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Citations de Carole Zalberg (169)


Carole Zalberg
Grâce

Elle avance
et voit palpiter l'air autour,
caresse qui la suit à pas de loup
Elle avance, avance
et comprend que c'est un de ces jours
où tout l'enlace:
les regards, le vent, l'instant
ce qu'elle désire et ce qui l'attend
elle avance, avance, avance
laisse sa trace
de parfum, de lumière, de silence doux
c'est un frisson, une joie dense
et la voilà qui court.

(" Les formes, poèmes")
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Qu’est-ce que ça change à l’heure de crever? On laisse des traces différentes, on s’en va plus ou moins en paix. Tu l’étais, toi?

(p.77)
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Mais j'aurais du le savoir, ce qu'on ne regarde pas ne cesse pas pour autant d'exister. Il y a du drame à revendre dans tous les coins de toutes les vies même les plus tranquilles, même les plus ternes. Je ne me pardonne pas d'avoir cru que toi et moi, parce que nous en avions eu notre content, de drame, nous en avions fini. Des petits malheurs, oui, des revers et des déceptions, oui, je m'attendais à ce que nous en rencontrions encore. Mais du drame, imbécile que je suis, je nous croyais définitivement protégés.
Nous l'avions gagnée, m'imaginais-je, notre immunité.
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J'en fais le serment alors : une fois là où nous pourrons être en vie sans avoir à justifier, détailler, exhiber la moindre seconde nous ayant conduits avec d'autres à l'exil, plus jamais je n'emprunterai le chemin des mots qui me ramènent au drame. Nous serons neufs et tu auras le droit de croire aux promesses du monde
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Carole Zalberg
Il y a là sous la chair
entre les os fragiles
et les réseaux habiles
dans une profondeur que les mots seuls éclairent
un lac sombre, un monde qui scintille,
d'homme en homme à la file
un fond de vie où j'erre,
où je plonge une et reviens mille

(" Poesie 1: les femmes et la poésie)
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Dans un autre de ces lieux sans nom que la nécessité aide à rejoindre, une nuit où tu t'es pour une fois endormie sans te nicher, je laisse une étrangère se couler le long de moi. Elle est vaste et douce et puissante et je cède à la fugitive évidence de ses bras. Je ne sais plus si je suis un homme ou un enfant contre ce corps, cette nuit-là, contre cette femme qui n'est pas mon Ezokia, mais je sais qu'elle me choisit et m'accueille et m'apaise et m'aime assez pour qu'au matin rien ne soit trahi.
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Tel est le mystère des hommes qui parfois s'aident et se comprennent et parfois se déchirent.
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- Tu m'appelleras Madame, lui dit alors la femme fine en lui faisant signe de la suivre.
Au bout du corridor, elle ouvre une autre porte qui donne sur un réduit sans fenêtres. Au sol, un matelas. Contre un des murs, des balais, une planche à repasser et tout un bric-à-brac que Lania ne peut identifier.
- C'est là que tu dormiras. Tu seras bien; C'est calme et tu ne seras pas gênée par la lumière du jour ou les réverbères.
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Je ne pourrai remonter le cours de notre vie jusqu'au lit de ton crime car il est le dernier domino à tomber et j'ignore ce qui, de mon silence, de nos épreuves, de ton désœuvrement ou de tout autre chose encore a été le premier vacillement. Et quelle différence cela aurait-il fait si je t'avais raconté d'où nous venions ?
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Comment ce corps sur lequel j’ai tant compté, cette machine à vivre, mon fidèle outil à plaisirs même quand le sexe avait cessé son emprise, peut-il en être réduit à une simple masse, inerte ou presque, qu’il faut nourrir et panser, ce champ morne ou guetter les symptômes, ou recenser les défaites successives?

(p.54)
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(Propos de Nicolas, devenu SDF, sur le regard qu'il porte sur sa condition actuelle)

Un homme tout court qu'il sait ne plus être aujourd'hui. Est-ce qu'on est un homme quand on n'a rien su retenir du bonheur et des accomplissements ? Quand on n'a que l'idée de survivre, l'imagination d'être ivre ? Et tout son temps pour les regrets ? Est-ce qu'on est un homme quand on sait que son enfant vit quelque part, dans la ville même où l'on se rend d'un point d'eau à un coin de chaleur, d'une rue où manger à un trou où dormir ? Est-ce qu'on est un homme quand on a aimé et perdu l'amour ? Quand on n'a plus de son passé enfui que quelques frusques avachies, des photos poisseuses, des livres aux pages cloquées de pluie et de saleté, le tout jeté en désordre dans une valise qui ne ferme plus ? Est-ce qu'on est un homme quand on n'a que cela pour se souvenir qu'on a vécu ici, dans ces rues mêmes, une vie heureuse ?

En fait il sait précisément quand il a cessé d'être un homme. Il sait quand et à quelle heure c'était.
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« Ils n’ont jamais rêvé d’Amérique, y sont venus sans désir, talonnés par les menaces, s’y sentant diminués. » (p. 143)
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De son enveloppe, sac vide, rétréci, froissé au bord du fauteuil où on l'a invitée à s'asseoir - et c'était comme mettre sa tête sur le billot -, ne demeurera que son regard de bête encerclée, le pire étant qu'en un dédoublement atroce et alors même qu'elle semblera sans réaction à ses interlocuteurs horripilés, elle verra tout cela de l'extérieur avec une acuité cruelle. Descendra une marche dans le gouffre de son incapacité à s'adapter. Et comment en remonter quand la lumière n'est plus que rais entre des barreaux ?
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"Encore huit cents véhicules incendiés", annonce une voix masculine dans le petit poste de radio qu'emporte Marie tous les matins de la cuisine à la salle de bains. Elle monte un instant le son, laisse à contre coeur les mots du journaliste se ficher un à un dans sa bulle, qui résiste pourtant. C'est plus fort qu'elle, Marie croit entendre une manière de triomphe dans l'énoncé des événements. Le nombre de blessés, celui des voitures détruites, tous les bris, tous les heurts sont égrenés staccato et sans pudeur, comme autant de résultats sportifs. Elle éteint. Fait silence.
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Après des heures de route à travers le pays que les pluies diluviennes ont transformé en une gigantesque mer de boue, Lania, somnolente, aperçoit enfin la ville. Au début, elle trouve cela très différent de ce que décrivent les marchands de passage au village. Partout où son regard se porte, Lania ne voit que des baraques en tôle, de la boue encore et toujours, et des gosses sales qui jouent nu-pieds et suivent la voiture sur quelques mètres en courant et en criant. Pas de grands immeubles chatouillant le ciel, pas de rues lisses, pas de boutiques où, paraît-il, avec de l'argent, on peut acheter des choses que Lania parvient à peine à se représenter.
Et puis, petit à petit, les baraques font place à de vraies maisons, de plus en plus coquettes, avec des jardins très verts, des arbres fleuris, des portails impressionnants.
(p. 25-26)
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Nous l’avions gagnée, m’imaginais-je, notre immunité.
Ne nous battons-nous pas jour après jour, mois, année, dès notre arrivée, dans ce pays ? Ne sommes-nous pas des greffons exemplaires, absorbant ce qu’il y a à absorber de notre hôte, mots, institutions, usages, afin de ne pas être rejetés ? Je le fais pour nous deux, au commencement, avec conscience et acharnement. Je nous fonds. J’ai su passer pour mort au milieu des morts, je peux bien mimer tout ce qu’il y a à mimer pour avoir le droit de vivre ici.
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Moi, la rue, je sais ce qu'elle fait aux gens. dans ma tête je m'arrête sur tous ceux qui l'occupent et qui ont souvent l'air d'y avoir été jetés. Je ne peux pas m'empêcher de penser que chacun d'eux a été autre chose avant : un père ou une mère, un enfant qu'on aimé peut-être, en qui on croyait, bref une personne comme vous et moi que la vie, à un moment donné, a dû écrabouiller.
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Ce qui a été abîmé avec tant de constance, toutefois, le restera, et je devrai m'accommoder de ruines pour seules fondations.
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Elle voit Madame assise de dos, toute raide et menue dans un grand canapé de velours bordeaux. Elle tient entre deux doigts une tasse d'un liquide fumant et Lania a aussitôt une irrésistible envie de boire du thé chaud. Avec de la menthe et beaucoup de miel, ainsi qu'on le boit chez elle.
Madame a entendu Lania arriver. Elle pose la tasse sur la table basse devant elle d'un geste délicat et mesuré. Comme si elle craignait de se casser. Lania a l'habitude des femmes robustes et toujours très occupées. Dans son village, on est tout le temps en train de porter, couper, tisser, broder, touiller, bêcher, ramasser, bercer, tresser. Les femmes, surtout, s'activent toute la journée. Plus que les hommes, qui, avant et après le travail des champs, passent le plus clair de leur temps à palabrer. Et à boire du thé, justement. Alors elle est fascinée par la lenteur des gestes de Madame.
(p. 34-35)
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Il y a la tante qui vit seule avec sa télé et ses chats; on dirait une gamine à la fête foraine. Elle trouve tout mer-vei-lleux !
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