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Citation de Paroledunelivrophage


— Leonora ! hurla grand-mère les yeux étincelants de colère en accourant vers moi. Qu’est-ce que tu fais ? Ne me dis pas que…
— C’est elle qui m’a dit de faire un trou ! me défendis-je en pointant Olivia du doigt.
Cette dernière se tenait une trentaine de mètres plus loin, aux côtés des fillettes, et fixait d’un air hébété les dégâts que je venais de causer à leur précieuse forêt.
— Un trou ? Tu appelles ça un trou ?!!!
Je ne savais plus où me mettre. Le village et la forêt avaient beau être protégés par de nombreux sortilèges, ils n’étaient peut-être pas assez puissants pour étouffer totalement le bruit et les dégâts que je venais de provoquer. Or, ce que les Vikaris détestaient par-dessus tout, c’était attirer l’attention des humains.
— Depuis le début, je n’ai cessé de lui répéter que je n’étais pas comme vous, que je n’étais pas une sorcière, que je ne savais pas conjurer la magie de la Terre, mais elle ne m’a pas crue. Tu vois le résultat ?
J’entendis une sorte de grand murmure puis quelques rires fuser parmi les Vikaris qui avaient accompagné grand-mère. Je leur jetai un regard étonné en me demandant ce qu’elles trouvaient de si amusant avant de reporter mon attention sur Anthéa.
— Mamie, je sais que tu m’en veux d’avoir abîmé… enfin d’avoir créé encore des ennuis, mais je ne voulais pas, j’avais dit à Olivia que je n’avais pas assez de pouvoir pour…
— Pas ASSEZ de pouvoir ?! s’égosilla grand-mère au bord de l’apoplexie. Pas ASSEZ de pouvoir ?!
— Oui, enfin, là, j’ai… je ne sais pas trop ce qu’il s’est passé, mais…
J’inspirai profondément et ajoutai en grimaçant :
— Olivia aurait tué l’une des petites si je n’avais pas réussi à faire son machin…
Grand-mère haussa les sourcils.
— Son « machin » ?
— Oui, mais je ne recommencerai plus, promis.
Grand-mère leva les yeux au ciel et se tourna vers Olivia qui s’était discrètement approchée de nous.
— Que s’est-il passé ? Pourquoi ne m’as-tu pas dit que Leonora possédait un tel pouvoir ?
— Mais parce que je l’ignorais jusqu’à aujourd’hui, répondit Olivia.
Grand-mère lui jeta un regard incrédule.
— Comment est-ce possible ?
— Elle avait érigé de solides barrières mentales, Gardienne, expliqua Olivia.
— Aucune barrière ne peut endiguer l’appel d’un élément, lui fit remarquer grand-mère.
— Les siennes le peuvent, affirma Olivia.
Grand-mère me scruta d’un air peu avenant.
— Tu as fait ça, Leonora ?
— Fait quoi ?
— Tu as bloqué l’appel de la magie ?
Je n’avais rien fait de tel. J’avais simplement conditionné mon cerveau depuis l’enfance à ignorer toutes les sensations que je ressentais chaque fois que je touchais de la terre. D’abord, parce que ça provoquait des picotements désagréables sous la langue et ensuite parce que ça me brûlait à l’intérieur et que je n’aimais pas ça. Et elles avaient simplement fini par disparaître.
— Je n’ai rien bloqué du tout. En tout cas, pas volontairement. Et quelle importance ? Ce fichu pouvoir répond une fois sur cent mille, alors… Je te l’ai dit, ne perdez pas votre temps à enseigner la magie élémentaire à quelqu’un comme moi, c’est ridicule.
Grand-mère ferma les yeux comme si elle prenait sur elle pour ne pas hurler.
— Grand-mère ?
Elle inspira profondément et me toisa.
— Tu es stupide ou tu le fais exprès ?
— Quoi ?
— Ta mère est au courant ?
— De quoi ?
— Que tu limites volontairement tes pouvoirs depuis toutes ces années ?
À vrai dire, maman m’avait « testée » quand j’étais enfant et au début de mon adolescence, mais toutes ces tentatives s’étaient révélées infructueuses. Et les deux fois où ça avait marché, j’avais légèrement fait trembler le sol et cassé un vase ou j’avais créé un minuscule éboulement et deux petites pierres étaient tombées sur la voiture. Je m’étais fait sacrément disputer et maman avait dit que j’étais une véritable catastrophe et qu’il valait mieux en rester là. Elle avait sûrement raison puisque le pouvoir ne s’était jamais manifesté depuis.
— Je te l’ai dit, je ne « limite » rien du tout. Je ne suis simplement pas douée, la preuve…
Grand-mère se massa les tempes comme si elle avait la migraine.
— Rentre à la maison.
— Hein ?
— Disparais avant que je ne t’étrangle.
Au vu des circonstances, fuir ne me semblait pas une mauvaise idée mais…
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