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Critiques de Carolyn Steel (7)
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Ville affamée

A peine la dernière page de "Ville affamée" tournée, je m'aperçus en faisant la cuisine que les gousses d'ail au vinaigre que je venais d'acheter en grande surface était un produit élaboré... en Chine. Alors là, banco ; comme démonstration, j'étais au top !

Comment dire mon enthousiasme à dévorer cette masse d'informations et ma conviction que chacun devrait lire "Ville affamée" et ce, du haut en bas de la société, quel que soit son orientation de mangeur et son appétit ? Le titre est provocateur et peut faire fuir, on se dit : Ah la la, encore de la culpabilité au menu ; au moment des fêtes et des ripailles, je vais plomber l'ambiance... Eh bien non, pas du tout ! Ce livre est passionnant, enjoué, farci de références comme une dinde de réveillon l'est de châtaignes et il fait voyager son lecteur à travers le temps, l'espace, les saisons et les coutumes, sous le signe de la nourriture.

Cette signature, c'est l'enfant qui dit "le Roi est nu" : que serait notre civilisation occidentale urbanisée, totalement déconnectée de la campagne et de la nature sauvage (le peu qu'il en reste) si la nourriture venait à manquer ? En cette année 2017 qui s'achève, nous n'avons plus ou très peu, la perception que nous faisons partie d'un "continuum organique". De plus notre mode de vie standardisé d'hyper-consommation devient la référence alors que le nombre d'habitants augmente et que nous allons nous trouver bientôt "à court de Terre". Alors, en attendant la colonisation de Mars, notre voisine, peut-être serait-il bon de réfléchir urgemment à ce que nous apprennent dix mille ans de civilisation urbaine : "On pourrait écrire des bibliothèques entières à ce sujet, mais tous ces livres se réduiraient finalement à une chose : respecter la terre".

Et on peut aussi commencer par lire "Ville affamée" de Carolyn Steel.



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Ville affamée

Tout a commencé par 2 reportages de la BBC2 sur le repas de Noël. L'un faisait l'éloge des produits locaux, des bons mets, de l'ambiance festive, le tout agrémenté de magnifiques paysages sur fond de musique mélodieuse. L'autre dénonçait la manière ignominieuse dont les volatiles garnissant nos tables de fêtes étaient élevés et tués.

Les 2 reportages présentaient chacun leur vérité. Indéniable. Mais alors, où est le hic ? Et bien dans le prix. Ceux qui savent y mettre le prix peuvent effectivement s'offrir des mets de qualité, dont les animaux et les produits maraîchers sont élevés et cultivés dans les règles de l'art. Dans le respect du produit et du consommateur. Et ceux qui n'en ont pas les moyens sont bien obligés de se rabattre sur les produits bon marché, avec tout ce que cela implique.



Pourquoi en est-on arrivé là ? Carolyn Steel nous l'explique dans cet ouvrage très recherché et très documenté, sur un sujet peu souvent abordé.



Et je peux vous dire que ce n'est pas si simple que cela. Les différences de qualité, de coût, de production ont toujours existé et ont façonné notre histoire. La terre, l'agriculture, les villes et leur expansion démographique, les mouvements de masse campagne-ville, tout est lié. Tout évolue en fonction de l'histoire qui avance, des politiques y afférentes, du pouvoir des multinationales. Et il faut remonter très loin, à l'époque où l'homme était un chasseur-cueilleur. Jusqu'à notre époque. Qui chasse encore pour nourrir sa famille ? On devient aveugle et sourd face aux aliments préparés, conditionnés, surgelés, empaquetés.



Il y aurait tant de choses à dire sur ce livre ! Il y a tant de réponses aux questions que l'on se pose !



- pourquoi un pays met tant d'importance dans une production de pommes en 1920 et l'estime inutile en 1990;

- pourquoi un pays importe une grande partie de ses fruits et légumes alors qu'il pourrait les produire sur ses propres terres et faire vivre des familles;

- comment les supermarchés inventés par les américains dans les années 1920 sont devenus indispensables à notre quotidien;

- qu'y a t-il derrière les codes-barre du produit qui passe en caisse;

- comment s'organise un approvisionnement de perfection avec une logistique et un transport international complexe mais de 1ère qualité.



L'animation des rues périclite en même temps que disparaît la nourriture dans nos villes. Les supermarchés sont en périphérie et les petits commerces alimentaires, en voie de disparition.



L'auteur nous explique pourquoi les marchés des villes ont été relégués à l'extérieur. Ce que le système ferroviaire a apporté. Comment ont évolué les supermarchés au siècle dernier. Pourquoi les britanniques sont devenus des consommateurs de malbouffe, à l'instar de la France et de l'Italie. Comment évoluent nos villes. Comment seront-elles dans quelques années. Pourquoi tant de gâchis alimentaires. Où passent nos déchets. Comment sont les coulisses d'un restaurant gastronomique et celles d'une usine productrice de plats préparés. Comment la place de la cuisine a évolué dans l'habitat. Comment prend-on ses repas. Que peut-on garder des idées des utopistes.



L'auteur est architecte et la ville, elle connaît, originaire de Londres. Mais elle s'est toujours posée la question comment la nourriture arrivait pour les millions de gens qui y vivent. Avec ce livre, elle a dépassé le point de vue de base de l'architecte pour étendre son étude sur les implications sociologiques de l'urbanisation.



On peut le dire, Carolyn Steel a vraiment fait le tour de la question (cet ouvrage lui a demandé 7 ans de travail) et, cerise sur le gâteau, j'ai trouvé ce livre vraiment agréable à lire ! bien sûr, par petites doses chaque jour. Mais je vous assure que sa lecture n'est pas compliquée du tout.



Ce livre devrait être lu par tous, car il nous concerne tous. Ce que nous mangeons et la manière dont nous prenons nos repas façonnent la construction d'une cité.



Carolyn Steel, pour ce travail et pour tout ce qu'il nous apporte, chapeau bas.
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Ville affamée

L’ambition de l’auteure est vaste : comprendre les liens étroits qu’entretient la ville avec la nourriture, montrer au travers du prisme de l’alimentation des humains, son impact sur les espaces urbains, aussi bien extérieurs qu’intérieurs. Au cœur de son sujet, il y a la ville de Londres et les métamorphoses qu’elle a connues au fil des siècles. Marchés, habitudes alimentaires des habitants, repas, organisation de la cuisine, commerce de détail, grande distribution, Carolyn Steel passe tout à la moulinette de sa curiosité. Pour cela, elle n’hésite pas à manier une multitude de références qui, telles des boules de flipper, nous expédient dans l’Antiquité, au Moyen-Âge, au XIXe siècle avant de nous renvoyer vers les États-Unis, les pays méditerranéens, la France, l’Allemagne...

J’avoue avoir eu le tournis entre les citations de Brillat-Savarin, Pétrone, Thoreau, Georg Simmel, Naomi Klein, mais aussi d’archéologues, d’architectes, de scientifiques, de rédactrices de manuels de la ménagère. J’ai parfois ressenti une désagréable impression de name dropping comme dans ces films ou conversations ponctués de noms connus. Le saupoudrage de références ne constitue pas une argumentation clairement étayée.

Par ailleurs, j’ai été souvent désarçonnée par le ton de l’ouvrage et l’approche pragmatique, pour ne pas dire bon enfant de Carolyn Steel. Tantôt elle nous fait part de sa visite à un marché et de sa conversation avec un fromager, tantôt elle nous raconte un dîner dans une prestigieuse institution judiciaire ou un repas de Pessah chez des amis juifs, puis elle s’en va arpenter les cuisines du Savoy ou le quartier de Bloomsbury pour inventorier les enseignes de restauration rapide. Aux considérations savantes, succèdent des apartés avec le lecteur où elle déplore l’alimentation peu équilibrée des jeunes enfants, livre ses impressions sur les Starbucks…

Que me reste-t-il de ma lecture ? Un livre plaisant à lire, souvent anecdotique, plus destiné à la vulgarisation qu’à une approche consistante sur les plans historique et sociologique.
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Le ventre des villes

« La nourriture a de tout temps façonné nos vies, et elle continuera toujours à la faire. » Cette phrase pourrait résumer à elle seule ce livre passionnant qui m’a permis d’ouvrir les yeux sur la place si centrale et si importante que tient la nourriture dans nos vies. Il ne faut pas vivre pour manger mais plutôt manger pour vivre, cette dernière maxime qui avait déjà retenu toute mon attention plus jeune, semble ici trouver tout son sens, car oui, qu’on le veuille ou non, c’est bien la nourriture qui détermine nos vies. L’agriculture, la pêche et l’industrie agro-alimentaire sont dominées par des géants économiques, tout comme ceux de la grande distribution qui ont placé les petits commerces de proximité en danger d’extinction dans certaines grandes villes, au point de rendre ces dernières quasi totalement dépendantes d’imports massifs quotidiens. Dans certaines villes, la nourriture qui sera mangée la semaine prochaine n’est le plus souvent pas même encore arrivée dans le pays concerné et aux Etats-Unis, il est par endroit devenu plus dangereux de manger que de fumer !

L’architecture des villes sont le reflet d’anciens flux migratoires d’animaux que l’on amenait en ville pour les vendre et les places de marchés étaient devenues des lieux politiques où l’on construisait les hôtels de ville, jusqu’au fêtes populaires (le carnaval) et religieuses (le carême) organisées autour de la nourriture, les restaurants et même les cafés, haut lieu de toutes les rencontres et tractations et l’on dit même que toutes les décisions importantes de l’histoire ont été prise autour d’un bon repas. La nourriture est le liant et le reflet de nos sociétés, la face visible, quand les déchets en sont la face caché, « un égout est un cynique, il dit tout » disait Victo Hugo.

Car tous les maux environnementaux et sociaux économiques auxquels nous nous confrontons ont des liens avec l’alimentation. Nos pratiques alimentaires, le plus souvent dictées par des stratégies marketing intrusives, ne font qu’accentuer leurs impacts. Déforestation massive au profit de l’élevage intensif, pêche industrielle minotière dévastatrice pour nourrir des poissons d’élevages, épuisement des sols et des qualité nutritives des productions maraichères, nous « mangeons » nos paysages et notre environnement, sans nous en rendre compte.

L’histoire des villes depuis 8000 ans ne fait que se répéter, les premières villes ont atteint leurs limites sur le plan des ressources et seuls les voies maritimes et plus tard le train ont permis au plus grandes cités de perdurer sur des modèles où l’épuisement et les biais d’exploitations des ressources ont été transposés ailleurs.

L’assainissement et les déchets sont le reflet des montagnes d’aliments que nous gaspillons et ingérons au point de jeter directement près d’un tiers de ce que nous produisons sans même y toucher alors que les impacts associés marqueront durablement les écosystèmes.

Alors quelle avenir à tout cela, un effondrement ? Possible, l’histoire tendant à se répéter, mais nous pouvons aussi, tous autant que nous sommes, changer notre façon de manger pour évoluer vers des villes plus écologiques. Rappelons que 75 % de la population vivra en ville en 2050. Mais pourtant, des solutions existent sur le plan urbanistique, économique, écologique voire individuel. Les impacts n’étant que des effets de masse.

Je vous laisse découvrir les solutions proposées dans les derniers chapitres, qui reprennent les écrits et projets utopistes déjà essayés par le passé afin d’en comprendre les biais et erreurs, et de proposer des pistes parfois dérangeantes mais honnêtes et clairvoyantes.

Un livre que je recommande vivement que je vais partager autour de moi, il valorise le mot terroir, que peut de langue ont la chance d’avoir.

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Le ventre des villes

Dans cet ouvrage colossal publié par les éditions indépendantes Rue de l’échiquier, l’architecte britannique Carolyn Steel montre comment la nourriture façonne nos villes, dans lesquelles vivaient en 2018 54 % de la population mondiale, soit 3,9 milliards de personnes. Chacun des aspects de la nourriture a des conséquences catastrophiques sur la société, les êtres humains, les animaux et la planète : l’agriculture et l’élevage, le transport et la vente de la nourriture dans les villes, la préparation et la consommation des repas, l’élimination des restes... Le travail de l’autrice permet de comprendre les paradoxes et les risques qui agitent notre société, et de prendre conscience que l’alimentation est au carrefour de toutes les problématiques depuis la nuit des temps. Une lecture édifiante !

La suite de ma chronique sur Bibliolingus : http://www.bibliolingus.fr/le-ventre-des-villes-carolyn-steel-a211433486
Lien : http://www.bibliolingus.fr/l..
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Ville affamée

Un ouvrage interrogeant notre façon de consommer et qui nous oblige à avoir une vision plus globale de nos échanges au sein de la société.
Lien : https://www.actualitte.com/a..
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Ville affamée

« Nourrir les villes nécessite des efforts gargantuesques, qui ont sans doute davantage d’incidences physiques et sociales sur nos vies et notre planète qu’aucune autre de nos activités. » Synthétique et accessible, le livre de l’architecte anglaise Carol Steel dresse un bilan édifiant de l’évolution de l’approvisionnement alimentaire.
Lien : http://www.laviedesidees.fr/..
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