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Critiques de Catherine Vidal (22)
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Féminin Masculin : Mythes et idéologies

Mythes et idéologies ne touchent pas uniquement l'homme et la femme de la rue mais aussi les scientifiques, tous sexes confondus. Et pourquoi ? Parce que longtemps les hommes eurent le monopole incontesté et incontestable des sciences, et que les femmes y sont encore souvent minoritaires, surtout dans les sciences dites dures.

Que montre tous les chercheurs réunis ici ? Que les différences hommes/femmes, lorsque l'on sort de la simple biologie, est construite. Le paléoanthropologue Pascal Picq part du principe que les représentations homme=chasse et femme=cueillette et maternité ne sont pas aussi simple et qu'elles dépendaient beaucoup des conditions géographiques et matérielles ; et que la répartition sociale telle que nous la connaissons est apparue au Néolithique avec l'agriculture. La généticienne Joëlle Wiels montre que même la génétique n'échappe pas aux stéréotypes : pendant longtemps Y est celui qui détermine le sexe ; s'il n'apparait pas par un effort supplémentaire de l'organisme, c'est une fille. Attention spoiler : Non, c'est bien plus compliqué et encore mystérieux que cela (surpris/e, hein).

Sans parler des rôles sociaux dont les très jeunes enfants sont imprégnés jeunes, et des métiers d'hommes et ceux des femmes.

Même si bien sûr il y a des nuances et des mouvements dans les assignations, ce petit livre d'articles accessibles est toujours une source de réflexion sur ce qui est accepté et considéré comme normal, voire "existant depuis la nuit des temps". Mais quand ça bouge aujourd'hui, ça a peut-être bougé déjà avant, non ?
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Nos cerveaux, tous pareils, tous differents !

Dans quelle mesure les capacités d'un individu dépendent-elles de son sexe ? Les places qu’occupent les hommes et le femmes dans la société ne résultent-elles pas pour l’essentiel de facteurs culturels ? Quelle sont les véritables influences de l’ocytocine ou de la testostérone sur la division des rôles entre hommes et femmes ?



Voici quelques questions auxquelles cet ouvrage se propose de répondre, en 80 pages.

L’auteur explique qu’aucune étude ne peut totalement séparer l’inné de l’acquis (ce qui résulte de la culture de ce qui ne résulte que de facteurs naturels). En effet, le cerveau ne peut se développer que dans un environnement stimulant, avec des interactions sociales. En outre, la plasticité du cerveau humain, notamment en bas âge, est tellement importante que le sexe ne devient qu’un facteur secondaire dans la manière dont il se développe.



Même si le nom de la collection (Egale à égal) et sa présentation en 4ème de couverture annoncent clairement les choses, ce n’est qu’en fin d’ouvrage que sa thèse principale devient évidente : la plus grande méfiance est de mise à l’égard de théories qui assigneraient aux hommes et aux femmes des places prédéterminées dans la société. Je partage cet avis mais j’ai trouvé un peu fastidieuse la lecture préalable de résumés d’études dont la validité même est contestée. L’auteur (chercheuse en neurosciences) s’appuie essentiellement sur des études à caractère médical ou scientifique. Je trouve qu'un éclairage historique ou sociologique complémentaire serait bienvenu et faciliterait la lecture.



• Merci à Babelio et aux éditions Belin.

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Féminin Masculin : Mythes et idéologies

Les idées reçues et les préjugés ont la vie dure. La tentation est toujours présente, même chez les scientifiques, de mettre en avant des raisons « naturelles » pour expliquer ou fonder les différences entre les sexes, pour justifier les inégalités sociales et la domination des femmes par les hommes.



L’ambition de ce livre, où se croisent les contributions en sciences humaines et en sciences « dures » est de « débusquer l’idéologie naturaliste » et de ne pas « évacuer les raisons sociales et culturelles aux inégalités entre sexe » de penser l’historicité de l’être humain, de cerner des « complexités » trop souvent caricaturées.



Genviève Fraisse souligne l’usage de la notion de « condition féminine », «évitant que s’entende le mot sexe, trop provocateur ; écartant l’idéologie féministe censée pervertir toute réflexion théorique ».



Maurice Godelier présente la construction mythologique de la domination masculine à travers l’exemple des Baruya, une tribu de la Papousie Nouvelle Guinée (Voir son très beau livre « La production des grands Hommes » chez Fayard). Chez les Baruya « l’appropriation du corps des femmes par les hommes constituait le fondement de la production et de la reproduction de leurs rapports de parenté », « Les femmes représentaient la créativité mais aussi le désordre .»



Evelyne Peyre expose les problématiques autour de l’identification du sexe des os, du dilemme entre marcher et procréer « primauté du cerveau sur le sexe », de la variabilité individuelle et de la place du sexe social (le genre).



Catherine Vidal analyse les idées reçues sur les différences cérébrales et hormonales entre les sexes. Elle souligne l’importance de l’acquis sur l’inné et nous rappelle que « l’idéologie du déterminisme biologique revient en force dans un pays – USA – où les milieux fondamentalistes ultra-libéraux militent contre l’intervention de l’État dans les programmes d’éducation et de lutte contre les discriminations entre le sexes. »



Gaid Le Maner-Idrissi interroge « Comment devient-on un garçon ou une fille de sa culture ? » et le triptyque biologie, société et individu. Si la donnée première de l’identité est biologique, la construction de l’identité sexuée dépend de l’environnement social et de l’implication de l’enfant. La place des apprentissages dès le plus jeune âge est décryptée.



« Comment devient-on femme ou homme ? » Joelle Wiels souligne les biais idéologiques et politiques qui parasitent les questionnements « toutes les questions ne sont pas posées ou, pour le moins, les réponses à certaines questions semblent plus prioritaires que d’autres ! » A travers une étude sur la typologie des chromosomes sexuels, l’auteure déduit que « le sexe biologique est une entité complexe et variable, qui ne justifie pas vraiment que l’on considère l’espèce humaine comme parfaitement dimorphique. » La différence des sexes est une chimère résistante.



Catherine Marry présentent des variations sociologiques sur le sexe des métiers en soulignant particulièrement le déni de qualification des femmes. Elle s’interroge sur la possibilité d’une féminisation d’un métier sans ségrégation à travers l’exemple de la police française. L’auteure conclue sur les hommes absents « La difficulté à penser les hommes et le masculin comme un groupe et non comme une catégorie universelle. »



Pascal Picq déconstruit le mythe de l’éternel féminin en paléoanthropologie et en préhistoire. Histoires de Chimpanzés et de Bonobos, révolution néolithique…. « Plus qu’un fait de nature, l’idéologie de la domination masculine, comme l’éternel féminin, procède de la culture, donc de l’Histoire. »



Un ouvrage simple d’accès, pour des réflexions sur les fondements de nos identités de femmes ou d’hommes historiquement situés.
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Nos cerveaux, tous pareils, tous differents !

Merci aux éditions Belin pour ce livre reçu dans le cadre de la masse critique.



Cet ouvrage est un très bon ouvrage de vulgarisation afin de bien comprendre si les différences entre l'homme et la femme viennent du cerveau, et si oui si ce sont des différences physiques, biologiques ou si elles proviennent de l'environnement. L'auteur apporte pour chaque des arguments et contre arguments, s'appuyant à chaque fois sur des études et cassant ainsi tous les préjugés.



Le cerveau est doté d'une remarquable plasticité, et si il est à la base chez l'homme et la femme, c'est avant tout l'environnement et les expériences vécues qui a l'âge adulte feront ressortir une vraie différence entre l'homme et la femme.



J'ai donc été séduite sur le fond mais aussi sur la forme. Le livre est doté de chapitres courts, et pour chaque chapitre, il y a en marge de la page des citations pour illustrer les propos et des petits zooms qui permettent de bien saisir l'idée essentielle du chapitre. En fin de livre, il y a les dates clés, les chiffres clés et aussi un petit quizz pour vérifier qu'on a retenu les idées essentielles du livre.
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Nos cerveaux resteront-ils humains ?

Notre futur d’être humain ne peut être prédictible par des statistiques



En introduction, Catherine Vidal aborde, entre autres, les propriétés d’adaptation du cerveau – sa plasticité – aux événements de la vie, ce que révèle l’imagerie cérébrale par résonance magnétique (IRM), les apports des neurotechnologies. Elle propose d’étudier « la part de ce qui relève du prouvé et de ce qui ressort du probable ou de l’utopie », les nouvelles technologies de manipulation du cerveau. « Une réflexion éthique s’impose afin que les technologies en neurosciences et en intelligence artificielle se fassent dans le respect des droits humains et des libertés fondamentales ».



I. « La plasticité cérébrale : au cœur du cerveau humain »



Nous sommes à la fois toustes semblables et toustes différent·es. Rien n’est jamais définitivement joué, « ni sur le plan des affects ni sur celui des capacités cognitives et des compétences ». Il faut encore et encore souligner ce point contre le déni de l’humanité pleine et entière à certain·es. Notre « petit cerveau » à la naissance deviendra grand, les connexions entre les neurones, les synapses se développeront lorsque le bébé puis l’enfant interagira avec le monde extérieur. Comme le souligne l’autrice, « Le devenir de chacun de nos neurones n’est pas inscrit dans le programme génétique », les interactions avec l’environnement jouent un rôle majeur. La socialisation de chacun·e ne devrait donc pas être limitée ni par le confinement social ou linguistique, ni par les ordres de genre ou de classe (pour ne parler que de ces deux rapports sociaux)…



Interactions sociales, interactions avec le monde extérieur, l’autrice indique que toute personne humaine est « simultanément un être biologique et un être social ». Mais notre monde est hiérarchisé, notre environnement sexué. Ainsi chacun·e fait l’apprentissage des normes du féminin et du masculin, qui ne sont que des normes sociales, malgré leur naturalisation par les réactionnaires de tous poils.



Les enfants ont de grandes facilités pour acquérir de nouvelles connaissances. Les mesures et les recherches permises par IRM font ressortir le rôle de l’apprentissage scolaire ou non « dans la construction des réseaux de neurones qui sous-tendent les fonctions cognitives », les épaississements du cortex cérébral, le recrutement de régions cérébrales, la plasticité cérébrale y compris à l’âge adulte, la réversibilité des phénomènes lorsque la ou les fonctions ne sont plus sollicitées…



Catherine Vidal insiste sur la dynamique du fonctionnement du cerveau, les grandes fluctuations interindividuelles dans les activité des réseaux neuronaux, la variabilité des structures internes, la non-spécialisation définitive des zones cérébrales, la non spécification des deux hémisphères (contrairement aux théorisations des années 60), les capacités d’adaptation et donc les possibles réparations. « Les capacités mentales ne dépendent pas directement de la forme du cerveau, ni de l’épaisseur du cortex » et la présence de particularités ne permet pas « de prédire le devenir d’un sujet, qu’il soit jeune ou adulte ». Ses analyses sont illustrées par des exemples.



Je souligne, l’autrice y reviendra, que l’idée même de prédiction n’a rien de scientifique. La compilation de données et l’établissement de classements statistiques ne permet jamais de prédire ce que pourra faire ou non un·e individu·e. Les dimensions policières autour de la prévention d’actes au nom de la prédictibilité relèvent d’un fantasme attentatoire aux droits des êtres humains, à leur égalité et à leur liberté.



Catherine Vidal détaille les mécanismes cellulaires de la plasticité cérébrale, les pathologies « liées » à l’allongement de l’espérance de vie, les origines multi-factorielles des maladies, les possibles en recherche pour remédier à certains troubles. Avec la quête de l’« être humain augmenté », du « transhumanisme », il s’agit de bien d’autre chose.



II. « Quel cerveau demain pour les humains ? »



L’autrice aborde le croisement des technologies numériques et des neurosciences, les neuro-technologies (interfaces, implants pour l’audition et la vision, stimulation cérébrale profonde, stimulation magnétique transcrânienne, stimulation électrique transcrânienne directe par courant continu…). Elle discute des mythes et de la réalité de ce que certain·es nomment le « transhumanisme », le fantasme de l’être humain « émancipé de sa condition biologique originelle » ou de l’« esprit » téléchargé dans des robots…



Les neuro-technologies intéressent particulièrement les pouvoirs industriels, militaires et politiques, le rêve de « super-intelligence » reste d’abord un rêve de pouvoir. Catherine Vidal pose des questions et balaie les fausses évidences des « transhumanistes ». Il n’y a pas de continuité entre réparation et amélioration ; les performances d’une prothèse sont bien moindres que celles d’un organe, les stimulations électriques ne sont pas sans risque (ondes épileptiques).



Mais surtout les fantasmes des « transhumanistes » se heurtent à la réalité du fonctionnement du cerveau : la non localisation de façon immuable de fonctions, « L’intelligence, le raisonnement, la mémoire, les émotions, l’imagination ne sont pas situés dans des zones précises du cerveau »…



Fantasmes, rêves de toute puissance et mensonges. « Laisser croire que le cerveau puisse obéir durablement aux ordres d’un microprocesseur est en totale contradiction avec la plasticité cérébrale ». L’autrice discute de l’intelligence, de celles nommées « intelligences artificielles (IA) », de « symphonie cérébrale » ; elle souligne que le cerveau ne ressemble en rien à un ordinateur « ni dans sa structure ni dans son fonctionnement », que l’intelligence humaine ne cesse d’évoluer « en fonction des expériences vécues et des changements du monde environnant. Elle résonne avec le corps et avec les autres humains à travers le langage, la pensée, la culture », que les processus cognitifs sont incarnés dans des corps vivants, que la matière inerte des microprocesseurs diffère radicalement de la matière vivante du cerveau.



Autres choses sont les impulsions électriques, des algorithmes, des programmations, des capacités de stockage, des traitements statistiques de données numériques, tous éléments qui ne sont pas des fonctions cognitives. La vraie intelligence est bien celle des chercheur·es concevant les programmes informatiques…



III. « Et nous dans tout ça ? »



La question est simple. Qui va décider ? Les algorithmes ou des citoyen·nes – non pas manipulé·es mais informé·es, pour utiliser une belle formule de Jacques Testart. Automation et calcul de probabilités ne donnent pas un pouvoir de prédiction, « les prédictions ne reposent que sur des moyennes statistiques qui ne peuvent être directement transposées à un cas particulier ». Que veut dire une médecine ou une justice guidée par l’IA pour ne pas parler des armes létales autonomes, « l’objectivité de l’IA est plus une croyance qu’une réalité avérée ».



L’idée même d’humanité « augmentée » a quelque chose à voir avec le culte néolibéral de la performance dans l’oubli des inégalités sociales engendrées par le système capitaliste. L’idéal « transhumaniste » est incompatible avec la démocratie et la liberté. C’est comme le dit l’autrice « une supercherie idéologique qui nous projette dans un futur fantasmatique »…



En conclusion, Catherine Vidal parle de la puissance de contrôle permise par les technologies numériques, « La question de la garantie du libre arbitre des citoyens se pose avec acuité face à la présence grandissante de l’IA dans la vie quotidienne ». Les progrès technologiques peuvent être porteur de promesses thérapeutiques mais aussi de réelles menaces pour l’intégrité des personnes (j’ajoute que l’utilisation non négligeable de la chirurgie ou des traitements hormonaux – y compris sur des enfants – aujourd’hui pour façonner les corps à la demande montre la dérive marchande, et par ailleurs narcissique, de pratiques sans éthique). Les utopies technologiques sont lourdes de danger et déjà bien souvent déjà criminelles.



« L’idée que la conscience puisse être dissociée du corps relève de la mystique religieuse et non de la démarche scientifique ». Le « transhumanisme » est « un déni de la réalité de la vie psychique, de sa diversité, de sa richesse, qui confère aux êtres humains la liberté de décider, d’agir, de créer, d’imaginer et de rêver ». Et c’est aussi enfermer ou nier les possibilités d’émancipation par l’amélioration des conditions de vie sociale, de justice et d’égalité, de toustes et de chacun·e.




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Genre et rapports sociaux de sexe

« Le mouvement des femmes a été à l’origine d’une effervescence théorique qui s’est traduite par la production d’un corpus de concepts extrêmement riche. Ces élaborations ont permis de rompre avec l’idéologie de la complémentarité ”naturelle” des sexes, de penser les rapports antagoniques entre le groupe des hommes et celui des femmes dans le but de les transformer. » Roland Pfefferkorn présente son livre : « L’objectif est de rendre compte de la diversité, de la richesse et des limites des analyses produites par les différents courants et auteures féministes et de rappeler quelques-uns des débats qui ont traversé le mouvement des femmes ».



Corpus très riche : patriarcat, mode de production domestique, travail domestique, travail productif et reproductif, échange économico-sexuel, division sexuelle du travail, sexe social, sexage, classe de sexe, etc… « La diversité des conceptualisations tient d’abord au caractère multidimensionnel de l’oppression qui renvoie à la fois à l’exploitation, à la domination, à la discrimination et à la stigmatisation. »



Quelques auteures : Christine Delphy, Nicole-Claude Mathieu, Colette Guillaumin, Paola Tabet, Danielle Kergoat, Helena Hirata, Delphine Gardey, Ilana Löwy, Eleni Varikas, Jules Falquet, Elsa Dorlin, etc…



Sans partager toutes les présentations de l’auteur, je tiens néanmoins à souligner sa volonté d’exhaustivité et la clarté de l’exposé. Sa critique des dérives autour du concept de genre, tout en étant juste, sous-estime les ambiguïtés des autres formulations, en particulier dans le monde universitaire. Le problème n’est pas, à mon avis, lié au sens multiple des mots, mais à leurs usages séparés du point de vue des femmes, du féministe, comme pratique subversive de l’organisation sociale. Dans le dernier chapitre « Division sexuelle du travail et rapports sociaux de sexe », l’auteur argumente sur la pertinence et sa préférence pour l’utilisation du concept de rapports sociaux de sexe, son lien avec la division sexuelle du travail, le travail pouvant être défini comme la« production de la société ».



Je partage ce que dit Danielle Kergoat et l’auteur sur les caractères consubstantiels et co-extensifs des rapports sociaux : « en se déployant, les rapports sociaux de classe, de genre, de ”race”, se reproduisent et se co-produisent mutuellement ».



Cependant, rien n’assure que cette conceptualisation permette à elle seule, de ne pas oublier le féminisme dans les orientations stratégiques émancipatrices, sans parler des débats politiques concrets.



Quoiqu’il en soit, je ne pense pas qu’un concept puisse totalement, intégrer, d’un coté les dimensions variées de l’asymétrie, de l’exploitation, de la domination, de l’oppression et de l’autre, permettre d’exprimer les leviers possibles de l’émancipation.

« L’oppression des femmes résulte d’un fonctionnement systémique qui n’est en aucun cas réductible au système capitaliste », Il est donc regrettable que les dimensions sexuées des rapports sociaux ne soient pas systématiquement pris en compte par les universitaires et les groupes se réclamant de l’émancipation.



Cette courte mais dense présentation des théorisations matérialistes féministes, « construire des concepts nouveaux pour penser les rapports antagoniques entre la classe des hommes et celle des femmes », me semble à la fois synthétique et suffisamment diversifiée, pour une première approche de l’histoire de certains débats. Elle ne saurait dispenser de lire et d’étudier les textes produits par les féministes elles-mêmes.
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Femmes et santé, encore une affaire d'hommes ?

Cette petite brochure est absolument nécessaire pour comprendre comment la santé des femmes est mise en danger par assimilation : non, la morphologie féminine est différente de celle des hommes et les confondre peut parfois s'avérer fatale. Et pourtant, les études de laboratoire sont très souvent effectuées sur des sujets masculins, les femmes, plus pauvres, se voient contraintes de se priver des soins nécessaires, leurs douleurs gynécologiques ne sont pas toujours prises au sérieux, etc...

Après un historique (oui, il y a tout de même eu des améliorations au fil des siècles, fort heureusement !), les autrices mettent l'accent sur ces inégalités pour finir un quiz.
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Féminin Masculin : Mythes et idéologies

Voici un petit livre épatant entièrement consacré à la "condition féminine". Court, facile à lire, précis, sérieux, dépourvu d'esprit polémique, il fait rapidement le tour de la question. Tout au long de brefs chapitres, on prend connaissance des avis d'une philosophe, d'un anthropologue, d'une sociologue, d'un paléontologue, etc… Toutes les études présentées montrent que les mythes et les préjugés concernant la gent féminine (ici, ou ailleurs) reposent en fait sur une base culturelle et subjective sans fondement sérieux. Un exposé montre, par exemple, que le critère des chromosomes sexuels (XY et XX, ces derniers étant souvent présentés comme "par défaut") ne distingue pas d'une manière indiscutable les hommes et les femmes. Un autre chapitre date l'inégalité entre les sexes au Néolithique: elle ne serait donc pas "naturelle", contrairement à ce qui se dit. Mais ce qui m'a le plus frappé, c'est l'exposé qui montre l'apport des neurosciences au sujet des différences entre les sexes. D'une façon générale, 10 % des connexions neuronales sont présentes à la naissance des petits d'homme et tout le reste se met en place ensuite, par l'éducation, par l'apprentissage, par l'influence sociétale, par le vécu personnel de l'individu, etc... Ces connexions neuronales sont a priori évolutives - sauf si les pressions exercées sont fortes et permanentes. Dans ces conditions, une société patriarcale, conservatrice en matière de moeurs, n'a aucun mal à figer les comportements individuels et empêcher toute évolution dans la place de la femme. Toutefois, sur ce point, il ne suffirait pas de "faire la leçon" (politiquement correcte) à d'autres pays, il faut commencer par balayer devant sa porte...



Cet ouvrage collectif a prêché un "convaincu". En effet, je suis progressiste en matière de moeurs, je ne suis pas du tout irrité par la question du genre (qui fait grincer tant de dents, y compris en France) et j'ai toujours pensé que, d'une manière très générale, les influences de l'acquis dépassent – de loin – celles de l'inné. Ainsi, "Féminin/masculin" apporte de l'eau à mon moulin et j'en suis très satisfait. Je recommanderai donc ce livre (il n'est pas trop ancien, puisque sa première édition date de 2006).

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Cerveau, Sexe & Pouvoir

Génétiquement programmé-e pour apprendre…



« La question centrale de ce livre peut se résumer ainsi : existe-t-il des différences significatives dans les capacités intellectuelles, sociales émotionnelles, physiques entre les hommes et les femmes, et ceci quelles que soient l’époque et la société auxquelles ils appartiennent ? Et si de telles différences sont scientifiquement démontrées, sont-elles innées ou acquises ? »



Certain-e-s voudraient que les inégalités soient non historiquement et socialement, mais « naturellement », constituées. Elles et ils voudraient que la « biologie » justifie ces inégalités, transformant au passage les démarches scientifiques en démarche idéologique. Elles et ils désireraient surtout qu’un ordre social provisoire devienne « un ordre naturel incontournable ». Et récemment bien des opposant-e-s à l’extension du mariage à tous les couples, ont ouvertement exprimé leurs fantasmes d’un soit-disant ordre naturel pour refuser l’égalité des toutes et tous.



Les auteures montrent que « les sciences du cerveau sont sujettes à des modes, à des courants de pensée, à des jeux de pouvoirs ». Grâce à l’imagerie par résonance magnétique (IRM), la comparaison entre les cerveaux des femmes et des hommes fait surtout ressortir que « les différences ne sont pas flagrantes ».



Catherine Vidal et Dorothée Benoit-Browaeys nous rappellent que la construction du cerveau se fait par incorporation des influences dans nos relations aux autres, « les circuits neuronaux sont essentiellement construits au gré de notre histoire personnelle ». Il n’y a pas d’explication « naturelle » aux différences sociales : « notre destin n’est pas inscrit dans notre cerveau ! ».



Hier comme aujourd’hui, les préjugés conduisent des scientifiques à des conclusions fausses. La traque de particularité anatomique se révèle particulièrement… inutile : « il n’existe pas de rapport entre le poids du cerveau et les aptitudes intellectuelles » ; ce n’est pas la quantité mais la « qualité de connexions entre neurones » qui prime ; les observations du cerveau lors d’une autopsie ne permettent pas « d’affirmer s’il est masculin ou féminin » ; nos cerveaux ont bien deux hémisphères mais de même poids et de même volume, sans oublier que « une fonction n’est jamais assurée par une seule région ». Il n’y ni cerveau ou hémisphère « rose » ni cerveau ou hémisphère « bleu ».



Les auteures soulignent que « C’est avant tout l’expérience individuelle qui oriente les stratégies cognitives et pas le sexe ! »



« Le cerveau est en quelque sorte notre livre d’histoire personnel, témoin du passé et ouvert sur l’avenir ». Les images, représentations instantanées du fonctionnement cérébral ne « disent rien sur l’origine des différences ». La construction du cerveau dépend des apprentissages. Les études font ressortir « la grande variabilité individuelle du fonctionnement du cerveau », les différences dans le dessin des circonvolutions du cortex cérébral et « cette variabilité anatomique individuelle n’a que peu à voir avec les gènes ». Les potentialités, la plasticité du cerveau sont très importantes. Les auteures soulignent les périodes clés, les périodes critiques chez les petit-e-s êtres humains, « l’interaction avec le monde extérieur, tant physique que social » permettant le développement. Elles parlent aussi du remodelage chez l’adulte. « L’ensemble de ces résultats montre bien la dynamique du fonctionnement du cerveau dont les connexions se réorganisent en permanence dans le temps et dans l’espace, qu’il s’agisse de l’acquisition d’apprentissages ou de compensation de défaillances ».



J’ai particulièrement été intéressé par les chapitres « Les gènes, hormones et sexe » et « Affects et intellect sous la loi des hormones ? ». Les auteures décryptent des légendes et des fantasmes sur le pseudo-déterminisme génétique ou hormonale.



Catherine Vidal et Dorothée Benoit-Browaeys poursuivent sur la femme préhistorique absente ou reconstruite sans base scientifique, sur l’invention du mâle chasseur, sur les mythes culturels, sur l’oubli des vestiges comme témoignages de « facultés de synthèse et d’abstraction, donc d’une pensée symbolique » qui suggèrent que ces femmes et ces hommes « avaient le même cerveau que nous ».



Si « nulle part il n’existe de population sans règles sociales, sans traditions, sans croyance », les constructions symboliques de la « différence des sexes face à la reproduction de la vie » sont liées à la volonté des hommes « de s’approprier le pouvoir procréateur des femmes ». Les mœurs sont des constructions sociales historiques et non des donnés naturels. « Prétendre que les inégalités entre hommes et femmes s’expliquent par un ordre biologique naturel, c’est ignorer l’histoire et nier la réalité. C’est la pensée humaine qui a construit des systèmes d’interprétation et des pratiques symboliques, constituant autant de manières d’organiser et de légitimer la primauté des hommes sur les femmes ».



Avec ironie, les auteures vont déconstruire le « gène de la fidélité », la « chimie de intelligence », la « molécule du suicide », les « signes distinctifs de l’homosexualité », etc… et autres interprétations et inventions fantaisistes. Sans oublier les questions illégitimes comme la localisation des jugements moraux, les illusions des réalités virtuelles.



Elles indiquent aussi que « le recours à la biologie pour expliquer les différences entre les êtres humains correspondant à un courant de pensée qui a un nom et une longue histoire : le déterminisme biologique ». Elles critiquent les « béquilles cérébrales » des neurosciences, le dopage humain par les psychotropes, sans oublier les délires des « neuromarketing », « neuroéthique » ou « neurophilosophie »



En épilogue Catherine Vidal et Dorothée Benoit-Browaeys reviennent sur la plasticité cérébrale, sur l’absence de rapport entre poids du cerveau et aptitudes intellectuelles, sur la communication permanente des deux hémisphères cérébraux et sur le fait qu’aucun ne fonctionne isolément, sur la construction historique et sociale des différences. Elles terminent sur des considérations sur la science « La science est présentée au grand public comme source de certitudes et de vérités. Or, la réalité de l’activité scientifique est au contraire, le doute, la remise en question, les débats qui font avancer les idées ». Elles ajoutent que « dire que les valeurs qui fondent nos sociétés sont situées dans la nature, c’est mettre l’accent sur les servitudes de la pensée et pas sur sa liberté ». Et justement c’est bien cette liberté et cette égalité qui sont insupportables pour celles et ceux qui inventent des déterminismes « naturels » pour justifier les constructions sociales inégalitaires et le pouvoir des uns sur les autres.



Un petit livre simple, mais non simpliste, et pédagogique pour dénaturaliser les constructions sociales de nos individualités.
Lien : http://entreleslignesentrele..
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Nos cerveaux, tous pareils, tous differents !

*opération Masse Critique*



En lisant ce livre, on apprend que l'on nous ment depuis trop longtemps.

NON, nous ne sommes pas programmé génétiquement à être une femme s'occupant des enfants, s'attachant à un partenaire pour subvenir aux besoins du foyer, ou un homme qui va faire la guerre et chasser. La guerre du feu, c'est fini. Ca c'était avant. Nous naissons libres de genres.

Mais voilà..vous l'entendez hein, elle arrive ... La société, elle nous tombe dessus, comme ça sur le coin de la tronche, cette vieille fille et toutes ses manies d'un autre temps.

Parce qu'il faut bien être honnête, c'est pas avec 10% de neurones connectés à la naissance que l'on crée un genre. Mais par contre avec les 90% que l'on va nous inculquer, c'est déjà plus crédible.

Et ça commence très tôt, dès la naissance en fait. Le comportement des adultes diffère selon le sexe du bébé, (tape m'en 5!) : épreuves de force et autres interactions physiques pour les garçons tandis que les filles auront droit à de longues conversations. On ajoute à ceci un bel environnement entièrement sexué : chambre, jouets, vêtements. C'est bon, vous le voyez, le décor bien planté ?

Et bien maintenant, twist final : l'enfant ne possède les capacités mentales lui permettant de s'identifier au féminin ou au masculin, tenez-vous bien, qu'à partir de l'âge de 2 ans ... et demi. Il baigne déjà dans un genre imposé avant même de pouvoir commencer à s'interroger. Un peu tard pour changer d'avis, n'est-ce pas.

Et ce n'est que le début...

Voilà ce que vous pourrez découvrir grâce à ce livre.

Le livre se veut donc factuel, même si parfois on nage un peu trop dans les données brutes en guettant au loin une bouée explicative. Quelques infographies pourraient grandement améliorer la compréhension des données chiffrées.



Merci encore à Babelio et aux éditions Belin: !
Lien : http://www.listesratures.fr/
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Genre et rapports sociaux de sexe

Dans l’introduction (voir sur le blog "entre les lignes entre les mots" Roland Pfefferkorn parle, entre autres, d’une riche production de concepts, de rupture avec « la complémentarité « naturelle » des sexes », des obstacles au mouvement pour l’égalité (l’égalité n’est pas d’ores et déjà advenue), de « chaine internationale du care », de racisation du sexisme, d’antiféminisme larvé, de dimension sexuée dans les sciences sociales « la dimension sexuée reste longtemps au second plan, quand elle n’est pas absente, en tant qu’axe stratégique de réflexion et d’investigation », de produits de rapports historiques et sociaux, de conflits au sein de la « société conjugale », de salarisation, de séparation et de hiérarchisation, d’articulation des différents rapports sociaux, « rapport de classe, de sexe, de racisation » comme nécessité…



Suite à ma lecture de la première édition, j’avais rédigé une note (https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2012/05/22/les-rapports-de-sexe-de-classe-de-racisation-interagissent-les-uns-sur-les-autres-et-structurent-ensemble-la-totalite-du-champ-social/)

Je n’ai pas confronté les deux éditions. Je ne reprends pas ici ce que j’avais écrit, même si sur certains points, je ne m’exprimerai plus de la même façon.



Je voudrais néanmoins souligner la force de certaines analyses : la place du travail (salarié et domestique), le caractère systémique de l’oppression des femmes et son caractère non-réductible au capitalisme, la « dialectique production/reproduction », la socialisation différentielle des sexes.



Il me semble que certaines parties sont particulièrement intéressantes : rapports sociaux, division sexuelle du travail, production historiques particulières, coextensivité et consubstantialité des rapports sociaux, « La première originalité du concept de rapports sociaux de sexe par rapport à d’autres conceptualisations (en termes de système de sexe / genre ou de mode de production domestique par exemple) réside dans le fait qu’il est construit explicitement en articulant de manière co-extensive et consubstantielle les rapports de classe, les rapports de sexe et les rapports de racisation » (En complément possible : Danièle Kergoat : Se battre disent-elles…), histoire et critique de la notion de genre, limites des théorisations queer, etc.



Par ailleurs, je signale que je ne partage pas certaines appréciations sur des textes de Geneviève Fraisse, Judith Butler, Monique Wittig, Joan Scott, par exemple.



Dans sa postface (voir sur blog "entre les lignes entre les mots), Catherine Vidal indique que « Le clivage entre les sexes élaboré par les philosophes, théologiens, historiens et naturalistes des siècles passés est perçu par beaucoup comme le reflet d’une nature humaine éternelle. ». Elle aborde, entre autres, les questions de « plasticité cérébrale », de la capacité du cerveau humain à se façonner selon l’histoire propre de chacun-e, « Rien n’est à jamais figé ni programmé dans le cerveau depuis la naissance », d’environnement sexué, d’interactions physiques ou orales, de dépassement du « dilemme classique qui tend à opposer nature et culture », de la biologisation des comportements humains, de l’origine des « différences »…



Je reproduit ma précédente « conclusion » : « L’oppression des femmes résulte d’un fonctionnement systémique qui n’est en aucun cas réductible au système capitaliste ». Il est donc regrettable que les dimensions sexuées des rapports sociaux ne soient pas systématiquement pris en compte par les universitaires et les groupes se réclamant de l’émancipation.



Cette courte mais dense présentation des théorisations matérialistes féministes, « construire des concepts nouveaux pour penser les rapports antagoniques entre la classe des hommes et celle des femmes », me semble à la fois synthétique et suffisamment diversifiée, pour une première approche de l’histoire de certains débats. Elle ne saurait dispenser de lire et d’étudier les textes produits par les féministes elles-mêmes.
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Cerveau, Sexe & Pouvoir

Existe-t-il des différences significatives dans les capacités intellectuelles, sociales, émotionnelles, physiques entre les hommes et les femmes, et ceci quelles que soient l'époque et la société auxquelles ils appartiennent ? Et si de telles différences sont scientifiquement démontrées, sont-elles innées ou acquises ? Qu'est-ce qui nous fait homme ou femme ? Plus généralement, qu'est-ce qui est inné ou acquis dans les modes d'existence des êtres humains ? Les deux auteurs s'attacheront d'une part à examiner les différences responsables d'inégalités entre les sexes, d'autre part à confirmer la thèse de François Jacob, grand biologiste : "L'être humain est génétiquement programmé mais programmé pour apprendre."

Cet ouvrage replace le débat autour de la différence des sexes sur un terrain scientifique rigoureux, à la lumière des connaissances les plus récentes sur le fonctionnement du cerveau. Il ne s'agit pas de nier les différences qui existent entre les sexes, mais de montrer que l'identité sexuée se forge avant tout dans le milieu social et culturel qui imprègne notre cerveau tout au long de la vie.
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Nos enfants sous haute surveillance : Evalu..

Ce livre fait suite à la volonté, en 2005, de dépister précocement les délinquants.

L auteur s attache à nous montrer la stupidité de la proposition et des études menées dans de

La médicalisation des TDAH (trouble déficitaire de l’attention avec hyper activité) est également abordée en passant en revu le fonctionnement du cerveau humain.

Le livre manque cependant, à mon sens, de témoignage, ou récit. L auteur reste trop souvent sur l explication générale sans illustrer. C est le seul bemol que je retiens de ce livre
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Femmes et santé, encore une affaire d'hommes ?

Les discriminations liées au genre et leurs conséquences pour la santé



Dans leur avant-propos, Muriel Salle et Catherine Vidal nous rappellent qu’au XIXème siècle, les femmes étaient considérées comme d’« éternelles malades ». Elles parlent, entre autres, du qualificatif de « sexe faible », d’indisposition menstruelle, de grossesse, de ménopause, de pénibilité non reconnue des emplois, des injonctions à la minceur, de santé et de reproduction, d’espérance de vie, de pathologies, de taux de morbidité…



Les auteures soulignent la nécessité de « tordre le cou aux idées reçues » et soulignent que « les rôles sociaux et les activités professionnelles des unes et des autres les conduisent à ne pas être exposées aux mêmes nuisances de santé », que les pratiques des médecins se construisent différemment selon le sexe des patient-e-s, que les connaissances contemporaines restent marquées par les héritages et les regards antérieurs, qu’il y a bien des inégalités de santé entre les femmes et les hommes…



« Ce livre a pour objectif de proposer des perspectives en matière de politique publique au service de la santé des femmes et des hommes et d’éveiller la vigilance des patient-e-s ».



Sommaire :

La santé des femmes aujourd’hui – Une situation paradoxale

La santé des femmes hier – Des mères rien que des mères

Attention ! Clichés sur la santé – Des stéréotypes mauvais pour la santé

Le féminisme au secours de la santé de toutes et tous – Le corps des femmes leur appartient

Perspectives et politiques de santé publique pour les deux sexes – Comment mieux soigner les femmes et les hommes



La « santé » a une histoire, sa définition a varié au cours du temps. Muriel Salle et Catherine Vidal parlent d’une perspective « bio-psycho-sociale », en effet, les aspects biologiques ne constituent qu’une des modalités d’appréciation de l’état de santé des personnes. Contre les visions fatalistes et réductrices, il convient de prendre aussi en compte les éléments du contexte de travail et de vie.



Les auteures abordent, entre autres, le recul de la mortalité des femmes – en particulier liée à la grossesse et à l’accouchement -, l’espérance de vie en bonne santé, les maladies cardio-vasculaires et les cancers, les conduites addictives et leur féminisation, les travaux pénibles, « La pénibilité de ces emplois est souvent sous-estimée et difficile à faire reconnaître pour les femmes », le harcèlement moral et sexuel, la violence de l’organisation du travail, la charge mentale liées à la double responsabilité professionnelle et domestique, la précarité (70% des travailleurs pauvres sont des travailleuses pauvres, des femmes), l’accès aux soins, les violences envers les femmes… Les auteures expliquent pourquoi les femmes sont mieux suivies médicalement mais moins bien soignées.



Muriel Salle et Catherine Vidal analysent la santé des femmes d’hier, « l’imaginaire biologique de la différence des sexes a beaucoup changé au cours des siècles », l’invention de la nature féminine, la « femelle de l’homme », la faiblesse et la prédestination à la maternité, les mesures de la boite crânienne, les discours médicaux, l’idée de vulnérabilité, la confusion entre « le normal et le pathologique », la réduction des femmes au rôle de mère, l’importance accordée à leur « matrice », « les dysfonctionnements génitaux sont considérés comme responsable de tous les maux des femmes », l’évaluation de la beauté féminine, les corps à « traiter et à maitriser », les raisons de la reconnaissance très tardive de l’endométriose…



Des différences entre les sexes dans la santé mais « les différences en question ne sont pas forcément d’origine biologique ». Muriel Salle et Catherine Vidal insistent sur « le poids des représentations sociales » comme facteur de risque et d’inégalité. Elles détaillent des symptômes et des diagnostics biaisés, des maladies sous-diagnostiquées chez les femmes… et chez les hommes, la construction sociale de la tolérance à la douleur, « Si ça fait mal, ça fait pas mâles… », l’expression des symptômes et les codes sociaux, les conséquences en termes de suivi médical…



Je souligne l’intérêt du chapitre quatre : « Le féminisme au secours de la santé de toutes et tous ». Les combats menées par les femmes pour leur émancipation, la réappropriation de leurs corps ont eu des impacts décisifs y compris dans les domaines de la santé. Interrogation sur la construction des connaissances, représentations sociales genrées, sous-représentation des femmes dans les essais cliniques, apports méconnus des chercheuses, éducation à la sexualité, maîtrise de la fécondité, santé au travail, lutte contre les violences, etc. « La prise en compte de l’interaction entre sexe et genre dans la santé a des retombées majeures en termes de prévention et de traitement ».



Muriel Salle et Catherine Vidal développent aussi des propositions pour des politiques de santé publique pour les deux sexes, dont la formation des soignant-e-s, des chercheur-e-s et des patient-e-s. Elles mettent en avant, la prise en charge des frais de santé à « titre personnel » et non au statut (couple), la garantie de l’autonomie, l’accès aux soins pour toutes les femmes, l’amélioration de la santé sexuelle et reproductive…



En conclusion, « A la santé de toutes et tous ! », Muriel Salle et Catherine Vidal tracent quelques pistes pour construire un système de santé plus adéquat, meilleures connaissances des « spécificités biologiques », identification des « facteurs économiques et sociaux » induisant des inégalités et des discriminations dans l’accès aux soins et dans la prise en charge des pathologies, étude des vulnérabilités liées aux statuts ou situations familiales et économiques, « Les conditions de travail et de rémunération des femmes, leur accès à la prise de décisions stratégiques, politiques et économiques sont également déterminantes », production systématique de statistiques genrées, sensibilisation des soignant-e-s à la question du genre…



Elles rappellent aussi le rôle des mouvements féministes et des études sur le genre dans l’évolution des recherches et des pratiques.



Oui, une médecine plus égalitaire ne peut faire l’impasse du prisme du genre, du sexe des patient-e-s.




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Hommes, femmes, avons-nous le même cerveau ?

Oui, pas de différences significatives imputables à la dichotomie chromosomique XX-XY. Pas dans les fonctions (cela n'est toujours pas accepté comme une évidence, pourtant), pas dans la sexualité (orientation sexuelle), pas même dans l'influence cérébrale des hormones sexuelles, car le cortex est très peu pourvu de récepteurs aptes à les fixer (p. 37).

La plasticité (réversible) du cerveau est en relation avec les fonctions. Leur développement, et en particulier celui des aptitudes cognitives, étant lié à l'environnement, est lourdement conditionné par la différenciation de genre, dès la naissance même.



Opuscule pédagogique clair et bref, idéal pour fournir des explications au pied levé.
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Hommes, femmes, avons-nous le même cerveau ?

Un livre qui va à l'encontre de nos préjugés. Eclairant
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Hommes, femmes, avons-nous le même cerveau ?

Très intéressant mais un livre à un très petit format. Catherine Vidal démonte en partie les propos sexistes en nous expliquant que le cerveau de la femme ne se différencie pas de manière significative de celui de l'homme. Les différences sont nettement plus marquées d'individu à individu. Elle note aussi que par contre, le cerveau évolue au cours de la vie et qu'un déterminisme social peut orienter son développement. Pour cela, lire aussi "le cerveau évolue-t-il au cours de la vie" du même auteur. Tout aussi intéressant.
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Les filles ont-elles un cerveau fait pour l..

un texte court, synthétique, clair, et très utile pour battre en brèche des idées reçues aussi vieilles que les inégalités de sexe dans notre société !
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Genre et rapports sociaux de sexe

Une synthèse réflexive sur les concepts ayant émergé grâce aux féministes, à partir d’une théorie des rapports sociaux élargie.
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Nos cerveaux, tous pareils, tous differents !

« Cet ouvrage a pour objectif d’apporter des éléments de compréhension sur les recherches scientifiques, les débats et les enjeux de société qui traitent de ces questions que tout un chacun se pose : comment se fabrique les filles et les garçons ? Comment se construisent nos identité de femmes et d’hommes ? Comment expliquer nos différences et nos similarité ? Enfin, quels enseignements et quelles conséquences concrètes en tirer sur la question cruciale de l’égalité entre les femmes et les hommes ? »



Sommaire :



La fabrication des filles et des garçons : Comment l’enfant devient fille ou garçon



L’évolution permanente du cerveau : La plasticité cérébrale révolutionne les sciences du cerveau



Quand la nature revient au galop : De la nature et de l’essence



Les hormones à tout faire : Ne pas confondre cause et conséquence



Cerveau, science et société : Réfléchir pour l’égalité



Conclusion : L’égalité dans la diversité



Catherine Vidal aborde des questions scientifiques, des énigmes, des questions encore sans réponses et de multiples points nouveaux d’appréhension de la réalité. Agir, sentir, parler, compter, se repérer dans l’espace, jouer, taille des cerveaux, hormones, consistance scientifique de certains énoncés, cause et conséquence, imagerie cérébrale, non neutralité de la science, éthique de la recherche…



Elle insiste sur les relations, « la maturation des systèmes sensoriels après la naissance dépend étroitement des stimulations de l’environnement et de l’expérience qui peut varier selon le sexe de l’enfant », les questions de temporalité, « ces différences d’aptitudes, si elles existent à un instant t d’un itinéraire de vie, ne sont pas dues à des différences de capacités cérébrales présentes dès la naissance », le rôle des parents (et de leurs préjugés) dans l’orientation des préférences des enfants, « les adultes se comportent différemment avec une fille ou un garçon »…



Le cerveau, son évolution permanente, ses extraordinaires propriétés de « plasticité », « le devenir de nos neurones n’est pas inscrit dans le programme génétique », la non séparation entre l’inné et l’acquis, « l’interaction avec l’environnement est la condition indispensable au développement et au fonctionnement du cerveau », l’apprentissage des différences, les capacités de réversibilité, le genre et les réalités biologiques, l’importance du jeu, les représentations inconscientes, les hormones, (ocytocine, testostérone), le rappel que chez les êtres humains « le cerveau est l’organe sexuel le plus important », « l’être humain est capable de court-circuiter les programmes biologiques instinctifs qui sont régis par les hormones » ou qu’« aucun instinct ne s’exprime à l’état brut »…



En conclusion, Catherine Vidal revient sur le cerveau comme « organe dynamique », sur le concept de « plasticité cérébrale », sur l’argument de la « nature », sur la question de fond qui n’est pas celle des différences plus ou moins marqués entre le cerveaux des femmes et des hommes « mais celle de l’origine de ces différences »



Un petit livre très clair, pour toutes et tous, contre des idées dominantes faisant socle et justification des inégalités sociales.


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