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Critiques de Carol Rifka Brunt (118)
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Dites aux loups que je suis chez moi

Nous sommes au milieu des années 80 aux USA. June, une jeune adolescente de 14 ans, solitaire, réservée pose avec sa sœur Greta, 15 ans pour son oncle Finn, artiste peintre reconnu, le frère de sa mère, à New-York.



Finn est homosexuel atteint pas le SIDA dont on ignore tout alors, du virus, son mode de contamination et pour lequel il n’y a pas de traitement.



Elles viennent toutes les semaines à New-York mais autant June apprécie chaque instant en compagnie de cet oncle qu’elle vénère autant Greta essaie de fuir, lançant au passage des réflexions plutôt acerbes.



Le jour de l’enterrement, elle aperçoit un homme rongé par le chagrin que sa mère refuse de voir assister à la cérémonie. Qui est cet homme ? Que lui cache-t-on ?



Ce que j’en pense :





Au travers de ce livre, on retrouve l’impact du SIDA sur ces années 80 et au-delà, l’étendue de l’ignorance à l’époque, concernant cette maladie qui frappait les homosexuels et que l’on considérait comme la punition d’une sexualité dévoyée.



Plus généralement, l’auteure nous parle aussi de la façon dont on considérait l’homosexualité à cette époque, avec le refus de la mère de June de connaître Toby, le compagnon de Finn, allant jusqu’à le traiter d’assassin, de meurtrier, c’est tellement plus facile de rejeter la faute sur lui quand on se dit « bien pensant », détenteur de la vérité absolue au nom de laquelle elle se donne le droit de juger la vie des autres.



June que Finn a surnommée Crocodile, est touchante par sa réserve, sa solitude, sa différence par rapport aux autres ados de son âge. Elle est passionnée de Moyen-âge, elle porte des jupes longues, des pulls immenses rejetant les jeans des copains et bien sûr ses bottes médiévales. Elle marche des heures dans les collines qui surplombent l’école, seule.



Elle marche pour se transporter hors du présent, dans une autre époque, où elle peut se souvenir de Finn, leurs discussions, leurs restaurants préférés…



A l’heure actuelle, on ne l’envisagerait même pas, étant donnée le risque de se faire agresser. Elle est moins brillante que sa sœur Greta, artiste en herbe qui prépare une comédie musicale pour l’école, où elle tient le rôle vedette. Mais cette sœur ainée histrionique, surdouée, brillante à l’école comme au théâtre, est mal dans sa peau, elle a des avis sur tout, domine sa sœur, ne manquant pas une occasion de la blesser par ses remarques. Elle flirte avec la vodka car ne sait pas exprimer ses tourments d’adolescente.



Les deux sœurs ont été proches autrefois, inséparables, l’aînée veillant sur la plus jeune, mais un jour tout a changé.



Bien sûr, « cet amour » pourrait choquer mais on n’est pas dans le domaine de la sexualité, on est dans l’amour pur, d’une ado qui ne voit jamais ses parents qui travaillent tout le temps et laissent leurs filles se débrouiller seules (c’est cela qui me choque en fait…), comment se construire sans une image paternelle forte ? On voit évoluer June en très peu de temps elle va être précipitée dans l’univers des adultes.



Sa relation avec Toby est très intéressante aussi ; ils sont « amoureux » de Finn tous les deux, ils essaient de le faire revivre pour moins souffrir et des émotions contradictoires se surajoutent.



Le tableau qui donne son titre au livre, est un des personnages principaux, en fait car il tient toute le place, dans la tête des deux filles, dans celle des parents quand il prend une valeur marchande. Chacun essaie d’y apporter une touche, quitte à le modifier pour se l’approprier un peu, et voir au-delà dans ce que Finn appelle les espaces négatifs. Il est avec le requiem de Mozart, le symbole des liens et des choses que June et Finn partagent.



La palette des couleurs est toujours là, dans le réel, dans l’imaginaire, dans les émotions…



Qui sont ces loups ? Ceux qui hurlent dans les bois, ceux qui se cachent derrière les émotions ?



C’est difficile de parler de ce livre sans dévoiler l’intrigue pour intéresser suffisamment les lecteurs pour qu’ils aient envie de l’ouvrir et faire ce voyage.



L’histoire est écrite à la première personne, par June (Carol ?) elle-même du haut de ses quatorze ans.



C’est le premier roman de Carol Rifka Brunt et c’est un coup de maître. Tout est très bien étudié, les personnages sont bien travaillés, l’intrigue est passionnante jusqu’à la dernière page. J’ai dévoré ce livre, tout en essayant de freiner la lecture pour que le plaisir dure plus longtemps. Et, encore une fois, merci à Babelio et aux éditions Buchet Chastel pour m'avoir fait découvrir ce bon livre. j'attends le deuxième roman de Carol Rifka Brunt car elle fait des débuts prometteurs.



Note : 9/10
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Dites aux loups que je suis chez moi

June a 14 ans , elle vit avec ses parents et sa soeur près de New-York. Nous sommes en 1987 et une maladie commence à faire parler d'elle, le sida. L'oncle de June, Finn, en est atteint, et dès le début on comprend qu'il ne lui reste plus beaucoup de temps à vivre.

J'ai dévoré ce roman. Il n'est pas toujours possible d'expliquer pourquoi on est entré aussitôt dans un livre, parfois c'est le personnage principal qui nous touche, parfois, c'est parce qu'on est sensible aux sujets abordés, parfois on croit se reconnaître dans un des protagonistes de l'histoire, parfois, c'est le style de l'auteur qui nous envoûte dès les premières pages, parfois c'est un peu tout ça à la fois.



Ce roman m'a vraiment émue, peut-être en partie parce que j'ai moi aussi eu 14 ans en 1987 et que les références musicales et autres m'étaient familières, et que l'idée floue et terrifiante que June se fait du sida était proche de la mienne à cette époque.

J'ai aimé suivre le quotidien de cette adolescente qui se cherche, qui s'accroche au peu qu'elle a, c'est à dire cet oncle merveilleux qu'elle adore et qui va mourir, car ses parents travaillent tous les deux et semblent presque perpétuellement absents, et sa soeur aînée ne partage plus rien avec elle, absorbée par ses répétitions de théâtre, ses amis, les fêtes...



Cette gamine solitaire, fragile et forte à la fois, m'a bouleversé avec ses questions, ses certitudes qu'elle est capable d'envoyer valser, ses peurs, ses passions bien à elle, son envie de grandir et celle tout aussi forte de faire cesser le temps pour conserver ce qui est et qui va disparaître.

J'ai aimé partager ses angoisses, ses joies simples, ses interrogations sans fin, ses terreurs, ses révoltes, ses lueurs d'espoir.



Elle m'a emmené dans son univers fait de balades dans le passé, sa passion pour le moyen-âge et les époques lointaines, j'ai partagé son plaisir d'avoir des bottes si singulières, ses déambulations dans la forêt, ses visites fantastiques aux côtés de son oncle, son attachement aux objets qui nous rappellent une personne ou un moment particulier, ses souvenirs qui déjà se dissolvent et ceux qu'elle désire se créer avec ses proches.



Je remercie Babelio et les éditions Buchet-Chastel pour cet envoi et cette lecture de très grande qualité, riche en émotions.

"Dites aux loups que je suis chez moi", tout comme June, vous pouvez leur dire de ma part, car moi aussi je les attends.
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Dites aux loups que je suis chez moi

En 1987, nous faisons connaissance avec la famille Elbus, qui habite Westchester, la banlieue nord de New York, avec les parents qui sont comptables et les deux filles, Greta, quinze ans, et June, quatorze ans. le frère de la mère, Finn, est un peintre célèbre qui a arrêté d'exposer – mais pas de peindre – depuis une dizaine d'années, et vit dans l'Upper East Side, un des quartiers chics de Manhattan. Une relation de grande affection s'est développée entre Finn et June. Mais Finn, homosexuel, est atteint du sida, et n'en a plus pour longtemps. Avant de mourir, il tient à peindre un dernier tableau : le portrait de ses deux nièces, qu'il fait poser chez lui. Lorsqu'il meurt, il laisse derrière lui son « ami particulier » (comme l'appelle sa soeur qui le déteste et l'accuse de l'avoir tué en le contaminant), Toby, un Anglais. ● Ce roman nous replonge dans un temps où le sida était considéré comme le « cancer gay », où certains soignants refusaient ces patients de peur d'être contaminés, où on parlait des « 4H » pour désigner les victimes (Homosexuels, Héroïnomanes, Haïtiens, Hémophiles), où les États refusaient de financer la recherche médicale et de s'intéresser au sort des malades, à commencer par Reagan, mais aussi Mitterrand. ● On peine à imaginer aujourd'hui combien de malades on a laissé mourir dans l'isolement le plus total, dans des ailes d'hôpitaux où ils étaient à peine soignés, tout cela dans les pays les plus riches du monde. Les familles elles-mêmes considéraient cette maladie comme un déshonneur et reniaient leur progéniture mourante marquée du sceau de l'infamie. ● Car oui, quarante ans avant le Covid, il y a eu une autre pandémie, mais pour celle-là on n'a pas fait grand-chose, on était très, très loin du "quoi qu'il en coûte" , les victimes étant « des pédés et des drogués » : pas intéressants. ● Bref, ce roman nous replonge dans cette atmosphère, mais sans discours militant, en se contentant de brosser le contexte qui paraît alors tout à fait normal. ● C'est surtout des répercussions du sida sur une famille lambda des lotissements américains du style Wysteria Lane qu'il est question. « J'imagine que nous étions les premières personnes à avoir un rapport avec ce truc énorme qui passait sans cesse aux informations. Les premiers que les gens connaissaient, en tout cas, et ça semblait les fasciner. Quand ils me posaient des questions, il y avait toujours un soupçon d'admiration dans leur voix. Comme si le fait que Finn soit mort du sida m'avait rendue plus cool à leurs yeux. » ● le roman montre avec beaucoup d'acuité et de délicatesse les rapports au sein de cette famille, notamment entre les deux jeunes soeurs, Greta et June, mais aussi, en miroir, entre Finn et sa soeur, la mère de Greta et June, et bien sûr la relation entre Finn et June, puis entre Toby et June. ● C'est un roman d'apprentissage qui montre June de plus en plus confrontée à des choix difficiles, la faisant entrer dans l'âge adulte, sa soeur Greta y étant déjà de plain-pied. le personnage de June est riche et d'une belle complexité. Sa fascination pour le Moyen Âge et son besoin de solitude, notamment, en font quelqu'un d'étonnant, surtout aux Etats-Unis. Mais les autres personnages sont également travaillés et intéressants. ● J'ai beaucoup aimé ce roman, malgré ses longueurs dans les deux premiers tiers : il était peut-être inutile d'illustrer autant la relation entre June et Toby pour que le lecteur comprenne de quoi il retourne. ● A la moitié du livre, je pensais que le récit irait dans une tout autre direction et j'ai été content qu'il ne prenne pas cette voie trop évidente : . ● La dernière partie est très réussie. Bref, une très bonne lecture, je conseille !
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Dites aux loups que je suis chez moi

Découverte bouleversante et énorme coup de cœur.

June est une collégienne incomprise et secrète, souvent livrée à elle-même. Sa solitude l’amène souvent dans les bois où elle adore s’inventer une autre vie, dans une autre époque. Elle s’est éloignée de sa sœur Greta qui la rejette. Ses parents sont absents, très occupés par leur travail. Son ami exclusif est aussi son oncle, Finn Weiss, un peintre new-yorkais célèbre. Mais celui-ci, malade et très affaibli, ne tarde pas à mourir. Nous sommes au début des années 1980, le sida est une maladie inavouable, honteuse. June est seule avec sa peine. Inconsolable, elle décide de rencontrer Toby, l’ami de Finn, dont elle ne connaissait pas même l’existence. Cette relation clandestine va la sortir de l’enfance, l’aider à reconsidérer sa relation avec son oncle et la rapprocher de sa sœur. Dites aux loups que je suis chez moi est le nom du tableau que terminait Finn avant de mourir. Il représentait un portrait des deux sœurs.



Ce livre m’a emmené très loin, là où je ne pensais pas être capable de retourner, sur les bancs d’une église. Je venais de perdre mon ami, presque mon petit frère, parti à 20 ans du sida.

Un jeune garçon sanglotait à côté de moi. Je ne le connaissais pas. Il s’agissait de l’homme qui aimait mon ami. Nous avons échangé quelques mots, mais je n’avais plus mon âme d’enfant et nous nous sommes rapidement séparés avec une vague promesse de nous revoir pour parler de celui que nous aimions.

Cela ne s’est jamais fait, pourquoi ? Je n’ai pas de réponse.

A la fin de ce livre j’ai envié cette petite fille qui a su vaincre sa jalousie, ses peurs, ses doutes pour aller au-devant d’un homme malgré les mises en garde d’adultes souvent trop frileux dans leurs sentiments et surtout tellement préoccupés du « qu’en dira-t-on ? »

Ce livre va bien sûr garder une place spéciale dans mon cœur, mais mis à part ce ressenti très personnel, je salue un roman remarquable, d’une grande sensibilité, écrit avec beaucoup de pudeur et d’émotion sans être larmoyant.

Un premier roman d’une auteure dont la plume laisse présager du meilleur.



J’adresse un immense merci à Babelio et aux éditions Buchet Chastel.

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Dites aux loups que je suis chez moi

Ce livre est une belle rencontre inattendue. Il avait été réservé pour quelqu'un qui n'est pas venu le chercher à la médiatheque où je travaille. Lorsque j'ai lu le résumé, il m'a tout de suite donner envie de le lire malgré ses 500 pages. J'ai mis presqu'un mois à le lire, non pas parce qu'il ne me plaisait pas mais parce que je n'avais pas eu assez de temps pour le lire régulièrement. Bref ce roman m'a beaucoup plu. Son histoire : June, une ado de 13-14 ans en 1987 vit avec ses parents dans le New-Jersey avec sa sœur Greta. C'est une fille un peu taciturne mais avec une jolie fantaisie. Son oncle Finn, qui est aussi son parrain, est un peintre New-Yorkais reconnu et décède du sida quelques mois après. Lors de son enterrement, elle aperçoit un homme discret et triste qui n'est autre que son petit ami Toby. Très vite, elle se lit d'amitié avec lui pour en savoir plus sur son oncle défunt, du moins au début du roman.

Ce roman fait la part belle à cette ado qui va basculer dans le monde des adultes. La fin des années 80, qu'on a appelé les "années sida" est bien décrite, beaucoup de références de l'époque. C'est un premier roman de cette autrice et j'ai beaucoup aimé son écriture sensible et drôle à la fois.

Un joli roman que je vous conseille.
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Dites aux loups que je suis chez moi

A la fin des années 80, on commençait à voir des proches mourir du Sida. La maladie ne touchait plus seulement des people « aux moeurs dissolues » qui « couchaient avec n'importe qui » et se déchiraient la tête avec toutes sortes de substances. Mais ce nouveau virus, aux modes de transmission alors mal identifiés, restait assimilé à l'homosexualité et à la toxicomanie. Le Sida était donc honteux pour beaucoup, certains y voyaient un châtiment divin ('divin', 'de Dieu', pas 'délicieux', et quand Dieu se met en colère, ça ne rigole pas)... Je parle au passé, mais trente ans plus tard, les amalgames sont tenaces (sida = homosexualité et/ou toxicomanie, mais aussi homosexualité et/ou toxicomanie = honte)...



Finn, l'oncle de June, succombe à cette maladie en 1987. La jeune fille de quatorze ans est très proche de cet homme. Le deuil va être douloureux, d'autant plus que sa soeur, de deux ans son aînée, est une vraie peste, et que leurs parents ont leur idée sur la façon dont Finn a contracté le virus, et que cette interprétation bloque pas mal de choses.

Grâce à une amitié inattendue, June va être accompagnée dans ce 'travail' de deuil, poursuivre un petit bout de chemin avec cet oncle disparu trop tôt.



Le titre de cet ouvrage m'évoquait un thriller, et comme je ne lis pas les quatrième de couverture, j'ai été surprise en découvrant l'histoire.

'Dites aux loups que je suis chez moi' (pour une fois le titre est bien traduit, littéralement) est une chronique familiale, où l'on suit plus particulièrement une jeune adolescente en souffrance.

Beaucoup de sensibilité et d'émotion dans ce roman initiatique, qui m'a parfois fait penser à 'Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur' (Harper Lee). Et si l'on peut s'étonner du comportement d'un des adultes et le trouver irresponsable, il s'explique de façon très touchante au fil du récit.



Subtil, triste, beau.
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Dites aux loups que je suis chez moi

Vous souvenez-vous du film Philadelphia, sorti en 1993, avec Tom Hanks dans le rôle principal ? Il y jouait un brillant avocat homosexuel, viré de son cabinet parce qu’il est atteint du sida. Si vous vous rappelez ce film, vous devez aussi vous souvenir de sa bande-son, avec « Streets of Philadelphia » (B. Springsteen), « Philadelphia » (N. Young) et « la mamma morta », extrait de l’opéra Andrea Chenier (U. Giordano), trois morceaux sublimes de mélancolie et de tristesse infinie.

Le rapport avec le roman « Dites aux loups… », c’est le sida, évidemment, mais aussi cette atmosphère bouleversante dans laquelle sont empêtrées June et sa famille. June a 14 ans en 1987, dans l’état de New-York. A cette époque, on commence à parler du sida, mais on ne sait encore que peu de choses de la maladie, considérée comme honteuse. A 14 ans, mal dans sa peau, peu sûre d’elle, pas avantagée par son physique, June souffre aussi de la comparaison avec sa sœur aînée, Greta, vedette du lycée. June n’a qu’un seul ami, son oncle Finn, homosexuel, peintre anti-conformiste un temps célèbre, qui va bientôt mourir du sida. Laissée à elle-même, se sentant seule comme peuvent l’être les ados, June s’accroche à lui, parce qu’il est le seul à la comprendre, à faire en sorte qu’elle se sente vivante, intelligente, intéressante, qu’elle cesse de se sentir transparente. A la mort de Finn, June continue à se cramponner au souvenir de son oncle. Elle n’est pas la seule. Il y a aussi Toby, le petit ami caché de Finn pendant toutes ces années, lui aussi malade du sida. Il tente d’établir le contact avec June, dans le but de partager leurs souvenirs de Finn, de chérir sa mémoire, et prendre soin l’un de l’autre, jusqu’à la fin. Cette relation n’est pas simple à construire, parce qu’il faut la garder secrète, et surtout parce que June doit surmonter sa méfiance, sa jalousie, sa déception de n’avoir pas été la seule personne vraiment aimée de Finn, et sa tristesse de réaliser que celui-ci ne lui disait pas tout…

Tout au long du roman, on observe June se débattre avec ses états d’âme, entre des parents peu présents, une sœur autrefois complice et désormais odieuse, sans que June y comprenne grand-chose. La vie, la mort, l’amour, l’amitié, la douleur de la perte, la solitude, ce passage vers l’âge adulte est pour June une étape délicate, qui a réveillé certains échos pour moi. Le roman ne respire pas la joie de vivre, mais il exprime avec finesse et intelligence toute une gamme de sentiments plutôt sombres, de la tristesse à la révolte en passant par la colère et le désespoir. June est poignante, battante, et on lui souhaite des moments plus doux, pour après, quand le plus difficile sera passé. La chrysalide disgracieuse se transformera un jour en papillon. Peut-être pas le papillon sublime et magnifique qu’on verrait en photo dans toutes les encyclopédies, mais un papillon simplement beau. Comme ce roman.

Merci à Masse critique de Babelio et aux éditions Buchet Chastel pour cette belle découverte.

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Dites aux loups que je suis chez moi

Et v'lan ! Celui-là je ne l'ai pas vu venir mais pour moi ce livre est un vrai bonheur de lecture. J'adore être surprise, subjuguée par l'écriture et l'intrigue.



J'ai retrouvé mon adolescence et toutes les interrogations qui l'accompagnent, j'ai rejoué à me déguiser. Je n'avais ni d'époque ni de lieux précis, l'imagination avait toute sa place, il fallait juste que je décroche le rideau de ma chambre et que je m'en drape pour devenir un personnage et tout pouvait arriver.

Alors dire que j'ai adoré l'héroïne de ce roman est un euphémisme. Tout m'a séduite chez elle, sa faiblesse comme sa force, ses passions d'enfant et de femme, son courage, ses moments de doute et d'introspection et son amour si grand pour les autres.

C'est un roman éblouissant qui vous cueille dès les premières pages et vous mène jusqu'au bout sans aucune faute. Vous restez accrochée au bord de votre fauteuil sans faiblir, sans faillir, le livre bien serré entre vos mains, parce vous savez qu'il vous faut accompagner June jusqu'au bout, jusqu'à la porte de l'âge adulte, jusqu'à la perte de l'innocence, jusqu'à sa propre découverte d'elle-même.



June, jeune adolescente, est secrètement amoureuse de son oncle Finn. C'est un sentiment qu'elle n'exprime pas ouvertement, on n'a pas le droit d'aimer un parent. Mais les liens qui l'unissent à son oncle sont forts et réciproques. Tous deux sont très complices et l'oncle Finn fait tout ce qu'il peut pour ouvrir l'esprit de sa jeune nièce : concert, exposition, cinema... Il faut dire que Finn est un artiste reconnu à New York et ses peintures se vendent plutôt bien. Seulement, Finn va mourir. Sida.

Dans les années 80, avoir le sida est une maladie honteuse et en parler reste tabou. C'est la maladie des homosexuels. Les recherches scientifiques ne sont pas encore capables de rassurer le public.

Lorsque Finn disparaît, June va faire la connaissance de Toby, le compagnon de son oncle. Elle va se lier d'amitié avec lui et comprendre à travers lui qui était véritablement son oncle et découvrir l'évolution de cette terrible maladie car Toby est en également atteint. De révélation en révélation, June va quitter le monde de l'enfance, ouvrir les yeux sur le monde des adultes souvent hypocrites, injustes, trop pressés...



Un véritable coup de coeur. Une pensée emplie de gratitude à Babelio et aux éditions Buchet-Chastel pour cette belle découverte.

Zut, je m'aperçois que j'oublie l'auteur ! Qu'elle soit ici remerciée et que ses prochains romans portent la même grâce que celui-ci.
Lien : http://mes-petites-boites.ov..
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Dites aux loups que je suis chez moi

Dans ce roman initiatique Carol Rifka Brunt capture avec grâce et sensibilité les blessures et les moments d'incertitude, les failles dans les familles et les difficultés des relations à l'adolescence.



Sobrement elle retient les mots trop aiguisés pour exprimer les doutes, les espoirs et les contradictions de ses personnages.

Le rythme des phrases sait piquer des instants de vie intimes avec beaucoup de poésie. Tissé autour d'un thème fort : la mort par le sida d'un être cher, le récit n'est pourtant pas dans le misérabilisme trop aisé mais plutôt dans la souffrance et les interrogations d'une jeune fille qui essaye de recomposer sa vie après une perte.

Elle cherche à comprendre, à apprendre, et à intégrer le vide.



Peut-on mal aimer ? Peut-on ne plus aimer ceux qui ont été très proches de nous un jour ?



Carol Rifka Brunt tisse avec émotion son cocon autour des rêves, du danger des espoirs perdus et des tourments, livrant une première oeuvre forte, avec une prose introspective toute en nuances.



Enorme coup de cœur !







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Dites aux loups que je suis chez moi

Dans les années 1980, June est une toute jeune adolescente quand son oncle Finn décède, emporté par cette maladie encore inconnue, le SIDA. Ce qui lui reste de cet homme qu’elle aimait tant, c’est un tableau d’elle et de sa sœur Greta. Et des souvenirs qui sont surtout douloureux parce qu’ils ne seront jamais suivis de nouveaux souvenirs. Convaincue que sa sœur la déteste et délaissée par ses parents qui travaillent beaucoup, June s’isole dans sa mémoire et dans la forêt qui s’étend derrière le lycée. Elle se rapproche cependant de Toby, le petit ami de Finn. « Je savais que Toby était une mine d’anecdotes. Il possédait des petits morceaux de Finn que je n’avais jamais vus. […] Si l’on considère qu’une anecdote peut être comme un genre de ciment, celui qui ressemble à un glaçage de gâteau pas encore durci, alors je me disais que je pourrais utiliser les histoires de Toby pour maintenir Finn en place, pour le garder avec moi un peu plus longtemps. » (p. 110) Elle garde cette relation secrète et dissimule ses trésors au fond de son armoire : dans l’obscurité, ils n’ont que plus de valeur, mais ils deviennent aussi des monstres, des loups hurlants qui ne demandent qu’à déchirer à pleines dents les tendres sentiments d’une jeune fille. Entre naïveté et révélation, June et Greta, jetées hors de l’enfance, mais pas encore arrivées aux portes de l’âge adulte, apprennent l’amour, la solitude, la dissimulation et la grande complexité des sentiments.



Quel magnifique premier roman ! Il est empreint d’une violence délicate, presque ciselée, à l’image des émotions qui bouleversent les adolescents. Les loups qui courent dans ce récit sont la solitude, le chagrin, le deuil. Sont-ils tous effrayants ? Ce n’est pas certain. L’auteure décrit à merveille les relations difficiles entre sœurs, à un âge où l’individualité le dispute au besoin de compagnie. « Avec Greta, il faut chercher les gentilles choses enfouies sous le reste de ses méchancetés. » (p. 76) Et le SIDA est présenté avec son aura de mystère sordide et les croyances qu’il véhicule : peut-on l’attraper avec un baiser ? Peut-être. Personne ne sait vraiment. Et June, terrifiée par cette maladie à demi-mot qui lui a volé son oncle, mais encore plus enragée contre Toby, l’homme qui l’a rendu malade, doit composer avec le souvenir de Finn et la réalité de cet homme qu’elle ne connaissait pas complètement. « Je n’étais pas seulement triste parce que je ne faisais pas partie du monde de Toby et de Finn, mais parce qu’il y avait aussi des choses que j’aimais de Finn qui ne venait pas du tout de lui. » (p. 205)



J’ai lu ce roman lentement et intensément. Je vais en garder un souvenir durable et profond. Le style de Carol Rifka Brunt est intéressant, peut-être encore un peu balbutiant, mais elle a une plume qui, j’espère, va se consolider et porter une belle voix de la littérature de demain.

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Dites aux loups que je suis chez moi

Quand on regarde un tableau , la première chose qu'on voit, c'est le sujet. Un paysage, un portrait, une scène de genre., une nature morte. Et puis entre les formes reconnaissables se dessinent des espaces: le négatif du tableau. De leur disposition, de leur découpe naissent d'autres formes.



Ces espaces négatifs permettent la circulation de la couleur, de l'énergie, ils sont comme un sous-texte dans un récit: ils indiquent des sens, révèlent des tensions. Ils sont les médiateurs d'une émotion nouvelle, plus secrète, plus lente à découvrir.



"Dites aux loups que je suis chez moi" est un révélateur d'espaces négatifs.



Un espace que l’œil met du temps à "voir", comme le découvre June, la jeune narratrice en feuilletant un carnet de croquis de son oncle Finn, un peintre célèbre, mort du SIDA:



"J'ai continué à tourner les pages. Je suis arrivée à un croquis où l'espace entre nous avait été noirci. L'espace négatif. C'est ainsi que l'appelait Finn. Il essayait toujours de me faire comprendre l'espace négatif. (...) Sur ce croquis, Finn avait colorié l'espace négatif et j'ai vu qu'il formait une sorte de tête de chien. Ou plutôt non, évidemment, c'était une tête de loup, tournée vers le ciel, la gueule ouverte en train de hurler. Ce n'était pas visible immédiatement. L'espace négatif était un peu comme les constellations. Le genre de choses sur lesquelles on doit attirer notre attention."



June a reçu de Finn, son oncle bien aimé- trop aimé?- un magnifique portrait d'elle et de sa sœur, Greta, mystérieusement appelé "Dites aux loups que je suis chez moi". Finn meurt du sida au début du roman, et, comme la femme du peintre dans la nouvelle d'Edgar Allan Poe, il met dans l'achèvement de son tableau ses dernières forces.





Ce portrait va devenir l'instrument d'une médiation entre le mort et l'adolescente, bien sûr, mais aussi entre les trois femmes de la famille, la mère et les deux sœurs, séparées par le chagrin et les malentendus, et qui vont le couvrir subrepticement de graffitis, comme un dialogue secret entre des êtres qui ne se parlent plus vraiment.



Le tableau va aussi guider June vers Toby, le grand amour de son oncle, lui aussi malade du sida.



Toby et le tableau de Finn vont apprendre à June à reconnaître qui elle est, qui elle aime et comment elle aime, vont, enfin, opérer de lentes retrouvailles entre les deux sœurs et resserrer les liens d'un clan, distendus et faussés par les préjugés, les jalousies et la peur. Celle d'aimer, celle de ne plus être aimé, celle de mal aimer. Et celle de la maladie.



Faire découvrir à June" les loups qui vivaient dans l'obscurité de son cœur"...lui apprendre à "voir" en elle et dans les autres...



Ce roman étonnamment profond et mature-l'auteure est une toute jeune femme- se passe au milieu des années 80, en pleine méconnaissance de la maladie, en pleine phobie, et juste avant la découverte de l'AZT qui allait sauver les malades, bien avant les tri-thérapies qui leur permettraient de vivre avec leur virus.



La famille de June est une famille évoluée, intelligente, tolérante...l'homosexualité de Finn ne fait aucun problème pour eux, mais la contamination est une hantise, elle est vécue comme un assassinat prémédité dans le cas de Toby, l'amant du peintre qui aurait "tué" Finn ...



Dans un style ferme, juste, toujours au service d'une pensée pertinente et sortant des sentiers battus, ce roman très émouvant bouleverse sans pour autant tirer sur la corde sensible, il offre des grilles de lecture multiples, fait réfléchir, bref, il m'a complètement séduite.



J'ajoute qu'il m'a aussi bouleversée: l'enterrement de Finn et l'anathème jeté sur son petit ami par la famille m'a fait revivre un enterrement terrible, dans le déni et le mensonge: celui de mon meilleur ami, homosexuel et mort du sida, lui aussi, au début des années 90: la chape de plomb familiale , l'omerta sur sa maladie et sur sa vie sexuelle et sentimentale était pour nous, ses amis, une seconde mort. Celui qui était le maître de nos fêtes, l'ordonnateur de nos spectacles, le penseur ironique et cultivé qui stimulait nos lectures et nos sorties a été incinéré sans un mot pour ce qu'il était, aimait, croyait...Sept années après la mort de Finn, en France..En fin de compte, l'injustice de la famille de June à l'égard de Toby est moins horrible que ce déni absolu du mort lui-même.Le sida a été un révélateur d'espaces négatifs dans le mauvais sens du terme...



Carol Rifka Brunt a quelque chose de Donna Tartt, de Salinger et de Harper Lee, mais en même temps elle est profondément elle-même. Je suis sûre qu'on entendra parler d'elle et qu'elle nous réserve d'autres belles surprises...



Un grand merci à Babelio- Masse critique et aux éditions Buchet Chastel pour cette découverte d'une auteure, d'un livre et d'un" regard" également originaux et prometteurs!
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Dites aux loups que je suis chez moi

Dans les années 80, aux Etats-Unis, June rend visite à son oncle Finn, un grand peintre qui se meurt du sida. A cette époque où cette affection est méconnue, les malades sont considérés comme des pestiférés... Après sa mort, elle fait la connaissance de Toby, l'ami de son oncle. Elle se réfugie dans cette relation pour retrouver un peu Finn...

Une belle lecture sur le sujet du sida qui est abordé avec beaucoup de franchise : June, narratrice raconte sa vie entre ses parents débordés par leur travail d'inspecteurs d'impôts, une sœur qui s'éloigne de plus en plus et cette absence qui la marque de plus en plus... J'ai aimé que ce thème si sensible à l'époque soit décrit avec beaucoup d’honnêteté. La lecture est assez lente mais c'est plus un portrait de famille avec une approche particulière qu'un événement exclusif de l'histoire américaine. Il y a de moments où l'écriture de l'auteur est très poétique et d'autres où June parait insupportable. Les loups sont en filigrane de l'histoire, comme un mystère, une inconnue qui relie les personnages, comme à travers ce tableau. Une belle lecture, touchante.

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Dites aux loups que je suis chez moi

Dans le concert des louanges des avis des Babéliotes sur ce livre, je vais apporter ma petite musique discordante.



J'ai eu un mal fou à y rentrer, et surtout à tenir la longueur...



Ce roman était pourtant prometteur en replaçant la narration dans le contexte des années SIDA, avec cet état d'esprit effrayant induit par une maladie alors encore méconnue et la peur d'une société bien-pensante qui stigmatise les malades dans un tableau de sexualité honteuse.



La mort d'un oncle, artiste et homosexuel dans une famille américaine est un traumatisme pour tous: gène et honte pour les adultes, choc psychologique pour les plus jeunes en particulier pour June, si proche de cet oncle solaire.

Le chagrin et l'absence sont vécus difficilement pour la jeune adolescente, auprès d'une soeur aînée tout en aigreur, au caractère compliqué, et des parents mutiques et peu psychologues dans leur éducation.



La rencontre de June avec le compagnon du défunt ouvre à une nouvelle compréhension du drame, personnel et social. Mais c'est là que le bât blesse: le décryptage psychologique de la jeune adolescente prend son temps. C'est extrêmement long ( travers récurrent d'un bon nombre de romans américains). C'est d'autant plus dommage que les thématiques à creuser (apprentissage, sororité, tolérance) sont multiples et touchantes mais noyées par l'excès du détail.



En résumé, je ne suis pas conquise mais je retiendrai pourtant un roman qui expliquera aux plus jeunes, le contexte historique, médical et social de la maladie.

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Dites aux loups que je suis chez moi

Lorsque June est confrontée à la perte de son oncle Finn, causée par le sida, sa tristesse est immense, tant Finn représentait pour elle, au-delà du lien de parenté, un meilleur ami mais aussi, malgré sa répugnance à se l'avouer, un premier amour.



C'est ainsi un double deuil que June expérimente, celui de la mort d'un proche mêlé au dépit amoureux quand elle se rend compte qu'elle ne savait pas tout de Finn, notamment une information importante : l'existence de son compagnon, Toby.



Quand celui-ci entrera en contact avec elle, même si spontanément, elle le déteste, elle verra aussi l'occasion à travers lui de mieux connaître Finn. Ce sera le cas, mais elle fera aussi la connaissance de Toby et des secrets qui entouraient sa relation avec Finn, lui ouvrant de nouvelles perspectives et des clés de compréhension du monde qui l'entoure, ce qui n'est pas rien quand on vient d'entrer dans l'adolescence…

« Dites aux loups que je suis chez moi » est un premier roman très riche, qui mêle des sujets assez lourds et difficiles à traiter. le roman se passe dans les années 1980, à l'époque où le sida était une source d'angoisses et de clichés stigmatisants, en plus de perturber la vie des adolescents de l'époque (« le mercredi suivant était le 1er avril. le président Reagan passait à la télévision pour faire un grand discours sur le sida. C'était la toute première fois. Apparemment, il en connaissait un rayon sur le sujet depuis un moment, mais il avait préféré garder le silence. Ce qu'il a dit, c'est que tout le monde – et en particulier les adolescents – devait arrêter de faire l'amour. Il ne s'est pas exprimé précisément en ces termes, mais en gros, c'était ce qu'il voulait dire. ») Mais en réalité, ce n'est pas vraiment un roman sur cette époque, même si elle lui donne son contexte, en tout cas je l'ai ressenti ainsi, mais plutôt un roman sur une jeune fille qui tout simplement grandit et qui apprend, en traversant son épreuve personnelle, à s'ouvrir aux autres.



En effet au début du roman, June est une adolescente un peu geek, solitaire, qui aime d'une manière exclusive (« […] j'ai toujours été comme ça. Je n'ai besoin que d'une personne sur qui compter. »), et qui est passionnée par le Moyen Âge, ou plutôt ce qu'elle en perçoit : un monde plus simple, où fuir un présent qu'elle peine à comprendre (« […] si je scrutais avec assez d'insistance, les morceaux du monde se rassembleraient peut-être pour former quelque chose que j'arriverais à comprendre »). Elle entretient des relations classiquement – du moins à cet âge – compliquées avec sa soeur Greta, d'un an son aînée, laquelle est clairement jalouse de la relation que June a pu avoir avec leur oncle, et dont elle a été exclue.



Dans la première partie, jusqu'à ce qu'elle rencontre Toby, June m'a ainsi semblé étrangement fermée aux autres. Elle semble se rendre compte que Greta aimerait avoir plus de relations avec elle mais elle n'en fait rien, persuadée que sa soeur la déteste. Elle ne sait pas pourquoi elle accepte de rencontrer Toby malgré l'envie d'en savoir plus sur la vie de son oncle, mais à son contact, elle se rend compte que les choses ne sont pas binaires, et qu'elle aussi, elle peut offrir quelque chose aux autres. Son évolution transparaît ainsi dans sa manière de nous faire percevoir Toby : au début, je me suis sentie méfiante envers ce personnage trop gentil, trop coulant, aux intentions pas très claires (que veut-il de June ?). Mais peu à peu, il a fini par me toucher car il essaie de toutes ses forces de se fondre dans les attentes de June à son égard : qu'il soit le gardien du monde de Finn tel qu'elle le connaissait, c'est-à-dire sans sa présence à lui, avant qu'elle l'accepte tel qu'il est.



Le coup de coeur est lentement venu à la lecture de ce roman très mélancolique, dont je me souviens avec des couleurs grises et mornes, comme l'hiver auquel June tient tant, car il cadre mieux avec l'idée qu'elle se fait du Moyen Âge. Carol Rifka Brunt a réussi à trouver la voix de June, celle d'une adolescente observatrice, parfois ironique, mais pleine d'esprit et retranscrit par son biais, de manière très crédible, les affres de l'adolescence, quand on cherche sa place, son identité dans un monde difficilement compréhensible. Il y est ainsi beaucoup question du temps, celui qui passe et qui ne revient pas, qui nous fait évoluer malgré la résistance qu'on lui oppose, quand on sait que la personne que l'on est aujourd'hui ne sera plus déjà plus la même dès le lendemain. de cette évolution à marche forcée que Carol Rifka Brunt décrit si bien sourd une petite musique mélancolique qui fait le charme de ce roman : June semble être condamnée à grandir dans le deuil et l'urgence du temps qui passe et qu'on ne peut rattraper. C'est beau et c'est tragique à la fois. N'hésitez pas à dire à votre tour aux loups que vous êtes chez vous ! Qui sait ce qu'ils pourraient vous répondre ?
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Dites aux loups que je suis chez moi

J'ai tout aimé dans ce roman; l'histoire, l'époque, les personnages et l'écriture. Attirée par de nombreux avis positifs, à mon tour je suis tombée sous son charme.



Carol Rifka Brunt a réussi dans son premier roman à dépeindre avec beaucoup de justesse les années quatre-vingts dont je suis très nostalgique. Si mon compte est bon, June a exactement le même âge que moi et bien qu'on ait grandi dans deux pays différents confrontées à une réalité sociale toute autre, la musique qu'on écoutait et les films qu'on regardait étaient souvent les mêmes. Depeche Mode, The Cure, Amadeus au cinéma, je m'en souviens. Et puis la peur de ce virus encore mal connu, je me rappelle aussi.



C'est une belle histoire bâtie sur la relation entre une nièce et son oncle Finn qui s'adorent. Quand la mort emporte ce dernier, June se lie d'amitié avec Toby, un homme étrange et seul, tout aussi affecté par la disparition de Finn. Les liens familiaux y sont finement décrits, la complicité puis l'éloignement entre deux soeurs (June et sa soeur Greta) et parallèlement entre la mère de June et son frère Finn. Bref, des relations familiales compliquées à cause des non dits, de la jalousie, des espérances non concrétisées. C'est enfin une peinture émouvante d'un amour homosexuel et d'un amour platonique.



Ce roman m'a agréablement surprise par sa finesse et sa justesse des sentiments. Je me suis plongée dans cette chronique de la décennie 80 avec beaucoup d'émotion. Une lecture passionnante dont je garderai un bon souvenir.
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Dites aux loups que je suis chez moi

Un petit roman sans prétention mais prenant et touchant, qui offre ce doux plaisir de pouvoir s’attacher aux personnages, de s’y projeter, de se glisser dans leurs sentiments et émotions.

June, la narratrice, n’aime pas les fêtes, les groupes, elle préfère se promener seule dans les bois en s’imaginant vivre au Moyen Âge, se cherche des refuges, des bulles, et tisse une relation particulière, clandestine, de plus en plus affectueuse avec celui que sa famille désigne comme l’assassin de son oncle, qu’elle adorait, mort du sida.

Un joli livre qui parle avec justesse et sensibilité du sida dans les années 80, du deuil, de l’adolescence, des relations familiales et humaines.
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Dites aux loups que je suis chez moi

Merci à babelio et aux éditions Buchet Castel pour cette très belle chronique des années sida mais vues par les yeux d’une adolescente, toujours au milieu des années 1980, mais ce coup ci dans un pays que l’on connait plus que la Suède, les États-Unis. June est une adolescente taciturne, écrasée par une sœur aînée et des parents aussi absents qu’ennuyeux.



Depuis sa banlieue triste du New Jersey, elle rêve d’art et de son oncle Finn, un peintre new-yorkais reconnu. Mais Finn est très affaibli et meurt bientôt de cette maladie qu’on n’évoque qu’à demi-mot, le sida. Inconsolable, la jeune fille se lie d’amitié avec un homme étrange, Toby, qui se présente comme l’ami de Finn. Confrontée à l’incompréhension de son entourage, et à la réalité d’une maladie encore honteuse, June va brusquement basculer dans le monde des adultes et son hypocrisie.



Roman d’apprentissage bouleversant, Dites aux loups que je suis chez moi révèle une auteure totalement inconnue en France, et dotée d’une plume intense et pudique à la fois.



On est totalement pris par la destinée de cette adolescente qui s'accroche à cet oncle artiste peintre merveilleux qu'elle adore et qui va mourir, seule bouée de sauvetage dans un monde d’adultes qui ne la comprend pas. ...suite de la chronique sur mon blog..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Dites aux loups que je suis chez moi

C'est un roman sur l'amour, la tolérance et les questionnements d'une jeune fille de 14 ans qui se construit au milieu des adultes.

Westchester en 1987 : June Elbus solitaire voue un amour immense à son oncle Finn car avec lui elle peut parler d'art, de musique. En effet ses parents comptables rentrent le soir tard, fatigués, peu disponibles mais c'est surtout sa soeur aînée Greta qui l'écrase par son éclat, son intelligence, ses nombreux amis, et son implication dans le théâtre ...June est timide, passionnée d'histoire du moyen âge, s'habille sommairement, adore les promenades en forêt, la nature, les loups et la fauconnerie ....

Quand l'oncle Finn meurt du sida, elle est inconsolable, elle se sent encore plus seule, rejetée et elle va vivre ce deuil avec sa famille qui a toujours pris des distances avec ce peintre reconnu, homosexuel, ce frère de sa mère qui était si différent, secret mais si exceptionnel et, qui l'amenait visiter des lieux magiques à New York ou il était installé !

Jusqu'au jour ou elle reçoit un petit message accompagné de la théière russe de Finn qui lui était destinée ! C'est Toby " le partenaire particulier " de son oncle qui tente de se rapprocher d'elle pour partager leurs souvenirs de Finn. Elle est réticente au début car il est perçu par sa famille comme celui qui aurait tué son oncle avec le sida mais elle va peu à peu s'attacher à lui, le jalouser même car elle comprend qu'il a vécu des moments agréables avec celui qu'elle croyait tout à elle !

Elle est obligée de vivre leurs rencontres en secret, elle va manquer l'école, aller régulièrement toute seule le rejoindre dans l'appartement de Finn et elle va l'aider comme son oncle l'aurait voulu ! Ils vont partager leurs souvenirs du cher disparu, vivre d'autres expériences, se découvrir des gouts communs mais Toby est fragile car il a aussi le sida et il sait qu'il finira comme son "ami".

Finn a laissé à ses 2 nièces un portrait d'elles, intitulé "Dites aux loups que je suis chez moi " qui va être découvert par la presse et qualifié d'oeuvre majeure du peintre au point que ses parents vont le mettre dans un coffre à la banque et donner une clef à chacune des 2 ados pour aller le contempler à loisir !

Carol Rifka Brunt nous présente avec ce premier roman le monde hypocrite des adultes, le " tabou" du sida qui en 1987 était une infection peu connue et surtout honteuse car attribuée aux homosexuels, bref cette intolérance face à la différence, mais aussi un récit plein de l'amour de cette jeune fille qui tentait de comprendre les siens et la société avec son grand coeur, ses doutes, ses angoisses, ses incertitudes ...

Un roman avec un style agréable, beaucoup de finesse dans l'analyse des sentiments de June et de Toby...

L.C thématique de décembre : littérature étrangère ( hors l'U.E ).

Challenge ABC 2022/2023..
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Dites aux loups que je suis chez moi

Comme l'a écrit Cornelia Funke, "il y a des livres que l'on déguste, d'autres que l'on dévore", pour moi, ce roman-là appartient à la première catégorie. J'en ai dégusté chaque phrase, chaque mot afin de m'immerger complètement dans l'histoire et dans la vie de June Elbus, une adolescente de 14 ans. Elle est plutôt solitaire et aime se réfugier dans les bois où elle s'imagine vivre au Moyen-Age. Elle a également une grande soeur populaire, Greta, et des parents souvent absents. Elle est très proche de son oncle Finn, un peintre new-yorkais mais ce dernier meurt du sida, June est dévastée. Dans les années 80, cette maladie est méconnue du grand public et encore tabou. Lors de l'enterrement de Finn, June croise le regard d'un homme étrange, il s'agit en fait de Toby, le petit ami de Finn. Toute sa famille présente Toby comme un meurtrier, comme l'homme qui a tué Finn mais June va décider d'ignorer leur mise en garde et va se lier d'amitié avec Toby. Ils se voient en cachette, apprennent à se connaître et partagent leurs souvenirs respectifs de Finn.

Ce roman est une perle, une pépite qu'on ne peut lâcher. Il fait parti de ceux qui laissent une trace dans votre esprit et dans votre coeur. Les personnages, les thèmes abordés (sida, alcool, art, relations familiales...) ; tout est évoqué avec émotion et justesse. Bref, pour un premier roman, c'est un grand roman ! Et un énorme coup de coeur !
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Dites aux loups que je suis chez moi

Les années 1980, aux États-Unis. June est une adolescente renfermée d'une quatorzaine d'année. Entre ses parents comptables et débordés de travail, et une sœur qu'elle a longtemps considérée comme une compagne et qui passe maintenant son temps à la faire souffrir, son seul véritable ami est son oncle Finn. Mais un jour, c'est le choc : elle apprend que Finn a le SIDA, qui lui aurait été transmis par son ami Toby.

Confronté à la mort de son oncle, June va s'effondrer et se replier encore davantage sur elle-même. Mais la rencontre avec Toby va tout changer. Cet « ami particulier » de Finn va bouleverser sa vie entière : c'est d'abord un homme qu'elle va détester, surtout à cause de sa mère. Sa mère était la sœur de Finn, et a eu beaucoup de mal à accepter sa mort et pense que c'est à cause de Toby. Mais June va être ensuite profondément jalouse de Toby, qu'elle voyait comme un rempart entre elle et Finn, elle aurait voulu que son oncle n'appartienne qu'à elle. Jude va passer par tout un tourbillon d'émotions intense, exacerbé par l'adolescence et le passage à l'âge adulte. Lorsqu'elle va accepter de rencontrer Toby, en cachette de ses parents et de sa sœur, c'est d'abord pour essayer de comprendre cet homme et la relation qu'il a eu avec son oncle, mais aussi pour le protéger – à la demande de Finn et, enfin, parce qu'elle réalise qu'elle tient énormément à Toby.

Dites aux loups que je suis chez moi est un récit de personnes. On va suivre June, une collégienne très secrète, très réservée, qui préfère s'inventer une autre vie, jouer dans les bois où elle échappe à sa famille. La seule personne auprès de laquelle elle se sente entière est Finn, puis Toby. C'est une jeune fille à laquelle je me suis profondément attachée et identifiée : elle à la fois très fragile et très forte, elle va tenter de dépasser les préjugés et les pensées de sa famille, elle est fière et aime son oncle malgré les préjugés de la société, qui pense que le SIDA est une maladie honteuse et tabou. Elle va également se dresser contre sa sœur, tout en se rappelant les bons moments passés avec elle et tenter de retrouver cette intimité perdue. Finn n'est pas le personnage le plus présent, mais son ombre plane tout au long du récit et tout tourne autour de lui. Avec June, c'est clairement le personnage de Toby qui m'a le plus émue et tirée des larmes. Rejeté par la majorité des personnes qu'il rencontre, il y a eu peu d'occasion d'avoir des échanges véritables, de trouver l'amour et l'amitié...
Lien : http://chezlechatducheshire...
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