AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Eric76


Je trouvai mon père endormi dans son fauteuil, une couverture sur les jambes et son livre préféré ouvert dans les mains, un exemplaire du Candide de Voltaire qu’il relisait deux fois par an, les deux seules fois où je l’entendais rire de tout son cœur. Je l’observai en silence. Il avait les cheveux gris et clairsemés, et la peau de son visage avait commencé à perdre de sa fermeté autour des pommettes. Je contemplai cet homme que j’avais imaginé autrefois fort, presque invincible, et je le vis fragile, vaincu sans le savoir. Vaincu, je l’étais peut-être moi-même. Je me penchai pour rajuster cette couverture qu’il promettait depuis des années de donner à une œuvre de bienfaisance, et l’embrassai sur le front comme si je voulais le protéger des fils invisibles qui l’éloignaient de moi, de cet appartement exigu et de mes souvenirs. Comme si je croyais que ce baiser pourrait tromper le temps et le convaincre de passer au large, de revenir un autre jour, dans une autre vie.
Commenter  J’apprécie          611





Ont apprécié cette citation (53)voir plus




{* *}