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Critiques de Catherine Ysmal (7)
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Irène, Nestor et la vérité

J’aime quand l’enchaînement des lectures semble cheminer selon sa logique propre, guidé par quelque chose comme un instinct souterrain, qui se dévoile soudain. Alors, annonçant les voix si particulières d’Irène et de Nestor, je reprends cette citation de Moo Pak, de Gabriel Josipovici : « Toute notre vie, nous sommes hantés par des langages que nous ne pouvons pas déchiffrer, pas vraiment entendre. […] Même ceux qui nous sont proches parlent un langage que nous ne comprenons jamais vraiment. »



Avec le monologue d’Irène qui ouvre le roman de Catherine Ysmal, on est complètement perdu, physiquement dérouté – par l’inconfort qu’elle ressent dans son propre corps, par ses vêtements qui lui sont étrangers - et émotionnellement noyé - submergé par les perceptions envahissantes des couleurs et des matières qui l’entourent, et par le bruit assourdissant de ses doutes. Après on est encore perdu, mais la dissonance se construit, rendant perceptible le gouffre d’incompréhension qui sépare désormais Irène de Nestor.



Irène et Nestor vivaient repliés dans une petite maison, une vie à la marge, au milieu de la campagne, avec très peu de ressources et très peu de contacts. C’est le décor très simple d’une relation devenue impossible entre deux êtres qui ne savent plus ni se parler ni s’entendre. Leurs monologues parallèles, aux voix comme étrangères, se succèdent, avec par intervalles ceux de Pierrot, le voisin et l’ami, simple témoin ou plus, en tous cas l’œil du drame qui se joue.



De l’atmosphère de cette existence vide devenue étouffante, Irène se sort par sa myopie au monde, par le silence et la folie, en pataugeant dans la matière organique et dans le puits sans fonds de ses émotions, Nestor voudrait s’en tenir aux faits, réclame la vérité, mais son corps perclus de douleur l’empêche tout simplement de vivre ; elle dont l’esprit se délite, et lui dont le corps lâche.



Catherine Ysmal marque durablement par la puissance du langage, par les agencements de ses différentes voix, pour capturer la guerre des mots et les désordres de ce couple construits sur la base du même dictionnaire.

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Irène, Nestor et la vérité

Le poème en prose du langage comme incompréhension radicale.



Premier roman de Catherine Ysmal, paru en 2013 chez Quidam Editeur, « Irène, Nestor et la vérité » propose, à travers l’imbrication de trois phénoménaux monologues, une mise en scène vertigineuse de l’incompréhension destructrice des êtres, ici au sein d’un couple, plus généralement dès qu’il y a tentative d’utiliser le langage pour communiquer, en en espérant une illusoire objectivité.



Couple en cours de désagrégation, Irène et Nestor parlent. Pas ensemble, impossibilité fondamentale, mais chacun pour soi, sous l’œil de Pierrot, voisin, ami, coupable peut-être, par action ou par omission. Reclus dans cette modeste maison de la campagne, sans doute suite à des déboires socio-économiques qui ne seront que fugitivement évoqués, ils s’approprient tour à tour, chacun à sa « façon » bien particulière, lexique et syntaxe, au service de leurs quêtes respectives, liberté, besoin de poésie et d’inconséquence qui iront vers ce qu’il est convenu d’appeler la folie chez Irène, normalité égoïstement sourde, désir de rigueur raide, auto-justification rassise chez Nestor, peut-être jusqu’à la dépression ou au suicide, qui sait ?



Sur la toile de fond impitoyable d’un quotidien secrétant à l’envi ses innombrables frictions, énervements, manies en trajectoire de collision et petits chocs des malentendus qui s’accumulent jusqu’à acquérir un élan irréparable, Catherine Ysmal a construit deux terrifiantes et belles fuites langagières dans la perte du sens, autour d’un tiers axe impassible et dépassé, dessinant au fil des pages la double spirale de l’ADN de l’incommunication.



Troublant, puissant et magnifique.
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Irène, Nestor et la vérité

Irène. Nestor. Ils sont ensemble, enfin ils ne le sont plus, et leurs voix s’élèvent, alternent, parfois interrompues par celle du voisin Pierrot qui revient mettre un peu d’ordre dans tout ça. Irène se perd dans les couleurs, les matières et les sensations. Nestor n’a de cesse de vouloir se justifier, sûr qu’il est de toute sa personne, mais pourtant, incapable de démêler le mystère Irène. Mais ce mystère ne demande rien, et surtout pas à être levé, Nestor plonge lui aussi dans la confusion, et l’ami Pierrot n’y peut rien que d’assister à la fois proche et lointain, à la fin du couple.



(...)



Lire la critique complète sur mon site :
Lien : http://chroniques.annev-blog..
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À vous tous, je rends la couronne

Les mots, la langue, ceux dont nous héritons à notre naissance, ceux qui nous définissent et nous habitent au point de nous enfermer… en nous-même, dans le passé, dans un moule-rôle. Ces mots qu’essaye de détruire-reconstruire le narrateur du court et intense livre de Catherine Ysmal, suite au décès de son père.



Ce cri de rage-libération, je le place dans cette catégorie des textes poétiques qui s’adressent davantage au cœur et aux tripes qu’à la tête, comme « Désirée » (Frering) ou « Un long silence de carnaval » (Duplan). Ces textes qui inventent une langue, détournent les mots, les agencent de façon étrange quitte à (ou histoire de) perturber nos habitudes langagières et notre chère rationa/réa-lité.



J’ai lu et relu « À vous tous, je rends la couronne », j’ai senti du désespoir et de la rage m’envahir. Je n’ai sûrement pas tout compris et peu m’importe car je pense avoir intégré physiquement et émotionnellement cette tension du narrateur entre son passé, les mots – jusqu’à son prénom – qui l’ont conditionné et ce qu’il se sent être et ne pas être depuis toujours.



Il y a de l’intensité, de la force dans ce livre qui cherche à ré-inventer la langue pour permettre une renaissance.



Il y eut des serrements du cœur, de la gorge… presque des larmes…



Il y a ensuite ce cheminement-questionnement interne sur mon propre emprisonnement (répéter), sur ce besoin de silence qui lui fait face (me taire), sur cette recherche d’une autre langue… essentielle et libératrice (inventer ?)…



Peut-on espérer mieux d’un livre ?
Lien : https://emplumeor.wordpress...
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Irène, Nestor et la vérité

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À vous tous, je rends la couronne

L’imprécation pour revendiquer une liberté toute à créer. Impressionnant de force langagière.



Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/06/06/note-de-lecture-a-vous-tous-je-rends-la-couronne-catherine-ysmal/

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Irène, Nestor et la vérité

Le mystère de ce livre est là, indéchiffrable, et tant mieux. L’amour, le mal, la beauté, l’errance, soi, l’autre : en somme, toutes les frontières auxquelles se heurte un individu dans son aliénation quotidienne et devant lesquelles il se résigne ou s’élance à corps perdu, à fendre l’âme, sans rappel ni retour.
Lien : http://new.humanite.fr/cultu..
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