Une chose est sûre : on n'améliorera jamais le monde, on n'améliora jamais le comportement des autres, on n'améliorera rien du tout si on ne commence pas par s'améliorer soi-même avec la participation et la volonté de tous. Rejeter la faute sur les autres et trouver des coupables, c'est ce que l'homme à toujours fait jusqu’à présent, ce qui lui a permis de regarder ailleurs et de ne pas s'aventurer sur le terrain miné de sa propre responsabilité.
Notre économie moderne a fait en sorte qu'on ne voie plus rien : que les élevages intensifs d'animaux, les abattoirs, la surpêche ou encore la fabrication de vêtements et de baskets dans les ateliers des multinationales où l’on faut travailler des enfants se fassent loin de nos yeux.
Évidement que si ces ateliers de misère où les travailleurs, pour ne pas dire les esclaves, sont exploités et soumis à des conditions contraire à toute morale, étaient visibles au fond de nos boutiques comme le sont aujourd'hui, derrières de belle verrières, les cuisines dans les restaurants bistronomiques, plus personne n’achèteraient de baskets ou de vêtements aux entreprises qui y ont recours ! De même, si nous devions subir le spectacle des abattoirs ou de l'élévage intensif dans nos restaurants et nos boucheries, croyez bien que plus personne ne mangerait de viande. Où est donc passé notre conscience face à ces problèmes ?
En réalité, les nouvelles possibilités s'ajoutent moins aux anciennes qu'elles ne s'y substituent. C'est un mouvement général, qui détruit les moyens qu'ont les êtres humains de subvenir par eux-mêmes à leurs besoins et les oblige à en passer par des objets ou des services qui s'achètent, notre lien presque exclusif de tout ce dont nous faisons usage est celui de consommateurs, totalement ignorants de la façon dont ce que nous consommons est élaboré, la liberté acquise vis à vis des anciennes communautés a sa contrepartie dans un assujettissement complet au système général, dont l'individu devient aussi dépendant que l'était le nourrisson des adultes qui veillaient sur lui.