c’est un être vivant ; vous non plus, vous n’aimeriez pas ressembler à un morceau de pierre, pas vrai ? alors respirez bon dieu, ça peut même être sain). Dans « Ma vie », Jung nous avait raconté les quelques crises majeures qu’il avait endurées au cours de son existence. Je me souviens particulièrement de cette crise de moitié de vie qui lui fit connaître une profonde dépression, soignée entre autres par une régression passée à jouer dans un bac à sable avec des morceaux de bois pour faire des petites sculptures de boue et de bâtonnets. Bien sûr, après cela, quelque peu regonflé d’énergie, il allait se laver les mains et retrouver ses patients. D’une manière plus sobre, il l’écrit ainsi :



« Chaque jour, après le déjeuner, quand le temps le permettait, je m’adonnais aux constructions. A Peine la dernière bouchée avalée, je « jouais » jusqu’à l’arrivée des malades ; et le soir, si mon travail avait cessé suffisamment tôt, je me remettais aux constructions. Ce faisant, mes pensées se clarifiaient et je pouvais saisir, appréhender de façon plus précise des imaginations dont je n’avais jusque-là en moi qu’un pressentiment trop vague ».



Arrête de te foutre de sa gueule : « j’étais sur la voie qui me menait vers mon mythe ». Tout le monde ne peut pas en dire autant. Ce n’est qu’en acceptant cette introversion, en reprenant les attitudes propres à son passé individuel, qu’il réussit à inverser son mouvement d’introversion. Dans la « Métamorphose de l’âme », c’est ce mouvement d’individuation qu’il cherche à décrire à nouveau, parce que ça lui fut salutaire –sans cela il aurait crevé sans mouvement comme tant d’autres qu’on appelle névrosés, trucs, ou qu’on n’appelle parfois plus, pour finir.



Donc, cette forme de semi-vie que l’on appelle névrose n’est pas digne de la conduite d’un gent individu. Cessez de faire vos mijaurées, choisissez. La vie ou la mort ? Car c’est à cela que se résume le choix. Il faudra, malheureusement, le faire plusieurs fois dans sa vie, jusqu’au moksha. « Refouler signifie se libérer illégitimement d’un conflit », « on se forge l’illusion qu’il n’existe pas ». Mais alors, ça devient quoi le complexe refoulé ? Prenons un exemple. Coutume qui se perd, mais qui se pratiquait assidûment dans le bon vieux temps, on pouvait parfois assommer le tendre époux devenu encombrant et, si c’était bien fait, tout le monde croyait qu’il était mort le temps qu’il le fallait pour l’enterrer bien profond sous terre. Le refoulé, c’est la même chose, seulement que parfois, comme le Père Goriot, il réussit à traverser la fosse septique des couches d’humus pour revenir frapper à la porte de ta conscience. Mais le Père Goriot, c’est qu’un roman, aussi bien dit, ça n’arrive que dans de rares cas. En réalité, la bonne grosse mégère qui a envoyé papa au fond du trou ne se sent pas si fière de sa lâcheté et tous les jours, elle craint de le voir revenir bouffé par les vers. Elle y pense tout le temps ; c’est-à-dire qu’elle fait en sorte de n’y penser jamais et ça la rendra un peu dingue. Sans qu’on ait forcément un cadavre dans les placards, aussi longtemps que le conflit sera nié, il empêchera l’individu de se rencontrer.



« La vie appelle l’homme au-dehors, à l’indépendance et quiconque, par commodité ou crainte infantile, n’obéit pas à cet appel est menacé de névrose. Une fois que celle-ci a éclaté, elle deviendra progressivement une raison plus que suffisante pour fuir le combat de la vie et rester à jamais embourbé dans la prison morale de l’atmosphère infantile. »



La religion est un système régressif mis au point par nos lointains aïeux pour permettre aux moins courageux d’entre nous de s’inscrire sur le chemin de l’individuation, c’est-à-dire contre le processus du refoulement névrotique. C’est qu’il s’agit de ne pas oublier une seule de nos erreurs pour les livrer à confesse –pour qui aime lécher les fesses- mais, dans le boudoir de votre relation à dieu, il vous est offert également de vous lamenter et de vous flageller en attendant que l’on vous gracie. Le dieu pourra bien foutre ce qu’il veut de vos conflits dont vous surestimez largement la valeur, cette sale manie que vous aurez à les exposer à sa tronche pour obtenir le pardon s’oppose au refoulement névrotique. Les deux bienfaits psychiques que vise l’éducation chrétienne sont donc les suivants : maintien en conscience du conflit de deux tendances qui s’opposent l’une à l’autre ; allègement du fardeau en l’offrant au dieu qui connaît toutes les solutions.



On dira que Jung n’est qu’un vieux catho qui a humé toutes les salles du bon dieu de la confession –tout ça parce qu’il insinue largement que le christianisme est de valeur supérieure –mais quiconque se sera tapé ces 700 délicieuses pages saura qu’il n’est parvenu à cette conclusion qu’avoir après absorbé une quantité de littérature majeure au sujet des religions, mythologies et légendes les plus ethnologiquement variées (hindouisme, mythologique grecque, mythologique germanique, mythologie égyptienne, mithriacisme, monothéismes, alchimie) pas négligeable, et qu’il les aime et les respecte comme il se doit.



Cependant, son étude comparée du symbolisme entre la religion chrétienne et les religions précédentes (judaïsme inclus) l’amena à comprendre que la communauté chrétienne fut la première à s’identifier à un archétype transcendant. Plus de recherche d’utilité humaine immanente : l’aspiration au symbole suprême instaure une intimité psychique jamais connue. Revers possible : pouvoir engendrer le danger de consomption des sphères instinctives personnelles par l’amour humain. C’est pourquoi la médiation incarnée vint atténuer le danger en détournant ces sources vives d’amour vers un seul personnage. Pourquoi rupture avec le judaïsme ? Parce qu’ici, la victoire remportée sur le père est aussi une victoire sur la puissance de la loi, donc une usurpation sacrilège du droit. Ce crime capital nécessite la projection de la faute sur Jésus, ce violeur de loi, second Adam pêcheur, modulo l’établissement de la relation avec un dieu fondamentalement différent du premier. Et comme c’est pas tout, non seulement on entérine la séparation d’avec le judaïsme mais on instaure en plus une rupture radicale avec les religions païennes précédentes qui croyaient venir à bout de leur vilenie en sacrifiant des animaux, dans l’idée que l’endormissement des instincts animaux en l’homme suffisait.



Avec le christianisme, c’est l’homme naturel tout entier qu’il faut abandonner. L’homme du christianisme ne pourra pas se contenter de domestiquer ses instincts animaux –ce qui n’est même pas permis au premier venu-, il devra y renoncer totalement et discipliner en outre ses fonctions spécifiquement humaines, donc spirituelles, pour les tourner vers un but transcendant. Les pauvres têtes creuses des siècles modernes s’agitent de consternation : c’est que du haut de leur échelle chronologique, elles croient avoir densifié leurs circuits neuronaux et s’arrogent désormais le droit d’un jugement impartial. Mais les institutions –même religieuses- ne restent jamais figées et si nous souhaitons les comprendre, bougeons-nous le cul ainsi que nous en exhorte Jung pour imaginer la situation qui pouvait être celle de l’homme réclamant le christianisme. La société de l’antiquité avait beau être relâchée, primitive et instinctuelle, elle n’était pas si bandante que ça. Suffit qu’une tendance s’affirme dans son extrême pour que la tendance opposée veuille à son tour imposer les siens : la tension s’accroît jusqu’à faire éclater le conflit. Si le christianisme a réussi à s’imposer à cette époque et dans ce contexte, c’est parce qu’il proposait un culte ayant pour but de dompter les instincts animaux par l’enseignement d’une morale de l’action, expressément ascétique. Par un travail séculaire d’éducation, le christianisme a viré progressivement l’impulsivité animale de l’antiquité ainsi que celle des siècles barbares ultérieurs, créant la civilisation que l’on connaît. Le temps a passé, la morale ascétique a fait des petits du haut de son platonisme immaculé, l’homme moderne fait la gueule et se trouve bridé de partout. Voire, il s’emmerde dans le monde organisé qu’il ne dépasse pas du bout de son nez.



« L’homme civilisé d’aujourd’hui semble bien éloigné [du sentiment de délivrance qui accompagna les débuts de la diffusion du christianisme dans sa volonté de dompter moralement les instincts animaux]. Il est simplement devenu nerveux [contrairement à l’homme moralement relâché]. Aussi les besoins de la communauté chrétienne ne sont-ils plus compris aujourd’hui. Nous n’en saisissons plus le sens. Nous ne savons pas contre quoi ils pourraient nous protéger ».



Ce qui est drôle c’est qu’on renie aujourd’hui le fondement religieux de notre civilisation en empruntant des voies de réflexion que seule notre religion a pu nous fournir. Reprenons. Le christianisme a permis à l’homme de se détourner du monde et de construire un monde spirituel intérieur capable de résister aux impressions des sens. Cette lutte contre le monde sensible a rendu possible l’apparition d’une pensée se développant indépendamment des choses extérieures ; une autonomie de l’idée susceptible de tenir tête à l’impression esthétique ; une pensée détachée de l’influence émotionnelle et capable de s’élever progressivement à l’observation réfléchie. Des siècles passent, la machine s’emballe. Résultat : on assiste à l’effondrement progressif du Logos (celui-là même qui poussait l’ancien chrétien à s’éloigner du monde) dans la Physis. C’est le fondement de la pensée scientifique moderne, peu ou prou les râteaux de l’échec vers la transcendance :



« En transposant le centre d’intérêt du monde intérieur au monde extérieur, la connaissance de la nature a infiniment grandi en comparaison de ce qu’elle était autrefois ; mais la connaissance et l’expérience du monde intérieur ont diminué en proportion. […] Même la psychologie moderne a grand-peine à revendiquer pour l’âme humaine un droit à l’existence et à faire admettre qu’elle soit une forme d’être douée de qualités que l’on peut étudier […] ».



Jung n’est pas très optimiste pour l’avenir de l’humanité qui renie ou méconnaît son passé. Considérant que le christianisme a été élaboré pour échapper à la sauvagerie et à l’inconscience de l’antiquité, nous risquons de voir renaître cette violence en jetant la religion avec l’eau du bain. Parlant des crises majeures du début du 20e siècle, Jung écrit :



« Nous avons vu ce qui se produit quand un peuple trouve trop sot le masque de la morale. Alors la bête est lâchée et toute une civilisation disparaît dans la folie de la corruption des mœurs. […] Nous nous imaginons que notre primitivité a depuis longtemps disparu et qu’il n’en subsiste plus rien. Sous ce rapport notre déception a été cruelle. Le mal a submergé notre culture comme il ne le fit jamais. Cet horrible spectacle nous permet de comprendre en face de quoi le christianisme s’est trouvé et ce qu’il s’est efforcé de transformer ».



L’homme de notre époque est peuplé d’un néant qui s’aligne peut-être sur la disparition du rythme, du temps et de l’espace. S’il reste des reliques d’initiation, de transmission et de tradition, celles-ci tournent comme des horloges folles dans quelques caves dissimulées de l’humanité, et on ne peut rien faire pour donner le tempo. On se retrouve avec des flopées de névrosés qui ne savent même pas ce qui leur manque. Leur libido tourne en rond dans un petit stade sans plaisir au lieu de s’ébattre, de se perdre et de s’accélérer dans les prés qui n’existent plus. Ici, les symboles se bousculaient. Chacun pouvait voir naître le sien, celui qui offre une voie d’expression à sa libido. C’est que le symbole fonctionne comme un transformateur : il fait passer la libido d’une forme inférieure à une forme supérieure en agissant par suggestion. Il persuade et exprime, au moyen de l’impression numineuse, le contenu même de ce dont il est persuadé.



« [L’âme] est à elle-même l’unique et immédiate expérience et la condition sine qua non de la réalité subjective du monde en général. Elle crée des symboles qui ont pour base l’archétype inconscient et dont la figure naissante surgit des représentations acquises par la conscience. »



On en tire une posture thérapeutique claire :

« Le premier devoir qui s’impose au psychothérapeute est de saisir le sens nouveau des symboles afin de comprendre ses malades dans leurs efforts compensatoires inconscients pour découvrir une attitude exprimant la totalité de l’âme humaine. »



Rien qu’à ça, on peut deviner que Jung devait être beaucoup plus cool que Freud, là, qui nous disait toujours comment nous comporter pour être le mec qui file du bon coton. Pour Jung, ça peut bien être de la bave d’araignée, il n’existe pas de valeur autre que celle subjective. Comme il disait, les sentiments sont le facteur d’évaluation le plus juste qui soit. Les valeurs objectives n’existent pas, sauf comme résultat d’un consensus général (et on sait combien c’est dégueulasse).



Autre nécessité du recours au symbolisme : il nous permet de comprendre les étapes qui entourent le chemin de l’individuation : dépression, introversion, régression, renaissance. Au début, le conflit peut se manifester par le sentiment de la nostalgie :





« Une partie de l’âme désire sans doute l’objet extérieur ; mais une autre voudrait revenir en arrière vers le monde subjectif où lui font signe les palais aéri
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Psychologie du transfert

Cette Psychologie du transfert trouve parfaitement sa place auprès des deux volumes de Mysterium Conjunctionis dans son objectif d’illustrer certains processus dits psychologiques par la référence à des textes et gravures alchimiques. Cette fois, Jung s’appuie sur une série de dix gravures extraites du Rosarium Philosophorum. Chacune de ces gravures représenterait selon lui une étape importante du processus de transfert. Nous découvrons ainsi que le transfert pourrait correspondre, d’après l’idée que Jung se fait de cette dynamique, au processus alchimique du hiéros gamos (le mariage sacré) entre la conscience et la partie de l’inconscient que Jung appelle l’anima, ou encore l’âme, soit l’archétype contenant des qualités d’essence féminine lorsque le sujet se reconnaît comme masculin en tant que « moi ». Vous apprécierez le courage qu’il m’aura fallu pour pondre une telle phrase dont la tournure ne décevrait pas les militants wokistes intergenristes de notre temps. Précisons simplement qu’une telle définition du transfert par Jung porte en elle l’indice qui représente à lui seul l’abîme incommensurable qui sépare la psychologie analytique, puis toutes les disciplines qui en émergèrent en tant que psychologie comportementale, coaching ou psychologie humaniste, etc., de la véritable psychanalyse. Lorsque les premières croient à la possibilité d’une (re)fusion réussie de la sphère de la conscience à l’inconscient, sans percevoir même l’impossibilité logique d’une telle proposition, la seconde n’apprend qu’une chose : l’impossibilité de la résorption du manque par la fusion avec l’objet considéré comme source de jouissance. D’ailleurs, l’inconscient n’est pas un objet. Le transfert, s’il porte bien sur un objet, se trompe dans sa croyance que l’objet possède le savoir sur le sujet qui manque au sujet, même si dans son choix d’objet et dans l’au-delà de sa demande même, le transfert dit à son insu le savoir qui manque au sujet.





Jung pour sa part reste absorbé par la dimension fantasmatique du transfert, et c’est bien la raison pour laquelle il a pu écrire un tel livre, puisque ce n’est en effet que par le fantasme que la complétude peut être (imaginairement) atteinte. Jung n’en a cependant pas conscience. Ainsi, même s’il aborde le chapitre de la mort, qui pourrait signifier que cette part du désir contenue dans le fantasme à l’origine du transfert peut être disséquée pour que le transfert devienne autre chose, la mort ne conduit chez Jung qu’à un renouveau du fantasme. A la mort succèdent les chapitres de l’ascension de l’âme, de la purification, du retour de l’âme et de la nouvelle naissance. La chaîne repart de plus belle.





Comme je l’ai déjà écrit suite à ma lecture de plusieurs autres ouvrages de Jung, ces représentations imagées ne sont pas critiquables en soi, et grand bien fasse à Jung s’il trouve dans le corpus alchimique un prétexte à revivification, à complexification et à densification chatoyante de son désir, mais qu’il ne vienne pas nous dire qu’il s’agit d’un processus général qui traduirait l’essence de l’Homme avant que de s’être interrogé sur sa fascination pour ces images – car dans cet insu de son savoir se trouve Jung, et nulle part ailleurs.

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Ma vie

Voilà un ouvrage passionnant, clairement écrit, dans lequel Carl Gustav Jung revient sur certains aspects de sa vie personnelle, mais surtout sur son travail de psychologue et sur son oeuvre. J'ai découvert un homme sensible, attachant, à la personnalité complexe mais profondément honnête envers les autres et surtout envers lui-même.

Une grande leçon de vie et une approche de la psychologie très intéressante qui m'a aidée à mieux comprendre cet aspect de la vie humaine qui me passionne...
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Ma vie

Ce texte est un voyage dans un esprit, celui de Jung. Pour bâtir sa méthode, l'homme s'est auto-analysé me semble-t-il (je ne suis pas spécialiste).

Un texte qui témoigne d'une culture foisonnante : histoire ancienne et mythologie d'à peu près toutes les civilisations, littérature, création artistique... IMPRESSIONNANT!

J'ai plus apprécié la première moitié du livre qui raconte l'histoire de cet homme, ses premières réflexions.

Complexe, mais ça vaut le coût comme l'on dit.
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Psychologie et alchimie

Psychologie et alchimie introduit la dernière période des recherches de Jung en psychologie analytique. Il les consacrera à l’alchimie. Ce livre introduit les deux volumes de Mysterium Conjunctionis et la traduction commentée de l’ouvrage alchimique Aurora Consurgens, qui sera publié par Marie-Louise von Franz après la mort de Jung.





Jung aborde l’alchimie comme un domaine de spéculation mythologique servant de compensation à la domination de la pensée dogmatique catholique. L’alchimie, rêverie païenne, « se comporte comme un rêve par rapport à la conscience et, de même que le rêve compense les conflits du conscient, l’alchimie s’efforce de combler les lacunes que laisse subsister la tension régnant entre les contraires dans le christianisme. »





La psychologie vient s’insérer dans cette réflexion autour des processus psychologiques impliqués dans la réalisation de l’œuvre alchimique. « […] pendant qu’il travaillait à ses expériences chimiques, l’adepte vivait certaines expériences psychiques qui lui apparaissaient comme le déroulement propre au processus chimique. » Jung retrouve les grands symboles de l’alchimie dans les rêves qu’un mystérieux analysant a retranscrits pendant des années. Il sélectionne ceux d’entre eux qui sont les plus marquants pour démontrer que le processus d’accomplissement du grand œuvre tel que décrit dans l’alchimie est corrélé aux représentations symboliques de la psyché en croissance.





Malgré tout, la psychologie n’a qu’une faible place dans cet ouvrage. La majorité de ses pages seront consacrées à l’étude des grands symboles de l’alchimie et au caractère compensatoire de cet art dans la société chrétienne, le christianisme étant évidemment (c’est une constante chez Jung) considéré comme défaillant, incomplet et totalitaire. Si Jung réduit le christianisme au mythe de l’homme qui doit être racheté, il considère que l’alchimie raconte l’histoire de l’homme qui sauve le divin de la matière. En filigrane, Jung nous présente les « rapports extrêmement compliqués et embrouillés qui lient la philosophie naturelle païenne, le gnosticisme, l’alchimie à la tradition de l’Eglise qui a eu, pour sa part, la plus profonde influence sur la conception du monde de l’alchimie médiévale. » En s’appuyant sur une bibliographie de 600 ouvrages, et en accompagnant ses réflexions par l’illustration de 270 gravures (éditions Buchet Chastel), Jung nous présente le résultat d’un intense labeur qui, s’il ne convainc pas forcément en raison de ses confusions catégorielles et de ses prémisses teintées de manichéisme, fournit toutefois d’intéressantes perspectives de réflexion pour l’imaginaire.

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Les Energies de l'âme : Séminaire sur le yoga d..

Fut un temps où l'on allait écouter C.G.JUNG avec autant de détermination que nous cliquons sur WKPD pour nous instruire des ingrédients permettant de réaliser un bon aligot. Peu importe ce que CGJ pouvait bien raconter, dans le fond : on venait surtout chercher auprès de lui des raisons de se sentir intelligent. Nous éreintons-nous ensuite à croiser nos sources pour vérifier que ce que l'on nous raconte est exact ? Non. Nous souhaitons simplement constater que d'autres se sont fatigués pour nous faire entendre des histoires qui semblent vraies. Ainsi apaisés dans l'harmonie du monde que nous constatons, nous fermons les yeux, et nous oublions tout ce qui fut si coûteusement transmis d'une cervelle à une autre.





Les principaux textes du bouddhisme venaient seulement d'être traduits en allemand lorsque Jung tint ses conférences sur le Yoga de la Kundalinî, soutenu dans son autorité par l'indianiste Hauer. Bien qu'il semble s'intéresser de très près à ces textes – ne nous y trompons pas – il cherche essentiellement à les accommoder à sa sauce jungienne. Ainsi transpose-t-il ces enseignements orientaux à sa théorie de l'individuation comme on fait sauter un mourant d'une civière à un brancard, pour qu'il fuse plus vite à travers les couloirs de la morgue. Cherche-t-il à rendre sa psychologie plus compréhensible en l'ornant de métaphores orientalisantes, alors que personne ne pane rien ni à l'une, ni à l'autre ? Ou cherche-t-il à adapter ces mystérieux traités bouddhistes à l'esprit occidental en les réduisant à la psychologie de l'individuation ? L'exercice est rigolo mais il s'est prolongé sur quatre conférences, ce qui ne laisse pas douter du sérieux de l'entreprise de CGJ. Ceci est fort dommage.





Comme l'écrivit plus tard Gopi Krishna, le principal reproche que l'on puisse faire à CGJ concernant ces conférences c'est que, « entièrement préoccupé par ses propres théories sur l'inconscient, [il] montre qu'il a seulement trouvé dans cet ouvrage – et ce, malgré la parfaite clarté des assertions que celui-ci renferme – matière à corroborer ses idées. […] Les universitaires présents, comme en témoignent les avis exprimés en cette occasion, ont fait preuve d'une totale ignorance quant à la signification réelle du texte classique dont ils ont débattu ». Les questions des participants trahissent en effet tantôt le fayotisme de l'un, tantôt la connerie de l'autre, tantôt le non-pigeage complet de tout ce que leur grand GOUROUJUNG vient de leur raconter. Pour peu que vous cheminiez encore dans d'autres lectures de séminaires jungiens (L'analyse des visions, par exemple), vous constaterez que cette attitude infantile autopromue par le public de CGJ était monnaie courante.





CGJ détaille minutieusement la symbolique de chaque chakra en proie à l'extase d'autoconfirmation. Les symboles qu'il trouve dans le bouddhisme lui rappellent des symboles que le christianisme ou l'alchimie avaient également évoqué, et même si ça ne colle pas toujours très bien, l'incohérence devient prétexte à élévation du sens. Il s'émerveille pour ce que certains pourraient appeler le symbolisme d'une croissance spirituelle qui, à travers l'éveil de la Kundalinî, se fait toujours de la plus grande connerie à la moins grande. Lorsque la Kundalinî sommeille au niveau du chakra racine, ne doutons pas, nous enseigne CGJ, que l'individu vit collé au plancher des vaches, ignorant tout des territoires emmerdants que lui réserve pourtant son inconscient. Mais admettons que sa Kundalinî fasse un petit jet au niveau supérieur ; il aurait alors connu un genre de renaissance, comme le baptême, le petit tilt discret de l'eurêka dans la cervelle jusqu'alors inemployée. Troisième chakra : feu des émotions, etc. Quatrième : conscience que nous ne sommes pas nos émotions. Cinquième : indifférence à tout ça. Et au-delà, couac. Nous ne savons point car nous ne sommes pas encore assez instruits des sphères obscures du spirituel. Il faudra encore dix mille ans environ pour que l'homme espère se hausser à un tel niveau de rien.





Pour conclure, CGJ nous dresse le portrait d'une Kundalinî qui ne s'éveille pas en tout homme. Ainsi en est-il de l'individuation, et voilà pourquoi le spectateur doit assister aux représentations du psychologue. Qui voudrait rester collé aux planchers des vaches ? Maintenant qu'on sait tout ce dont la Kundalinî est capable, il serait bien dommage de s'en détourner. Mais ce n'est pas facile. Accrochez-vous les amis. Pour que l'ascension de la Kundalinî à travers les différents chakras s'effectue, il faut une poussée qui n'est pas si loin de celle que l'on appelle défécatoire. Hauer précisa : « La Kundalinî ne peut être éveillée qu'après que le yogi a maîtrisé tous les « membres » du yoga jusqu'au samadhi, le huitième membre ou palier de cette discipline. Lorsqu'il a achevé l'ensemble du processus et accompli toutes les transformations intérieures qui doivent être amenées par le yoga, alors […] il peut éveiller la Kundalinî. » Assimiler l'individuation à l'éveil de la Kundalinî semble alors quelque peu osé, et plus osée encore la tentation de CGJ de se faire le porte-parole des états de conscience des chakras les plus élevés sur l'échelle de ceux qui seraient accessibles à notre condition. Ce n'est pas la première fois qu'on le voit endosser les habits de celui qui en sait plus que tout le monde et c'est assez amusant.





Au total, on en apprend un peu plus sur les chakras, de près ou de loin, sans savoir bien ce qu'on va pouvoir faire de cette mélasse, mais c'est toujours ça de pris. La lecture rend intelligent, n'est-ce pas ?


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Dialectique du moi et de l'inconscient

J'ai lu de très nombreux livres de Freud, quelques-uns de Lacan, je laissais une dernière chance à la psychanalyse avec Jung.

Décidément ce n'est pas pour moi.

Je ne comprends pas non plus qu'il soit tant conseillé de les lire, de les maîtriser, ces livres n'ont (quasiment?) aucune utilité dans la relation d'aide et ont même une orientation malsaine et toxique. Comment des professeurs de psychologie (dont certains sont aussi des femmes) cautionnent-ils ce genre de choses ? :

« La femme est la compagne de l'homme; elle fait partie de sa vie et lui appartient. »

« Dans la mesure où la femme est jolie, les opinions de son animus ont pour l'homme quelque chose d'enfantin et de touchant qui l'incite à une attitude bienveillante de guide et d'éducateur paternel ; mais, dans la mesure où le côté sentimental de l'homme ne se sent pas concerné par le charme de la femme en question, dans la mesure où le charme féminin ne constelle pas la disponibilité sentimentale chez l'homme, celui-ci escompte chez la femme compétence et aide valable et non plus incapacité touchante et bêtise solennelle ; dès lors les opinions toutes faites de l'animus de la femme ont, aux yeux de l'homme, quelque chose de suprêmement irritant, surtout à cause de leur manque de fondement […]

Chez les femmes intellectuelles, l'animus suscite des arguments et des raisonnements qui voudraient être logiques et critiques, mais qui, pour l'essentiel, se bornent la plupart du temps à ceci : un point faible qui est secondaire sera transformé, au prix d'un contresens, en la thèse principale. […] A leur insu, de telles femmes ne poursuivent qu'un seul but : irriter l'homme et le faire sortir de ses gonds [...] »

Rappel : l'anima est la part « féminine » chez l'homme (comprendre hystérique), et l'animus la part masculine chez la femme (comprendre rationnelle).

En gros une femme intellectuelle est donc malade et croit dire des choses censées mais en fait non (bien sûr son animus ne donne qu'une apparence de rationalité) et en plus elle fait ça pour faire chier les hommes (c'est bien connu, y'a rien de plus chiant qu'une femme qui pense).

« Une femme possédée par son animus est toujours en danger de perdre sa féminité, son personnage féminin adapté, exactement comme l'homme, dans des circonstances analogues, risque de devenir efféminé. »

Femme qui pense = malade = pas féminin (féminin = sois belle et tais toi. Je ne sais pas ce qu'il fait des moches) = mal

Homme qui ressent des trucs = malade = pas masculin = mal.

« Lorsqu'on cherche à se faire une image de la personnalité qui s'exprime par ces complexes, on est contraint parfois à la conclusion qu'il ne peut s'agir que d'une femme hystérique – d'où la dénomination d'anima ! »

Hum...

J'ai acheté deux livres de Jung, je le regrette. Je vais survoler l'autre mais franchement, je déconseille. J'en ai tellement eu marre que je n'ai pas lu les 10 dernières pages).

Le plus flippant dans ce livre ? C'est qu'on enseigne encore ce genre de choses en psycho...

J'ai été assez dure dans ma critique, surtout que j'ai trouvé Jung moins mauvais que Freud et Lacan, il y a tout de même quelques concepts plutôt intéressants (voir utilisables), mais franchement on trouve bien mieux dans des livres plus récents.
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Ma vie

Jung a voulu dans son autobiographie décrire la genèse de ses idées mais aussi comment sa vie les a confirmées, ainsi de son point de vue, l'essentiel est raconté.

Il commence son récit en révélant sa double personnalité dont il a eu l'intuition dès son jeune âge. L'une extravertie, dynamique, lui semble quand il est jeune, sans consistance et l'autre foisonnante d'images et de secrets doit être cachée car elle comme folle. L'une est tournée vers le conscient, l'autre vers l'inconscient, comme ses recherches futures le révéleront. (Prendre cette perspective pour soi-même est très éclairant, ainsi Jung arrive toujours à nous impliquer dans ses conceptions : c'est son don, son pouvoir d'influence…)



Le destin ou la chance lui font choisir la profession de psychiatre qui lui permettra de comprendre et de réunir ses contraires tout en les développant. À l'époque, 1905, la psychiatrie est presque inexistante, seul Freud a un éclairage et Jung le suit : le point de départ est l'inconscient et il est révélé par le rêve… Une amitié fructueuse est née, mais Jung n'est pas un suiveur et se dégage rapidement du dogmatisme du maître. Avec un zeste d'ironie, il raconte qu'il identifie la névrose de Freud construite sur son obsession de la sexualité. Même si Jung reste respectueux et reconnait en Freud un pionnier, il y a un profond clivage.



Restait à Jung à convaincre qu'il n'était pas dans le cas de Freud et à proposer une approche universelle de l'inconscient. Il décrit une phase de sa vie où il s'y confronte, on se demande comment il n'a pas succombé à cet afflux de rêves et d'images qui font penser à l'imagination fantastique d'un Jérôme Bosch. Par un curieux texte, les sept sermons aux morts, où dans un style prophétique, il raconte le retour des morts qui viennent apprendre des vivants ce qu'ils n'ont pas découvert dans leurs vies, son approche se dessine. La psychologie analytique prend forme, les notions clés se dégagent, sans dogmatisme. La réalité de l'inconscient collectif est confirmée par l'exploration de l'histoire de l'alchimie, l'importance des symboles qui sous-tendent les archétypes est dégagée. L'opposition des contraires est mise en avant avec une révélation des vieux textes du Yi King qui pointent aussi l'importance des pouvoirs de transformation de la psyché.



Avec les remarquables récits de ses voyages en Afrique, en Inde, en Italie, se dégage et se confirme le coeur de sa quête : La réalisation du Soi est le Graal de la vie humaine.

Cette acmé est mis en oeuvre par la Conscience qui crée du Sens : le destin de l'homme et de faire venir à la Conscience ce qui est inconscient et en retour d'équilibrer l'Inconscient collectif (la totalité, la psyché humaine… Dieu, dans le langage du mythe). Une extraordinaire synthèse est esquissée : L'homme, improbablement dans l'univers, peut atteindre la Conscience et c'est sa raison d'être. Apparait une grandiose reformulation des spiritualités et philosophies antérieures les plus remarquables que Jung a su décrypter.

Cela mène à de passionnantes mises en perspectives qui donnent de nouveaux éclairages sur ces anciennes idées.

A savoir, trop rapidement :

- le christianisme et l'incarnation : Dieu s'incarne parce que l'homme est à l'image de Dieu et peut apporter quelque chose à Dieu, la conscience, quelque chose à l'homme, le sens.

- le bouddhisme et la voie du milieu : L'homme dépasse ses croyances grâce à l'illumination qui est conscience de l'illusion.

- Schopenhauer et la négation de la volonté par la représentation : L'immense force de la Volonté peut être niée, au moins un temps, par la représentation adéquate de la conscience.



Pour Jung l'homme moderne semble avoir échoué dans cette quête : maintenir l'équilibre des contraires et éviter de retomber dans l'inconscient. En occident, le christianisme est un mythe qui s'est déchiré, le Bien prôné par la morale ne tient plus devant le Mal qui s'est fait une immense place dans notre monde actuel. La Science, inconsciente, tente d'éradiquer le Mythe et détruit l'espoir ancien de conciliation. L'imitation de la vie du Bouddha ou de celle du Christ ne suffisent pas, elles n'ont pas de sens si elles ne reposent pas sur une compréhension profonde de la réalisation du Soi.

Malheureusement la tentative de Jung pour recréer un mythe reste confidentielle et n'a pas de consensus. Dans le monde, les contraires s'affrontent en toute absurdité, en toute sauvagerie.



Pour ceux qui croient, grâce à lui, avoir réussi à déchiffrer le mode d'emploi de la vie… Il est bien tard…







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Introduction à la psychologie jungienne : le ..

Un bouquin de Jung, c’est l’assurance d’un émerveillement que n’affaiblissent pas de multiples lectures, avec des moments de grâce où l’on se trouve comme en face d’une vérité éternelle. Cependant, certains de ses livres sont moins percutants que d’autres. C’est le cas de cette Introduction à la psychologie jungienne qui dérive d’une série de cours donnés par Jung.





Jung saute à pieds joints dans la posture d’autorité qu’on lui accorde. Il ne prend pas vraiment de recul sur son discours, qui est discours d’un supposé sachant à des supposés ignares. Si cette méconnaissance du discours qui le détermine peut se tolérer dans la plupart des disciplines, elle entre cependant en contradiction avec la nature même de l’investigation que se propose la psychanalyse. Ce qui peut éventuellement permettre de comprendre pourquoi Jung avait choisi de distinguer sa pratique de celle issue de Freud en lui donnant le nom de psychologie analytique. On découvre un Jung parfois péremptoire, loin de son sens habituel de la nuance, approximatif et léger qui, parce qu’il souhaite traiter de tout, n’arrive à traiter correctement de rien. Dommage alors que le titre et la préface de ce livre semblent nous assurer qu’il s’agit du meilleur livre pour découvrir la pensée de Jung. Ce peut être à la limite un séminaire de révision fournissant quelques rappels salutaires mais assurément pas le livre au travers duquel on abordera la richesse et la complexité de l’œuvre jungienne.

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Psychologie et orientalisme

Jung a visité les Indes à une époque où traverser l’autre côté de la vallée s’envisageait encore comme le voyage d’une vie (l’ambition pouvait encore être à échelle humaine). Que Jung en ait été influencé au point d’envisager des théories sur l’esprit oriental, dans ses différences et ses complémentarités avec l’esprit occidental, ne peut donc pas légitimer les reproches qu’on pourrait lui adresser aujourd’hui, avec notre gueule à avoir tout vu et à ne plus s’étonner de rien.



Jung se fera un peu de pub bien nécessaire. Il reprend sa théorie des types psychologiques et suggère donc que l’esprit occidental (chrétien) est de type extraverti (culte de l’action - l’homme ne vaut rien, seul le macrocosme a une quelconque valeur et c’est vers la figure extérieure et comme projetée de Dieu que l’homme cherchera à croître) tandis que l’esprit oriental (hindou et bouddhiste) est de type introverti (culte de la contemplation - le monde extérieur n’a aucune valeur, c’est en son âme que chacun devra devenir Dieu et le faire ainsi naître au monde).



Ces deux attitudes critiquées pour leur unilatéralité sont toutefois rapprochées pour suggérer une vision de ce que pourrait être la totalité. Quand il vire démoniaco-paranoïde, Jung se met même à spéculer sur la signification du concept de l’Esprit-Saint et le projette sur une étape de notre développement spirituel en tant que chrétiens : « L’évolution future, menant de l’éon chrétien à celui du Saint-Esprit, a été appelée Evangelium Aeternum par Joachim de Flore […] ». Ainsi, c’est pas la peine de se foutre de la gueule du Christ sous prétexte que le baratin de la lumière et de l’amour, on en a assez bouffé - certes, le symbole est incomplet, mais il doit nous conduire vers quelque chose d’autre, de plus grand, de plus total.



C’est que Jung, on l’a beaucoup critiqué pour avoir parlé de Dieu soit comme un croyant, soit comme un gnostique, soit comme un agnostique - ce qui sont toutes choses différentes, vous l’admettrez sans peine. En vérité, Jung n’est pas un théologien. Dans sa psychologie, il utilise les concepts religieux pour désigner des processus de la vie psychique qui ne sauraient être nommés autrement parce qu’ils sont numineux -effrayants, merveilleux, indescriptibles. L’éthique se situe par-delà le bien et le mal, comme on le sait, parce que la réalisation du Soi c’est la réalisation de la totalité. L’humain ne peut évidemment pas la réaliser, mais il peut faire parfois comme s’il était autre chose qu’humain.



Entre autres trucs dont je n’aurais pas encore glosé la face ci-dessus, citons la fameuse comparaison effectuée par Jung entre les dessins de certains de ses malades psychotiques et les mandalas utilisés dans l’hindouisme. Il repère une structure de centrage et un symbolisme suggérant l’idée d’un dépassement du moi vers le Soi. Cette convergence symbolique impliquerait selon lui une dimension psychoïde de l’homme, des genres de constitutions biologiques qui engendrent une certaine forme de psychisme, engendrant des interprétations symboliques universelles et inconscientes – ce qu’on appelle parfois plus simplement l’inconscient collectif. Quoi d’autre ? Une critique bien racée de la pratique du yoga chez les gogos-occidentaux (il diffère là de l’opinion de René Guénon selon laquelle l’Occident n’aurait plus d’autre choix que de se tourner vers les traditions orientales pour espérer s’extirper de la décadence), une lecture du Bardo-Thodol suggérant le sens de ce que devrait être la pratique psychanalytique… etc. voyez par vous-même. Ce qu’il y a de bien avec Jung, c’est que vous lui donnez quelque chose et il vous surprendra toujours, que vous l’approuviez ou non.

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Psychologie et alchimie

Un ouvrage majeur dans l'œuvre de Jung. Jung montre comment les symboles de l'alchimie se retrouve dans les rêves et donc dans l'inconscient collectif. Pour cela il analyse une série de rêves "d'un jeune homme" sans révéler l'identité de celui-ci. En fait, il s'agit des rêves de Wolfgang Pauli, l'un des pères de la physique quantique (Prix Nobel de physique en 1945) qui suit une analyse avec lui. Les deux hommes vont ensuite collaborer pendant 25 ans comme le montre leur correspondance publiée chez Albin Michel. Ce travail commun sera essentiel dans l'élaboration de la physique quantique et de la psychologie des profondeur. Jung et Pauli voulaient rapprocher les deux domaines pour constituer une science unique - voir à ce sujet le livre de Bruno Traversi : "Le corps inconscient et l'âme du monde selon C.G. Jung et W. Pauli" (avec une préface de Michel Cazenave).
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