Capitalisme, écologie, féminisme... La pensée anarchiste moderne est bien-là, prenant des formes diverses, répondant à des questions actuelles. Elle est partout et progresse dans notre société, sur Internet notamment.
Élève de Derrida et spécialiste de la philosophie hégélienne, Catherine Malabou s'intéresse dans son dernier ouvrage Au voleur ! Anarchisme et philosophie (PUF, 2022) à l'anarchisme dans l'histoire de la pensée philosophique. Elle pointe la manière dont des philosophes contemporains, comme Foucault ou Levinas, ont développé une pensée libertaire qui ne dit pas son nom, que ce soit par déni ou par inconscience.
Pourquoi l'anarchisme a-t-il été mis si longtemps au placard de la pensée philosophique ? Qui sont les anarchistes d'aujourd'hui ?
La philosophe et professeure de philosophie Catherine Malabou était l'invitée des Matins de France Culture le 5 janvier 2022 pour en parler.
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Il n'y a plus rien à attendre d'en haut .... Dans les pays
" démocratiques " , économiquement privilégiés , l'effondrement de l'Etat-Providence , bien que déjà ancien continue d'imposer indéfiniment ses effets . Aucune institution étatique ni aucune institution parlementaire commune ( Le fonctionnement de l'Union Européenne en est un triste exemple ) ne peuvent réagir au défi de la pauvreté , des migrations ou de la crise écologique ou sanitaire autrement que par de dérisoires mesures d'urgence .
L'être humain est plastique, pas flexible.
Nous vivons à l'heure de la libération neuronale et nous ne le savons pas. Une information, en nous, donne du sens au code et nous ne le savons pas. La différence s'amenuise considérablement, entre le cerveau et le psychisme et nous ne le savons pas. "Nous"finissons par coïncider absolument avec "notre cerveau" [...] et nous ne le savons pas. Les hommes font leur propre cerveau mais ils ne savent pas qu'ils le font;
"Le temps n'est pas ce qu'il est. Il est à la fois ce qui a cessé d'être et ce qui n'est pas encore[...]en ce sens, il ne coïncide jamais avec lui-même."
"Le temps est à la fois étant et non-étant. A peine entrevu, il s'évanouit."
Clitoris : ce petit secret renflé qui demeure, résiste, harcèle la conscience et blesse le talon, est celui d’un organe, le seul, qui ne sert qu’au plaisir – donc « à rien ».
Toutes les femelles mammifères ont un clitoris. Chez les quadrupèdes, il est situé près du vagin et se trouve donc stimulé par la pénétration. L’accouplement déclenche l’orgasme et l’ovulation en même temps. « La répartition des mécanismes ovulatoires au sein des mammifères actuels donne […] à penser que l’ovulation induite par la copulation représente le modèle d’origine », déclare un biologiste. Au cours de l’évolution, « du fait du redressement vertical du bassin, le clitoris est devenu un organe antérieur, visible, accessible par devant ». Chez la femme, le clitoris n’est donc pas (ou plus) situé à l’entrée du vagin.
"Le temps existe sans exister."

« Corps, seins, pubis, clitoris, lèvres, vulve, vagin, col utérin, matrice… et ce rien qui déjà les fait jouir dans/de leur écart », écrit-elle. La pluralité des zones ne peut se rassembler, demeure espacée, ce pour quoi elle emporte le plaisir au-delà du couple ouverture-fermeture, passivité-activité.
Mais que n’a-t-on reproché aussi à cet écart ! Valerie Traub considère qu’il est encore pris, enfermé, dans le cadre d’une adéquation stricte entre parties du corps et désir. La psychomorphologie du corps féminin d’Irigaray serait encore dépendante d’une « logique de l’équivalence ». Équivalence entre lèvres et désir féminin. Or la logique de l’équivalence est selon Traub « assurée par le phallus ». C’est le phallus en effet qui, pour Lacan, détient le « pouvoir de nommer » et d’assigner une valeur signifiante à une partie du corps, lui permettant ainsi de devenir l’emblème d’une identité érotique.
Tenter de penser et d’écrire le plaisir féminin, au risque supposé d’une rigidification identitaire, n’était-il pas cependant une étape nécessaire ? Ne le reste-t-il pas ? Il n’est pas sûr non plus qu’Irigaray soit tombée dans le piège d’une symbolisation encore phallique du clitoris, qui lui conférerait une valeur de principe du corps des femmes. Le clitoris, écrit-elle, « résiste à fonder sa fermeté ».

Dans le féminisme, la femme trouve la conscience féminine collective qui élabore les thèmes de sa libération. La catégorie de répression dans la psychanalyse équivaut au maître-esclave dans le marxisme [et l’hégélianisme] : les deux forment une utopie patriarcale où la femme est vue comme le dernier être humain réprimé et asservi pour soutenir l’effort grandiose du monde masculin qui brise les chaînes de la répression et de l’esclavage18. » Enjeu majeur de l’autoconscience féministe, le clitoris marque désormais l’écart irréductible entre soumission et responsabilité.
Comment éviter toutefois, entre femmes, la reconstitution de la puissance phallique ? La réduction de l’écart ?
Dans son Journal, Lonzi évoque douloureusement les difficultés qu’elle rencontre avec Ester, sa compagne, qui se sent dominée par elle. « Avec Ester, je ne peux que me taire. Elle est en colère contre elle-même et ne le supporte pas. Maintenant, elle ose dire ce qu’elle n’avait jamais encore exprimé, ce qui était encore impensable : que, dans notre relation, je suis l’homme et elle est la femme. C’est ainsi que la dichotomie de la vaginale et de la clitoridienne fait retour, et même le féminisme ne pourra y mettre fin. »