« Respire, quand tes larmes te brûlent
Que ton souffle se fait court
Quand l’absence te soulage
Et que le vide t’emplit
Cri lorsque la rage est profonde
Je serai ta muse au milieu de l’ombre
Et si la vie t’entrave
Et si, et si, la vie t’enlace
Perdue parmi les âmes volubiles
Respire… »
Elle va bien… mais la chimio l’épuise. Elle perd l’appétit et a des nausées, surtout les jours où on lui administre le traitement. Elle m’a avoué avoir aussi des douleurs dans la bouche. Elle a refusé que je sois là lorsqu’elle s’est rasé les cheveux pour anticiper les chutes… ça m’a fait un peu de peine mais je ne pouvais pas l’y obliger. Je crois qu’elle a du mal à accepter tous les bouleversements physiques qu’elle est en train de vivre et je ne sais pas vraiment quoi faire pour tout ça.
Cette jeune femme m’exaspère. Elle fait partie de ceux qui pensent que tout doit être dit par soucis de vérité et de transparence. Elle ne critique jamais les gens, est toujours souriante et avenante. Elle se fiche de ce qu’on pense d’elle ou même qu’on la critique car elle vit comme elle l’entend, n’en déplaise aux gens autour. C’est une femme pétillante, sûre d’elle et profondément altruiste. Je la respecte et l’admire d’une certaine façon mais par moment son franc parler me froisse.
J'ai toujours aimé la nuit. On pourrait penser qu'il règne un silence absolu; or il n'en est rien pour celui qui se donne la peine d'écouter.
(...)
J'ai parfois l'impression de me noyer dans cette immensité, empli de ce sentiment de n'être rien au milieu de ce tout. Cette sensation de n'avoir jamais vraiment trouvé ma place, de n'être qu'une illusion au creux du monde, un imposteur bientôt démasqué.
Ce n'est pas aimer qui est douloureux ; c'est le sentiment le plus beau et le plus pur qui soit. Ce qui est insupportable c'est de perdre cet amour.
Nous étions nombreux, rêvions tous de postes prestigieux, d’être le mieux vu possible par la direction, avoir les affaires les plus juteuses… La faiblesse n’était pas permise et lorsque vous avez débarqué avec vos maladresses et vos deux mains gauches, j’ai… exagéré. Je m’en excuse. Vous êtes un bon juriste n’en doutez pas, j’ai juste mis un peu de temps à m’en rendre compte.
De fait, mes relations amoureuses, ou plutôt sexuelles, sont fugaces, régulières et efficaces. Rarement le même partenaire pour éviter l’ennui, je ne suis pas une femme qui s’attache et n’aurait de tout façon pas le temps de m’engager plus sérieusement sur du long terme. Les promenades dans le parc main dans la main à se regarder dans le blanc de l’œil… très peu pour moi !
Par pudeur, nostalgie peut-être, craignant de clore le chapitre d’un livre dont je ne peux me lasser de tourner les pages.
Gardez jalousement les souvenirs que vous vous créerez, dans un coin de la tête, mais surtout dans un coin du cœur.
N’est-ce pas le pouvoir de toutes les mères, d’absoudre leurs enfants alors même qu’elles pâtissent de la situation ? En tout cas la mienne a toujours été ainsi, même lorsque j’étais petite quand je disais ou faisais quelque chose qui pouvait la rendre triste, elle pardonnait toujours.