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Citations de Caryl Férey (1388)


L'affaire qui l'occupait sentait la pisse froide contre un mur en parpaing. Lautaro avait doublé les récompenses pour obtenir des infos, sans résultat. Les cadavres s'accumulaient. Plus d'une trentaine, dont la moitié hors de sa juridiction, et tous n'avaient sûrement pas encore été découverts : un bombardement de morts, par petits bouts éparpillés comme des munitions à fragmentation touchant la population civile. Les médias n'étaient pas au courant, focalisés sur les premières élections depuis les accords de paix. Ça ne durerait pas.
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Du Plessis avait la morphologie bufflonne de ses ascendants boers, le crâne et le teint rougis par le soleil, une courte moustache drue et grisonnante sur un visage rond plutôt commun, le visage assuré de l’entrepreneur à l’automne de sa vie et des mollets énormes plus à l’aise dénudés que sous un pantalon de costard.
(page 22)
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N/Kon lui avait appris à faire du feu en mélangeant du crottin de zèbre et de l’herbe sèche avant de poser une branche inflammable cassée qu’on frottait avec un bâton, à dénicher des tsamma, à fabriquer du poison pour la chasse en récoltant l’Euphorbia virosa des arbustes, à repérer les brindilles sans feuilles qui pointaient sur la terre craquelée, à user de son bâton à fouir pour déterrer les tubercules gorgées d’eau. Les plantes sauvages, qui évoluaient parallèlement aux hommes depuis la nuit des temps, recelaient des substances qui soulageaient, soignaient, réjouissaient et les faisaient vivre, des plantes ni cultivées ni sélectionnées par l’homme que la nature prodiguait gratuitement. John avait compris pourquoi tout était sacré pour les San : l’écosystème était un tissage intime entre les êtres et le vivant.
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Ce peuple, capable de se sacrifier sur les champs de bataille, ces milliers d’adolescents qui, volontaires pour se battre, pestaient moins contre l’avancée de la Wehrmacht que contre l’âge légal pour mourir (18 ans), ces milliers d’ouvriers et de soldats allant s’irradier à Tchernobyl sans poser de questions, ce courage fou qu’aucun autre peuple ne pouvait revendiquer : tous s’écrasaient sous la botte du premier dictateur venu, comme une calamité nécessaire. Sauf glorieux, le passé n’avait pas la cote en Russie. (page 173)
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Qui voulait vivre ici ? Il neigeait deux cent soixante jours par an – soit l’équivalent de dix tonnes de neige par habitant -, dont cent trente de tempête, quand le pourga devenait bourane, ce vent arctique qui filait du trente mètres à la seconde.
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Caryl Férey
Avant d'aimer son prochain comme soi-même, il faut commencer par se supporter .
["Plus jamais seul" page 24 ]
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Leurs vêtements disparurent, envolés, leur pudeur, le passé, le futur, ce qu'ils vivraient ensemble ou non, la solitude éternelle et les mots jamais dits : ils firent l'amour en tremblant, debout, se tenant par les yeux comme s'ils pouvaient se perdre, s'encastrèrent à s'en faire mal pour conjurer la mort qui les étreignait, et jouirent ensemble, comme des démons.
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Nous n’étions pas très frais en débarquant vers sept heures du matin à Charles-de-Gaulle. Trois heures à peine de sommeil, l’attente dans l’univers impersonnel des aéroports, cet ennui sponsorisé où vous payez tout au double de son prix pour vous apprendre à jouer les étonnants voyageurs.
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Nous n’avions rien contre l’idée de Dieu mais, ayant grandi dans un monde rock, nous pensons de façon binaire : ou tu es rock, ou tu ne l’es pas. Dieu ne faisait pas le poids devant un riff de Joe Stummer, et comme Il n’a pas sorti d’album récemment, nous sommes restés à l’image de la musique qui a façonné nos cervelles. (page 44)
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Tour de France : le régional de l'étape de déclarer : " plus les jours y passent , mieux je me sens bien " .
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Chaque rhinocéros était répertorié sur un cahier de brousse, avec son nom, une photo et un dessin de ses oreilles. Leur communication était essentiellement olfactive, les rhinos vivaient rarement en troupeaux.
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Reconnaissables aux « clics » qui caractérisaient leur langue, les ancêtres khoï et san avaient exécuté des gravures et des peintures rupestres plus anciennes que celles de Lascaux, représentant des chasses au koudou ou à l’antilope, mais aucune scène de guerre ou de violence. Adaptés à leur biotope, sans empreinte écologique, les petits hommes du désert se déplaçaient comme les animaux en fonction des pluies pour se nourrir de fruits, de racines et du gibier qu’ils suivaient à la trace - « ceux qui suivent l’éclair », comme se définissait le peuple san.
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Les gens atteints de géophagie mangeaient de la terre, les coprophages des excréments; les personnes souffrant du syndrome de Rapunzel ingurgitaient leurs cheveux, du papier mâchonné ou divers débris alimentaires.
-p152-
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Polonaise de Russie, Natacha était adolescente quand on l’avait arrêtée. Ne sois pas triste, avait-elle écrit à une amie, pour nous aussi le soleil se lèvera : des lignes d’espoir coupable qui, en 1947, valaient une condamnation à dix ans de goulag pour activités antisoviétiques.
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Norillag constituait un des fleurons du goulag qui comptait près de soixante-dix mille prisonniers au début des années 1950, regroupés dans une trentaine de camps s’étendant sur une superficie de plusieurs centaines de kilomètres carrés. Les zeks de Norilsk étaient utilisés principalement dans les mines et les usines de transformation des minerais du combinat soviétique, mais aussi dans la construction d’infrastructures (lignes de chemin de fer, installations portuaires, bâtiments publics et immeubles d’habitation). Un empire bâti sur l’esclavage. (page 290)
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Quinze millions de tonnes étaient extraites chaque année, réparties en six mines qu’exploitait Norilsk Nickel, le consortium. Rejetant à elle seule autant de gaz que la France, la pollution locale dépassait celle de Tchernobyl.
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Camilo habitait une maison typique de la jungle, construite sur des piliers de bois dressés légèrement au-dessus du sol, prolongée d’une terrasse. On y trouvait aussi un réservoir d’eau de pluie, une douche bricolée, des hamacs avec moustiquaire, mais pas de téléphone ni groupe électrogène.
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Les pierres parlent ou chantent quand, dévalant les sommets, le souffle gelé des Andes les polit en mordant l'éternité. Usures dynamiques, telluriques, primitives, c'est le vent qui dicte et façonne en architecte capricieux l'inclinaison du temps. Tout est immobile dans le grand désert du Nord, immanent.
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Il avait cru à un monde plus généreux: aujourd'hui, l'idée même de partage semblait obsolète. Les gens ne connaissaient plus le nom des arbres, des fleurs ou des écrivains, mais pouvaient citer des centaines de marques de vêtements, de sportifs, de sodas... L'être ou l'avoir, un vieux débat qu'il n'en finissait plus de perdre.
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« L'ambiance était électrique Plaza Italia. Fumigènes, musique, chars bariolés, les hélicoptères de la police vrombissaient dans le ciel, surveillant d'un œil panoptique les vagues étudiantes qui affluaient sur l'artère centrale de Santiago.
Gabriela se fraya un chemin parmi la foule agglutinée le long des barrières de sécurité. Elle avait revêtu un jean noir, une cape de plastique transparent pour protéger sa caméra des canons à eau, de vieilles rangers trouvées aux puces, le tee-shirt noir où l'on pouvait lire : « Yo quiero estudiar para no ser fuerza especial* » : sa tenue de combat.
C'était la première manifestation postélectorale mais, sous ses airs de militante urbaine, Gabriela appréhendait moins de se frotter aux pacos – les flics – que de revoir Camilla.
Elles s'étaient rencontrées quelques années plus tôt sous l'ère Pinera, le président milliardaire, lors de la révolte de 2011 qui avait marqué les premières contestations massives depuis la fin de la dictature. Ici l'éducation était considérée comme un bien marchand. Chaque mensualité d'université équivalait au salaire d'un ouvrier, soixante-dix pour cent des étudiants étaient endettés, autant contraints d'abandonner en route sauf à taxer leurs parents, parfois à vie et sans garantie de résultats. À chaque esquisse de réforme, économistes et experts dissertaient sans convoquer aucun membre du corps enseignant, avant de laisser les banques gérer l'affaire – les fameux prêts étudiants, qui rapportaient gros. »
(*« Je veux étudier pour ne pas faire partie des Forces spéciales »)
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