CATHERINE LÉPRONT, In Memoriam & MELODY GARDOT, GoodbyeCATHERINE LÉPRONT
( 1951-2012). Écrivain française, prix Goncourt de la nouvelle en 1992. Elle était la romancière de la mélancolie sensuelle, la symphoniste des émotions troubles. Hantée par les guerres, la déportation et la colonisation, elle dressait un portrait impitoyable des puissants qui abusaient de leurs fonctions.
Auteur d'une vingtaine de romans et recueils de nouvelles, d'essais sur les peintres Caspar David Friedrich et Ingres, elle avait eu le prix Goncourt de la nouvelle pour Trois Gardiennes en 1992. Elle était aussi lectrice pour les éditions Gallimard où elle avait publié en 1983 son premier roman, le Tour du domaine. En 1997, elle est passée au Seuil.
C'est au Seuil qu'est paru l'Anglaise, l'hiver dernier, roman où Catherine Lépront évoque un de ces paysages de bord de mer qu'elle a toujours affectionnés, où des traditions familiales, morales et esthétiques qui semblaient immuables achèvent de se déliter. Le personnage de l'Anglaise incarne une menace d'intrusion. Pour le lecteur, elle est une silhouette évoquée jusqu'à l'épuisement par les différents protagonistes.
Sa brève expérience d'infirmière quand elle était jeune a nourri Des gens du monde (Seuil, 2004). Elle a évoqué sa famille dans le Passeur de Loire (Gallimard, 1990), consacré à son grand-père, directeur de la Santé de 1940 à 1945, puis médecin du travail au Creusot (Saône-et-Loire) où elle est née.
.« le lait de ma mère s'est avéré innommable. Devant cette impossibilité où j'étais de le qualifier, il fallait réagir. J'ai cherché des mots».
«l'habitude était prise. J'ai donc fait profession de chercher des mots pour toutes choses: les goûts, les odeurs, les dégoûts, les couleurs (...) Que tout cela ait fini par constituer des livres est tout à fait indépendant de ma volonté, je demande qu'ils tombent sous le coup de l'article 64 du Code pénal»
Catherine Lépront était une styliste de haute volée, une narratrice qui ne s'embarrassait pas de fournir tous les points de repère. Dans ses livres, il faut aller chercher ceux-ci sous un texte qui révèle alors toute sa beauté. Quand elle parle de musique (Le Café Zimmermann), elle est polyphonique. Quand elle évoque la haine suscitée par la guerre, elle trouve Le beau visage de l'ennemi.