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Citations de Catherine Gucher (39)


Sur le canapé du salon, où Mario l'a laissé, Ruben sent dans son ventre un petit serpent de peur qui rampe doucement, sans faire de bruit. Il remonte dans son estomac et déjà son venin se propage dans sa gorge. Cet animal ne cesse de le torturer depuis longtemps et ce que craint le plus Ruben, c'est l'odeur du sang qu'il traîne avec lui. Il n'est jamais parvenu à s'en défaire. Et à chaque fois,les mêmes images reviennent : les murs de la ruelle des étoiles éclaboussés du sang des jeunes villageois qui courent pour échapper aux balles des franquistes, la grand-place d'Oran et les corps des militants du FLN tombés sous les grenades de l'OAS, la rivière rouge qui coule sur la jambe d'un frère... Et toujours le même vacarme, comme le mugissement terrible d'une horde de fauves déchaînés. C'est à cause de ce petit serpent-là qu'il s'oblige à nager chaque matin dans les bras de la mer.
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La compassion se nourrit de pitié et je déteste la pitié à cause de tout le mépris et de la suffisance qu'elle contient.
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De l'Espagne, personne ne parlait plus. Et quand sa voix d'enfant curieux laissait sortir une question, l'abuelita et les voisines mettaient leurs mains sur sa bouche en guise de bâillon. Maintenant il aimerait savoir. À cause de la vieillesse peut-être, avant qu'il ne soit trop tard. Il n'espère pas retrouver le parfum de sa mère, ni la rudesse piquante de la barbe de son père. Trop de temps passé. Mais peut-être le parfum d'une étoffe, une tombe, un lieu : s'agenouiller, pleurer, remonter jusqu'au bout les méandres de leur vie, pour que la sienne s'apaise enfin.
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Dans le matin qui hésite encore sur la conduite à tenir, elle pense que tous les mots laissés en jachère, dans un coin de la vie, finissent par croître librement, sauvagement parfois, pour mener en secret une vie de vauriens, toujours prêts à resurgir au détour d'une route faussement éclairée par la neige qui vient.
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Je sais maintenant qu'aucune guerre ne vaut la vie.
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Elle n’a jamais cru que la tendresse humaine pouvait tenir lieu d’avenir. Il lui faut des combats, des mondes à reconstruire, des utopies en chantier. Comment vivre sans croire ?
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Elle a un peu épaissi mais ses rondeurs la rendent plus séduisante. Et lorsqu’elle marche, de son pas sûr, le long des drailles chaudes, à la recherche d’essaims perdus ou de l’or noir des chênes, elle donne immanquablement envie de la suivre tant son allure est promesse.
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- On ne sait pas vraiment ce que pensent les enfants. Alice et Antoine sont heureux depuis que nous avons ouvert les chambres d'hôtes. Ils ne supportaient pas de nous voir paysans. Et comme ton fils, ils ne montent pas très souvent. Mais je ne suis pas certaine qu'ils soient si différents de ce que nous étions à vingt ans. Nous n'avions pas envie de nous laisser enfermer dans les vieilles habitudes de nos parents. C'est tout pareil pour eux. Et on peut se réjouir qu'ils ne soient pas pendus à nos basques... C'est ce que nous voulions, non, les rendre libres ?
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Il croise de longues ombres noires, des silhouettes que rien ne distingue les unes des autres. Elles marchent sans bruit, la tête haute, le visage masqué, enveloppées de l’habit linceul, qui les recouvre, les protège et les fait disparaître aux yeux des hommes. Elles forment une troupe hautaine et silencieuse, regards cachés sous le voile, qui traverse l’espace, et le blesse, le ramène en arrière, au lieu de la douleur.
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Elle regarde la neige qui s'approche des prairies encore parsemées des éclats d'or des genêts redressés dans le souffle de la burle. Bientôt, la douce main froide caressera les toits dispersés des maisons du hameau et l'ouate ralentira le pas des villageois immobiles.
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Le conquistador cubain aux yeux de braise donnait raison à leurs élans. Leurs visages brouillons encadrent maintenant celui de Fidel, sa barbe broussailleuse, son cigare, sa casquette, son treillis.
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Jeanne pense que la vraie vie se fait sans bruit, en chuchotements et murmures, et que dans les profondeurs des nuits d’encre, des êtres naissent et meurent.
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À l'entrée de la traverse du Soleil, il pénètre dans le jardin de la villa maure et s'abrite au creux du tronc du vieil eucalyptus. Il s'assied jambes pendantes dans le dernier rai de soleil du soir, décolle avec précaution le rabat de l'enveloppe et accoste la page , comme un nageur perdu, épuisé, touche au rivage. Les mots dansent devant ses yeux fatigués.
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Alors il s’approche et prend sa main, et il chante encore, avec elle et toutes les femmes du monde, d’Italie ou d’Espagne, d’Algérie sûrement aussi, toutes les femmes qui mettent au monde des hommes comme lui, errants et désarmés, émus et traversés de toute la douleur du monde.
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Ils lèvent leurs verres à tous les orphelins de l’histoire, aux combattants jetés dans les fosses communes, aux mères arrachées à leurs enfants confiés à une poignée de catholiques franquistes aux fins de rééducation, et abandonnées à la misère et la mort.
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Elle se dirige vers la sortie et suffoque soudain, éblouie de tant de soleil. C’est comme une vague longue qui enfle et vient s’échouer à ses pieds, chaude, épicée, souriante, et qui, l’instant d’après, la roule et l’emporte, loin des rancœurs, du chagrin, de l’hiver et du froid.
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Ruben cherche au fond de ses souvenirs. Les mots qui sortaient de la bouche de sa grand-mère, lorsqu’ils traversaient les cols des Pyrénées, n’étaient pas des actions de grâce mais des insultes contre tous les curés, le bon Dieu et les saints qui s’étaient rangés du côté de Franco.
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Dans le soir bleu de la montagne ardéchoise, leurs yeux se tournaient vers ces pays lointains qui avaient fait d’eux des femmes et des hommes transis, pétris de doutes. Mais lorsque la nuit tombait, une vieille nostalgie ranimait leurs anciennes convictions.
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Elle se dirige vers la sortie et suffoque soudain, éblouie de tant de soleil. C'est comme une vague longue qui enfle et vient s'échouer à ses pieds, chaude, épicée, souriante, et qui, l'instant d'après, la roule et l'emporte, loin des rancœurs, du chagrin, de l'hiver et du froid.
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Une vague énorme déferla sur elle, en une minute à peine , au moment où retentit dans le poste "Hasta la victoria siempre", comme un nouvel appel à la révolution. Et le grand vent de l'histoire monta en elle, le même qu'autrefois, jusqu'alors enfermé dans un compartiment bien clos de sa tête, pour l'oublier sans doute, parce qu'il n'est plus temps, à soixante-huit ans.
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