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Citation de Erik35


Tandis qu'il polissait ses meules, il pensait et repensait au mystères de l'univers. Il était convaincu que Dieu n'habitait pas hors du monde, au bout des neuf cieux, mais en lui-même, et était même le levain et le grain qui faisait croître la nature entière. Il se mit à dire aux gens de son village et à ses clients qui venaient dans son échoppe que les prêtres expliquaient les choses au moyen de fables, et qu'au contraire il fallait se mettre à réfléchir et à trouver des pensées pour grandes personnes. Que Dieu dormait dans les pierres et dans la terre, rêvait dans les chiens et dans les lièvres, et se réveillait et prenait conscience de lui-même dans l'homme.
Longtemps Francesco avait été raillé et pris pour un fou par les paysans et par le prêtre lui-même. Mais ensuite quelqu'un avait écrit des lettres anonymes, et Francesco avait été traduit devant le tribunal religieux de la ville afin d'exposer ses doctrines. Une première fois les juges le renvoyèrent chez lui, le tenant seulement pour un sot et un insensé. Mais la seconde fois ils le gardèrent longuement au cachot, lui firent subir interrogatoires sur interrogatoires, et à la fin il fut brûlé en pleine place, sur un tas de fagots.
Pour moi ce Francesco, dont le prêtre du village avait écrit l'histoire, n'était ni un exalté ni un gâteux. Il était au contraire plein de sagesse et il avait une intuition des choses très proche de la mienne. Sentir la terre comme une mère avisée et mystérieuse était une pensée sœur et compagne de celle du Francesco des meules. Son ombre se tenait derrière moi, et je la sentais comme celle de mes grands-parents et de mes arrière-grands-parents qui, cheminant à travers le monde, m'avaient précédé.
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