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Critiques de Catherine Weinzaepflen (13)
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L'odeur d'un père

Un père en pointillés



Catherine Weinzaepflen refait le chemin de la fille séparée de son père, de leurs relations compliquées, des découvertes et des incompréhensions. Un beau voyage, une belle histoire.



C'est un court roman qui raconte les souvenirs d'une fille de onze ans, d'une femme de quarante ans, d'une écrivaine de soixante ans. Onze ans, c'est l'âge qu'elle a lorsqu'elle débarque en Afrique équatoriale trois ans avant l'indépendance du pays qui deviendra la République de Centrafrique. Dans cet endroit à «la terre rouge, au fleuve immense et à la végétation intense» elle retrouve son père et sa compagne qui ressemble à l'Olive de Popeye. Une femme qui la déteste et avec laquelle elle va devoir composer. Et un père qu'elle n'arrive pas à cerner: «Quand j'ai onze ans je ne sais pas trop à quoi ça sert, un père. Toi tu as l'air de le savoir, moi j'ai beaucoup de mal à trouver une position de fille. Tout me semble faux: la façon dont tu me réprimandes, l'affection que tu revendiques comme un dû. Tu as l'air sincère, moi je ne sais plus qui je suis. Ce doit être le propre de l'adolescence de se construire secrètement, sans pouvoir dire sa pensée, sans pouvoir parler, alors que les parents ont sur nous pouvoir de vie et de mort.»

Alors, en cherchant une explication, elle revient sur ses premiers émois, sur sa prime enfance et ce souvenir de sa mère penchée sur un bidet et perdant son sang. Elle apprendra plus tard qu'il s'agissait d'un avortement. Quelques mois plus tard, les disputes au sein du couple vont mener au divorce. Quand, après un séjour dans les Vosges où sa mère dirigeait une colonie de vacances, elle regagne leur domicile, tout a disparu, y compris son père.

Elle grandira chez son oncle qui lui fera découvrir la littérature en lui racontant L'Odyssée, une formation culturelle qu'elle complètera des années plus tard avec des séances de cinéma hebdomadaires. Un bagage intellectuel qui lui permettra à quinze ans, d'être embauchée à l'Ambassade de France, chargée du tri des dépêches. Une première expérience professionnelle qui prendra fin trois plus tard, quand son père rentre en France pour ouvrir un garage dans le Roussillon.

Aujourd'hui, à soixante ans passés, elle a un regard nostalgique sur cette période. «Sans doute aurions-nous pu nous réconcilier de ton vivant si ta femme n'avait veillé à ce qu'il n'y eût aucun rapprochement entre nous, jamais. Aujourd'hui je me dis que si tu n’étais pas mort, je saurais t'aborder calmement, délestée de ma colère. Et je t'appellerais Fernand. Je ne m'adresserais plus à toi en t'appelant papa comme je m'efforçais de le faire, sans conviction, avec toujours la sensation d’un parler faux. Aujourd’hui j'ai une vie derrière moi, une vingtaine d'ouvrages publiés, et je ne sais pas ce que tu as pensé de mes premiers livres si jamais je t’en ai offert un. Black-out...»

Catherine Weinzaepflen aura trouvé dans l'écriture les passerelles susceptibles de lever ce Black-out, l'Indochine de Marguerite Duras se révélant proche de son Afrique. Qui donne au paradis perdu de l'enfance les couleurs et les parfums d'une époque révolue. Aujourd'hui, on sent la citoyenne du monde qu'elle est devenue, apaisée et même reconnaissante face à un père auquel elle offre ici un bel écrin, à l'image du paysage qui entoure le cimetière où il repose.


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Celle-là

Tout d'abord merci aux éditions Des Femmes Antoinette Fouque et à Babelio :.Livre reçu dans le cadre de masse critique mai 2012.



Entre rêves et eau. Elle est « Celle-là ». La femme sans patronyme du dernier roman de Catherine Weinzaepflen, celle qui se transformera, au cours de son voyage, la Lorelei de Celle-là.



Très beau livre sur le décès d'un enfant et le flegmatique et l’opiniâtreté d'admettre cette tragédie. Celle-là quitte, et avance, avance, toujours vers l'Est pour tenter une sorte de paix qu'elle découvre sur les chemins, dans les forêts, dans les quelques rencontres qu'elle fait... les apparitions finiront par se calmer dans une écriture qui peut être comparait à un rêve.

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La vie sauve

Ce livre me laisse dubitatif, par moments l'écriture tombe dans le genre «télégraphique», les phrases ne sont pas fluides, il arrive que l'écriture soit hachée. En résumé, une écriture très pauvre. Et l'histoire me direz-vous ? Eh bien malheureusement le récit ne rattrape en rien la faiblesse de l'écriture. L'histoire est extrêmement banale, sans réel fil conducteur. Des événements marquants qui pourraient laisser penser à un rebondissement n'ont aucune suite. Le seul point positif est qu'il se lit très rapidement.
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Avec Ingeborg

Je ne veux plus me faire ébouillanter, rôtir, brûler, torturer…



Un livre hommage, textes et poésies. Une évocation sensible d'une immense auteure Ingebord Bachmann, un « avec » , car on n'écrit jamais seul-e.



« Nous allons,

les coeurs dans la poussière » (I. B.)



Autriche, des baisers, des bruits, la langue allemande, Malina, « la lecture de tant de souffrance me dévastait », le temps, une rencontre, Paul Celan…



« il faut vite passer d'une lumière

à l'autre, d'un pays

à l'autre sous l'arc en ciel » (I. B.)



Entre Vienne et Paris, des lettres, le désert, histoire d'amour achevée et férocité de la haine…



« celles qu'il faut lire entre les lignes

celles dans lesquelles le mensonge

comme un virus

nous infecte »



Cimetière juif, « un lapin blanc surgira des roseaux sous un pâle soleil », amant, « comment imaginer un printemps qui reviendrait », l'écran d'un rêve, l'ampleur du monde…



« Derrière le monde il y aura un arbre

aux feuilles de nuages

et à la cime d'azur » (I. B.)



Rome et les cyprès le long d'un chemin blanc, piazza di Spagna, l'odeur du miel, « s'accoter au comptoir », la violence, l'autre rive de la Méditerranée, les parias, le « je sans garantie », s'échouer sur les rives du lac…



« Des modalités d'échec qui portent les stigmates du féminin et du masculin »


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L'odeur d'un père

Quand j’ai onze ans



Le je, l’âge, le temps d’hier, l’arrivée et la vie en Afrique colonisée, le père et sa femme D, les interdits, « J’ai onze ans et je m’ennuie », les souvenirs d’autres âges d’enfance, la puberté et le corps qui se transforme, les interdits renforcés et l’autorité paternelle, l’auto-défense, « Plutôt que de pleurer ma mère je me défends de mes agresseurs, je me construis, me maintenant sur les bords glissants d’un abîme, car je ne sais rien de moi », l’odorat, les trébuchements et les gouffres de vérité…



Les âges plus près du présent s’invitent dans les réflexions de l’autrice, et toujours « quand j’ai x ans », le temps passé n’est pas effacé mais reformulé. Le temps des colonie et ne pas « y être », les gestes et les souvenirs, les exigences affectives, les comportements des français, « Aujourd’hui les Français qui vivent en Afrique, ceux qu’on appelle expats pour éviter l’idée de néocolonialisme, ne sont guère différent de toi », la suprématie blanche et l’idée de hiérarchie des populations et des cultures, un père, des odeurs…



Un remarquable récit d’une enfance déplacée…
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Celle-là

"Lorelei" s'est enfuie après avoir vécu un drame. Elle a perdu son fils, son petit, son bébé qu'elle n'a pas eu le temps de chérir assez. Un accident ? Pourquoi pleurait-il ? Pourquoi son mari l'a-t-il pris et secoué, secoué à tel point qu'aujourd'hui il n'est plus.

Depuis, elle fuit, la vie, sa peine et se dirige vers l'Est. L'Est, où le soleil se lève et qu'une nouvelle vie sans oublier la précédente peut renaître. Au début, elle part puis prend le temps d'écouter les autres et apprendre à les aimer.

Le récit est entrecoupé de rêves qui expliquent son mal être, qui au début nous habite, nous lecteur, et nous met fort mal à l'aise.

Ce livre est bien écrit, poétique dans les descriptions, la nature et les couleurs ont un rôle important dans ce roman.

Je remercie Babelio Masse critique et les éditions Des femmes - Antoinette Fouque de m'avoir fait découvrir cette auteure.
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Le temps du tableau

J'ai reçu ce livre gratuitement dans le cadre de l'opération Masse Critique de Babelio. J'ai bien aimé le début, on a l'impression de voyager ou de voir des instants fixés comme sur une photographie (ou sur un tableau...). C'est musical, agréable...on se laisse bercer. Mais au fur et à mesure que l'on avance, le ton se fait plus noir, plus désespéré. On sent beaucoup de détresse, mais les textes se faisant de plus en plus abscons, on a du mal a y accéder. On finit par ne plus être touché du tout, par en avoir assez, avec une certaine impression de perdre son temps. Bref, je ne le conseille pas, sauf aux amateurs de poésie hermétique au commun des mortels...et encore...
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Ismaëla

Le blanc vif des murs est devenu mauve en une seconde



« A aucun moment, je ne me suis retrouvé face au vide, le souffle coupé, obligé de faire appel à un instinct de survie le plus primaire qui soit »



Par une subtile construction littéraire et temporelle Catherine Weinzaepflen nous plonge dans une réalité de Los Angeles peu prisée et loin des images idylliques. Elle nous fait toucher ce que l’exil fait aux êtres humains, ce que cet exil fait à Ismaëla.



« Ce n’est pas Ismaëla que j’ai vue dans ce lit d’hôpital, ce n’est pas celle que je connaissait ». La mort dans cet ailleurs, loin des aimé·es. Nous ne sommes pas ici dans une version linéaire du temps, mais dans les temporalités hachés du manque, de la mémoire cadenassée, du cœur serré.



L’autrice, avec les moyens de la littérature, rend palpable les imbrications du privé et du social, du travail domestique et de la mémoire familiale, des espaces du silence et des bruits de la ville.



Partir pour une vie meilleure pour celles et ceux qui restent, le passeur, les douaniers, la saleté et la puanteur, les rythmes, les moments sans heure, l’illégalité et la solitude, le bruit de ses propres pas.



Un demain où une Ismaëla de cinquante huit ans attend le bus, « Seuls les Mexicains et les Noirs prennent le bus à Los Angeles » ; les cours du soir après la longue journée de travail ; le pays où on mange les lapins et l’autre avec des cages en appartement avec des restes de carottes, de la merde « Qui pue ».



Le menage, le nettoyage, « il faut que cela se voit d’un coup ». L’océan et le bus. Une image de rêve restituée. Le sexe (« ce bonheur était imperméable à toute menace ») et l’envahissante progéniture. Le poids blanc sur la nuque ou l’épaisseur de l’air.



Rencontres, quotidiens, résistance, temps d’hier et quotidien d’aujourd’hui, « Rêver ne me rend pas la vie facile », présence et absence, pensées empoisonnées, vie de solitude, « Fausse identité, faux travail, faux comme tout le reste », commun et langue des diasporas, visage sans expression, sensation physique de regard posé sur soi, langue étrangère, Venice et la Cité des Anges, téléphone et écran, le temps passé à se taire…



La-bas les personnes dépendantes de ce travail ici, les tomates savourées et celles qui cassaient le dos, le miroir regardé et l’absence de visage, l’émigrée absente, l’imagination de mère…



Quelques chapitres de la vie d’une femme nommée Ismaëla, « Ça m’embarrasse d’être allongée dans la rue »… « Le petit hippocampe s’est déplacé vers l’océan, les roses étaient rouges ».
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L'odeur d'un père

Son père lui avait fabriqué un album relié en peau de serpent, dont la couverture portait en lettres d’or : Souvenirs d’Afrique… et même si ce titre s’accompagnait d’un millésime, on a le sentiment, à la lecture de L’Odeur d’un père, que les photos s’en sont envolées par poignées, comme ces papillons orange, jaunes, turquoise qu’il lui avait appris à capturer. Les photos éparpillées se chevauchent, on est toujours de plain-pied avec le présent : Quand j’ai onze ans, je découvre que l’odorat est mon sens de prédilection… Quand j’ai trois ans, je suis seule dans la grande cour… Quand je ne suis pas née… Quand j’ai seize ans, tu me gifles… Quand j’ai trente ans et plus, tu tombes malade… avec une occurrence dominante, celle des onze ans, l’âge clé.



Les maisons et les animaux sont bien sûr des personnages à part entière : maison toute en longueur de Bangui, où elle découvre, à son arrivée chez son père et sa nouvelle épouse, qu’elle va dormir derrière un rideau, dans la cuisine. Plus tard, celle du Roussillon, abolie : « J’ai peu de souvenirs de cette maison où tu me déçois à jamais ». Ailleurs, la lune plonge sous la vérandah du planteur chez qui on petit-déjeune en pleine nuit pour guetter la floraison des caféiers. « Vérandah avec un h », comme chez Claude Ollier et comme dans le poème de Claudel.



Le bestiaire, chez Catherine Weinzaepflen, est un support privilégié des souvenirs et des émotions. Animaux qu’on lui interdit, animaux qui la mettent en échec, animaux qu’on massacre. L’image de l’éléphant tué à la chasse, dans le corps duquel les Africains pénètrent lors du dépeçage, se retrouve dans un autre de ses ouvrages, un tout petit livre à la couverture bleu nuit, qui s’intitule… Les Maisons. Elle met aussi en abyme, dans ces deux livres, ses souvenirs et ceux du père : tout comme Proust respirait l’odeur d’invisibles et persistants lilas, lui évoquait, ému, l’odeur du lilas sur son chemin d’écolier, dans les années vingt.



A ce père, qu’elle a « détesté avec passion », elle offre aujourd’hui, par le miracle de l’écriture, un retour. Il lui a laissé plus que des souvenirs, des tatouages éternels : grâce à lui, elle aimera l’ailleurs, la littérature (via l’Oncle Joseph qui lui raconte l’Odyssée), les images, les mots. Encre blanche sur canson noir d’un autre album, qu’il avait aussi constitué pour elle.

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La vie sauve

[Masse Critique]



Choisi dans le cadre d'une opération Masse Critique parce que son extrait m'inspirait un moment déjà vécu :



« La mer est lisse, incroyablement plate. Une ligne de lumière rouge marque encore l'horizon mais la plage est dans l'obscurité. Ileana ne résiste pas à l'attraction de l'eau. Partagée entre la peur de nager à la surface d'abîmes incommensurables et le plaisir d'avoir la mer pour elle seule, Ileana nage longuement, neutralisant ainsi toute pensée. Seul son corps en machine efficace lui importe. Le souffle, les battements de pieds, la régularité des lancers de bras et jusqu'aux mains dont elle surveille la tension adéquate. Lorsqu'elle fait demi-tour vers le littoral, tous les points lumineux de la côte la transportent, le temps d'un flash de mémoire, dans cette ville américaine qu'elle aime entre toutes. »



, ce roman partait sous les meilleures auspices pour me séduire, une description précise des sens, une fusion avec les éléments, une certaine légèreté de l'être, je pensais me retrouver dans la mouvance du très beau Sur l'eau de Hans Maarten Van den Brink ou de la littérature tout en équilibre qu'on retrouve parfois chez les auteurs japonais (je pense par exemple à Yoko Ogawa). Hélas cette légèreté, bien présente, ne redevient jamais grave aux moments nécessaires, ce qui fait que les personnages de l'histoire, une femme seule, trois rockers et une famille, vivant dans trois maisons voisines de la côte normande, ne prennent jamais vraiment "corps" dans le récit. Tout au long de son histoire (qui n'a pas d’intérêt réel) l'auteur semble trouver prétexte à distiller une sorte de détachement qui fait que l'on n'est jamais dedans, une sorte d'effet "zen" inversé, alors que les sens et l'esprit ne pourrait faire qu'un, ici la lecture ne permet jamais de rejoindre ce que ressentent les protagonistes. L'immersion que l'on éprouve parfois à la lecture d'un bon livre n'a malheureusement jamais lieu.
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Celle-là

En quelques mots : Loreleï est partie de chez elle, elle marche vers l’Est. Elle fuit… Elle fuit son malheur mais ses pas vont vers demain, vont vers les autres...



en 2 mots : solitude & voyage

en 1 question : Peut-on vraiment fuir ses sentiments ?



« Celle-là » de Catherine Weinzaepflen… est un livre que j’ai découvert grâce à Masse Critique de Babelio. Attirée par le titre et par le synopsis. Le mystère entourant cette femme m’a intrigué… Que fait elle ? où va telle ? Mais le mystère est vite levé, dès les premières pages on sait qu’elle a fuit la mort de son enfant, elle se cache, elle se terre en forêt, loin de la vie, de sa vie. Comme un retour à l’état animal pour ne plus ressentir les larmes et ce manque. Et pourtant… Il est là en elle, au bord de l’eau, à la frontière d'un autre pays où elle espère laisser la douleur derrière elle. En attendant elle marche droit devant.



On est dans la tête de l’héroïne, un peu folle, un peu perdue qui nous décrit ce qui l’entoure, ses idées, ses émotions… Consciente de son errance et de sa folie, que l’on devine volontaire pour ne pas souffrir. Il est parfois difficile de suivre et comprendre où elle va physiquement et émotionnellement. Mais le sait-elle elle-même ? On assiste impuissant à la description de cette femme qui a renié tout ce qu’elle était pour ne plus souffrir. Elle vivait dans une maison, elle vit dehors. Elle faisait des listes, elle n’en fait plus. Elle lisait beaucoup, elle ne lit plus. Bavarde et entourée, elle est silencieuse et seule. Et puis finalement peu à peu, petit bout par petit bout, elle va se souvenir progressivement de « sa vie normale » comme elle la nomme elle même. Elle va s’autoriser à ressentir, peu à peu. Elle se dévoile peu à peu au détour de ses rencontres. Comme lorsque l'on a peur et que l'on avance doucement. Comme quelques choses que l'on appréhende que l'on regarde ou que l'on touche avec hésitation.



Le rythme saccadé, parfois lourd, voir ennuyeux, est « sauvé » par certaines phrases sublimes. L’auteure est poète et cela se sent. Mais un poète peut-il tenir la distance d’un roman ? Parfois poétique et plein de vérité la plume peut aussi être imbuvable mettant des mots à la file comme on enchaine les idées sans lien véritable entre elles. Des histoires dans l’histoire, des rencontres sans importances. On marche avec elle, à côté d’elle. Elle marche jusqu’à l’oubli mais l’auteure semble aussi oublier le lecteur en route. Zut…



Tout comme ses rêves qui ponctuent la lecture. Des rêves décousus qui n’ont ni queue ni tête et ni sens, ni aide. Des rêves qui sont d’ailleurs retranscrit à la file, sans point, ni virgule. Libre et sans sens, comme les rêves. C’est un véritable exercice à lire. Sans métaphores ou alors que je n’ai pas saisi, ils n’embrouillent qu’un peu plus la lecture mais renforce la folie de Loreleï…



Une histoire profondément triste, qui a aussi pour toile de fond, le voyage et l’Histoire des pays qu’elle traverse. L’Allemagne, la Pologne, la Russie… Des pays marqués par la guerre, marqués par l’Histoire.



Malheureusement ou heureusement ?, c’est avec un sentiment d’inachevé et de soulagement pour elle comme pour moi que je termine ma lecture. Tel Loreleï je suis soulagée de cette fin, de cette fin de route. Si c’est la volonté de l’auteure alors bravo c’est réussi. C’est vrai que malgré tout elle ne m’a pas perdue en route. Mais est ce pour autant une écriture efficace ? Peut-être… Chacun ses goûts, chacun son univers…





En bref : Une histoire triste qui nous mène dans le quotidien de Loreleï, marquée par le drame de la perte d’un enfant. Qui va tenter dans l’oubli et la fuite d’oublier ce qui est et qui elle est. Un voyage qui se révèle être une route vers la vie… Entre lenteur et folie, on peut facilement perdre le fil…
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Le temps du tableau

Catherine Weinzaepflen, romancière et poète au nom imprononçable, nous livre ici un ouvrage original, que cela soit dans sa forme ou dans son fond.



La dévoreuse de livres que je suis avoue quand même une faiblesse: j'ai extrêmement de mal à tenir plus de 3 pages de vers, tout bien écrits qu'ils puissent être.

Et pourtant. Je n'ai pas lâché "Le temps du tableau" une seconde et ce malgré le fait que Catherine Weinzaepflen n'écrive uniquement qu'en vers.



Des vers brefs, coupants. Des vers sans majuscules ni ponctuation, ou très peu. Des vers qui ne riment pas. Des vers qui saisissent, des vers qui nous emmènent, des vers qui font écho à des émotions trop bien connues.



"Le temps du tableau" regroupe en fait 3 parties.

Dans la première partie, Catherine Weinzaepflen nous fait rentrer dans 36 tableaux différents, 36 moments vrais ou rêvés, 36 vies dans lesquelles le lecteur est la toile et dans lesquelles c'est le temps qui donne sa raison d'être au tableau.

Le rythme ne s'essoufle pas une seconde, on dirait finalement que c'est l'ensemble qui fait tenir la structure du livre, à peine un tableau découvert, nous voilà déjà haletants à l'idée d'en découvrir un autre.

Dans la deuxième partie, nous voici au théatre. "Jeune fille avec entourage" regroupe 22 scènes, toujours en vers, 22 scènes imaginaires, à la limite de l'absurde et qui pourtant s'enchaînent de façon parfaite.

La 3ème partie est une lettre. "Migrations". Toujours en vers, je trouve néanmoins que cette partie alourdit le livre entier, mon approche de la poésie en fait se limiter l'efficacité à des textes courts et j'ai eu plus de mal à dépasser cela dans cette partie épistolaire.



Un très joli tableau au final. Un tableau qui réussit l'exploit de maintenir la tension et l'envie du lecteur jusq'au bout de la 130ème page, un tableau qui se peint et se dépeint tout seul et à propos duquel on a l'impression qu'il sera différent la seconde d'après.



Mention spéciale pour la première partie avec une affection particulière pour "Géométrie":

il me fait face

mais décalé

nos trajets seraient

chacun sur un rail

parallèle

impossible face à face

de la parole

une vitre là

en longueur

sépare les mots

qui se cognent au verre

rebondissent sur les dents

maux de bouche

de la conversation translucide



je ne veux pas

me faire éplucher les bras

en lamelles.

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La vie sauve

J’ai pour principe de laisser sa chance au produit. Ce qui- dans le domaine cinématographique- me conduit quelquefois à pousser le sacrifice jusqu’à la fin de la séance, d'aucuns y voyant un respect poussé à l’extrême! Dans le domaine littéraire, ce phénomène est plus rare: nul témoin de mon manque de ténacité, de mon peu d’inclination pour l’effort, ni de mon abandon précoce! Pour la MASSE CRITIQUE j’avais sélectionné « la vie sauve » ayant pour seul critère de bons –et anciens- souvenirs de lecture aux éditions « des femmes ».Ma déception est à la hauteur de ma nostalgie, et rien n’a pu sauver ce livre que je qualifierais spontanément de navet.

Pourtant, dans les premières pages je tentais d’y trouver le charme d’un récit intimiste, la pudeur de l’auteur effleurant son sujet. Je lui concédais de vagues accointances avec la Duras de ma jeunesse, voire la contemplation excessive des toiles d’Edward Hopper. Or, si ce peintre de l’ennui est tout sauf ennuyeux, Mme Weinzaepflen nous donne envie de nous sauver au plus vite de ce petit opus soporifique et prétentieux. Il ne suffit pas de livrer en vrac des fragments de rêves pour faire un livre (« ce que personne ne sait c’est que cette image est une image de rêve. Jim souvent s’appuie sur ses rêves [un trésor, se dit-il chaque fois qu’un tel cadeau lui est fait, inopinément]) ; moi mes rêves je me contente de les raconter à mon psychanalyste ! Ni d’introduire 3 rockers dans une station balnéaire normande pour écrire un livre rock’n roll ! Pourtant, page 62 , Ileana répond modestement à Jef qui lui conseillait d’utiliser un fait divers comme matériau de pièce de théâtre : « ces histoires me nourrissent , ça me suffit ». Pourquoi ne pas avoir cédé à cet éclair de lucidité et continué à noter dans son journal intime de belles envolées lyriques et inoubliables telles que : « Que feras-tu dans 3 ans ? lui demandait Tom dont la vie est prévue pour longtemps. Impensable interrogation. Ileana se demande en bêchant son jardin au son du rock pourquoi sa vie est à ce point en marge des chemins convenus » ou « Une nuit heureuse. Une nuit dont on se dit après coup, parfois des années plus tard, qu’elle fut exceptionnelle. » ?

Passé la trentième page j’avoue que le courage m’a fait défaut et que je me suis lassée de ce « roman » sans histoire, de cette énumération monotone de faits décrits sans style, sur un ton sec, désincarné .Même l’assassinat d’un inconnu et la mort de Jonathan ne réussissent pas à ranimer le livre puisque ces deux incidents ne donnent pas lieu à un début d’intrigue. L’auteur elle-même donne l’impression de s’en désintéresser. Et si l’on reste à la surface de ce texte…c’est qu’il n’a aucune profondeur. Ce livre est plat, désespérément plat et aurait du rester dans un tiroir, car même ses maladresses ne m’ont pas fait sourire : comment peut –on parler sérieusement de « la canopée de deux grands pins parasols » ? Heureusement que le ridicule ne tue pas ! J’ai poussé un ouf de soulagement à la page 140, mon calvaire étant terminé. ..mais mon devoir scrupuleusement accompli !

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