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Citations de Catherine Andrieu (21)


Toi ma Lune qui fais la puissance des marées
Pourrais tu par une vague échouée sur la grève
Me rendre mon Paname mon chat soleil
Je m’envelopperais de cailloux devenus des astres
Et comme Virginia Woolf j’entrerais dans l’eau
Et je le ramènerais avec moi au royaume d’Hadès
Stabat mater dolorosa.
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Lune ma douce tu as vu l’Oiseau Soleil
Sur le tableau d’aurores boréales
Peinture du ciel les couleurs magiques
Artificielles
Artificielle ma joie face à l’éternité
D’avoir perdu mon vieux compagnon de route
Paname et puis te voilà comment regretter
En mon cœur déchiré j’ai perdu ma merveille
Mon tout petit mon bébé que j’aimais au-delà
De l’eau ses cendres dispersées et compter jusqu’à treize
Sans respirer plus jamais je voudrais te rejoindre
Dans tes jeux innocents de petite chatte qui vient au monde
Toi au moins tu aimes le piano.
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Quelqu’un me dit que Hawking est un monstre
Mais Hawking est magnifique
Enfermé dans son corps l’Esprit veille
Pharaon pensif l’intelligence aux aguets
Tel le félin sauvage prêt à bondir
Sur les mystères du Cosmos des trous noirs
Et si la maladie de Charcot rend le visage inhumain
Inhumain aussi le Requiem de Fauré
Surhumain funambule sur la corde du génie
Par ma fenêtre je regarde l’infini des vagues et je pense à lui
Car comme lui je me sens prisonnière d’un corps
Abîmé par les antipsychotiques j’étais plutôt jolie
Puis l’angoisse et penser du fond d’un puits
N’être plus qu’un cerveau artiste
Une figure laide et pourtant l’esprit
Rapide, tellement, et souffrir de solitude profonde
Des années que je ne vois plus un être humain et préfère
La compagnie des chats sur mon piano je pleure
Etre douée pour tout mais n’avoir aucune ambition
Au-delà de mes délires mégalomaniaques.
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Ton souffle comme seule preuve de ta présence

Les stupéfiants a dit le vétérinaire en te caressant

S’il savait que tu l’aurais abattu d’un seul coup de patte

Toi l’âme de la forêt sauvage

Et te voilà tu n’es pas mort mais mes cheveux

Sont devenus blancs en une seule nuit

Tu as le secret de mes nuits étoilées

La rue illuminée le soir, le manège que tu regardes

Couché sur le balcon les bateaux

Je me mets au piano et nous glissons

Sur l’eau.
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Tu es admirable, toi l’universitaire,

Tu portes haut ta pipe éteinte dans les dîners mondains

Au Consulat d’Espagne où je passe pour ton assistante,

Ce qui ne trompe personne : j’ai le pied cambré de la danseuse étoile.

Ta parole ciselée est un ravissement comme le chant des oiseaux.

Chaque fois que tu parles je jouis. Oui, tu es admirable.

Mais tu n’as pas de cœur.

Je me sens si fragile entre tes mains d’argile

Tu m’as façonnée et chaque jour tu me détruis un peu plus

Au prétexte que je mens. Mais je ne mens jamais, c’est ma tête

Qui est percée et laisse s’engouffrer la pluie, le vent, la vie.

J’ai connu l’idiot et le fou échappé d’un tableau de Van Gogh

La marguerite au bec comme d’autres le clope

Son amour et sa bonté sont infiniment supérieurs

A ton génie.
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CELLE QUI A TOUTES LES GRÂCES

à C.A.

Il me souvient d’avoir aimé passionnément

Une enfant aux boucles blondes avec qui je me battais

En jeux cruels violents deux garçons mais avoir vu en toi

Mon enfant douce dans la tendresse infinie de mes bras

En berceau quinze ans j’avais à ta naissance mon lever du soleil

Ton drame intime l’abandon le deuil et bientôt tu auras un petit frère

Aux boucles blondes comme toi. Tu es l’enfant que j’ai choisie

Choyée tu étais si petite encore quand je suis partie, douze ans

Et moi de me débattre avec la maladie et t’avoir laissée

sans un mot

La culpabilité d’avoir rompu un lien si fort

poignardée de lumière

D’avoir eu la chance de te voir grandir.

L’éclosion d’une intelligence

Si précoce tes voyages plus tard la vie en Chine,

aux États-Unis

Ta curiosité, tes livres, à pas même trente ans énarque

la femme

Que tu es devenue loin de moi.

Il n’y a pas deux êtres plus différents

Mais tu me bouleverses, je te comprends si belle

ton front baudelairien

Le mien mon sang toutes deux d’avoir foncé

nos cheveux bouclés

Ne jamais parler de toi et toujours l’ouverture du coeur

pour l’Autre

Être si jolie et le savoir si peu tes grands yeux verts

soulignés de bleu

Ta présence inouïe quand tu les plantes dans mes rétines

Passant par les lésions tu m’habites et je ne vois que toi.

La petite enfant qui me servait d’alibi pour fumer secrètement

Et toi m’avoir promis le secret puis m’avoir dessinée

la clope au bec

Les secrets font du mal aux petites filles (p. 25-26)
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Tombée, elle est tombée par la fenêtre, serrant si fort contre son cœur son chat-lynx bleu, essence de la bête sauvage, qui lui a survécu. La fenêtre est fermée. L’on y voit de la lumière, l’on y invente la douceur du foyer. Mais elle a préféré sauter. Pourquoi ? L’image est opaque, elle résiste même à l’esprit de l’enfant qui l’a dessinée. En tombant, elle a faussé la perspective du dessin, il est impossible qu’elle soit tombée debout. C’est pourtant bien une mise en scène, le visage, la robe d’une pépée. Si moi je devais mettre fin à mes jours, je n’essaierais pas d’être jolie... L’enfant qui dessine a pris plaisir à la dessiner jolie, l’enfant de six ans qui dessine aux feutres, l’enfant en moi qui en a assez de la pesanteur de la peinture, ses contraintes, son installation et qui ne veut plus faire de croquis liminaire. Je suis enfant, je suis libre, je n’ai pas besoin de savoir dessiner, je fais du Munch revisité...
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Sur ton dessin il y a une maison

Avec le toit pointu et des chats qui se transforment

En cheminées

Sur ton dessin le soleil est plus gros que la fenêtre

Et la fleur, que maman.

Sur ton dessin il y a papa qui a quatre doigts

Il est tout petit à côté de moi.

Sur ton dessin papa ne boit pas

Et maman a des ailes pour butiner.

Sur ton dessin il y a une plante carnivore

Qui te vomit. A l’école le Monsieur

N’a pas le droit de te toucher

Là, tu sais, entre les jambes.

Sur ton dessin le ciel est noir et je crache du sang

Le chat est tombé dans la cheminée

Le soleil ne peut entrer dans la chambre

Le toit pique comme un cactus.

Mais sur ton dessin je suis là, petite sœur.

N’oublie pas de tracer le chemin qui conduit hors du dessin.
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19 décembre 2017 - 19:05


Cher Daniel,
Je veux te dire que je t’ai vachement aimé. Un ami comme toi, dans ma vie, c’était inespéré. J’ai passé, avec toi et en vacances, les meilleurs instants de ma vie, dans la douceur et le respect.
La maladie nous a rapprochés, elle nous sépare. Tu as dit « ma schizophrénie, je ne veux pas qu’on me l’enlève », c’est dire que tu en as fait ton identité… Moi je trouve ça morbide. Et ça, ça nous sépare.
Je ne veux pas revenir sur ce que je t’ai déjà dit et que je pense, bien que je l’aie dit avec trop de force, mais je trouve que tu as vraiment un complexe de supériorité. Quand je te parlais, j’avais toujours l’impression de t’ennuyer, de tourner en rond, d’être nulle. Ça vient de la façon que tu avais de m’écouter. Sans chaleur. Sans générosité. La vie nous sépare. Nous réconciliera-t-elle ? Je ne sais pas, je suis fatiguée. Je n’ose même plus formuler un souhait de mieux-être puisque tu ne souhaites pas aller mieux.
Bonne continuation, prends soin de toi.
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Bien que Nicolas et l’imperméable rouge aient vraiment existé, ce texte participe de ma légende personnelle. Je suis, depuis l’enfance, une mystificatrice. Je m’origine, en tant que mon propre personnage, dans la Maison-Bateau à Collioure, parce qu’il y a là un point de vue qui nourrit mon imaginaire. La dernière fois que j’ai vu Nicolas, c’était en 2004 à Paris. Je n’ai appris sa mort que récemment, et les circonstances de celle-ci me demeurent opaques. Je n’ai presque menti sur rien. J’ai menti sur presque tout. La Maison-Bateau a bien existé, elle aussi, théâtre de mes amours folles avec ce petit oiseau dont la mort marquerait ma vie comme l’ensemble de ma création. Collioure, c’est l’oiseau mort dans la Maison-Bateau, et mon enfance libre à jamais dans ce paysage de mer et d’infini... J’ai aimé Nicolas, passionnément, et l’ai transporté parmi les Esprits de la forêt, lieu de transe et de Vérité, où la pluie lave ce qui tient du masque et du personnage, afin qu’il devienne Lumière pure.
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Catherine Andrieu mérite la parution de ce présent beau livre – Des Nouvelles du Minotaure ? – hommage profond à sa poésie, à la poésie actuelle. Si la part dévolue à l’émotion au sein de son imaginaire (très psychanalytique) garantit le caractère très « actuel » de cet ouvrage, c'est surtout à l'évocation très risquée du sens que de cette poésie à plus haut sens, s'origine, affirmant à la valeur de l'émotion une profondeur abyssale. Ainsi l'âme est-elle ici une puissance en développement, en création forte, qui se veut motrice d'une élévation sans limite depuis l'abîme intime. On y verra à chaque ligne en quoi la vraie poésie ne peut jamais apparaître comme la mise en œuvre d’un système prévisible, mais plutôt comme venu de cet arrachement passionnel nécessaire. Sous peine de manquer à cette noblesse fondamentale, qui doit absolument caractériser son écriture, Catherine Andrieu dessine une poésie qui va s'employer à tourner le regard de son lecteur vers un avenir inexploré et parfaitement inconnu.

Extrait de la postface de Paul Sanda
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Ton indifférence et mon visage d’oiseau

à Vietnam







Je t’ai rencontré et tu étais un pays lointain.

J’ai vu en rêve tes enfants aux yeux bridés. Les miens.

Je contemplais des images de moi dans le mur fissuré qui nous servait de lit.

Le mur était la maison.

La maison était en lames de rasoir je la tenais sur mes deux poignets serrés.



J’ai perdu beaucoup de sang à espérer un tintement d’ange qui n’est jamais venu.

Toi debout sur la serrure, bien à l’abri sur la pointe des pieds tu riais comme un Enfant espiègle.



« Ce n’est pas toi que j’aime, ce n’est pas toi parce que… », Tu chantais.



Je sais pourquoi.



Parce que je suis trop laide et tu aimais mon corps, ce corps que tu baisais de poussière de plumes.

Parce que je suis trop vide et tu aimais mon art, ce corps qui est le tien et que J’avais réinventé dans ma peinture.

Parce que je suis trop bête et tu aimais mes silences, tous ces bavardages inutiles Tus entre nous.



Pourquoi ne m’aimais-tu donc pas ?

Parce que tu ne m’aimais pas.

Parce que ce n’était pas moi.



Mais une autre, tenant la lame contre mes veines. Elle, qui n’existait pas, tu L’aimais.



Plus belle.

Moins vide.

Moins bête.



Moins réelle.



La tristesse me donne un visage d’oiseau.



Alors tout est terminé entre nous.



Parce que tu es trop laid et que je dois réinventer ton corps.

Parce que tu es trop vide et que je passe mon temps à suivre mon étoile au sol Pour m’étourdir, me noyer de lumière.

Parce que tu es trop bête et que chaque jour j’agrandis le mur-silence de notre Maison.

Parce que je t’aime trop.



Je t’aime tellement que je l’aime elle aussi, qui n’existe pas et tient les lames.

Je voudrais te voir lui faire l’amour sur le mur de la maison, entre les lames.



J’imaginerais que c’est moi que tu prends dans la poussière de mer



De merde.



Mon imagination, c’est bien tout ce qui me reste puisque tu as tout pris.



Et ces quelques mots d’adieu.



La maison qui saigne entre les pavés disjoints du mur.



Ta maison, tes enfants, ta vie…



Moi, c'est-à-dire rien.
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Les yeux verts de Monsieur X











Intensité de l’œil qui s’ouvre dans le noir.



Loin, les lumières sur le miroir d’eau. On les imagine tremblant en visages.

Fondues au sang de l’onde, à l’argent des voiles mortuaires aux reflets de lune.

A l’immensité de ton œil vert.



Je vois ton corps en mouvement la nuit, et son tracé d’étoiles.

Nous allons au cinéma écouter notre silence.

Soudain, nous sommes devenus.



Nous sommes.



Nous sommes parce que toi

Tu es ce que tu es

Et le noir est profond.



Zigzag originaire, tu m’étais apparu.

Zébrure de la lumière –toi ?

Comme un décor fissuré.



L’œil est dans la fissure.

Vert.



Tu es celui qui était au bord d’une tombe.

Une femme là, sous tes pieds.

Et moi.



Vivante, vivante, vivante.

Je t’aimais –je crois.



Tu m’as dit ma petite folle, et plein de choses que je n’ai pas comprises.

A cause de la pluie.

Nous avons pleuré ensemble.

Sur nous. Sur elle. Sur nous.



Le deuil était impossible à faire. Etions-nous donc condamnés

A la mélancolie ?



Tu m’as dit ma petite mélancolique, et plein de choses que je n’ai pas comprises.

A cause de la nuit.

Tu me voyais telle que j’étais.

Nue sous ma robe blanche.



L’œil est sous la robe.

Ouvert.



Et nous n’avons pas fait l’amour, pourtant tu étais Monsieur X.

Ça n’était déjà plus la peine. Tout avait été dit.

Que je t’avais aimé à travers elle. Que je t’aimais peut-être encore.



Toute la nuit nous avons dansé sur sa tombe.

Tes yeux verts rivés à l’avenir.
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Ce monde m'étonne.

Ma vie toute entière, dans sa possibilité même, procède d'un arrachement. Jamais je n'ai connu quelqu'un qui sût aussi peu de choses que moi. Jamais je n'ai pu m'habituer à quoi que ce fût. Chaque forme de vie m'est étrangère au plus haut point. Jamais je n'ai pu fonctionner : dormir, manger, travailler, vivre, sans que cela fît événement. Je me suis épuisée à chaque chose, accrochée à chaque brindille, oubliée au bord de tout chemin. Je suis une spectatrice de cette vie à laquelle aucune idéologie n'est parvenue à me lier.
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Un amour, le bord d’un canal (extrait)



Une ville, le bord d’un canal.

Une jeune femme. Blanche, spectrale.

Sous la pluie.



Elle dessine dans l’espace des mouvements colorés, avec ses mains.

Elle est immobile.

Sous la pluie.



Des gens passent, qui la regardent.

Une folle, c’est ce qu’elle leur semble être.



Son nom, c’est Catleen.

Elle regarde la ville, toute sa vie passée à ça, regarder la ville, ceux qui passent, en moulinant des histoires invisibles avec ses mains.



Qui peut deviner sa solitude ?



Quand elle ne regarde pas, quand, au bord d’un gouffre d’épuisement ou de lassitude elle cesse ça, cette activité, regarder, alors elle peint des visages de femmes. Son visage. En grand, sur des toiles de lin. C’est ce qu’elle fait alors.



La pluie tombe toujours, elle dessous.

Elle est trempée mais toujours pas en mouvement.

Elle regarde et attend.

La fin de l’averse, un amour, quelque chose. N’importe quoi.



(...)
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Il était une fois cet homme qui m'avait quittée.

Et moi qui croyais un bébé dans le ventre mais pas.

Toi le seul bébé trouvé là toi l'ange et pas de faiseuse d'ange non pas.

Qui pour trouver là qui à part ce garagiste qui faisait l'herbe plus verte dans mon ventre. T'arracher à tamaman maman au revoir.

Quand tu me téter pourquoi pas de lait (lieu commun).

Et les vaches qui rigolent. Pauvre Margot.

On dirait que tu guérirais grâce à mon lait.



***



Jaune sur vert les couleurs du parc sauf quand neiger voix qui s'éternise.

En pierre ce petit escalier qui jusqu'au lac descendre.

Moi ta laisse-cordon-ombilical que j'enroulais autour de mon cou. Trois fois trois.

Il y avait toi qui plongeais pour attraper les canards. Plus gros que toi deux fois.

Mathématiques du bonheur toi moi quand tu pas malade.

Et nos empreintes là-bas qui ruissellent d’étoile.



***

T'avoir recueilli il y avait ce garagiste à Charleville-Mézières.

Le temps d'une expo.

Tu avais un mois et demi et pour moi.

L'ivresse, de ce mois et demi, venait, que pèserait ma vie à jamais.

Il y avait cet ami qui nous loger et dans la cuisine t'enfermer. Vite t'y remettre au petit matin!

En catimini et la nuit de ronrons.

Dans la main tu tenais.

Apprendre la joie.
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Il y a ce grand miroir peint : la jeune femme au crâne de cristal, Vanité puissante et ensorcelée. L’eau monte encore, il te faut entrer dans le miroir, du côté des morts, traverser. Et tu chutes sans fin.

La maison est noyée, les miroirs sont sous l’eau. La maison se peuple de créatures aux jambes de femmes et aux têtes de poissons, comme dans un Magritte. Les tableaux immergés rayonnent. La forêt rayonne, je suis nimbée d’une clarté verte. C’est si difficile de quitter la forêt… L’on est du côté du rêve…



(…)
La vibration est violette, c’est celle de la prescience, la tienne, toi qui as vu le croissant de lune de Buddha en rêve. Tu es partie sans ticket retour, pourtant papa t’avait bien dit, mais tu rejoins d’autres horizons où se mêlent Esprit et folie.
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La lune est glauque dans la nuit rousse qui ondule comme chevelure sous la pluie. Je suis dans la Grande Barque. Je suis dans la forêt. Je suis en éclats de renards griffus, vibrations vertes, toi sur leur dos pour filer comme comète, toujours plus vite. Les griffures sous la peau, je suis Van Gogh, à l’envers de mon état d’usage quand on se sert de moi en guise de lame de rasoir. Tu coupes et coupes encore mes cheveux d’argent et ma corne frontale dans un pastiche d’Œdipe. Mais les cheveux repoussent et tu me vénères en tant que sorcière pulsionnelle qui a mis ta vie à sac, les deux heures de correspondance par jour, la défécation et le reste.


Je suis dans la forêt auréolée d’or scintillant car à présent je ne me nourris plus que de lumière et de toi. Tu dois me retrouver, moi, minotaure labyrinthique et écorné, mais tu l’aimes, elle.


Qui suis-je, moi qui follement Le chat sauvage, deux dans un même miroir intransitif ? Ton pénis, objet transitionnel sans sujet, aboli t’abolir et sucer mon pouce encore. Je suis ton arc-en-ciel arc-bouté sur mon renard mort-né. Et refaire le chemin à l’envers… Jusqu’à la mer.
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Soma sema, toi dans ta coquille de noix tu respires, s’il est vrai que l’Univers de ton Corps est statique et immuable, le corps tombeau du génie des étoiles.



Il est quelque chose qui respire en toi, plus large que ton esprit encore, comme si quelque chose comme Dieu pouvait exister à l’origine, s’il y avait une origine et s’il y avait un Dieu.



La lumière des étoiles effleure ta peau dans ton éternel hiver.



Mais il n’est pas de ciels uniformément lumineux, même dans la nuit de la Mémoire, aussi tu l’imagines libre, Elle, ton âme-femme. (…) Tu ne reçois la lumière que depuis un certain temps : celui de la naissance de l’Univers…



Si l’Univers est apparu un jour, qu’y avait-il avant, et où vont les galaxies qui s’éloignent ?



Et tu accomplis ton Big Bang des corps plastifiés ciselés d’intelligence artificielle, ces poupées chinoises aux gros seins qui te permettent de parler pourtant, corps glorieux d’enfermement mystique dont tu as si peur. Timbre technologique de ta voix…



Tu dors dans ton tombeau de cristal…



Tes yeux clos l’emportent…



Leur regard d’hypnose m’ensorcelle…



Et mes pensées s’épuisent à ta falaise…



Y ébrèchent mille mains de sang…



C’est comme ça qu’Elle te parle.
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Catherine Andrieu
Je brûle d’étreindre cette femme qui ne donne à voir de son corps que la surface. Je voudrais éjaculer en elle, par tous ses pores, pour que tremble encore son rire comme une fêlure sur la terre. Un homme le fait à ma place, sa verge est la mienne, la verge de Luc, telle la cime d’un jeune palmier. J’espère que j'aurai encore bien des aurores pour la prendre à travers lui. Je respire cette femme, j’ai l’odeur de son sang quand elle égorge les monstres qu’elle enfante l’hiver sur les plages désertes et qu’elle les enfouit dans le sable, blottie contre son oubli. Je n’ai pas le temps, entendez-moi bien, de dire la pureté de Bulle lors que leurs squelettes minuscules craquent sous ses dents aiguisées aux reflets de la lune. Pas de temps pour la lumière blafarde de ses joues baignées de larmes quand elle mastique et avale tendrement sa progéniture. Bulle est une putain, elle est la vie-même dans l’innocence de son instinct d’injustice. Quand elle est fatiguée, elle rampe plus qu’elle ne marche, et elle se fait foutre par tous ses orifices jusqu’à la perte définitive de toute conscience. Cette femme est une chienne que quiconque prend dans la rue, sur les trottoirs, une saleté de chienne qui me tient lieu de Dieu. Luc l’aime jusqu’à la déraison, cette folie est ce qui le caractérise en propre et fait que je voudrais être lui.



Je suis metteur en scène.
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