Les malades attendaient un greffon pendant des mois, parfois des années. Des centaines d’entre eux mouraient sur liste d’attente. Les plus riches préféraient acheter un organe que crever, là, tout de suite. L’affaire était juteuse.
La moitié de la planète crevait de faim pendant que l’autre vomissait son trop-plein en jouant au Monopoly de la dèche, poussant à la rue des milliers de mecs qui bientôt n’auraient plus rien.
La rue prend tout l’espace dans la vie de ceux qui y vivent. La rue est un ogre, gris, dégueulasse, intransigeant. La rue bousille les vies, larde les visages. Rien à dire.
Une vie de merde. Une vie à passer à côté de ce qu’on imaginait, petite, en regardant la pub pour la purée Mousline
Une vie pleine de copains qui passaient et de week-ends à droite, à gauche, de soirs à répondre aux hypothèses mathématiques de son fils avant de l’entendre célébrer les mérites de Ronaldinho. Une vie de mère célibataire, seule pour rassurer, comprendre et tenir à distance les emmerdes du quotidien.
La vie est bien plus effrayante que la mort, les morts sont vraiment les plus inoffensives créatures au monde.
L’Occupation, la déportation et la collaboration, trois mamelles franchouillardes pleines de lait à l’époque avaient viré les marchands traditionnels et installé à leur place les Chinois, qui avaient repris les boutiques pour fabriquer à leur tour babioles et petite maroquinerie.
Le cauchemar, en l’occurrence, c’était la réalité d’une journée comme une autre.
Y a ceux qui sont nés pour en chier. Et puis y a les autres. C’est comme l’histoire des torchons et des serviettes. Une belle merde.
Ne souffrent que ceux qui prennent le risque de vivre.