Citations de Cath Crowley (68)
Parfois la science ne suffit pas. Par moment, on a besoin des poètes.
J'ai perdu mon épouse il y a vingt ans, (...).
J'écris " perdue", mais j'ai fini par détester cette expression. Ma femme n' était pas un trousseau de clés ou un chapeau.
Le livre doit être la hache qui fend la mer gelée en nous.
KAFKA
Je lui avais proposé de venir à la librairie, quand elle avait besoin de changer d’air. On y entendait les oiseaux de temps en temps, dans le Jardin de lecture. Le bruit des pages qui tournent était étonnamment réconfortant, lui avais-je dit.
Si mon penchant pour toi était le public d'un match de foot, il rugirait jusqu'à te rendre sourde. Et si mon penchant pour toi était un boxeur, il y aurait un mort étendu par terre. Et si mon penchant pour toi était en sucre, tu perdrais toutes tes dents avant tes vingt ans. Et si mon penchant pour toi était de l'argent, tu pourrais dépenser sans compter.
Nous sommes les livres que nous lisons et les choses que nous aimons.
- Je pourrais faire l'amour avec l'Ombre, dis-je en imaginant un garçon qui m'embrasse et qui ressemble à Malcolm Dove.
Et aussitôt, je me concentre à fond pour tenter d'inverser le cours du temps. Non. Raté. La phrase la plus débile du monde est encore là.
Les sourcils d'Ed prennent leur indépendance.
- Ah bon, dit-il en riant.
- Qu'est-ce qu'il y a de drôle?
- Rien. Tu peux le faire avec qui tu veux.
Et il rit encore. il se tape les cuisses en même temps. J'ai soudain envie de lui recasser le nez.
- Bon, d'accord. C'était idiot, mais ne me dis pas que tu n'as jamais pensé à le faire avec des filles.
- J'ai fait plus qu'y penser.
- Non mais je veux dire, des filles avec qui tu ne l'as pas fait.
Il y a une seconde, je pensais avoir atteint le fin fond de l'humiliation, mais je me trompais peut-être.
Si on baissait tous les bras chaque fois qu'il faut faire des efforts pour sauver ce qu'on aime, le monde serait perdu.
C'est bizarre, mais c'était plus facile de lui parler sans le voir. Peut-être aurait-il dû poser sa main sur mes yeux, le soir de notre rencard, au lieu de la mettre sur mes fesses.
Lire ne me suffit pas... Je veux traverser les pages pour passer de l'autre côté, atteindre les gens qui les ont lues avant moi.
- Une si belle histoire ne peut pas se terminer par de la purée en flocons, ai-je dit plus tard à maman.
-Lucy, c'est déjà une chance quand une histoire d'amour se termine par quelque chose qu'on peut réhydrater en y ajoutant un peu d'eau.
Les souvenirs sont dans les mots. Et de là me vient l'étrange idée que mes souvenirs sont piégés dans tous les exemplaires existants de ce poème, donc tous ceux qui le lisent- dans quelque exemplaire que ce soit- possèdent mes souvenirs sans le savoir.
-J'ai eu l'impression qu'il avait envie que je le suive mais qu'il ne pouvait pas me le dire. Alors je l'ai suivi sans lui demander son avis.
-C'est ce que disent les pervers sexuels.
- Tu voulais de l'action et de l'aventure, eh bien tu en as eu.
- Un peu de romance ne m'aurait pas déplu non plus.
Les bouquins d'occasion sont pleins de mystères, c'est pour ça que je les aime.
"- Est-ce qu'on s'est embrassé hier soir ?
- Oui on s'est embrassé. Et puis j'ai couru aux toilettes et j'ai bu directement dans la cuvette.
- Un simple "non" aurait suffit, Rachel."
- Tu as toujours souhaité travailler à la librairie.
- Mais je serai pauvre, comme mon père.
- Ton père a deux enfants et une librairie. Il n'est peut-être pas riche, mais il n'est pas pauvre.
Parfois, la fin est un commencement.
J'aimais ce poème à cause de ses vers qui me révélaient quelque chose de la vie que je ne saisissais pas.
Cal et moi avons grandi à Gracetown. Nous avons déménagé pour Sea Ridge il y a trois ans, l’année de mes quinze ans. Mamie avait besoin qu’on s’occupe d’elle ; nous ne voulions pas qu’elle vende sa maison, et nous refusions de l’envoyer dans une maison de retraite. Nous passions déjà toutes nos vacances chez elle depuis notre naissance, été comme hiver, donc Sea Ridge était notre deuxième maison.
— Il ne reste plus qu’un an de lycée, dit Maman.
Peut-être, mais avant la mort de Cal, j’avais ma vie en main. J’avais d’excellentes notes, j’étais heureuse. L’an dernier, exactement à l’endroit où je me trouve en ce moment, j’avais dit à Cal que je voulais devenir ichtyologiste, pour étudier des poissons comme les chimères, qui ont évolué il y a quatre cents millions d’années. On avait essayé de s’imaginer le monde à cette époque.
— J’ai l’impression que l’univers s’est foutu de Cal, et de nous avec lui, dis-je à Maman.
Avant, Maman m’aurait expliqué avec calme et logique que l’univers rassemblait toute la matière et l’espace existants : le système solaire, les étoiles, les planètes et les galaxies, qui s’étendaient sur dix milliards d’années-lumière de diamètre. Tout ça n’avait tout simplement pas la capacité de se foutre de qui que ce soit.
Ce soir, elle s’allume une cigarette.
— C’est le cas, dit-elle en soufflant sa fumée vers les étoiles.