C’est le monde tel qu’il tourne.Les gens sont avides d’événements catastrophiques immédiats, ensuite il faut entretenir la machine par de nouveaux drames, leur maintenir la tête sous une tourmente médiatique. Les étourdir d’infos jusqu’à les priver de tout discernement.
Je me suis réveillé au même endroit, la porte de la discothèque était ouverte, la brune avait disparu. Incapable de savoir ce qui s'était passé à son départ, je me suis senti minable et souillé. Mes sinus me faisaient un mal de chien. Il m'a fallu dix minutes pour vérifier les mégots dans les cendriers et comptabiliser la recette : presque huit mille francs dont trois mille en billet que j'ai collés dans une enveloppe.
Je glissai ma main sur son épaule.
– Je sais pas si je suis le mieux placé pour… enfin…
Elle baissa les yeux vers le sol.
– T’as peur ? Moi aussi, je suis paniquée. Ou peut-être que tu ne me trouves pas assez mignonne ?
Des taches rougeâtres d’émotion venaient d’apparaître à la base de son cou. En un éclair, je me vis enflammer son corps lors de sa première jouissance.
– T’es la plus jolie fille du monde. C’est juste que t’es super jeune. J’ai trente ans, je suis pas sûr que ce serait bien de ma part…

Carl Pineau est un auteur qui a une place toute particulière dans mon cœur de lectrice.
Tout d’abord, parce que son premier livre « L’arménien » m’avait bluffé, retourné et m’avait réconcilié avec la lecture, passion dont je m’étais éloignée faute de trouver des livres qui me transportaient.
Son deuxième livre « Le sicilien » est tout autant un chef d’œuvre à mes yeux.
Certes, c’est un polar mais pas que…
Nous voilà plongés dans le Nantes des années 90 avec l’histoire de Dario, gérant de discothèque qui va être accusé de meurtre. L’histoire nous plonge dans le banditisme des années 90.
I va se retrouver face à l’inspecteur Greg Brandt, personnage dont on a fait la connaissance dans l’Arménien et qui garde son côté humain et attachant.
La narration se fait à la première personne, Dario nous raconte son histoire. C’est un personnage qui n’est pas épargné. Les scènes sont décrites avec beaucoup de détails, de vie, et c’est tellement bien fait que j’ai vraiment eu l’impression d’être spectatrice de chaque scène du livre.
L’ambiance des années 90 est si bien retranscrite qu’elle nous transporte et nous dépayse. Le temps de la lecture, j’ai voyagé 30 ans en arrière.
Carl Pineau a ce talent de créer une ambiance, une atmosphère propre dans chacun de ses livres qui vous emportent tout au long de l’histoire et dont vous ne pourrez vous défaire.
Il est fait référence quelques fois à l’Arménien mais le fait de ne pas l’avoir lu avant n’est pas handicapant du tout (je vous conseille toutefois de le lire si ce n’est déjà fait !!).
Enfin, Carl Pineau est un auteur qui est accessible et ça, j’apprécie énormément !
Foncez, vous ne serez pas déçus.
Je viens d’écouter Suzanne et The Partisan. So long, Marianne démarre. Chaque mesure me pénètre, chaque inflexion de la voix de Cohen vibre comme une triste litanie.
Acculé par des dettes de poker et pour financer ma propre consommation, j'avais mis en place un trafic de hachish et de marijuana.
Pour des raisons personnelles, j'ai une dent contre les dealers, je suis déterminé à démanteler le trafic de cocaïne et d'héroïne.
Et puis, c'est plus facile de mourir que de tuer. Tuer, on doit le porter toute une vie, alors que mourir, c'est juste fini.
La vente de haschich, c’est du ressort des blousons noirs, des zonards en bottes cloutées qui braquent les pharmacies, des marginaux accros au cannabis et aux hallucinogènes… Les braqueurs du milieu n’ont rien à voir avec ces loubards et autres soixante-huitards… Finalement, sans vouloir les glorifier, ces trafics ne sont pas de leur standing.
Il marqua un silence, puis il eut un air préoccupé.
– Ce crime est un des plus sanglants qu’il m’ait été donné de voir. L’assassin de Luc devait avoir de sérieux griefs contre lui. Il voulait être certain qu’il ne survivrait pas. Or vous êtes une des personnes à qui Luc aurait pu se confier. Peut-être même la seule ? Croyez en mon expérience, lorsque l’on a perdu quelqu’un de cher, vivre sans savoir est le pire des poisons.
Il me regarda avec insistance, sans dissimuler son intérêt pour ma réponse.
– Je vous assure que j’aimerais vous être utile. Depuis quelque temps, Luc ne me racontait plus grand-chose d’intime.
– Et ce, « quelque temps » datait depuis combien de temps ?
Je réfléchis plusieurs secondes.
– Vous suggérez qu’il y aurait eu un événement déclencheur… Peut-être. Mais je vous le répète, rien ne me vient à l’esprit.
Greg Brandt hocha la tête avec résignation.
Je le trouvais plutôt diplomate. Une mâchoire large et un chapeau mou, il paraissait échappé d’un roman de Simenon. Son costume à rayures sous un pardessus beige me donna l’impression qu’il cultivait la ressemblance avec Maigret. J’eus l’idée de lui demander où était sa pipe, mais décidai prudemment de m’en dispenser.
- Mais dites-moi, Bertrand, fe n’est pas l’un de fos habitués dont parle la rubrique Faits Difers ?
La vieille rombière avait postillonné tous azimuts. Je jetai un coup d’œil au titre de l’article : Macabre découverte dans la banlieue de Nantes. Une vive douleur me dézingua l’estomac, je lui arrachai le canard des mains et me précipitai vers l’accueil. Je dépliai les feuilles sur le comptoir. L’article se trouvait en page trois.
- Bordel, c’est pas vrai !