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Citation de le_Bison


Les paroles d’un poème ne recommencent à être, parfaites ou imparfaites, que lorsqu’elles coulent de nouveau, c’est-à-dire lorsqu’elles sont dites – dichas. Dicha et des-dicha (heur et malheur : bénédiction et malédiction) : le poème que je suis en train de traduire s’intitule El Desdichado, mais l’original français ne contient pas ce fantôme verbal de la langue espagnole, dans laquelle dire consiste non seulement à rompre le silence mais à exorciser le mal. Le silence c’est dé-dire (des-dire) : une des-dicha. La voix est dire (decir) : une dicha. Le silencieux est le des-dichado, celui qui ne dit pas ou qui n’est pas dit – le maudit. Et elle, La Desdichada, ne parle pas, ne parle pas…
Je pense à tout cela et je me surprends moi-même. Mon émotion me déborde, je la transfère sur elle qui ne parle pas : Amour, qui que tu sois, tu t’appelles appel (appeler c’est convoquer, nommer c’est invoquer) : parle à travers moi, Desdichada, fais confiance au poète, laisse-moi te dire, laisse-moi te donner l’heur de dire : dis en moi, dis par moi et en échange de ta voix, je te jure fidélité éternelle, à toi seulement. Tel est mon désir, Desdichada, et le monde tarde tant à me donner ce que je désire, une femme pour moi tout seul, moi seul pour une femme.
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