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Depuis que je vous ai lu, je vous admire de Catherine Sauvat
Peut-on bien se représenter l'extraordinaire renommée de Victor Hugo et l'attrait inouï qu'il a exercé sur ses contemporains ? Le monstre sacré, académicien et pair de France, dont l'oeuvre monumentale "entasse les superlatifs d'admiration" avec une force qui n'a jamais failli, a en effet placé la poésie au service des hommes. Sa célébrité est telle qu'il ne peut répondre à la multitude de ses solliciteurs, laborieux plumitifs ou apprentis poètes. En 1840, alors qu'il est au faîte de sa gloire, il reçoit la lettre d'un jeune homme de dix-neuf ans: "Je vous aime comme j'aime vos livres [...] Je suis peut-être bien hardi de vous envoyer bon gré mal gré ces éloges par la poste; mais je voudrais vous dire vivement, simplement, combien je vous aime et je vous admire, et je tremble d'être ridicule." Le signataire, un certain Charles Baudelaire, lui signifie que sa démarche ressemble sans doute à celle qu'il aurait pu faire lui-même, lorsqu'il était un auteur débutant, s'adressant à un aîné, tel Chateaubriand dont son " âme" était tant "éprise". Sans le savoir il a visé juste ! Mais la réponse qu'il "attend avec une impatience extrême" ne viendra pas.Ce n'est que bien plus tard, à la parution des -Fleurs du Mal-, que le grand homme lui adressera enfin un mot... considéré comme sans intérêt par Baudelaire. Qui nonobstant récidive deux ans plus tard en lui faisant parvenir un poème inédit; la missive en retour de Hugo qu'il qualifie de "stupide" l'exaspère tout autant.(p. 83) + Lire la suite |