AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Carole Zalberg (169)


Bien sûr tu viendras t'installer ici, avait affirmé une cousine alors que je passais l'été en Israël, où vit une partie de ma famille maternelle. Affirmé, pas suggéré ni demandé. J'avais dû avoir l'air tellement ahuri qu'elle avait entrepris de m'expliquer pourquoi, comme tous les juifs de ce monde et au-delà, je ne pouvais pas ne pas vouloir vivre chez moi.
Commenter  J’apprécie          20
Il y a les VIEUX PÉPÉS
secs et raides

Comme des bâtons de réglisse.

C'est toute une histoire à chaque fois qu'ils veulent se lever ou s'asseoir ou faire un pas sur leurs jambes flagadas !

La famille entière, qui a l'habitude, se tient au garde-à-vous pour les aider dès qu'ils font mine de bouger le petit doigt.
Commenter  J’apprécie          20
Plus encore qu’un voyage, ce serait un morceau d’autre vie, une exception à la règle des jours.
Bien sûr, il faudrait le prévoir, le préparer, le placer quelque part dans nos existences prises. Il faudrait accepter l’idée d’être pratique, de lâcher un peu les hauteurs pour la terre ; oui, il s’agirait de fouler un sol extrêmement concret le temps d’y semer ce qui deviendrait la date, l’occasion, la parenthèse gonflée d’essentiel.
Nous aurions à parler d’agenda, de contraintes, de toutes ces obligations qui nous lient ailleurs et que nous ne souhaitons pas rompre. Parler cru, nous qui aimons dire doux.
Mais cette audace d’être triviaux nous l’aurions comme nous aurions toutes les autres forces : pour ce moment jusque-là refusé où nous pourrions être longtemps un. Plus une femme et un homme ensemble. Une créature double et brûlante. Une molécule gorgée d’atomes avides.
Dans cette parenthèse, tu le sens, nous serions une palpitation.
Commenter  J’apprécie          20
Ce sont elles qui ont décidé. Nos mains.
Nous étions dans ce taxi qui nous emportait vers nos vies respectives. Rien ne s’était passé. Tout avait pourtant été dit par nos yeux. Quelques mots aussi qui avaient entrouvert une porte. Mais nous étions encore chacun encerclé par notre propre histoire, le corps et le cœur en quarantaine de tout ce qui n’appartenait pas à celle-ci. Voilà, nous étions toi et moi dans deux sphères clairement limitées. Par instant elles se frôlaient et là naissaient une transparence, une fluidité – comme une béance dans notre enceinte et par laquelle nous étions happés.
Nous roulions donc, encore lointains, avec au ventre des envies de collision, d’une fusion même maladroite et comptée. Or nos vies, tout près, nous attendaient et rien encore ne se passait.
Ta main, alors, sans douceur, s’est posée sur la mienne. Qui l’a aussitôt saisie, pétrie. J’étais en colère. Tu avais pénétré ma sphère et je ne pouvais faire autrement que t’y vouloir. Je te refusais mon regard en vain : je sentais nos mains en bataille achever de nous mélanger.
Cette guerre éclair nous laisserait tous deux vainqueurs et vaincus. Secrètement occupés.
Commenter  J’apprécie          20
Lorsqu' Anna écarta le papier de soie qui protégeait le vêtement, elle fût saisie : la robe était imprégnée du parfum, de l'odeur même de sa mère.
Commenter  J’apprécie          20
Une chambre.
Tu y pénètres avant moi, tires les rideaux pour allumer l’ombre et que je ne voie pas ce qui ne nous appartient pas : les murs un peu sales, le couvre-lit éreinté par des corps inconnus, sur le tapis des traces vagues.
Maintenant viens, dis-tu avec toute la douceur de notre monde.
Je m’avance et même si je sens le sol sous mes pieds c’est dans le vide que je plonge à cet instant-là. Non. Pas le vide. Un espace en suspens où rien n’arrêtera les vertiges et l’affolement ; notre terre comme un ciel.
Tu verras que je vacille et pour me garder entière et vivante tu me jetteras la corde de tes mots enchevêtrés. Pas un instant tu ne cesseras ton tissage étroit, qui me retiendra et me comblera.
Alors j’inventerai mon propre chant pour toi. Arrimée au fil de ta voix, je pourrai laisser mes mains te le réciter.
Commenter  J’apprécie          20
Plus elle s'éloignait de son vrai visage et plus elle se libérait de toute pudeur, de toute idée de faute; moins elle savait qui elle était et plus elle se sentait à l'abri.
Commenter  J’apprécie          20
Quelques secondes sont passées ainsi, dans le silence et la douceur, et puis chacun a pris conscience du tableau que nous formions, tous les quatre à pleurer là, dans le salon, et nous sommes passés des larmes à un rire énorme, interminable, magnifique.
Commenter  J’apprécie          20
Or le monde, cette nuit, te retient, te mâche, te digère, et que recrachera-t-il ? Que restera-t-il de toi ? Je t’imagine enfermée, ma valeureuse, mon enfant poussée au crime par quoi ? L’ennui ? Ta nature combative ? L’imbécile vœu d’être encordée à tes amies quels que soient la cause et le danger, quelles que soient l’ineptie de l’enjeu et la profondeur du gouffre sous vos pieds ?
Je vous ai vues si souvent aboyer comme une seule, jeune animal aux trois gueules déployées pour la défense ou l’attaque avec toujours cette témérité théâtrale, parfois chargée de hargne, qui, je l’avoue, me rassurait. Je ne l’avais pas anticipée, cette hargne, avant qu’elle ne s’exprime, ni vraiment comprise, mais je pensais : Adama n’a pas peur, Adama saura mordre avant d’être mordue, Adama a de l’appétit et pense que la vie, une autre vie, ailleurs que dans la cité, plus généreuse, lui est due. Elle ira la chercher. Elle réussira. J’ignorais quoi mais je répétais cela la nuit, elle réussira.
Commenter  J’apprécie          20
Tel est le mystère des hommes qui parfois s'aident et se comprennent et parfois se déchirent.
Commenter  J’apprécie          20
« Suzan les imagine lui, sa mère, Sophia et Adèle la Française sur le chemin. Elle ne peut pas les bouger comme des pions, mais si c’était possible, que changerait-elle ? » (p. 154)
Commenter  J’apprécie          20
« Elle n’a jamais rien fait d’aussi important que ce chemin vers ses parents. » (p. 138)
Commenter  J’apprécie          20
« Suzan, avant l’arrivée en fanfare de la Française, s’était convaincue qu’elle aimait son existence capitonnée, qu’elle n’en espérait rien de plus, ni de moins. Et voilà que cette vieille femme venait la narguer avec ses appétits » (p. 68)
Commenter  J’apprécie          20
« Après tout, ce pays n’est pas le leur. Ne leur fait-on pas un cadeau en tolérant qu’ils y respirent ? Ainsi, on portera l’étoile jaune en se persuadant qu’elle n’est pas une marque d’infamie. » (p. 147)
Commenter  J’apprécie          20
Jusqu’alors, la vie d’Anna n’existait pas sans l’affection, sans la protection des aînés. Or voilà qu’elle découvrait une autre manière d’exister, minimale et immédiate, abruptement inutile.
Commenter  J’apprécie          20
Pour la jeune femme, Anna avait très vite constitué une mission sacrée, l'acte de courage et d'éclat accompli pour ne pas céder aux lois de ces temps innommables. L'idée sublime d'une vie sauvée non seulement dans son souffle quotidien, mais dans son droit au lendemain, à un avenir qui ne serait pas définitivement bridé par les injustices du passé.
Commenter  J’apprécie          20
…ce sourire aujourd’hui comme alors maintient vivant ce que lui et cette île avaient à me donner : l’occasion d’un engagement, corps et âme, avec ce que cela implique toujours de vertige et de cécité. C’est ailleurs que je m’enracine, non sur une terre mais auprès de l’homme qui depuis lors m’accompagne.
Commenter  J’apprécie          10
Ce n'est pas qu'elle veut y rester, Maman, à la rue. C'est la rue qui a tendance à ne plus vous lâcher une fois qu'elle vous a attrapé.
Commenter  J’apprécie          10
Tu vois, mon Adama, chaque fois, sur le chemin, quand je vacille, quand je suis perdu, c'est toi qui me tiens debout. J'aurais dû chaque jour te le répéter au lieu de te regarder t'éloigner sans réagir, en me persuadant même que c'était la preuve que toi, tu appartenais à ce pays, que j'avais réussi cela, mon arbrisseau, te replanter.
Commenter  J’apprécie          10
Dehors la neige a cessé de tomber et Anna prend aussitôt le chemin de la ferme. Elle réprime elle aussi une violente envie de vomir. Pourtant, elle n'a pas vraiment eu peur. Pas après les premières minutes en tout cas. Non, c'est l'obligation de mentir qui ne passe pas. Et que ce mensonge, cette dissimulation de qui elle est soit une condition sine qua non de sa survie. Tout à coup et pour la première fois, elle se demande pourquoi. Et elle ne trouve pas le moindre bout de réponse. Elle ne sait pas d'où est venu ce danger d'être soi. Comment on peut en être là, à devoir vivre un faux-semblant de vie, une mascarade.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Carole Zalberg (363)Voir plus

Quiz Voir plus

Légende Arthurienne

Arthur est le fils de...

Uther Pendragon et d'Ygraine
de Merlin et de Viviane
de Merlin et d'Ygraine
de Merlin et de Morgane

12 questions
256 lecteurs ont répondu
Thèmes : roi arthurCréer un quiz sur cet auteur

{* *}