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Citations de Catulle Mendès (27)


Catulle Mendès
Un astre luit au ciel et dans l'eau se reflète.

Un homme qui passait dit à l'enfant-poète :
"Toi qui rêves avec des roses dans les mains
Et qui chantes, docile au hasard des chemins,
Tes vains bonheurs et ta chimérique souffrance,
Dis, entre nous et toi, quelle est la différence ?

- Voici, répond l'enfant. Levez la tête un peu ;
Voyez-vous cette étoile, au lointain du soir bleu ?

- Sans doute !

-Fermez l'oeil. La voyez-vous, l'étoile ?

- Non, certes."

Alors l'enfant pour qui tout se dévoile
Dit en baissant son front doucement soucieux :
"Moi, je la vois encore quand j'ai fermé les yeux."
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Catulle Mendès
RESTE. N'ALLUME PAS LA LAMPE...

Reste. N'allume pas la lampe. Que nos yeux
S'emplissent pour longtemps de ténèbres, et laisse
Tes bruns cheveux verser la pesante mollesse
De leurs ondes sur nos baisers silencieux.

Nous sommes las autant l'un que l'autre. Les cieux
Pleins de soleil nous ont trompés. Le jour nous blesse.
Voluptueusement berçons notre faiblesse
Dans l'océan du soir morne et délicieux.

Lente extase, houleux sommeil exempt de songe,
Le flux funèbre roule et déroule et prolonge
Tes cheveux où mon front se pâme enseveli...

Ô calme soir, qui hais la vie et lui résistes,
Quel long fleuve de paix léthargique et d'oubli
Coule dans les cheveux profonds des brunes tristes.
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Catulle Mendès
LE MATIN RIAIT, INGENU...

Le matin riait, ingénu;
Tu m'as dit: Viens! je suis venu

Un peu plus tard, tu m'as dit: Chante!
J'ai chanté ta grâce méchante.

Mais vint la nuit, la nuit d'été;
Tu m'as dit: Pars! je suis resté.

(Sérénades.)
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Catulle Mendès
Spleen d'été

L'orageux crépuscule oppresse au loin la mer
Et les noirs sapins. L'ombre, hélas ! revient toujours.
Ah ! je hais les désirs, les espoirs, les amours,
Autant que les damnés peuvent haïr l'enfer.

Car je n'étais point né pour vivre : j'étais né
Pour végéter, pareil à la mousse ou pareil
Aux reptiles, et pour me gorger de soleil
Sur un roc d'un midi sans trêve calciné.

Aux plantes contigu, voisin de l'animal,
Famélique sans crainte et repu sans remord,
Je n'aurais pas connu ce que c'est que la mort ;
Mais, je vis ! et je sais qu'il est un jour fatal.

Le soir qui m'avertit, lugubre et solennel,
Que d'un soleil éteint le temps est plus âgé,
Accable abondamment mon cœur découragé
Du dégoût d'un bonheur qui n'est pas éternel.

Ô pins ! comme la nuit fonce vos mornes deuils !
La cigale avec ses grêles cris obsédants
Fait le bruit d'une scie aux innombrables dents
Dans l'arbre détesté dont on fait les cercueils.
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Catulle Mendès
L'enfant et l'étoile

Un astre luit au ciel et dans l'eau se reflète.
Un homme qui passait dit à l'enfant-poète:

" Toi qui rêves avec des roses dans les mains
Et qui chantes, docile au hasard des chemins
Tes vains bonheurs et ta chimérique souffrance,
Dis, entre nous et toi, quelle est la différence ?
- Voici, répond l'enfant.Levez la tête un peu;
Voyez-vous cette étoile, au lointain du ciel bleu ?
- Sans doute !
- Fermez l'oeil.La voyez-vous, l'étoile ?
- Non, certes."

Alors l'enfant pour qui tout se dévoile
Dit en baissant son front doucement soucieux:
" Moi, je la vois encore quand j'ai fermé les yeux."

( " Intermède")

Ce texte, antérieur au Petit Prince , en est un bel écho...
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Reste. N’allume pas la lampe. Que nos yeux
S’emplissent pour longtemps de ténèbres, et laisse
Tes bruns cheveux verser la pesante mollesse
De leurs ondes sur nos baisers silencieux.
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- Ah ! votre nom de Dieu de Paris ! comme il étiole et comme il dévirilise ! C'est la ville femme, la femelle de l'Europe, et quelle femelle ! Ni chair, ni sang, ni os ; du maquillage, rien dessous.
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Au total, le lecteur serait autorisé à accuser de puérilité, ou d'impertinence mystificatrice, ou de déplorable ingéniosité, l'écrivain qui, après l'avoir attiré, alléché, troublé, exaspéré même par une accumulation de miraculeux effets, tout à coup se déroberait à lui en révéler les causes, et, finalement le laisserait, comme on dit, le bec dans l'eau.
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Deux bras nus l'étreignirent impétueusement ! le tirèrent, le couchèrent sur de la peau vivante et palpitante, tandis qu'une bouche lui mettait dans la bouche un bâillon de chair grasse et mouillée ; et, dans ses cheveux, sur ses joues, sur son cou, des doigts se multipliaient, lents et violents, comme sans nombre. Alors, fuyant les lèvres lourdes qui lui avalaient tout le souffle, il se déroba, en criant ; mais les bras le ressaisirent, les doigts déchiraient, arrachaient, avec des fureurs et des adresses, ses vêtements, draps et toiles, et, dévêtu, renversé sous la pesée d'un corps qui bientôt glissa, Evelin, en pleurs, plein de transes et d'affres, ses jambes battant l'air, et ses grêles hanches immobilisées entre deux mains brutales, longues et fines, subit, en sa vierge nubilité fragile, le viol goulu, frénétique, silencieusement dévorateur, d'un long baiser infâme.
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Elle vous aime, vous êtes perdu.
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et, quelques années après ses relevailles, Mme de La Roquebrusssane mourait d'une fluxion de poitrine, gagnée une nuit d'hiver, son mari l'ayant traînée toute nue, par les cheveux, sur le balcon pâle de gel et de lune, pour l'y voir plus blanche et l'y étreindre plus fraîche.
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Je ne nie point les enchantements dont m'emparadise la ruse de vos caresses !
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Elle avait un peu de cet orgueil que connaîtrait une rose consciente du délice qu'on éprouve à la respirer.
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Il y avait dans le paradis un point sombre, un point noir, que les joyeux anges n'avaient jamais soupçonné, que les anges tristes, eux-mêmes, n'avaient jamais cherché. Mais, toi, ce point sombre, ce point noir, par un abominable instinct, tu l'as trouvé. Et tu l'as marqué de l'ongle de ton index, et tu as enfoncé ton doigt, et tu as fait du point un trou, et tu as élargi le trou, et tu as attroupé les passants de l'idéal, et ils se sont précipités vers ce trou devenu gouffre, et le paradis s'est effondré dans l'enfer, et l'Idéal s'est évanoui dans la Tare !
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( Le soir d'une Fleur )
Le poète qui passe a devoir de recueillir ce qui demeure de la joie humaine, cette tristesse qui est comme la lie des choses heureuses; et, après, il en fait des vers.
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Donc, il y a, d'une part, ceux qui croient, n'ayant pas pensé, et, de l'autre, ceux qui n'osent croire, ayant osé penser. De là l’imbécillité presque générale des hommes et des femmes qui peuplent les cloîtres d'à présent.
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( Isoline-Isolin )
Chez les fées, c'est comme chez les hommes : on est bon quand on est content, méchant quand on est triste.
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La Dernière abeille


Vents, pluie, éclairs faisaient rage de telle sorte
Qu’on n’avait jamais vu de tempête aussi forte.
Sous l’épaisseur des bois par la bise ployés,
Dans les nids, les petits oiseaux mouraient noyés,
Et l’ouragan broyait toutes les créatures
Qui n’ont point pour abri de solides toitures :
L’abeille dans la fleur brisée, et le grillon
Transi sous le léger brin d’herbe du sillon.
Or, Maria, qu’on nomme autrement Myrième,
Vit, ce soir, un point d’or frôler la vitre blême,
Et c’était une abeille, hélas ! près de mourir,
Qui heurtait, espérant que l’on viendrait ouvrir.
La Mère du Sauveur entr’ouvrit la fenêtre.
Elle prit dans ses doigts le pauvre petit être,
Reconnut que c’était la reine d’un essaim,
L’essuya d’un baiser et la mit dans son sein
Pour qu’elle y réchauffât ses deux ailes vermeilles.
Sans cela, les étés n’auraient plus eu d’abeilles.

p.44-45
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Le Lion


Comme elle était chrétienne et n’avait pas voulu,
Pour de vains dieux d’argile ou de bois vermoulu,
Allumer de l’encens ni célébrer des fêtes,
Le préteur ordonna de la livrer aux bêtes ;
Et comme elle était jeune et vierge, et rougissait
Quand l’œil du juge impur sur elle se fixait,
Une clause formelle en l’édit contenue
Précisa qu’au supplice on la livrerait nue.
Nue, et le sein voilé de ses chastes cheveux,
Elle entra dans le cirque.

En quatre bonds nerveux
Un lion famélique et rugissant de joie
Jaillit de la carcère et vint flairer la proie.
Le peuple regardait, étrangement jaloux,
Palpiter ce corps blanc près de ce muffle roux,
Et montrait, allumé d’une affreuse luxure,
Des rictus de baiser, peut-être de morsure.
Elle, chaste, tirait ses cheveux sur son sein.

Cependant le lion, instinctif assassin,
Entre-bâillait déjà sa gueule carnassière.

« Lion ! » dit la chrétienne.

Alors, dans la poussière
On le vit se coucher, doux et silencieux ;
Et comme elle était nue, il ferma les deux yeux.

p.46-47
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LE ROSSIGNOL


C’était un soir du mois où les grappes sont mûres,
Et celle que je pleure était encore là.
Muette, elle écoutait ton chant sous les ramures,
Élégiaque oiseau des nuits, Philoméla !

Attentive, les yeux ravis, la bouche ouverte,
Comme sont les enfants au théâtre Guignol ;
Elle écoutait le chant sous la frondaison verte,
Et moi je me sentis jaloux du rossignol.

« Belle âme en fleur, lilas où s’abrite mon rêve,
Disais-je, laisse là cet oiseau qui me nuit.
Ah ! méchant cœur, l’amour est long, la nuit est brève ! »
Mais elle n’écoutait qu’une voix dans la nuit.

Alors je crus subir une métamorphose !
Et ce fut un frisson dont je faillis mourir.
Dans un être nouveau ma vie était enclose,
Mais j’avais conservé mon âme pour souffrir.

Un autre était auprès de la seule qui m’aime,
Et tandis qu’ils allaient dans l’ombre en soupirant,
Ô désespoir, j’étais le rossignol lui-même
Qui sanglotait d’amour dans le bois odorant.

Puis elle s’éloigna lentement, forme blanche
Au bras de mon rival assoupie à moitié ;
Et rien qu’à me voir seul et triste sur ma branche,
Les étoiles du ciel s’émurent de pitié.

Ce fut tout ; seulement, dès l’aurore prochaine
(Je n’ai rien oublié : c’était un vendredi)
Des enfants qui passaient virent au pied du chêne
Un cadavre d’oiseau déjà sec et roidi.

p.113-117
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