Citations de Cécile Cabanac (146)
La vérité n’a pas les rondeurs confortables et familières de l’ignorance.
Ils ont cette assurance tranquille des gens bien nés, cultivés et intéressants. Elle ne perçoit pas la moindre trace de doute chez eux. Habituellement, elle fuit la compagnie de cette espèce. Ce qu’elle aime au contraire, ce sont les tergiversations, les interrogations, les hésitations et les incertitudes. Toutes ces imperfections et ces doutes assumés qui rendent les humains à la fois complexes et profonds.
T'es une fouine. Tu peux pas t'empêcher de fourrer ton nez partout. T'as au moins deux mortes sur la conscience.
Deux femmes butées par leurs maris jaloux à qui tu as montré tes photos minables d adultères ! T'es une plaie. Ça fait un bail que je rêve de te coincer, alors tu vas me dire ce que tu as trouvé sur Mathilde, et vite ! Manchester se figea, le cerveau embourbé.
Ce qu'il avait craint toute la nuit était en train de se produire. Pris au piège, il n 'avait pas le choix, il devait en donner davantage à ce flic têtu.
Un homme humilié est toujours plus dangereux qu'un homme en colère.
Ils s'étaient mis à l'abri
du mauvais comme du bon,
telles des fleurs fanées.
Quelques heures auparavant, une cérémonie ronflante avait lieu dans un hôtel parisien.Des violons surannés geignaient leur notes poussives sous d'énormes lustres .Mathilde suffoquait dans cette atmosphère compassée.
La vieille bâtisse rongée par le salpêtre fut arrachée à l’obscurité par les phares d’une Opel Corsa en fin de course. De ses yeux rougis de fatigue, le nouveau propriétaire l’observa, les mains toujours sur le volant, en pensant aux mois d’efforts et de sacrifices qu’il faudrait encore avant d’y habiter.
Ses longs cheveux de jais léchaient ses épaules comme une armée de serpents affamés.
Tuer un homme n'est pas à la portée du premier venu. Il n'y a pas de manuel pour ça, pas d'entraînement possible. Il ne faut pas seulement être doté d'une certaine force mentale, l'endurance a aussi son importance. Au fond, toute l'énergie de l'âme et du corps doit être concentrée vers ce but unique, l'annihilation de l'autre, sans quoi l'entreprise risque d'échouer lamentablement.
En début d'après-midi, Marianne pénétra dans la grande librairie Mollat située en plein centre de Bordeaux. EIle déambula entre les rangées, les narines chatouillées par l'odeur du papier, un savoureux et délicat mélange d'encre et de colle qui éveillait toujours son désir de lecture. Parvenue au rayon polars, elle se tordit le cou face à un mur de romans et fit défiler son index sur les noms d'auteurs, jusqu'à tomber enfin sur celui d'Amostini.
Abasourdie par tant d'audace, Jeanne réalise que c'est le départ de son frère qui a tout enclenché. Sa disparition a mis en marche les rouages d'une machine invisible, prête à les écraser tous.
Pénétrer ainsi l'intimité d'un homme aussi perturbé revenait à se tenir au bord d'un gouffre.
- Ne la sauvez pas ! Je vous en supplie ! Je ne veux pas que ce monstre vive ! Pas elle ! Prenez mes enfants, mais elle, laissez-la ! s'il vous plaît !
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- on n'a pas le choix. on n'est pas des cowboys, il y a des règles à respecter, le recadra la commandant.
Pourtant, aussitôt ces mots prononcés, elle échangea un regard complice avec Briolet. Tous les deux étaient conscients que, face à quelqu'un comme Fabrice Levine, leurs principes volaient en éclats. Il n'y avait rien d'étonnant finalement, à ce que certains flics franchissent parfois la ligne rouge.
Les deuils ont parfois cet effet, ils devient les centres de gravité.
Une faible clarté affleurait derrière un amas de nuages noirs quand les deux flics quittèrent les lieux. Dans le rétroviseur, plus la masure rétrécissait, plus Sevran sentait ses crocs desserrer leur emprise sur elle.
La vérité n’a pas les rondeurs confortables et familières de l’ignorance.la vérité pique,coupe, brise, brûle.
Mais à présent, personne ne cherchait plus son contact, et il était enfin libre de se nourrir de lui-même dans une forme d'équilibre et de paix. Avec son don inné pour le contrôle, son esprit avait su créer une place pour chaque chose, toutes bien cloisonnées avec des parois étanches. C'était ça, le secret.
Agacée, elle fit glisser l’un des carnets de la femme Duflot vers elle, prit une inspiration et commença à lire au hasard :
Ces gosses sont répugnants. On nous dit qu’il faut essayer d’en tirer quelque chose, mais y a pas moyen. Il y en a même un, en ce moment, un des derniers arrivés, qui a la gale ! Je dois tout désinfecter, mais la merde reste collée à eux ! Ils braillent, ils s’agitent dans tous les sens, ils se bastonnent comme des chiens ! Une morveuse a pissé au lit cette nuit. Je l’ai cadenassée dans les toilettes au fond du jardin avec ses draps sur la tête. J’espère que ça lui passera l’envie de remettre ça. Je hais ce travail. Je le haïs à en crever.
Édition fleuvenoir page 92
Les corps démembrés, lacérés, poignardés, les petits vieux maltraités, battus à mort… Ensemble, Biolet et elle avaient eu leur lot d'atrocités qui avaient fini par les endurcir. Mais les enfants… ça non, elle ne s'y ferait jamais