Assoupis
Obsession des visages
Qui sommeillent.
Androgynes et sans âges,
Ils éveillent
De multiples pensées.
Sont-ils dans la souffrance
Ou la mort ?
...
Mon goût des pleurs et des rires,
Et n'aura jamais refréné
Mon envie de lire ou d'écrire.
Toujours prompt à s'émouvoir,
Devant un coucher de soleil,
Toujours avide de revoir
Un nouveau jour qui s'éveille.
Ils nous imposent des règles de vie très strictes, on ne mange pas assez, on doit mettre ses économies en commun ! Et on doit, en plus, se confesser en public ! Vous ne pouvez pas imaginer ce que c’est ! Savez-vous qu’on nous force à avoir des rapports sexuels entre nous ? On vous explique que c’est pour favoriser l’épanouissement personnel des individus, mieux connaître le rapport ente le cerveau et le corps. Et… et pire que tout, il faut se soumettre aux désirs du médecin quand il vous rend visite. Sous prétexte de vous examiner, il se livre à des attouchements.
Une peluche blanche
Sur un tapis herbeux.
Ses oreilles s'animent
Et son corps se meut.
C'est le lapin d'Alice
Sans sa montre à gousset,
Qui musarde et respire...
- Sur les bosquets figés,
Le jour se fait attendre.
La lune haut perchée,
Semble, à s'y méprendre,
Vouloir s'engourdir
Et prolonger la nuit
...
Ils restent une dizaine de minutes côte à côte, silencieux, et la tête de la jeune fille vient se poser délicatement sur l’épaule gauche de Benny. Il décide de lui passer sa parka pour qu’elle se réchauffe. Il apprend qu’elle s’appelle Sybil et qu’elle s’est enfuie du foyer d’hébergement où elle réside depuis quelques mois. Il l’écoute parler. Et, contrairement à Nancy, qui le saoulait de sa voix monocorde et geignarde, Sybil lui semble douce et désemparée. Elle lui fait penser au chaton qu’il avait trouvé un jour dans le fond de son jardin, tremblant de peur et affamé. Il a envie de la prendre dans ses bras pour la protéger.
— Je ne sais pas où aller. J’ai quitté le foyer, car je sens qu’il s’y passe des choses bizarres. J’ai peur.
— Quelles choses ?
— Il vaut mieux que je ne vous en parle pas. Il faut que je m’en aille. Demain, ils s’apercevront que j’ai disparu. Ils vont se lancer à ma recherche.
— Mais tu es toujours en train de te plaindre que rien ne va ! Que je suis trop absent, pas assez amoureux, trop égoïste. Si je passais la moitié de mon temps à te faire des reproches, toi aussi tu ferais la sourde oreille au bout d’un moment. Tu es dans les jérémiades en permanence, ce qui fait que je ne distingue plus ce qui est important de ce qui insignifiant. Tu savais en m’épousant que je tenais un commerce et pas un club de loisirs. Il faut le faire rentrer, l’argent, et c’est pas en restant le cul sur une chaise pour t’admirer et te murmurer des mots d’amour que je peux y parvenir !
— Tu n’es pas obligé d’être grossier !
— Mais tu me fais sortir de mes gonds !
Il n’a guère de souvenirs des caresses parentales, plutôt ceux des roustes paternelles qu’il recevait sans comprendre ce qui avait pu déclencher leur déferlement. Il n’a connu l’école que de manière sporadique. Beaucoup d’absentéisme pour des raisons qu’il préfère taire, même encore maintenant. Je n’aimais pas l’école ! Elle ne m’aimait pas non plus. J’avais très peu de copains. Il se remémore les récréations passées à regarder les autres. Puis, en grandissant, des bagarres auxquelles il participait, et celles qu’il déclenchait en raison d’un mot de travers sur son physique ou sur ses difficultés à s’exprimer.
Efflorescence
Songe-t-elle à ces fleurs
Aperçues en chemin ?
Au noir de leur cœur
Sous un voile carmin ?
Tour à tour elles dansent,
Viennent la caresser.
Délicates présences
Qui l'effleurent en douceur.
Quand il se met à ruminer des pensées négatives, comme celles qui sont en train de lui brouiller l'esprit, son visage change d'expression. Il en devient inquiétant.